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sur 9720 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
À travers l'histoire des siens, c'est le destin tragique de nombreuses familles que l'auteur rappelle à notre souvenir. La voix d'un jeune garçon nous conduit dans une de ces régions du monde, qui hélas, repose sur un bien fragile équilibre. L'Afrique de l'Est en l'occurrence, et plus précisément le Rwanda, et ce petit pays qu' est le Burundi. Au-delà du chaos qu'évoque l'auteur, bien que ce ne soit pas très explicite puisque là n'était pas le sujet, j'ai vu aussi le temps qui passe. Tout passe. Tout change. Notre enfance s'envole, ceux qui étaient nos amis et que nous ne concevions même-pas perdre de vue un jour sortent de notre vie, chacun suit sa route, ceux qui sont chers à notre coeur, eux-aussi, disparaissent de notre paysage affectif , seules les préoccupations et les espoirs de l'Homme semblent être immuables : les élections, les accords de paix, les amours déçues, le prix du carburant. .. Tout le reste est éphémère. L'épilogue est magnifique, poétique à souhait, triste et nostalgique.
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« Je suis né avec cette histoire. Elle coulait dans mon sang. J'y appartenais. »

Gael Faye, né d'un père français et d'une mère rwandaise, a sûrement vécu avec cette histoire, qui raconte comment le visage banal de l'existence quotidienne, délimité par une guerre insensée, détruit ce qui reste de l'enfance.

Dans les génocides insensés, les « joueurs » changent toujours et, dans ce cas-ci, c'est entre deux groupes ethniques – les Hutus qui sont « à nez large » et les Tutsi qui sont grands et maigres avec un long nez. » Pour le jeune Gaby — et pour son père, qui lui explique la différence —, tout se résume à cela. Les Tutsis et les Hutus ont le même pays parlent la même langue et adorent la même divinité, et pourtant les Hutus ont l'intention d'anéantir les Tutsis.

Dans un langage accessible qui s'envole souvent vers la poésie, Gael Faye laisse d'abord le Burundi à travers les yeux d'un garçon qui n'a pas encore atteint son adolescence – volant des mangues à un voisin sans méfiance, arrivant à maturité dans un pays luxuriant avec des nuits tropicales chaudes, faire du BMX et manger de la viande de crocodile.

Mais les nuages de tempête s'accumulent et l'une des plus grandes horreurs de ces dernières années est sur le point de se dérouler. Ce qui aurait dû être un récit plutôt typique de l'arrivée à l'âge prend un tout nouveau sens alors que Gaby est privé de son enfance et de son innocence.

Cette histoire courte mais intense d'un garçon devenu un homme dans un pays d'Afrique déchiré par la guerre saisit le lecteur pour continuer le voyage de l'auteur jusqu'à son achèvement. Avec les joies et les douleurs d'une enfance simple illustrées avec un beau langage, bientôt l'image tragique d'un petit pays déchiré par la haine, le génocide, la guerre civile et l'absence d'un gouvernement stable est mis en lumière à travers les yeux du jeune conteur. Une partie de l'histoire du monde trop oubliée est révélée par cette histoire personnelle de Faye.

Une lecture captivante et un trésor à garder à portée de main.
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Déjà auteur-compositeur-interprète, avec « Petit Pays » Gaël Faye s'essaye à la littérature et c'est une vraie réussite. le chanteur franco-rwandais s'inspire de son enfance au Burundi pour nous raconter l'histoire tragique de cette partie d'Afrique.

Nous avons tous entendu parler du génocide des Tutsis par les Hutus au Rwanda pays voisin du Burundi. C'est à travers les yeux d'un enfant de 10 ans que Gaël Faye nous fait vivre ses moments tragiques. D'une enfance heureuse dans une famille privilégiée, dans une impasse de Bujumbura, le monde de Gaby, notre héros, se transformera en enfer. Gaby perd petit à petit son innocence. Adieu l'insouciance, la douceur de vivre, les mangues volées, les cigarettes fumées en cachette, place au drame, aux disparitions, à l'exil.

Déjà récompensé par le premier prix littéraire de la rentrée, décerné par la Fnac, ce livre est un vrai bijou. Gaël Faye nous offre un roman sensible, drôle, plein de poésie mais aussi très puissant. A lire absolument.
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Le Burundi ne fait pas vraiment partie des pays africains qu'il est assez aisé de situer étant donné sa taille réduite équivalente à 1/20e de la France, ou encore plus d'1/80e de celle de la République démocratique du Congo, l'un de ses voisins avec la Tanzanie et le Rwanda. Quant à la guerre civile, qui a ensanglanté le Burundi de 1993 à 2001, et dont les cendres sont loin d'être froides, elle n'est connue que par ceux qui s'intéressent de près à l'actualité de cet ancien protectorat belge. le roman de Gaël Faye, au titre explicite de Petit pays, est la chronique d'une enfance à Bujumbura dont l'insouciance -chapardage de mangues, amitiés dans une bande de garçons, découverte de la littérature- va voler en éclat avec l'arrivée de la violence, celle au coeur du Burundi même mais aussi du génocide au Rwanda si proche. La mère du jeune héros de Petit pays est d'ailleurs rwandaise (comme celle de l'auteur) et le père français. Ce qui signifie une vie plutôt privilégiée, en temps de paix, mais aussi un grand danger dès lors que la haine se manifeste. Ce premier roman d'un auteur-compositeur-interprète, chanteur et rappeur de 33 ans est une révélation. On a peut-être lu ailleurs ce type de récit d'une enfance maltraitée par la guerre mais l'écriture tendre, chatoyante et veloutée de Gaël Faye séduit immédiatement, aussi colorée dans la comédie que tendue et terrible dans la tragédie. Et l'on s'attache vraiment à ces personnages, pas seulement celui du narrateur, ballottés par le vent de la violence. L'un des livres majeurs de la rentrée littéraire française, assurément. Petit pays et grand roman.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Conseillée par la copine de mon fils, je rajoute ce livre dans ma PAL. Puis, il a fait l'objet d'une pioche de Taganga2000 pour le mois de novembre.
J'ai vécu en Afrique juste avant le début du génocide. En lisant la 1ere partie de ce livre, j'y suis repartie. Je revoyais les habitants marcher dans les rues, je faisais mes courses sur le marché, j'entendais les conversations dans un français arrangé et trainant. J'avais même l'impression de sentir la chaleur et les odeurs. L'écriture poétique de l'auteur m'a vraiment fait voyager.
Après, le charme est rompu à cause des horreurs de la guerre. le retour a été dur (comme à l'époque d'ailleurs). L'absurdité est difficile à digérer, incompréhensible.
Bref, j'ai passé un très bon moment de lecture, un peu nostalgique je l'avoue, mais très difficile sur la fin.

Pioche de Novembre 2020 choisie par Taganga2000
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Je suis étonnée et soulagée qu'un tel roman, tout comme Tropique de la Violence, puisse remporter un tel succès en France, car ce ne sont pas des thèmes qu'une majorité a envie de lire, en général. Les sociologues diraient peut-être que c'est un signe de bonne santé? Voilà en tout cas pour ma petite réflexion personnelle.

Pour un premier roman, c'est vrai qu'il est réussi. On goûte, on voit, on sent l'enfance de Gaby, c'est juteux et sucré, c'est chaud, d'un vert éclatant, d'un orange splendide, c'est un monde éternel, intemporel et pourtant fugitif, auquel la fin de l'enfance et la guerre mettront fin trop tôt.
Je ne m'attendais pas à une telle violence finale (le massacre rwandais) dans sa description mais elle est pourtant nécessaire, elle nous rapproche de ce qui se passe tous les jours quelque part dans le monde, c'est dur à entendre.
Je n'ai juste pas toujours été convaincue par l'écriture que j'ai trouvé inégale, c'est mon bémol, mais je comprends maintenant l'engouement qu'il a eu.
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A quoi tiennent les guerres ? Qui enclenche le processus meurtrier que plus personne ne maîtrisera ? Qui pourra soutenir une justification a posteriori quand l'irréparable aura été commis ?

Petit pays, c'est la guerre civile vécue de l'intérieur, avec les yeux d'un enfant. Un enfant que la guerre est venue chercher malgré lui. Pour l'impliquer lui aussi.

Dans sa restitution de l'insoutenable, avec ce très bel ouvrage, le témoin innocent devenu adulte n'a rien trahi de la naïveté du regard de l'enfant qu'il était.

Le plus difficile à admettre est que la nature humaine n'en tire aucun enseignement durable. Cet ouvrage est quand même la plus belle des leçons à l'adresse des va-t-en-guerre. Parce qu'elle prône l'apaisement en prouvant l'absurdité.
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Comme l'auteur, Gabriel est né en 1982 au Burundi, d'un père français et d'une mère rwandaise. C'est dans ce 'petit pays' qu'il a passé son enfance avec ses parents et sa jeune soeur. Il a douze ans lorsque la guerre civile vient bouleverser sa vie.

La première partie du roman décrit une jeunesse en Afrique plutôt privilégiée : aisance matérielle, liberté, copains, et insouciance malgré les tensions dans le couple parental.
Avec la guerre civile, ce cocon se délite : la mère aide ses proches restés au Rwanda, le danger se rapproche du quartier de Gabriel et de sa famille, jusqu'alors épargné.
Homo homini lupus, loi du Talion, massacres entre civils, répression militaire, et... inertie de l'Onu. Des enfants prennent les armes, certains parviennent à s'évader, via la lecture...

Un texte poignant et beau (malgré quelques longueurs), qui nous parle d'enfance, d'innocence, d'instabilité de certains pays africains où « la paix n'est qu'un court intervalle entre deux guerres » :
« On vivait sur l'axe du grand rift, à l'endroit même où l'Afrique se fracture. Les hommes de cette région étaient pareils à cette terre. Sous le calme apparent, derrière la façade des sourires et des grands discours d'optimisme, des forces souterraines, obscures, travaillaient en continu, fomentant des projets de violences et de destruction qui revenaient par périodes successives [...] ».

Et au centre de l'ouvrage, bien sûr : la guerre, ce chaos.
« Je n'avais pas d'explications sur la mort des uns et la haine des autres. La guerre, c'était peut-être ça, ne rien comprendre. [...] On apprivoisait l'idée de mourir à tout instant. La mort n'était plus une chose lointaine et abstraite. Elle avait le visage banal du quotidien. Vivre avec cette lucidité terminait de saccager la part d'enfance en soi. »
La guerre, dont on peut sortir vivant mais jamais indemne, parce qu'on a perdu ceux qu'on aimait, parce qu'on a vu des horreurs commises par des humains sur leurs semblables...
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Madame Economopoulos explique à Gaby (Gaël Faye enfant) : “(Les livres) sont les grands amours de ma vie. Ils me font rire, pleurer, douter, réfléchir. Ils me permettent de m'échapper.”
Vous est-il arrivé qu'un livre qui possède toutes les qualités pour vous permettre de vous échapper ne le fasse pas ?
Ce fut le cas pour moi avec la première partie de “Petit pays”.
Est-ce parce que j'avais déjà lu “génocidé” de Révérien Rurangwa et “Là où le soleil disparaît - autobiographie” de Corneille ?

Bien sûr, je ne suis pas resté insensible au retour du Rwanda de la mère de Gaby, ni à l'incendie volontaire mis à la voiture avec un homme prisonnier dedans.
Non, on ne peut pas être “blindé” devant cette atrocité du génocide des Tutsis au Rwanda qui échappe à l'entendement.

Mais il est des jours où votre état d'esprit n'est pas réceptif à un récit dramatique, ne pouvant déclarer comme Gaël Faye à propos de son roman : “Et les livres, mes amis, repeignaient mes jours de lumière.”
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Gabriel (Gaby) vit au Burundi.
Il fait partie des privilégiés : ses parents sont français, son père est blanc et sa mère est une Tutsie qui a fui le Rwanda voisin.
Gaby et ses amis du quartier partagent leurs petits secrets, s'amusent, commettent quelques forfaits sans grandes conséquences, et ne se soucient guère des appartenances ethniques des uns ou des autres.
Gaby entretient par ailleurs une correspondance épistolaire avec une jeune Française qu'il n'a jamais vue, et se prend à rêver de l'écolière et de son pays. Leurs échanges mettent en évidence l'écart entre les conditions de vie en France et en Afrique.
La discorde grandissante entre les parents de Gaby, puis les tensions politiques et ethniques chasseront l'insouciance de l'enfant.

Dans ce roman initiatique, Gaby quitte l'enfance sur fond de massacres inter-ethniques du début des années 1990.

Le propos est donc sombre mais le récit mêle avec brio tendresse et violences.
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