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sur 1130 notes
Éloge de la passivité...
Dell est un ado américain parmi tant d'autres. Mais sa vie tangue et bifurque quand les adultes qui l'entourent cessent de le protéger et l' obligent à passer la frontière, à devenir un homme qui ne peut compter que sur lui.
Dell a été dépossédé de tout sinon d'un double et pathétique héritage: le journal de sa mère (intitulé "chronique d'une personne faible", rédigé en prison juste avant son suicide) et l'injonction de son pere, grand amateur de puzzles, à comprendre et à accepter sa vie dont toutes les pièces disparates, une fois assemblées, composeraient une image parfaite.
Mais le récit que fait Dell, 40 ans plus tard, des jours qui ont fait exploser sa vie et sa famille, loin d'être un roman d'initiation, invité à contempler l'absurdité de toute existence. Berner, la soeur de Dell, cherche à prendre son destin en main et de boulots minables en maris successifs meurt d'un cancer contre lequel elle a entamé une chimiothérapie, "pour faire quelque chose" tout en sachant que celle-ci n'a d'autre effet que de la faire souffrir. Dell, lui, couche avec sa soeur parce qu'elle en prend l'initiative (et il trouve ça bien); il obéit à sa mere qui l'envoie au Canada (et dans ce désert affectif se dit qu'il apprend à devenir un homme), il aide un assassin à mener à bien son double meurtre (puisqu'il est là, autant rendre service), et retrouve finalement sa soeur mais ce sont ses étudiants qui lui ont mis la petite annonce sous le nez.
Somme toute, agir c'est aller à l'échec. On pourrait se demander quelle est la pièce manquante du puzzle, cette ellipse gigantesque de 40 ans pendant laquelle la résilience a eu lieu au point que Dell devient ce qu'il serait certainement devenu sans le hold-up et les meurtres. Mais finalement il n'y a pas de pièce manquante : il suffit de se laisser ballotter par les événements sans jamais faire preuve d'initiative comme un Meursault qui oublierait fort à propos d'appuyer sur la gâchette.
Ne rien faire (surtout pas d'enfants) pour que le destin vous oublie. Ne rien faire pour être sûr de ne jamais se tromper.
Vivre sans chercher un sens à sa vie.
Bref, ce roman est absolument désespérant.
Tiens, je vais relire "La Route", ça me remontera le moral.
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Noyés par les problèmes financiers, les Parsons arrivent à la conclusion que la seule échappatoire possible à leur soucis est de braquer une banque...Ce geste irraisonné est à la fois le signe irréfutable du dysfonctionnement de cette famille, et le point de départ de son délitement total.
Leurs jumeaux, un garçon et une fille adolescents se retrouvent alors abandonnés, livrés à eux même dans une terrible solitude.
Avant son arrestation, leur mère avait chargé une amie de les exfiltrer au Canada, leur donnant la possibilité de démarrer une nouvelle vie, loin d'eux.
La jeune fille, Berner, choisit la fuite, tandis que son frère Dell accepte cette aide. Il choisit d'essayer, d'essayer de survivre à la catastrophe et de construire sa vie. Ce choix, qui résume leurs différences, déterminera aussi leur destins.
"Canada" est un très beau roman dont j'ai beaucoup apprécié l'écriture, la construction et la profondeur.
La belle écritureque j'avais déjà aimé dans "Etat des lieux".
La construction en deux parties, avant et après, s'impose évidemment. Avant, Dell tente de comprendre la génèse du cataclysme et dissèque les évènements avant-coureurs. Après, il essaie de toutes ses forces de ne pas perdre pied et de garder sa place dans le monde des vivants, ce que sa soeur ne parviendra pas vraiment à faire.
J'ai été touchée une nouvelle fois par le talent de Richard Ford pour analyser en profondeur ses personnages et leurs sentiments. le rythnme est un peu lent à certains moments de la première partie, mais cette lenteur participe à l'atmosphère de fin du monde annoncée.
Très beau roman.
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Je ne suis pas assez lettrée pour juger de la qualité de l'écriture, et des roman de Richard Ford, que, jusqu'à aujourd'hui je n'avais jamais lu .Il est un auteur connu, et reconnu ; je n'ai rien à redire là-dessus.
Je fais donc connaissance avec lui avec ce roman, un bon pavé bien lourd… qui me tombera des mains au bout de 150 pages, me laissant assommée, et affolée de l'ampleur de ce qui reste à lire tant le style me freine de plus en plus au fur et mesure que je persiste à poursuivre.
Je ne discuterai pas du sujet, il avait de quoi me plaire.
C'est surtout le style Ford qui ne me convient pas : de longs tirés narratifs sans dialogue, des détails à n'en plus finir, de la lenteur, et de la lourdeur. On a l'impression de ne pas avancer de prendre racine. J'ai fini par m'épuiser, et me lasser.
Les admirateurs de l'auteur y trouveront sans aucun doute leur compte. Que mon avis ne les dissuade pas de lire ce livre avec lequel la rencontre ne s'est pas faite , pas plus qu'avec l'auteur d'ailleurs.
Lien : http://leblogdemimipinson.bl..
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D'abord, je vais vous raconter le hold up que nos parents ont commis. Ensuite les meurtres, qui se sont produits plus tard.
Ainsi, dès les premières lignes du roman on connaît l'intrigue de la moitié de l'histoire. Une famille heureuse dans le Montana, les Parsons, avec deux ados de 15 ans, Dell et sa soeur jumelle. Une famille comme les autres avec ses joies, ses rêves et ses contradictions. Soudain tout s'écroule lorsque, pour rembourser leurs dettes, les parents décident de braquer une banque. Ils sont immédiatement retrouvés et emprisonnés. Ils ne se reverront jamais, si ce n'est le frère et la soeur une quarantaine d'années plus tard.

C'est intéressant mais si le récit s'arrêtait là, je n'aurais que moyennement aimé. Heureusement, après avoir oublié ce début pendant vingt ans, Richard Ford l'a repris et la deuxième partie – celle qui se déroule au Canada - est excellente. La lecture en est devenue si passionnante que j'y ai passé toute la nuit
.
Pour éviter le placement en orphelinat, Dell, selon les dernières volontés de sa mère, franchit la frontière et se retrouve au Canada, dans un village perdu du Saskatchewan. Il est totalement seul, à la merci d'un personnage étrange et dangereux, sorti de Harvard mais criminel en fuite, devenu patron d'un hôtel de passe.
Il y fait son apprentissage, à la dure mais efficacement,
pratiquer la générosité, savoir durer, savoir accepter, se défausser, laisser le monde venir à soi – de tout ce bois, le feu d'une vie.

Un roman sombre et optimiste à la fois, que j'ai beaucoup aimé.
Lien : http://liratouva2.blogspot.f..
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Je viens de refermer Canada et je reste dubitative. J'ai apprécié l'idée originale de faire parler un adolescent sur la vision qu'il a du monde des adultes qui l'entourent et notamment de ses parents et de sa soeur jumelle. Comment il vit les évènements, ses ressentis, ses pensées, ses questions et ses craintes. J'ai trouvé les premiers chapitres captivants, car avec les nombreuses descriptions, la vie qui s'écoule, les petits rien qui font que les jours se succèdent aux jours, J'avais vraiment l'impression de me retrouver aux Etats-Unis, dans les années 60 durant un été avec la chaleur accablante et toute la moiteur qui pouvait s'en dégager. Puis la vie du narrateur bascule avec le hold-up commis par ses parents et la famille qui se trouve séparée du fait de l'incarcération de ces derniers. de nouveau nous plongeons avec plaisir dans la description qu'il peut faire du canada, son nouveau pays d'adoption et la manière dont il se reconstruit un univers dans un monde totalement nouveau pour lui. Mais après quelques chapitres j'ai commencé à ressentir un certain ennui avec la vie d'Arthur Remlinger, ce type a commencé à ma taper sur le système et je ne suis pas arrivée à accrocher sur quelque chose. Puis d'un coup tout s'arrête et nous retrouvons le narrateur 50 ans plus tard avec des informations sur sa vie et sur les questions qu'il peut se poser à ce moment là de son existence. Voilà je reste donc mitigée sur Canada, à la fois enthousiaste puis déçue par les longueurs des derniers chapitres. je me dis que j'ai peut-être pas tout saisi et que je suis passée à côté de quelque chose mais je crois pas. Ma première impression est souvent la bonne.
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En 1960, Dell Parsons a 15 ans quand ses parents, acculés par une dette, décident de dévaliser une banque et sont arrêtés peu de temps après. Il passe alors du Montana au Canada, province de Saskatchewan, et commence une autre existence, loin de ses parents et de sa soeur jumelle, Berner. « À cause des choix désastreux de nos parents, la vie normale me laisse sceptique, en même temps que j'y aspire désespérément. » (p. 111) le narrateur a plus de 60 ans quand il entreprend le récit de son adolescence saccagée. Il tente de comprendre comment son père, retraité de l'Air Force, et sa mère, fille d'immigrants juifs, ont pu vivre si longtemps ensemble alors que rien ne les rapprochait en dehors de leurs enfants. « Leurs deux mondes paraissaient n'en faire qu'un parce qu'ils le partageaient et qu'ils nous avaient. Mais il n'en était rien. » (p. 36)

Remontant l'histoire, il observe la façon dont le ressort se tend jusqu'au braquage et à l'explosion de sa famille. Ses parents dans une direction, sa soeur et lui dans une autre, ce sont quatre destins qui s'étoilent et se repoussent. « Se focaliser sur la silhouette de Berner qui s'en va ferait de toute cette histoire un récit de la perte et du deuil, et ce n'est pas l'idée que j'en ai, aujourd'hui encore. Je crois au contraire qu'elle raconte une progression, un cheminement vers l'avenir, notions qui ne sont pas toujours faciles à appréhender quand on a le nez dessus. » (p. 236) Mais Dell, nourri par l'optimisme de son père et le pragmatisme de sa mère, est décidé à tirer le meilleur parti de sa nouvelle existence à Fort-Royal, dans l'hôtel d'Arthur Remlinger. L'homme est un Américain qui a fui les États-Unis et qui profite d'une nouvelle existence au Canada. À l'instar de Remlinger, Dell veut échapper à son histoire et s'accommoder de la solitude de ses grands espaces intérieurs.

Le Canada, c'est un inconnu géographique et la terre des possibilités. « le Canada se trouvait au-delà des chutes du Niagara sur le puzzle de mon père. Je n'avais jamais consulté l'encyclopédie à cette rubrique. C'était au nord de chez nous. » (p. 166) Lâché dans un univers parfaitement nouveau, Dell saisit la chance de tout recommencer.

Troublant, bouleversant, ce roman se lit avec patience pour en savourer toutes les beautés et tous les drames.
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Voici un livre que je m'apprêtais à lire avec délectation, le résumé m'avait vraiment titillée, la couverture aussi, avec cette route vers nulle part...
La première partie a rempli son office, j'ai beaucoup apprécié le regard du fils sur ses parents et comment l'histoire d'une famille est bouleversée par une petite accumulation de mauvais choix malgré toute l'affection qu'ils peuvent avoir les uns pour les autres.
La deuxième partie m'a semblé en revanche, affreusement longue, avec des personnages caricaturaux et de grands espaces sans saveurs... L'écriture n'est pas mauvaise, loin de là, mais rien ne m'a accrochée.
J'avoue que je regardais régulièrement le nombre de pages qu'il me restait avant la fin.
Pourquoi est-ce que je n'ai pas déposé ce livre sans le terminer ? Parce que c'est malgré tout un peu prenant, pas assez assommant, un peu trop bien écrit pour l'abandonner au triste sort des livres délaissés...
Pas mal de phrases vraiment bien senties aussi... (la preuve en est le nombre de citations recueillies sur ce site).
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C'est quoi un mexicain avec un pull ? un canadien.

Bon Canada c'est un roman d'apprentissage dans la lignée le destin miraculeux d'Edgard Mint, l'Attrape-coeurs, le Monde selon Garp et j'en passe.

le problème de ce livre à mon sens est la longueur, pour autant Ford a une belle écriture, de belles pensées, mais sa maitrise du temps n'est pas sa première qualité.

Il y a de magnifiques pages réellement, je ne vous dirais pas lesquelles, mais elles se méritent car elles sont telles des stations services étirées sur une route sans fin.

C'est un chouette roman, mais je l'ai trouvé trop inégal
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Lire Canada, c'est comme traverser un tableau de Hopper. C'est la même solitude des personnages. : Dell , 15 ans, se retrouve seul dans la prairie canadienne. C'est être entouré de personnages énigmatiques qui attendent ou ont subi un événement. La vie de Dell a changé de direction après le braquage d'une banque par ses parents. «  Ce qui mérite d'être rappelé, parce que ça montre bien qu'à l'origine des événements les plus terribles, il n'y a parfois qu'une déviation infime de la vie quotidienne. « . C'est la même précision du détail de l'écriture et de la peinture qui crée une atmosphère froide et étrange. «  Je crois que ce qu'on voit, c'est l'essentiel «  . Mais, Dell a franchi la frontière. Passer des U.S.A au Canada lui a permis de mettre à distance ses parents qu'ils continuent à aimer. Il peut ainsi voir, apprendre, comprendre et tout rassembler dans un ensemble cohérent qui lui permet de s'en sortir. » Ce que je sais, c'est qu'on a plus de chances dans la vie, quand on tolère bien la perte et le deuil et qu'on réussit à ne pas devenir cynique pour autant »
Un livre d'une grande profondeur qui émerge de la production actuelle.
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Canada de Richard Ford est un beau roman d'apprentissage qui nous plonge dans l'Amérique des années 50 / 60 autour du destin d'un jeune garçon et de sa soeur jumelle. Leur monde enfantin s'effondre le jour où leurs parents décident de commettre un braquage de banque et sont arrêtés pour ce délit. Pour ne pas être confiés aux services sociaux, Dell doit s'enfuir au Canada chez le frère d'une connaissance de sa mère et sa soeur décide de tenter l'aventure seule, direction la Californie.
Porté par une écriture juste et réaliste (comme savent la construire les grands écrivains américains hantés par la notion de frontière, des forces de la nature et de l'altérité dans l'âme humaine), Richard Ford nous apporte une réflexion sur la solitude, l'apprentissage par le chaos et la capacité d'adaptation des êtres humains.
Un moment agréable de littérature.
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