Je remercie le Livre de Poche pour cette belle réception. le suicide est un acte qui me touche tout particulièrement parce que je l'ai vécu dans mon cercle familial. D'habitude, c'est le genre de thèmes que j'évite dans mes lectures. Je lis pour rire, pour rêver, pour m'émerveiller, alors les récits trop sombres ont tendance à beaucoup m'affecter. Mais
Gayle Forman est une auteur dont j'entends parler depuis un certain moment maintenant, et j'avais envie de découvrir un drame qui porterait sur le suicide. Verdict ? Je ressors de ma lecture très déprimée, assez émue, avec le sentiment d'avoir passé un très beau moment.
Cody et Meg sont les meilleures amies du monde. Elles ont toujours été fusionnelles et partagent énormément de choses, même si leur relation s'est un peu désagrégée depuis le départ pour l'université. Un jour, sans prévenir, Meg, qui a toujours été solaire et pleine de vie, se suicide, ne laissant derrière elle qu'un mail et l'incompréhension de ceux qui l'ont toujours aimée. Cody a du mal à croire en son geste. Pour elle, si Meg allait mal, elle se serait confiée. Elle décide alors de mener l'enquête pour comprendre les raisons qui l'ont poussée à mettre fin à ses jours.
On a d'abord cette Cody. Une jeune fille complètement stupéfaite par le geste de son amie. Elle est déboussolée et oscille entre colère et chagrin. le seul moyen qu'elle trouve pour échapper à ce dernier, c'est de s'engager dans des recherches afin de comprendre pourquoi Meg en est arrivée là. Cody est un personnage que j'ai trouvé plutôt intéressant, car elle prend la décision de ne pas se morfondre et d'agir. En plein déni, elle se lance à corps perdu dans une enquête presque enragée. Elle est morcellée, mais pas vaincue pour autant, elle a du chagrin, mais se bat pour découvrir la vérité. J'ai beaucoup aimé ce personnage hargneux qui quelque part, repousse sa douleur en se jetant à corps perdu dans ses recherches.
Les thèmes abordés sont particulièrement difficiles.
J'étais là reprend les codes du drame, et ça m'a totalement minée. Je me suis moi-même engagée émotionnellement dans ma lecture, ce qui a décuplé toutes mes émotions.
Gayle Forman nous parle d'amitié, de secrets bien gardés, de deuil et bien évidemment, du suicide. Elle ne délaisse pas non plus la dépression qui est, selon moi, une pathologie encore trop méprisée et incomprise dans notre société. Non, la dépression n'est pas la maladie des pleurnicheurs, elle peut toucher n'importe qui et n'importe quand. Et on devine que l'auteur se sert de son récit pour sensibiliser ses lecteurs.
L'écriture est empathique, et j'ai trouvé que tous ces thèmes étaient abordés avec brio : un peu de douceur mêlée à un effet coup de poing. Au-delà du deuil, il y a une intrigue très intéressante. Cody essaie de déterrer les secrets de son amie décédée, et je me suis très vite prise au jeu de cette quête vers les vérités soigneusement cachées par Meg.
On sent que le suicide est un sujet qui tient à coeur de
Gayle Forman. Et sa note à la fin du roman ne fait que le confirmer. C'était la dernière petite touche, la cerise sur le gâteau, l'élément qui vient compléter l'histoire et en faire quelque chose de particulièrement beau.
En résumé, lorsque je repense à cette lecture et tout ce qu'elle a su faire résonner en moi, je pense aux émotions qu'elle transmet, à la plus aérienne et fluide qui nous transporte en un clin d'oeil. Je pense aussi aux sujets forts, traités avec délicatesse, mais sans se départir de leur réalisme.
J'étais là est un roman douloureux, sans doute un peu trop pour quelqu'un d'aussi sensible que moi, mais un roman qui nous apprend aussi comment survivre face à l'absence de quelqu'un.
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