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EAN : 9782234091269
250 pages
Stock (25/10/2023)
4.35/5   10 notes
Résumé :
Vous en avez probablement au fond de votre trousse à pharmacie. Le Spasfon est l’un des médicaments les plus prescrits et vendus en France, en majorité aux femmes. Une pilule rose familière lorsque l’on souffre de règles douloureuses. Et pourtant, aucun essai clinique ne soutient son efficacité pour cette indication.

Juliette Ferry-Danini retourne aux origines du médicament, dans les années 1960. L’histoire du Spasfon n’est pas toute rose : des malad... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Essai de Juliette Danini-Ferry.

« Pourquoi un médicament prescrit à de nombreuses femmes semble faire l'unanimité contre lui ? » (p. 15) le mis en cause, c'est le Spasfon ou phloroglunicol pour son nom pharmaceutique. le produit n'a pas fait l'objet d'études scientifiques solides pour démontrer son efficacité sur les douleurs gynécologiques, biliaires et urinaires, et ce alors qu'il est vendu depuis 1960 et qu'il dispose d'une autorisation de mise sur le marché renouvelée sans remise en cause depuis 1973. Pas de revues systématiques et pas d'essais cliniques randomisés pour le Spasfon : la pilule rose tant prescrite aux femmes est pourtant distribuée à tour de bras.

Ce qu'il faut comprendre, c'est que la douleur féminine est minimisée par le monde médical et que les femmes se voient en outre prescrire un médicament inefficace. On peut parler de double peine... Les soignant·es demandent notamment aux femmes de dédramatiser leurs douleurs menstruelles, ce qui revient à remettre en cause la parole desdites femmes sur leur propre corps. le Spasfon est l'un des médicaments les plus prescrits en France pour traiter les douleurs de règles, au motif qu'il est un antispasmodique. « Avons-nous troqué l'hystérie pour une théorie plus inoffensive en apparence, celle du spasme ? » (p. 123) Ce qui est certain, c'est que des parturientes se voient prescrire la pilule rose au lieu d'antalgiques et que des femmes réglées n'obtiennent pas d'anti-inflammatoires.

Quand on revient à l'histoire du Spasfon, la description des premiers tests fait froid dans le dos. le laboratoire déclenchait volontairement des douleurs biliaires chez des patientes pour tester son nouveau produit... « Derrière la success story du phloroglucinol se cache finalement une expérimentation humaine moralement problématique et à la scientificité très contestable. » (p. 86) Poursuivons le portrait des pilules roses : ces dernières n'ayant pas fait la preuve de leur efficacité, elles seraient donc inoffensives, comme un placebo ? Pas tout à fait... et quand bien même elles le seraient, il est inadmissible de les prescrire aux femmes sans qu'elles le sachent. « L'étude souligne que le Spasfon est également souvent considéré comme par les professionnels de santé comme un placebo. C'est presque un secret de polichinelle : c'est évident pour beaucoup de médecins, mais rarement dit aux patientes. » (p. 141) de fait, les femmes n'ont pas consenti à prendre un produit qui n'a aucune efficacité et qui retarde, voire empêche leur accès à une meilleure prise en charge de leur douleur. Petit détail qui a tout son sel : « le phloroglucinol étant par ailleurs une molécule utilisée dans la fabrication d'explosif. » (p. 69)

J'ai depuis longtemps constaté que le Spasfon n'a aucun effet sur moi, mais vu mon passif avec les médicaments, je pensais que c'était personnel. Cette lecture m'ouvre les yeux et me met en colère, mais c'est une colère saine ! Elle me donne des armes pour refuser – enfin – fermement ce produit quand un médecin veut me le prescrire ou qu'une pharmacie veut me le délivrer. « Ceci est un livre de philosophie de la médecine féministe. Un tel projet a pour objectif d'identifier et de déconstruire des biais au sein de la connaissance médicale qui affectent injustement les femmes. » (p. 11) Cet essai prendra évidemment une place bien méritée sur mon étagère de lectures féministes, mais avant, il va circuler parmi les femmes de mon entourage !
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Une lecture qui met en lumière (et en colère) les différents biais existants qui viennent affecter les femmes tout au long de leurs expériences médicales.
Qui ne s'est jamais vu prescrire cette petite pilule rose inefficace ?
De manière efficace et très précise, l'autrice revient sur l'histoire de ce médicament et comment il est entré sur le marché français (parce que, oui, c'est une fierté française!
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Il n’y a pas besoin d’adhérer à une théorie du complot anti-Big Pharma. Cet effet de l’industrie pharmaceutique sur les publications est bien documenté : une étude de 2010 a montré que, sur 500 essais cliniques de différentes classes de médicaments, 85 % des essais cliniques financés par des laboratoires pharmaceutiques déclaraient des résultats positifs pour seulement 50 % des essais cliniques financés par des fonds publics.
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(…) le succès du Spasfon aujourd’hui repose vraisemblablement plus sur l’imaginaire du spasme, des habitudes des médecins et l’apathie des autorités sanitaires que sur des données scientifiques solides.
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« Derrière la success story du phloroglucinol se cache finalement une expérimentation humaine moralement problématique et à la scientificité très contestable. » (p. 86)
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« L’étude souligne que le Spasfon est également souvent considéré comme par les professionnels de santé comme un placebo. C’est presque un secret de polichinelle : c’est évident pour beaucoup de médecins, mais rarement dit aux patientes. » (p. 141)
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« Ceci est un livre de philosophie de la médecine féministe. Un tel projet a pour objectif d’identifier et de déconstruire des biais au sein de la connaissance médicale qui affectent injustement les femmes. » (p. 11)
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