« Quant à moi, on m'avait vraiment invité. Un chauffeur en uniforme bleu, couleur oeuf de merle, avait traversé ma pelouse de bon matin ce samedi-là et m'avait remis une lettre étonnamment formelle de la part de son maître : Gatsby serait extrêmement honoré, disait-elle, si je voulais bien assister à la « petite fête », qu'il donnait ce soir. Il m'avait aperçu à de nombreuses reprises et prévoyait depuis longtemps de me faire signe, mais un regrettable concours de circonstances l'en avait empêché. Signé : Jay Gatsby, d'une éciture majestueuse. »
Gatsby (le Magnifique),
Francis Scott Fitzgerald @editions_pol
L'oeuvre en quelques mots ? un récit foisonnant, fou, mélancolique et exubérant à la fois, qui n'a pas fini de nous étonner et de nous surprendre, jusqu'à la dernière page!
Cette exubérance provient tant des fêtes folles données par Gatbsy que du style de vie menée par certains des protagonistes, ou encore de l'écriture, fluide et happante, de l'auteur ! sa plume est tellement envoûtante que l'on se retrouve, tout surpris, en quelques battements de cils, en un claquement de doigts, un pas de foxtrot ou quelques notes de piano, à la dernière page… et la fin, mes aïeux, cette fin fracassante mérite bien la lecture !
Pour ceux qui ont déjà vu le film, interprété entre autre par Leonardo di Caprio, vous me direz « plus de secrets ! » et pourtant… j'avais vu le film également il y a quelques années, mais j'ai pris plaisir à redécouvrir les personnages à travers la plume de l'auteur : Gatsby, entouré, adulé, mais secret, se revèle être un personnage éminement romantique et passionné, amoureux de l'amour, enfermé dans sa passion passée, qui idéalise ses rêves, ses chimères, cet amour recherché ardemment…
« Ce n'était donc pas seulement vers les étoiles qu'il avait étendu des bras implorants, ce soir de juin. Soudain, il devenait à mes yeux un être vivant, libéré de cette gangue qui l'entourait jusque-là d'une splendeur absurde. »
… Daisy, beauté éthérée, ensorcelante et mystérieuse à la fois, captive et fascine tout un chacun!
« Daisy commença à chanter en accompagnant la musique d'un murmure rauque et rythmé, parant chaque mot d'un sens qu'il n'avait jamais eu avant et n'aurait plus jamais. Quand la mélodie montait dans les aigus, sa voix se brisait doucement en la suivant, comme font les voix de contralto, et chaque modulation répandait dans l'air un peu de sa chaude et magique féminité. »
… mais elle reste, malgré son côté lutin mutin, bien ancrée dans son petit monde privilégié, cette société bourgeoise à laquelle elle appartient.
Car il y a de cela aussi dans l'écirture de
Francis Scott Fitzgerald : une mise en lumière de la société de l'époque, riches contre pauvres, décadence et opulence contre misère et vie de rien… le décalage entre les deux mondes est frappant, dérangeant!
« C'est une vallée de cendres : un champ cauchemardesque où les cendres poussent comme du blé, dessinent des crêtes, des collines, de monstrueux jardins; où les cendres se transforment en maisons, en cheminées, en colonnes de fumée et, dans un effort ultime et transcendant, incarnent des humains gris cendre, dont on distingue à peine les mouvements et qui se désagrègent aussitôt dans l'air empoussiéré. »
Au fond, les riches vivent dans… un monde à part!