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EAN : 9782366080278
248 pages
Books (24/04/2013)
3.5/5   6 notes
Résumé :
Pedro tient une petite librairie de quartier dans le centre-ville d’une métropole brésilienne. Comme chaque week-end depuis six mois, pour retrouver Rosane, sa fiancée, il se rend en bus dans le quartier du Tirol, une banlieue délabrée à 40 kilomètres de là.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Première rencontre intéressante avec l'auteur brésilien Rubens Figueiredo le temps d'un voyage en bus en compagnie de Pedro bouquiniste dans le centre-ville d'une métropole brésilienne et Darwin, Darwin le scientifique 😊. Pedro chemine ce week-end là dans un bus bondé vers une banlieue éloignée de cette métropole pour retrouver sa fiancée Rosane, en lisant par intermittence un livre qui évoque un séjour de Darwin au Brésil .
Alors que des émeutes s'annoncent sur le trajet et que les voyageurs commencent à s'agiter , la brutalité du monde humain fait écho à celle du monde animal et humain raconté par Darwin dans le livre. Des anecdotes brutales comme celle sur l'esclavage 150 ans auparavant dans une fazenda des environs, entraînent Pedro dans des réflexions sur les épisodes douloureuses et difficiles de sa propre vie et de celle de Rosane dans le contexte de l'histoire socio- politique douloureux du Brésil : redistribution des terres aux plus miséreux, brutalité policière face aux soulèvements populaires, grosses fissures entre les différentes couches sociales et témoignages d' histoires personnelles extrêmement tragiques . Tragique mais étrange comme celle de Joâo , renversé par un camion en bord de route, devant un petit chantier de construction où il était en train de travailler , mais une fois transporté à l'hôpital, amnésique, opéré, plâtré , l'assistante sociale de l'hôpital ne trouve aucune trace de lui dans son lieu de travail. le camion qui l'a renversé ayant pris la fuite, et Joâo après l'accident étant sans connaissance et n'ayant plus aucun papier sur lui, il n'est pratiquement plus PERSONNE,comme une majorité dans ce pays. Alors qui paît ses frais d'hôpitaux et de soins, surtout qu'il y est depuis un bon moment et vu qu'on ne sait où l'envoyer une fois guérie , mystère ? dans un pays comme le Brésil si mal doté en services de santé de base, situation des plus étranges.

Un voyage dense chargé de misère et de violence mais oh combien humain et intéressant au coeur même du Brésil, ce grand pays de 8,5 millions de km2 de superficie et 215 millions d'habitants, soit un petit continent. Très peu d'aides sociaux, une piètre organisation accordés aux plus démunis, des images d'enfants de rue munis de leurs petites bouteilles contenant un fond de solvant de peinture qu'ils sniffent, du prolétariat exploité, abusé, des mères ados vivant avec mère et grand-mère,…. une lutte perpétuelle pour se maintenir en vie. L'écrivain renforce images et sensations avec des descriptions détaillées, surtout corporelles, pour illustrer ce voyage allégorique à travers l'histoire de la violence au Brésil. Ni pamphlétaire ni prolixe , relatant simplement la réalité, Figueiredo nous livre un texte d'une belle qualité esthétique. Pour qui s'intéresse au sujet un livre profond , intéressant et instructif.


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Je prends un ticket au guichet, monte dans le premier bus, peinture émaillée blanc et rouge. le soleil va bientôt se coucher, et l'esprit léger, je pars en week-end. C'est pas que j'y mets beaucoup d'attente, mais le brésil, la bière et les filles en bikini sur la plage, ça me met déjà en joie. Les gens commencent à monter, les places assises toutes occupées, je regarde, j'observe, je prends le pouls de la société. Toujours intéressant de monter dans un bus, on y croise de vrais gens, avec leurs problèmes, leurs caractères, leurs tics. le mien, c'est de sortir immédiatement un livre de ma besace. Et pour l'occasion, j'ai deux bouquins, un de Charles Darwin le célèbre anthropologue anglais qui fit escale dans cette ville et parle d'un autre âge de l'esclavage, un de Rubens Figueiredo, si amicalement prêté lors d'un "cercle" d'initiés dédié à la littérature sud-américaine et aux cookies. D'ailleurs t'es plus booky ou cooky...

J'essaie de sortir du centre-ville pour la banlieue, les librairies tirant leurs rideaux, les phares aveuglantes d'une file de voitures et de camions en sens inverse. le bus est maintenant bondé, mais nous n'avançons guère plus, une pluie fine et des émeutes sur la route, embouteillage assuré. La sueur dégoulinant après une journée de travail, un bébé pleure, une beauté entame une discussion sur le coût des racines de gingembre et des feuilles de menthe pour son mojito, une vieille tremblante essaie de trouver un siège et tente de faire avancer son cabas de provisions chargés aux roulettes désaccordées. Pour faire patienter ses clients, le chauffeur allume la radio. Je reconnais Eumir Deodato, le pianiste brésilien qui me parle de Zarathoustra.

A peine une quarantaine de kilomètres seulement mais une nuit intense en émotions, en Histoire. Ce parcours nocturne est ainsi l'occasion d'observer le coeur des habitants, l'âme des fazendas et des bidonvilles. Je pensais prendre le bus, j'ai pris bien plus qu'un ticket, j'ai reçu une leçon d'histoire. La musique s'arrête pour un flash d'information, la Seleçao jour ce soir au Maracanã, les supporters sont partagés entre joie et effroi, Neymar vient de se "tordre" la cheville à l'entraînement. Voilà de quoi encore alimenter la colère d'un peuple, les émeutes de cette nuit seront certainement encore plus violentes. D'ailleurs, le bus détourne son chemin, il n'ira pas jusqu'à sa destination finale, je finirai donc mon voyage à pied, le regard porté sur la lune bleue, l'espoir de retrouver le lit de Rosana et son jardin musqué.
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Pedro tient une petite librairie de livres d'occasion dans un quartier populaire d'une métropole Brésilienne. La semaine, il vit chez sa mère, dans un quartier modeste mais correct de la ville. le week-end, il se rend chez sa petite amie, dans une banlieue très pauvre à l'écart de la ville. Dans cet endroit, les émeutes entre quartiers voisins sont fréquentes et violentes. Un vendredi, alors qu'il se rend chez son amie, le trajet est perturbé et ralenti par de nouvelles émeutes. Pedro laisse vagabonder ses pensées. Il nous raconte son Brésil, bien loin des stations touristiques et des beaux quartiers.

Pedro est un personnage attachant, qui s'intéresse au sort des gens autour de lui. Il nous offre des portraits sensibles et émouvants d'hommes et de femmes en marge de la société, qui doivent lutter chaque jour pour survivre. Il raconte la violence quotidienne qui sévit dans les quartiers pauvres, le manque de travail, la négation du droit du travail par les employeurs, l'exploitation de la main d'oeuvre peu qualifiée....

Durant ce trajet en bus Pedro lit quelques passages d'un livre qui évoque un séjour de Darwin au Brésil. Les réflexions du scientifique sur la violence de la vie animale le renvoient à l'inhumanité de la société à deux vitesses dans laquelle il vit.

Une approche intéressante et humaine du Brésil

Lien : http://sylire.over-blog.com/..
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
Pedro se rappela l'endroit auquel le livre se référait, l'endroit où se trouvait autrefois cette fazenda silencieuse dans laquelle les esclaves chantaient au matin. Il s'agissait maintenant d'une agglomération dont les maisons miséreuses s'étalaient depuis la mi-pente de collines arides et presque dépourvues de végétation jusqu'aux abords d'une route très passante. Voitures, camions et bus roulaient à grande vitesse sur l'asphalte, dans les deux sens, sur deux voies séparées par un terre-plein couvert d'herbe sèche, tandis que certain constructions précaires s'amoncelaient quasiment jusqu'aux accotements - des taudis parfois plantés au sommet de petits ravins argileux.
Pedro se souvint que, les fois où il était passé par là et qu'il avait observé le paysage au loin, à travers la fenêtre du bus dans lequel il voyageait, il avait eu l'impression que tout était endormi, plongé dans une sorte de torpeur - à l'intérieur et à l'extérieur des maisons. Les antennes de télévision et les fils qui pendaient des poteaux électriques semblaient eux aussi désactivés, sans courant. L'aspect général était celui d'un décor, sans rien derrière.
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À présent , une famille inconnue était venue s’installer là*, comprenant la grand-mère, la mère et deux adolescentes , chacune avec une fille en bas âge. Aucune de ces femmes n’avait d’emploi; elles ne trouvaient du travail que pour des brèves périodes , distribuaient des prospectus aux feux rouges les week-ends , et, souvent , ramassaient des canettes métalliques pour les revendre.
*Banlieue d’une métropole brésilienne.
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Penché par la fenêtre ouverte, il avait regardé à travers l'obscurité de la nuit, les yeux fixes, prisonnier d'un espace étroit entre une cloison au-dehors et un mur écorché, aux briques nues - il regardait, regardait, sans avoir la moindre idée de ce qu'il allait faire de sa vie lorsque le jour finirait par se lever. Il regardait fixement, profondément cette nuit épaisse et il sentait sur son visage tantôt une odeur de cendres, tantôt une odeur de pourriture. Il réfléchissait, s'interrogeait, et seule une chauve-souris piaulait par intermittence, au-dessus de lui, en décrivant de longues boucles, à grande vitesse.
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Autour de lui, Pedro observa de nouveau la torpeur générale dans laquelle le bus était plongé. Il sentit en lui-même comment cette langueur était assimilée par le rythme de la respiration des passagers, la demi-pénombre qui venait des vitres sales, le tangage provoqué par les nids-de-poule, le ronflement du moteur. Car le bus était à présent en train de parcourir lentement, toujours en seconde ou en troisième, une longue distance sans s'arrêter. Il avançait à vitesse réduite et constante le long d'un couloir latéral qui s'était formé sur la voie de droite, où les bus se suivaient de près - l'avant de l'un tout près de l'arrière de l'autre, formant une sorte de train.
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Darwin raconte dans ses Mémoires qu'un beau jour il sortit se promener à travers la fazenda une heure avant le lever du soleil. Admirant le paysage, il avançait en prenant soin de ne pas troubler le silence alentour - avec une attention de chaque instant pour les insectes, les plantes et jusqu'aux lichens les plus rachitiques. C'est alors qu'à sa grande surprise, il entendit au loin, apporté par le vent, l'hymne que les esclaves entonnaient en chœur tous les matins avant de se mettre au travail.
Le contre-chant se dédoublait en deux voix, allait et venait sur une échelle pentatonique, tandis que là-bas, tout au fond, une bande rosée se dilatait dans le ciel, à l'horizon. Le chant résonna si agréablement à ses oreilles que Darwin pensa que les esclaves devaient être très heureux dans des fazendas comme celle-là.
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