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sur 729 notes
De très beaux portraits de femmes du début du XXème siècle dans une écriture fluide et envoûtante ! Des mariages "convenus" et de très nombreuses maternités mais sans misérabilisme. Mais aussi des portraits d'hommes de l'époque ... quelque peu emprisonnés par leur rôle, dans le carcan de la société d'alors.
Livre très touchant, qu'on ne peut poser !
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C'est l'histoire de ces femmes qui se marient et font des enfants, beaucoup d'enfants, subissent la perte, deviennent veuves. Et malgré les épreuves, la vie continue, éternel recommencement. Leurs enfants se marieront , feront à leur tour des enfants, dont certains décéderont...
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J'ai lu un peu comme une parenthèse ce court roman d'Alice Ferney, auteur que je suis depuis "Grâce et dénuement".

J'avoue que sur les 40 premières pages, je me suis demandé : "Mais qu'est-ce qui lui prend ?" J'avais la désagréable impression d'une apologie de la servitude volontaire de la femme, faite "naturellement" pour ce rôle de procréation, puis pour rester à la maison gérer l'intendance de la famille.
Et puis la veuve qui reste pour toujours fidèle à son mari...

Comme cela a été dit au-dessus, je restais en dehors, je ne me sentais pas familière de cet environnement aisé, traditionnel et catholique fervent. le personnage de Valentine ne me touchait pas plus que cela, peut-être effectivement en raison de l'écriture objective et finement précise d'Alice Ferney, mais un peu clinique au premier abord.

Peu à peu, toutefois, j'ai commencé à être touchée par un certain charme, à partir de l'histoire de Mathilde et d'Henri, le fils de Valentine, et d'abord par leur couple. C'était ambivalent : d'un côté il me semblait terriblement despote et elle soumise, mais de l'autre, l'écriture, à ce moment, comme à dessein, opère un basculement : tout en maintenant le lecteur relativement à distance, le point de vue interne des personnages fonctionne, et surtout celui de Mathilde.

Je me suis dit que vraisemblablement Alice Ferney voulait rendre hommage à des générations de femmes des "temps durs", qui n'avaient pas le choix, de par l'absence de moyens pour les femmes de maîtriser leur corps et leur fécondité, et surtout de par l'emprise d'une éducation rigoriste, formatée par l'idéal du mariage et de la maternité.

Et là, je me suis dit qu'Alice Ferney faisait oeuvre d'ethnologue, et le reste de la lecture m'a paru plus intéressant. On voyait du reste bien comment cela fonctionnait avec l'éducation que le couple dispensait à leurs enfants. Et tout cela aussi se situe entre les deux guerres, même si cette évocation de l'éternel féminin maternel est tellement universelle qu'on oublie le contexte historique (qui ne se marque que par les deuils, tribut à la guerre).

En somme, ces femmes sont bien des héroïnes, non de la maternité ou de la soumission consentie, mais du "faire avec" : malgré l'inégalité entre l'homme et la femme (non contestée par elles), malgré la terrible fatigue de porter de nombreux enfants (Mathilde en aura 10 !), malgré les limites de leur horizon, elles essaient de communiquer l'amour de la vie à leurs enfants, d'être toujours présentes à eux pour qu'ils ne manquent de rien, et elles respirent aussi la vie dans leur présence charnelle, leur odeur, leur enfance, juste retour de l'amour qu'elles dispensent généreusement, sans compter.

Les personnalités des maris étaient aussi étonnantes : rigides, pétris de certitudes, ils ont des relations maladroites avec leurs femmes, ils sont souvent peu empathiques, n'expriment leurs sentiments que du bout des lèvres, mais ils ont besoin d'elles - en même temps, leurs relations avec leurs enfants sont vraiment symptomatiques d'une époque révolue, et on se prend à penser qu'ils ont tout raté, même si leurs enfants sont bien élevés et font bel effet à la messe...

J'ai suffisamment apprécié pour terminer cette lecture, mais je n'ai pas pu vraiment entrer dedans. A noter que c'est tout de même un bijou d'écriture, il faut juste aimer le thème et que cela "parle". Mais pourquoi pas ? Il y a en outre de belles réflexions sur la vie et la mort, le désir entre les êtres, l'amour maternel, ce qui fait la beauté d'une femme, et ce n'est quand même pas rien.
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Avec Valentine, on nous entraîne d'emblée dans un vertige de générations qui se succèdent. Des femmes aux grandes familles qui elles-mêmes engendrent beaucoup d'enfants, qui eux-mêmes... etc. de quoi, s'y perdre un peu. Même si la réflexion centrale de ce roman reste le statut de la femme à une certaine époque qui ne la considérait comme remarquable qu'à partir de l'instant où elle acquérait le statut de mère. Besoin, envie, nécessité, les sentiments ne sont que peu évoqués ici. C'est cette éducation de tout temps qui fait que les filles ont ce besoin d'enfanter. Pour justifier leur existence, pour se voir à travers les yeux des autres comme accomplie, entière. Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde, toutes issues d'une même lignée et pourtant elles évoluent avec le 20ème siècle qui s'écoule et les moeurs évoluent aussi, lentement mais sûrement.
Un livre sur la maternité tour à tour bonheur, carcan, puis choix ; sur les hommes à travers leurs morts. Une succession de destins familiaux qui brosse une chronique d'époque.
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L'élégance des veuves est ce mouvement de la vie sans relâche, qu'on pourrait presque considérer comme sans faille, ce mouvement de femmes, de mères, ce mouvement qui donne la vie, l'insuffle, la partage, la répète follement dans un désir presque sans fin malgré les trébuchements, les blessures et les deuils.
Et puis continuer d'enfanter, sans relâche...
C'est un court roman d'Alice Ferney, un peu plus d'une centaine de pages pour traverser une centaine d'années ou presque, elles suffisent à dire quelques vies, celles de Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde et les autres... Ces femmes d'une autre époque qui viennent vers nous, certaines au fil des générations qui finissent par ressembler aux femmes que j'ai aimées...
La vie est là, scintillante, parfois solaire, parfois tâtonnante aussi... Et puis la mort vient et transforme des femmes éprises d'amour et de désir en veuves inconsolables ou presque. Parfois c'est comme un trou au ventre. Parfois c'est un vide qu'on arrivera à combler sans peine.
Ce roman intime dit la mort qui vient, qui frappe sans prévenir, c'est le froid et le noir. Elle frappe souvent les femmes ici, des mères, c'est un destin qui se propage à travers les générations...
L'enchantement de la vie n'est jamais loin, avant et après...
Ce sont des gestes qui chassent les cauchemars au bord du sommeil, des gestes de mères...
Parfois tout est confus dans une existence, la vie que l'on donne, l'amour que l'on prend, la peur, l'effroi qui surprend, les joies, l'attente, les blessures...
La fatigue, la douceur extrême, l'abnégation...
À force, le malheur devient comme un goût qu'on finit par apprendre.
Se sentir trop vulnérable pour affronter le monde.
La mort d'un être aimé transforme à jamais celle qui reste, mais rester où ? Au bord de la berge comme une passante silencieuse ? Continuer d'avancer contre les vents parfois contraires ? Continuer de parler seule désormais, ou seule avec les enfants à élever...? Il faut rester pour les enfants qui continuent eux d'être gais comme des pinsons, ils ne comprendraient pas qu'on les abandonnent encore un peu, une fois encore...
Ce roman dit la promesse de vies aux trajectoires presque parfaites au début. C'est plus tard, après, que les routes finissent par ne plus ressembler à des droites très rectilignes.
Oublier que le sort de la vie peut parfois être injuste. Parfois la résignation ne suffit plus...
Et puis, parfois il faut crier comme une louve qui protège ses enfants, crier encore plus fort, dévastée par la douleur lorsque la mort en prend un, voir mourir un de ses enfants contre l'ordre des choses est tragédie insupportable. Car les veuves dans cette histoire perdent aussi des enfants...
Traverser les tourments. Questionner le sort. Pourquoi ?
Puis, il faut revenir du côté de la vie, des siens, et un jour se mettre de nouveau à pleurer, et cette fois, de bonheur... Car il y a des bonheurs dans ces histoires.
Accepter d'être déçu aussi par celles et ceux qui survivent. Se dire qu'on a peut-être raté quelque chose et que ce n'est pas grave.
Questionner la vie, nos vies, nos vies parfois froissées comme du papier ; pour tout cela les livres sont indispensables pour raconter ces vies qui nous hantent, nous regarder ou regarder celles et ceux qu'on aime au travers du miroir des pages, aider à trouver sa place dans ce dédale.
Le chemin de l'écriture,- et plus tard celui de la lecture, aide, est fraternel.
C'est à cela qu'on reconnaît le mystère profond des livres.
Les secrets de famille, les guerres, le poids de la religion, hormis le caractère bourgeois de cette famille, il me semble reconnaître le paysage de ce livre à chacune de ses pages, comme si je l'avais côtoyé...
Je me suis retrouvé dans ce récit qui est une invitation.
On pourrait se dire que ce roman est triste, évoque le chagrin, mais il est incroyablement façonné de joies aussi, de rires, de désirs... C'est un hymne à la vie...
Ainsi ce livre m'a rappelé une autre histoire, celle de ma famille, des veuves de ma famille, ma grand-mère tout d'abord veuve à trente-six ans. Mon grand-père mourut à la suite d'un accident de travail en 1926 en participant à la construction d'un pont en face de la rade de Brest. Il fit une chute a priori sans trop de gravité, son chef d'équipe lui dit de rentrer chez lui. Il prit son vélo, il lui restait quinze kilomètres à faire jusqu'au domicile devant lequel il s'écroula en entrant dans un coma irréversible durant huit jours. Il fut emmené à l'hôpital. Ma grand-mère entendit de nouveau frapper une semaine plus tard à la porte, cette fois c'était la nuit, elle ouvrit, il n'y avait personne ; le lendemain matin, en se rendant à l'hôpital on lui apprit que son époux était mort au milieu de la nuit à l'heure où elle entendit frapper à la porte... Ma grand-mère était enceinte de ma mère lorsque ce décès arriva. Ma mère à son tour devint veuve une première fois à l'âge de dix-huit ans si l'on considère que le jeune homme du même âge qu'elle, qui l'aimait et qu'elle aimait, qui lui avait fait un enfant, était le premier homme de sa vie, peut-être qui sait le seul, l'unique amour de sa vie... Elle s'était réfugiée chez une tante de Normandie pour fuir ce que l'on considérait alors comme une forme de déshonneur, devenir une fille-mère, elle était enceinte de ma soeur qui naquit trois jours après que le père de l'enfant fut fusillé par la Gestapo en 1944... Chose surprenante, ma mère devenait veuve tout comme sa mère, en portant un enfant... Et c'est en lisant ce livre, en écrivant ces lignes que je m'aperçois brusquement que personne n'avait jusqu'à présent dans ma famille clairement fait ce parallèle, mais peut-être est-ce une simple coïncidence...
L'élégance des veuves, c'est le silence, les non-dits, c'est se taire, terrer cette douleur dans le ventre, serrer les dents tandis que les enfants pleurent là-bas dans la chambre, ou peut-être rient, le bruit est parfois tellement confus dans les battements d'un seul coeur...
Dans un livre empli d'humanité, Alice Ferney dit ces histoires de femmes, de mères, de filles, dans une écriture très belle et très forte, avec grâce, sensibilité, justesse, comme si elle avait vécu tout cela, comme si Valentine, Mathilde, Gabrielle, Clotilde et les autres appartenaient à sa famille, comme si nous étions là parmi les femmes de cette famille...
Presque notre famille...
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Dans la société bourgeoise du 20ème siècle, une saga se déploie vue sous l'angle de la maternité, des mères qui donnent la vie et qui, suivant les périodes, souvent les pleurent. Valentine , Mathilde et Gabrielle, Clotilde et toutes les autres traversent le siècle.. et nous les suivons d'une guerre à l'autre, où les hommes faisaient des veuves et où celles-ci élevaient seules les enfants jusqu'aux jours où la technologie et les moeurs transformèrent leur quotidien ....
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"L'élégance des veuves" d'Alice Ferney (121p)
Ed. J'ai Lu
Bonjour les fous de lectures....
C'est avec un réel plaisir que je retrouve la plume d'Alice Ferney qui, cette fois, nous parle d'un temps que les moins de 20 (30,40,50...) ans ne peuvent pas connaitre.
A cette époque, dans certaines branches de la société, il était de bon ton pour les femmes, une fois le mariage ( d'amour ou arrangé) consommé de se consacrer à leur rôle de mère, l'essentiel étant de faire perdurer la lignée dans la bonne foi catholique.
Ces épouses se retrouvaient donc à à peine 40 ans mères d'un palanquée d'enfants, ayant assumé grossesses sur grossesses à un rythme effréné et avec une abnégation parfaite.
Le corps usé, elles étaient femmes et mères dévouées ayant le sens du devoir transmis de générations en générations.
Alice Ferney nous raconte l'histoire de deux femmes dont le destin se tisse au rythme des naissances et des décès.
Le schéma se reproduit à l'infini : jeune fille, épouse, mère et puis veuve.
Leur vie à elle? pas le temps d'y penser, elle n'ont pas été éduquée pour cela.
Elles assument avec force et courage le cycle de la vie et de la mort... jamais une plainte, un regret, les peines seront tues et pleurées en secret.
On se laisse emporter, envouter par cette jolie plume qui va directement à l'essentiel. On glisse lentement dans un univers féminin qui nous semble si lointain, révolu et pourtant on se reconnait dans les gestes tendres de ces deux protagonistes.
Ce roman est court, bien trop court ... j'aurais aimé continuer à savourer l'écriture délicate d' Alice Ferney
La phrase d'Aragon "la femme est l'avenir de l'homme" prend ici tout son sens, même si nous le savions déjà !
Un livre simple, doux et élégant sur nous les femmes
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Avec l'élégance des veuves, me voici à mon troisième titre d'Alice Fernay.

Après quelques hésitations quant au thème, je me suis laissée aller tranquillement à cette lecture.

Au début, tout allait très vite fiançailles, mariages, naissances, mortalité infantile, enchainement des grossesses… le mot qui convient c'est expéditif, pour la suite aussi en quelque sorte ! Je me suis interrogée sur ce que ce rythme effréné allait donner mais l'auteur est rentrée plus précisément dans le sujet.

Dans un contexte de vie en pleines mutations, de guerre aussi, Alice Fernay nous parle majoritairement de deux destins issus de la Bourgeoise qui édictait les règles de vie à la lumière du Catholicisme et qui offrait peu de liberté aux époux de mener leur vie avec indépendance. Les parents arrangeaient les unions.

« Croissez, multipliez-vous, ne vous privez pas l'un de l'autre dit la Bible ».

Alors, les femmes enchainent les grossesses telles des poules pondeuses, elles n'envisagent pas autre chose malgré la mort de certains enfants, elles relèvent la tête pour leur nichée, leur mari.

Une femme ne vacille pas, elle pleure en cachette, mais est vite rattrapée par sa tribu et cet époux qui est un véritable étalon !

Cela conduit immanquablement à l'épuisement de ces mères qui n'ont pas de répit, morts et vies s'alternent souvent et c'est dramatique. Elles aiment leurs enfants mais ont si peu de temps pour chacun.

Le contrôle des naissances n'est pas encore intégré dans les habitudes, alors on se résigne et se révèle encore plus déterminée. Cette mort qui entraîne un sursaut de vie pour soi et ceux qui restent.
C'est là que se niche l'élégance des veuves.

La femme quoique soumise est le pilier de la famille.

Je ne suis pas allée dans les détails de ce récit, car il a été très bien mené par d'autres ami(e)s Babélio.

La fin de cette histoire est heureuse, l'amour est là, dans un couple où chacun respecte son passé et permet d'envisager une destinée commune avec résilience.
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Etre femme. Etre Mère.
Perdre ses êtres chers et de chair.
Entendre la souffrance et la force de la création, malgré tout.
Emerger par ce vous êtes mères et traverser le chemin de la vie.
Belle écriture, riche.
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Ce qui marque le plus dans ce livre c'est l'élégance de l'écriture ! Quelle plume ! J'ai savouré chaque mot, chaque tournure de phrases !
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