C'est en lisant la critique de dbaquet (que je vous recommande) que je me suis dit qu'il me fallait ce recueil de nouvelles; En effet, quand on pense avoir exploré avec délectation l'univers des auteurs fantastiques du XIXème siècle, quel plaisir d'en découvrir un encore inconnu et de retrouver cette inimitable ambiance de l'époque qui a donné de si persistantes émotions. Avec Fritz-James O'Brien, le frisson des retrouvailles est bien là, les personnages de ces nouvelles franchissent tous, à un moment ou a un autre, la frontière tenue qui sépare la volonté de réaliser leurs rêves ( désirs, passions, etc...) d'une forme de transgression. Dès lors, ils s'acheminent vers la terrible conséquence de leurs actes, dans le drame, la folie ou l'épouvante, la transgression les condamnant irrémédiablement à détruire ou à perdre ce qu'ils avaient tant voulu atteindre. Aux amateurs des belles écritures de ce genre très raffiné...
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Fitz-James O'Brien est né en Irlande mais il émigra assez jeune à New-York où il mena une vie de bohème tout en publiant quelques poèmes et nouvelles dans des périodiques. Surnommé « le Poe Celtique », il est considéré comme l'un des maîtres du fantastique Américain du 19ème siècle. Ses nouvelles oscillent souvent entre rêves et cauchemars, des visions de ténèbres ou bien de paradis artificiels. Des fantômes apparaissent dans les vieilles maisons, des démons festoient, on se débat avec des créatures invisibles. L'auteur manie souvent la dérision, poussant les codes du genre jusqu'à l'excès, emportant tout dans une sorte de satire véhémente. Dans « le Forgeur de Merveilles », la nouvelle la plus longue de ce recueil, un quartier de New-York évoque les anciens ghettos insalubres. Un boutiquier fabrique des automates. Son visage osseux rappelle le diable, ses moustaches noires, ses yeux cruels, la présence d'un serpent. Flanqué d'une diseuse d'aventure, qui collecte les âmes, d'un français à l'oeil artificiel et d'un autre acolyte, il couve des projets démoniaques : donner vie à ses créatures, ses tristes automates, pour faire le mal. Mais c'est sans compter sur un brave bossu, amoureux de la jeune orpheline que ce sinistre individu séquestre et qui mendie, au milieu des rues, avec son singe et son orgue de barbarie, et sur l'effet du vin. La diseuse d'aventure, avachie dans son ivresse, laissa échapper d'une bouteille les âmes malfaisantes qui devaient servir à leur forfait. S'en suit un combat digne des plus grands mythes et les coupables finiront punis. On comprend dès lors que les surréalistes, dans leur soif d'un merveilleux subversif, aient apprécié un auteur qui restait assez méconnu du public français.
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