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sur 421 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Le dernier livre d'Alice Ferney débute fort, avec un accouchement qui va mal tourner....
À partir de cet accident fatal, l'écrivaine nous ouvre les portes d'une large réflexion sur la condition de la femme mais aussi celle de l'homme et le rapport homme-femme dans nos sociétés occidentales. La féministe, le féminisme puritain, l'homme veuf que la société veut recaser, l'enfant "le must " d'un couple ou d'une femme mariée ou non, l'investissement futur pour le vieil âge, l'importance du contrat de mariage sans lequel à la mort d'un des conjoints celui qui reste est un total inconnu pour les autorités ou les proches...... racontée dans le cadre d'une histoire d'amitié et une autre « d'amour » entre un homme et une femme. Un fort rappel à nous les femmes, que nous sommes encore à la merci d'une société macho, à moins qu'on s'y batte. Ici l'une des battantes est Sandra, une libraire célibataire de trente huit ans qui refuse toute subordination à l'homme et aux conventions de la société. Une femme apparemment libre dans sa tête, libre dans son corps, qui d'une amitié désintéressée va soutenir son voisin Alexandre qui vient de perdre sa compagne en couche, et se retrouve seul avec un bébé et le fils de la défunte. Alors qu'on est ébahi devant la force militante de cette femme, débarque dans l'histoire une autre d'un autre gabarit, et là je ne sais vraiment pas quoi dire........

Ferney comme toujours nous plonge à vingt mille lieux sous les tréfonds de “l'intimité “des relations homme-femme dans nos sociétés occidentales, à l'heure actuelle où le virtuel gère superficiellement les besoins, vite et facilement. Elle décortique à travers de fines analyses sans jamais ennuyer, ni lasser. Dur, dur d'être femme et même homme de nos jours, vu les choix interminables, qui finalement n'en sont pas des vrais......
Un livre dans l'air du temps à la sauce Ferney . En refermant le livre vous n'aurez pas avancé sur le sujet, vous aurez même fortement des doutes sur l'éthique de certains choix qui repoussent les limites de la nature 😁 (“Le sperme pouvait venir directement chez vous, par courrier UPS, accompagné d'un kit “), et vous aurez peut-être aussi la nostalgie des temps anciens où «  on pouvait s'émerveiller de l'ancestral intimité des grossesses », mais en aucun cas vous vous serez ennuyés en compagnie de ces personnages légèrement ou gravement empêtrés dans leurs propres doutes existentielles et leurs contradictions. Je n'avais pas aimé son avant dernier livre Les Bourgeois, mais avec ce livre je retrouve Ferney une de mes écrivaines françaises préférées. L'ironie discrète, impassible, avec laquelle elle nous raconte la dernière partie de l'histoire, et le portrait d'avocate manipulatrice qu'elle nous en esquisse sont vraiment un tour de force. Pour terminer, pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué 😁 et surtout un conseil, ne pas dégoter de conjoint sur des sites de rencontre 😁😁!

« ....tel le vent sur un feu, internet tantalisait ses visiteurs. »

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Depuis le magnifique"L'élégance des veuves" paru il y a 25 ans déjà( comme le temps passe!) j'ai toujours été fidèle aux rendez vous que donne A.Ferney.
J'aime son écriture qui explore sans juger les côtés clairs et obscurs de l'âme humaine, sans cynisme non plus, mais elle n'est jamais dupe de ses personnages.
La première partie de ce roman implique un couple non marié, la jeune femme, Ada, a déjà un enfant,et est divorcée. Ils partent à la maternité pour accueillir leur petite fille. La jeune femme meurt en couches. La longue reconstruction du père est émouvante, il est en cela aidé par une voisine libraire,Sandra, célibataire , sans enfant , féministe et heureuse dans sa vie.Ils seront amis. Une belle image aussi du père du premier enfant.
Puis vient l'idée du renaître est là, les sites internet sont parcourus d'abord timidement, de là surgira Alba, qui acceptera homme et enfants mais à des conditions contraignantes si j'ose dire. Puis lui vient le besoin d'un enfant à elle.
Et dans la seconde partie, A.Ferney, développe tout ce qu'Internet peut donner comme poids et alimenter une simple idée de départ.Elle mène quasiment une enquête sut la PMA et surtout sur le monde encore méconnu bien qu'encensé par certains sur la GPA.
Pas de jugement mais une echographie méticuleuse des côtés obscurs et mercantiles de ce procédé.Mais A.Ferney a un avis que l'on décrypte sur la société contemporaine , sur la force des femmes et sur leur liberté qui tout de même reste contraignante.
La fin du roman me convient bien, on ne peut en juger qu'en lisant ce roman au coeur de notre époque.
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C'est toujours un plaisir de retrouver la plume d'Alice Ferney et cela faisait longtemps, sans doute depuis La conversation amoureuse, que je n'avais pas ressenti autant de plaisir à la lecture d'un de ses romans (même si je les ai pratiquement tous aimés). Celui-ci pourrait se lire d'une traite tant il est brillant, intelligent, prenant, mais je me suis malgré tout aménagé des temps de pause, tant pour faire durer le plaisir que pour réfléchir, car le moins que l'on puisse dire c'est que ce roman favorise la réflexion. Même si la 4e de couverture parle d'une comédie de moeurs dans lequel se glisseraient des réflexions philosophiques, c'est pour moi plus un roman philosophique et sociologique qu'une comédie. Beaucoup de thèmes sont abordés, la maternité bien sûr, sous toute ses formes actuelles et futures, la parentalité, le couple, la sexualité, le féminisme à travers les points de vue des différents protagonistes féminins auxquels Alice Ferney consacre à chacune un chapitre, Ada, Sandra, Alba, Alma… et Anna. Mais il manque dans cette liste un personnage, pourtant central, celui d'Alexandre. le couple qu'il forme avec Alba dans la 2e partie de sa vie et du roman, m'a particulièrement touchée. Sa relation amicale (amoureuse ?) avec Sandra est tout en nuances et particulièrement touchante. Enfin, ce roman porte parfaitement bien son titre, l'intimité, tant ce qu'il aborde touche ce qu'il y a de plus intime en chacun, et dans le couple aussi. Mon coup de coeur de la rentrée.
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D'Alice Ferney, on aimerait dresser – et peut-être l'écrira-t-elle elle-même un jour – un portrait de la romancière en joueuse d'échecs. Une grande Maîtresse (une grand Maître ? Nul doute que la question du féminin de ce titre, à cause de l'ambigüité de sens, lui fournirait matière à un de ces développements, aussi denses que spirituels, qu'elle affectionne) du jeu, experte dans l'art d'étudier toutes les situations, d'épuiser les perspectives, d'analyser exhaustivement les enjeux et les risques, avant d'organiser le ballet des pions, des cavaliers et des fous, de sa poignée de protagonistes surtout, dames et rois, qu'elle dirige avec une application sans faille, beaucoup de tendresse et d'empathie, mais parfois aussi de colère et de cruauté, voire d'un peu de sadisme. Une joueuse, d'ailleurs, qui manie aussi bien les blancs que les noirs, occupe les rôles de chaque adversaire et des deux côtés de l'échiquier, décide des stratégies et des victoires, et puis, commente, analyse, tire à chaque étape les leçons, souvent dérangeantes, du match. Tout cela pour le plus grand intérêt et le plaisir du lecteur, qui peut simplement trouver, de temps en temps, la partie un peu longue, avant de découvrir un nouveau coup qui relance son attention. On se souvient ainsi de la Conversation amoureuse, de cette réjouissante et vaste Carte du Tendre d'aujourd'hui, de ce tableau aux mille facettes des sentiments et de l'érotisme contemporain, dessiné des traits croisés de savoureux dialogues. Et l'on garde excellent souvenir de la plus récente et formidable (auto ?)biographie familiale des "Bourgeois", montrant sur un bon siècle, entre la première Guerre mondiale et les années 2010, l'évolution sociale et politique d'une famille catholique aisée, l'éparpillement des destins et des engagements, les jugements toujours lucides que les choix des membres de ce clan inspiraient à l'auteure. Mettant en scène, parmi d'autres, le personnage d'une femme « précise, curieuse, qui prenait les choses au sérieux, s'employant avec application et méthode à faire le tour de son sujet » (p.166), bref, une Alba qui, au moins par cette tournure d'esprit, rappelle le tempérament littéraire d'Alice Ferney, "l'intimité" révèle une belle constance dans ce choix d'explorer un thème sans limites ni tabous, avec ténacité et courage dans les prises de position. Au début du roman, Alexandre et Ada, un couple parisien, bourgeois et heureux, part à la maternité, dans la perspective proche de la naissance de leur bébé, laissant Nicolas, un premier enfant du père, à la garde de Sandra, une voisine, libraire et militante féministe. Mais un drame se produit, Ada meurt au cours de l'accouchement, laissant à son mari une nouvelle petite fille, Sophie. L'événement bouleverse la vie de l'architecte, persuadé qu'il est coupable de la mort de son épouse par le simple fait de lui avoir imposé son désir d'enfant. Il se rapproche de la bienveillante Sandra , toujours disposée à s'occuper des deux petits et à l'aider à faire son deuil en lui offrant compagnie, conversations – « répétitions et variations autour de l'amour perdu et recherché (p.109) » - et conseils. Les deux premières parties du roman sont ainsi déjà l'occasion d'interroger le jeu complexe de la sexualité et de la parentalité, du désir et de la responsabilité. Attirés l'un par l'autre, Sandra et Alexandre préfèrent pourtant rester amis et confidents, et la libraire suggère à son voisin de fréquenter des sites de rencontre pour trouver une nouvelle partenaire. Bientôt, Alexandre fréquente Alba, une professeure de lettres d'une quarantaine d'années, séduisante mais qui ne semble guère portée sur le sexe… C'est le début d'une relation amoureuse, bientôt une vie de couple, durable mais compliquée, agitée par les désirs contradictoires des deux partenaires, qui ont du mal à accorder les exigences du corps et l'envie d'enfant. C'est surtout, dans cette deuxième moitié du roman, le lieu d'évoquer, à travers les recherches d'Alba sur les méthodes de procréation artificielle et les nombreuses discussions du trio – Alexandre et Alba, mais aussi Sandra, une observatrice extérieure qui apporte sur les thèmes évoqués la franchise et la lucidité de son regard, la meilleure porte-parole sans doute de l'auteure… -, les pouvoirs fascinants et souvent dangereux d'Internet (décrit, p. 250, comme «une forme de harcèlement des désirs latents »), mais aussi la liberté, vraie ou faussée, apportée par la gestation pour autrui au désir d'enfant. Dans ce débat, l'auteur ne cache pas ses opinions, et certaines formules pourront ouvrir polémique – « Une GPA est un viol technique en bande organisée », p.333, « Plutôt le viol à la douce, entre époux amoureux, que le viol technique. Tout plutôt que le viol technique ! » (p.356) -, mais l'on doit reconnaître que sa dénonciation de la marchandisation de l'amour et du désir d'enfant, de l'aliénation aussi des mères porteuses et du discours menteur dont on entoure cette pratique « altruiste », sonne juste. Dans un roman où une libraire militante répond, à un interlocuteur surpris que les livres puissent être « à ce point un casus belli », un très enthousiaste « bien sûr ! » (p.151), on ne peut que se réjouir qu'Alice Ferney réussisse encore une fois à marier, avec une telle puissance et une rare élégance d'écriture, la comédie de moeurs et le pamphlet engagé !
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Autant le dire tout de suite, je suis une inconditionnelle de l'écriture d'Alice Ferney, depuis que j'ai lu mon tout premier roman de cette autrice, Les autres, lu deux fois, ce qui est assez rare chez moi vu la quantité de livres qui existent en ce bas monde. J'avais adoré son coup de force littéraire, soit raconter la même histoire trois fois sous trois formes différentes. Et à chaque fois, j'avais l'impression de lire un roman différent car j'en apprenais toujours davantage. Mais bref, on est là pour parler de l'intimité, son dernier roman.

l'intimité porte selon moi très bien son titre car il parle de l'une des choses les plus intimes selon moi, la maternité. (Il parle aussi de paternité mais ce n'est pas réellement le propos du livre). Il parle de cette grande chose que toute femme devrait connaître selon beaucoup, soit devenir mère, la plus grande, belle et naturelle aventure au monde pour certains. Et ce livre lève un tabou, sous forme romanesque, en osant aborder la thématique de la maternité (je me répète non?) au sens large: la maternité comme un passage obligé, la maternité comme un besoin viscéral, mais aussi l'absence de désir de maternité.

Le corps des femmes a toujours été étudié, scruté, analysé, ne lui appartenant jamais totalement. Lors de la grossesse, il est quand même incroyable de penser que son ventre accueille un autre être humain pouvant devenir un être médiocre ou remarquable. Et le débat reste bien entendu sur la table à l'époque des procréations médicalement assistées pour toutes et des gestations pour autrui. Tout comme cela reste suspect une femme qui ne devient pas mère, elle doit toujours se justifier car on lui posera irrémédiablement la question, même sans le vouloir ou le chercher, de manière détournée. Alors oui, il y a des femmes qui deviennent mères et s'épanouissent dans ce rôle; oui, il y a des femmes qui le deviennent également et le regrettent; oui, il existe aussi des femmes qui ne souhaitent pas le devenir. Et oui, il y a des femmes qui crèvent de ne pas réussir à le devenir.
Alors merci Alice Ferney de laisser la place à toutes ces femmes, quelles qu'elles soient, qui ont toutes dû un jour se pencher sur la question de la maternité et de ce que cela engendrait, ou non.

Un beau roman, subtil et très contemporain, pleinement inscrit dans son époque, servi par une plume délicate et précise.

Lu en mars 2021


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Le roman s'articule en 5 parties, les femmes qui ont fait, font et feront peut être parti de la vie d'Alexandre. Ce livre explore la paternité, l'amour incondiscinnel, l'acceptation des autres tel qu'ils sont. Les questions mises en avant sont importante et leurs réponses réfléchies. Un très beau roman.
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Alice FERNEY. l'intimité.

Alexandre Perthuit vit avec Ada depuis quatre ans. Elle a déjà un petit garçon, Nicolas d'une précédente union. Elle est sur le point d'accoucher d'une petite fille. Alexandre dépose le petit garçon chez la voisine, Sandra Mollière et conduit sa compagne à la clinique. Ils reviendront à trois. Sophie sera une compagne de jeu pour Nicolas. Mais l'accouchement ne se déroule pas normalement  :Ada décède d'une hémorragie amniotique. Alexandre rentre avec sa petite fille. Sandra est très touchée par ce deuil qui pourtant n'est pas le sien. Elle, la libraire de « la Librairies des Eves », va intervenir dans la vie de la petite Sophie et de Nicolas.

Alexandre, architecte a perdu l'amour d'Ada. Il endosse la responsabilité de sa mort. Comment va-t-il faire son deuil et réorganiser sa vie, ayant deux enfants à charge ? Sandra va l'aider. Elle est une jeune célibataire de tente huit ans. Elle assume pleinement son célibat, et ne veut ni homme, ni enfant dans sa vie. Petit à petit, Alexandre reprend goût à la vie et désire partager son foyer avec une compagne. Avec Sandra, ils va rechercher sur Internet une femme. le choix est difficile. Quels sont les critères définis par cet homme pour trouver la femme idéale ? Il tâtonne. Son choix s'arrêtera sur Alma…. de rendez-vous en rendez-vous, l'amour grandira entre ces deux êtres mais Alma est asexuelle. Qu'est ce que cela sous-entend ?Elle veut bien un enfant mais pas le porter ; elle ne veut pas avoir de rapports avec son mari ; comment avoir un enfant ? Elle croit fortement à la PMA, à l'IA, GPA,etc.… il lui faut donc une mère porteuse ! ! ! Alexandre est-il prêt pour une telle parodie ? Où est l'amour charnel ?

Nous avons la réflexion de cinq femmes, Ada, la compagne d'Alexandre et la mère de Sophie, Sandra, sa voisine et amie, Alma, sa petite amie choisie sur la toile et qui va devenir son épouse, et peut-être la mère de futurs enfants, Anna, la petite fille virtuelle de Alba née grâce Alma, la mère porteuse sélectionnée sur catalogue par Alba. Rien que des femmes mais le regard des hommes transparaît dans l'écriture et les réflexions des unes et des autres...

Dans ce roman, Alice Ferney se plonge dans l'intimité des hommes et des femmes. C'est une belle étude sociologique sur le futur et le devenir du couple, du mariage, de la maternité…. Avec l'introduction de la toile pour la "vente" de père et mère sur catalogue…. Mais où allons-nous? La civilisation n'est-elle pas décadente ? Je vous laisse juge. Je conseille la lecture de ce roman. J'ai une très bonne opinion des productions d'Actes Sud…. Leurs écrits sont de très bonne facture, de bons et même de très bons écrivains sont publiés par cette maison d'édition...
Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Ne nous y trompons pas: Alice Ferney n'est pas une auteure de bluettes ! Avant de se lancer dans un ouvrage, elle examine et retransmet toutes les facettes( ou presque) de la problématique, je l'ai déjà ressenti à la lecture de "Grâce et dénuement", le premier que j'ai lu et qui m'a laissé une empreinte... (sans qualificatif) et que n'ont pas démenti ni " Dans la guerre", ni " Les Bourgeois"...
Dans l'intimité, à travers des personnages aux opinions et aux parcours très différents, elle décortique , si je puis me permettre, l'évolution de l'espèce humaine ! Les trois personnages principaux déjà, ne sont pas communs : un homme qui désire être père à tout prix( et quel prix en l'occurrence !) une jeune femme qui ne veut absolument pas ni épouser, ni enfanter et, une dernière qui se positionne comme revendiquant son asexualité sociale ! Rien de banal dans tout ça. Et le tout traité d'une plume alerte et incisive, documenté au plus près ( j'ai d'ailleurs un peu souffert de certaines analyses très poussées et trèèèèèèèès longues. ) Je ne vais cependant pas faire la fine bouche : ce roman-traité social m'a intéressée, interpellée et positionnée plus que jamais comme "suiveuse" d'Alice Ferney.
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Chacun des livres d'Alice Ferney est un joyeux d'intelligence, un engagement féministe qui ne laisse pas l'homme de côté pour autant, une réflexion sociétale sur le couple comme entité du bonheur absolu, cette fois encore elle appuie là où ça fait mal en faisant du ventre de la femme un objet marchand.
Dès le début elle rappelle la fragilité de la femme qui donne la vie, le désarrois de l'homme qui n'est que concepteur et qui parfois peut se retrouver seul avec l'enfant.
Il lui faut alors plier à la pression sociale qui n'aime pas voir un veuf seul avec ses enfants.
Le couple est parfois un malentendu qui dure, l'amitié mixte un sentiment ambigu qu'il faut nourrir sans excès de sentimentalisme et lui reconnaître l'absence de désir car le corps ne répond pas à l'unissons des deux parties.
La place des enfants, toujours du côté du féminin dans leurs jeunes années, le fantasme d'être mère jusqu'à l'exploitation d'une autre femme.
C'est brillamment écrit, prodigieusement inspiré et remarquablement documenté mais c'est surtout une oeuvre littéraire cohérente et exigeante que poursuit cette autrice plus que jamais au coeur des interrogations féminines de notre temps.
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l'intimité /Alice Ferney (née en 1961)
Dès les premières lignes de ce qui va s'avérer être un très beau roman, se profile le drame qui éclate dans les pages qui suivent.
Ils sont jeunes et amoureux, instruits et entreprenants, sympathiques. Tout leur sourit dans la vie.
Ada et Alexandre sont architectes urbanistes et travaillent ensemble. Ada attend un enfant, une fille en principe et l'heure de la naissance est arrivée. Ils sont en route pour la maternité après avoir confié à leur chère voisine Sandra le petit Nicolas, cinq ans, un enfant vif d'esprit, dégourdi, calme et intelligent.
Pour Sandra, trente-huit ans, libraire féministe, c'est une expérience nouvelle car elle est célibataire par conviction et n'a jamais voulu d'enfant. Au cours de cette soirée décisive, Sandra garde un attachement indéfectible au jeune garçon et à sa famille.
Il est tard le soir et Alexandre n'est toujours pas rentré. Sandra s'inquiète. C'est à minuit qu'il arrive, effondré…
A l'aube, pour Sandra écrasée par la roue du malheur, Nicolas encore endormi sur le canapé et Alexandre finalement assoupi dans un fauteuil, la mort n'a pas encore pris sa consistance réelle.
Peu à peu au cours des jours, Sandra devient l'amie intime de son voisin veuf et du petit Nicolas, une confidente pour l'homme sans femme, une présence par le souvenir associé à la mère, un fanal, une égérie, un témoin, un point de ralliement.
le temps a passé et Alexandre a tenu le coup avec son travail qui le passionne, l'amitié indéfectible de Sandra et le petit Nicolas.
Quelques années plus tard, suivant les conseils de Sandra, Alexandre visite sur Internet les sites de rencontres et il finit par faire la connaissance d'Alba, une enseignante. Il est séduit par sa beauté, sa culture et sa volonté…Mais Alba cache un secret qui va bouleverser la vie d'Alexandre…le transformant en un sigisbée vivant d'amour et d'espoir en usant au cours des conversations de syntagmes innocents en vogue mais trompeurs…
Alice Ferney, l'auteure, nous offre alors une construction romanesque grandiose sur ces trois piliers que sont Alexandre, Sandra et Alba. Les aspirations de chacun, leurs craintes, leurs opinions, leurs hésitations, leurs choix in fine nous plongent au coeur d'une polyphonie où s'illustrent les différentes manières de former un couple. La qualité des dialogues donne une haute tenue à cette comédie de moeurs où alternent les points de vue qui s'opposent tout en auscultant une société qui sans cesse repousse les limites de la nature et interroge celles de l'éthique pour satisfaire au bonheur individuel et familial.
J'ai trouvé le contenu de ce livre d'une grande richesse et les réflexions sur la maternité et la paternité, sur le désir d'avoir des enfants, vu du côté père et du côté mère, la vie du couple, le divorce (Ada est divorcée de Bernard avec qui elle a eu Nicolas), les familles recomposées, le mariage, le célibat, le veuvage, les sites de rencontre, le sentiment amoureux, la PMA, la GPA, les techniques futures de gestation, la fécondation in vitro, la collaboration dommageable des femmes à leur réification en matière de gestation : autant de sujets de société abordés avec clairvoyance au cours de conversations quasi philosophiques entre Alexandre et Sandra, puis entre Alba et Alexandre et Alba et Sandra, chacun défendant son point de vue. Il apparait alors, comme écrit l'auteur, que plus on se parle, plus on a de choses à se dire, et toutes les questions deviennent possibles.
Alice Ferney est diplômée de l'École des hautes études en sciences sociales. Les thèses développées dans ce roman concernent particulièrement des thèmes comme la différence des sexes, la maternité et le sentiment amoureux. Elle est engagée par ailleurs contre la GPA (gestation pour autrui), s'inquiétant de l'effacement délibéré des origines et de l'aliénation des femmes.
Comme je l'ai dit d'entrée, un très bon roman moderne, très bien écrit et bien structuré, de 480 pages, captivant et plein d'enseignements sur des sujets d'actualité.


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