Mais les Grecs passent pour les inventeurs d'une autre manière de peindre, que nous appelons encore aujourd'hui encaustique, du nom qu'ils lui ont donné ; comme son nom l'indique, cette peinture s'achève par l'action du feu.
Le peintre n'a pas une plus entière liberté dans le choix et dans la composition des images qu'il forme. Chaque peuple est doué d'un certain génie qui est attaché à sa race, et qui préside à sa destinée.
Ce n'est pas le goût seul de l'artiste qui décide du choix des couleurs. Les paysages que le peintre a sous les yeux lui offrent une force ou un mélange dé tons qu'il imite nécessairement. La terre qu'il habile produit ou reçoit une certaine quantité de substances qu'il ne dépend pas de lui de changer. Ces substances sont ou des minéraux ou des végétaux qui ne se prêtent jamais à tous les usages , et qui veulent être mis en oeuvre dans des cas déterminés, et d'une manière prévue. Voilà ce que la nature impose à l'artiste.
PEINTURE est un mot dont il semble qu'on abuse beaucoup aujourd'hui. Si on entend désigner par ce mot un talent qui est naturel à notre espèce, et qui s'exerce encore de nos jours avec savoir et avec éclat, on n'exprime pas une fausse opinion; mais si, en prononçant ce mot, on veut dire qu'il existe parmi nous quelque chose de semblable à un art, héritage sacré où lés générations accumulent le trésor de leurs pensées et de leur vie, on se trompe étrangement.
Si on vient à considérer Giotto, on verra que ses ouvrages offrent tes mêmes qualités que ceux de Polygnole, et que sa renommée seule est encore différente. Comme le Grec, d'après le passage précieux de Quintilien, paraît avoir beaucoup reçu déjà de son père Aglaophon, de même le Toscan apprit beaucoup de Cimabué, qui, dans la voûte de la chapelle supérieure d'Assise, ne semble ni moins majestueux ni moins brillant que son élève.