AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,48

sur 430 notes
« Et puis tout d'un coup je me suis mis à pleurer pour rien. Ce rien, c'était notre vie disparue sans que je te serre contre moi, petite maman, sans ces gestes que tu avais tant attendus puis qu'à la longue tu avais cessé d'espérer, comme on ferme la lumière dans une pièce déserte où nul ne viendra plus. »

Ne plus aimer d'avoir trop aimé. Puis se réconcilier avec son histoire et aimer à nouveau. Un parcours difficile qu'Eric Fottorino va accomplir sur les traces de ses pères, adoptif et naturel, et de Lina, sa mère surpassée pendant trop longtemps par sa propre mère aux yeux de l'enfant qu'il a été.

À Nice, Ascros, Bordeaux, Condéon, Barbezieux... Éric Fottorino va retrouver seul puis avec sa mère ces lieux de bonheurs, de chagrins, de drames familiaux. Pour combler sa quête identitaire et renouer le dialogue avec sa chère mère, ces étapes sont indispensables ; car il lui faut comprendre ce qui lui a échappé de sa famille et de son enfance.

Légitimement, comme tout un chacun, Eric Fottorino cherche à savoir avec quoi et avec qui il s'est construit. Et ce n'est pas facile quand on a une mère, fille-mère (comme on disait à l'époque) à l'adolescence à deux reprises, et deux pères, Moshé de Fès et Michel de Tunis, qui « portaient en eux les germes de toutes les haines ... : les séquelles de la colonisation, l'intolérance religieuse, l'antisémitisme français, le rejet des basanés. » Une autofiction émouvante et sincère, qui, si elle révèle l'intime, contrairement à d'autres ne règle pas ses comptes.
Commenter  J’apprécie          1142
Longtemps les origines d'Éric Fottorino, et plus encore son lien avec sa mère, n'auront été que secrets, mensonges ou souvenirs fragmentaires. "Korsakov" ou "L'homme qui m'aimait tout bas" (pour ne citer qu'eux), désarmants hommages à ses deux pères, témoignent de cette quête d'identité sans trêve qui relie la plupart des oeuvres de cet auteur sensible et discret.

Ici le voilà qui convoque à nouveau le secours de l'imaginaire et des mots pour comprendre l'histoire de sa vie, explorant pour la première fois son sujet sans doute le plus complexe et le plus douloureux : sa mère, le "profil perdu" qui manque à sa mosaïque familiale.

S'affranchissant des absences et des non-dits, Fottorino emprunte à l'artifice du roman pour mettre en lumière et réinventer sa "petite maman", celle qu'il côtoie depuis toujours mais dont il ignore tout. Celle qui, à l'âge de dix-sept ans, donna clandestinement le jour à cet enfant pas vraiment prévu au programme.

Plus que jamais l'on comprend combien, pour cet auteur, ses mots et leur magie sont une essentielle respiration de vie, et en l'occurrence ici sa seule façon d'exprimer un amour filial irrémédiablement entravé par un lourd passif de mutisme émotionnel.

« Ce livre est traduit du silence »… merveilleuse formule pour un message bouleversant, le plus lumineux moment de grâce que j'aie pu découvrir de cet auteur à ce jour.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
Commenter  J’apprécie          8717
« Être abandonné, avoir été abandonné, qui peut dire ce qui fait le plus mal ? »

Un dimanche, une mère révèle à ses trois fils qu'elle a accouché d'une petite fille qu'on lui a enlevé aussitôt. C'était en 1963, elle était déjà « fille-mère », c'était plus que n'en pouvait supporter sa famille, sa propre mère surtout qui a organisé l'abandon, avec la complicité de l'église et sans la consulter bien sûr.
Commence alors pour l'ainé, le « narrateur batard », une quête difficile mais devenue nécessaire : qui était cette enfant de dix-sept ans qui en aout 1960 l'a mis au monde clandestinement à Nice ? Sa mère, cette inconnue.

Refaire le chemin, sans juger, vers Nice, tenter de remonter le temps vers son enfance à Bordeaux, entre autre. Se rapprocher de sa mère adolescente, de ses souffrances, de ses pères aussi, naturel et d'adoption.
Chercher à comprendre. Se heurter à l'incompréhensible.
« J'essayais de recoller nos vies. » « On s'en était sortis vivants. Vivants, mais pas indemnes. »

Ce roman, largement autobiographique, est d'une grande sobriété. Il dit sans fioritures les ravages des non-dits, le poids des secrets au sein d'une famille, leurs répliques même cinquante ans plus tard. Son authenticité, sa justesse de ton font sa force. C'est l'hommage émouvant d'un fils à sa mère mais aussi le témoignage rapporté d'une époque pas si lointaine où les carcans de la société pouvaient briser des vies en toute impunité.

Commencé dans la brutalité de la révélation d'un secret, il s'achève par une délivrance, une ébauche d'apaisement et de tendresse entre un fils et sa maman.
C'est peut-être cela en définitive que j'ai envie de retenir au-delà de la quête personnelle de l'auteur : le pouvoir d'apaisement et de libération des mots, plus forts que les maux, magistralement démontré par Eric Fottorino.
Commenter  J’apprécie          8213
Lorsque les écrivains prennent la plume pour évoquer la figure maternelle , pour peu que Calliope, muse de la poésie se soit penchée sur le berceau de l'auteur, le récit fait alors vibrer les âmes, séduites par l'expression sublimée de l'amour filial.


A partir d'une confidence tardive qui révèle un secret de famille bien gardé, l'auteur part à la recherche des vestiges de la jeunesse de sa mère, mêlant ce qu'il en sait et ce qu'il en devine, reconstruisant l'histoire à partir de bribes et de témoignages glanés au hasard. Déambulations sur les lieux historiques , recueil de confidences de témoins jusqu'alors ignorés, le lecteur est guidé sur les traces de la jeune fille, à qui l'on a volé l'enfance pour la condamner deux fois . C'est ainsi que l'auteur tisse la lame de sa filiation, deux pères, c'est à dire aucun, une famille cependant, mais à jamais amputée d'une enfant dont personne ne savait l'existence.

Si l'impression première laisse penser que l'histoire s'orientera vers la recherche de cette soeur ignorée, il n'en est rien. C'est bien de ses propres racines que l'auteur explore. Sans juger, en essayant juste de comprendre.

« J'étais le survivant d'une histoire trouble qui nous avait séparés, une histoire douloureuse oubliée à dessein »

La démarche est incontournable, l'auteur ne peut l'éviter :

« Mon existence en dépendait. Toutes mes pensées affluaient vers une gamine saisie au vif sur la promenade des Anglais, dans ces journées de soleil où elle croyait que l'avenir existait. il était temps de rembobiner le temps. d'aller là où je n'étais jamais allé , au plus profond l'oubli »

La filiation peut se faire confuse, au point de ne plus avoir de qui l'on parle, de quelle enfant, mère ou fille , d'autant que se mêle souvent l'ombre de la grand-mère, à l'origine de tous ces liens anéantis.

Pour ces deux êtres retranchés derrière un silence affectif lourd de sens, les retrouvailles sont poignantes. Ce qu'il a découvert sur cette petite dame qu'il a côtoyé des années durant, qu'il n'a jamais pu appeler maman, a fondamentalement modifié leur relation, recréant le lien distendu par les non-dits, les impossibles à dire.

C'est ce rapprochement inespéré qui fait surgir l'émotion, et achemine le récit vers un fin bouleversante.
Lien : https://kittylamouette.blogs..
Commenter  J’apprécie          763
Conquise par la critique qu'en avait posté Lolokili, j'ai sauté sur ce livre sans même me poser la question de savoir s'il s'agissait ou non d'un roman autobiographique. Au cours de ma lecture, il m'est apparu comme une évidence qu'il ne pouvait en être autrement.
Il me semble, en effet, qu'un auteur, aussi talentueux soit-il, ne pourrait nous transmettre avec une telle intensité, des sentiments, des blessures, des ratages, s'il ne les a pas lui-même vécus, ressentis, éprouvés.

Ce livre transpire à toutes les pages de vies volées, de rendez-vous manqués, de non-dits, de cris désespérés et d'amour. Surtout d'amour.
Et quelle belle écriture !
Touchée. J'en ressors sincèrement émue.
Commenter  J’apprécie          711
Dix-sept ans, titre du livre d'Éric Fottorino, est également l'âge qu'avait sa mère quand il est né. Dix-sept ans est un très beau roman autobiographique. Cet auteur en avait déjà commis d'autres mais sur son père ou plutôt ses pères (naturel et biologique) avec L'homme qui m'aimait tout bas.
Un dimanche de décembre, donc, se retrouvent dans la maison familiale acquise au début des années 1980, à vingt minutes de la Rochelle, conviés par leur mètre à déjeuner, Éric, ses deux frères plus jeunes, plus exactement ses demi-frères, François et Jean, leurs compagnes et enfants. Éric est venu avec Sylvie et leur fille Apolline (11 ans), leur fils Théo étant retenu à Bordeaux pour un tournoi de foot avec les poussins Girondins.
Dès le début du repas, leur mère, Lina, annonce qu'elle souhaite parler à ses fils et à eux seuls. Stupeur ! « Ce déjeuner était un Waterloo. »
Elle va alors leur dévoiler ce secret qu'elle a tu jusque-là, à savoir que, très jeune, à 23 ans, le 10 janvier 1963, elle a accouché d'une petite fille qu'elle a été forcée d'abandonner dès sa naissance. Si François et Jean, ses frères, sont très émus à l'annonce de cette révélation, Éric, lui, reste de marbre.
Il rentre chez lui croyant que tout allait bien mais en fait, ne cesse de se poser des questions sur son désamour pour sa mère. Il tente de reprendre ses cours à la fac mais en véritable automate. Il annonce alors aux siens qu'il a décidé de partir quelques jours à Nice où il s'envole.
Et c'est à Nice où le narrateur Éric est né, qu'il va tenter de résoudre l'énigme de son existence et percer le mystère de cette mère quand elle avait dix-sept ans.
Pour cela, il va arpenter les rues de Nice, monter jusqu'au village d'Ascos où elle logeait, marchant à sa rencontre, dans ses pas. Il va peu à peu comprendre qu'on l'a dépouillé de son identité, qu'on lui a volé sa mère, son père et même sa judéité.
Cette quête du passé va lui permettre de retrouver la paix avec lui-même. C'est un roman très personnel dans lequel il réajuste la réalité au grè de sa plume, un roman touchant, émouvant, bouleversant, écrit avec beaucoup de justesse, de poésie et beaucoup d'amour.
Quelle écriture ! C'est un véritable cri d'amour pour sa mère, un roman qui, bien que très personnel, touche tout un chacun par l'universalité des sentiments.
La dernière phrase de cet ouvrage est absolument magique et m'a bouleversée !

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          561

J'avais été émue par " L'homme qui m'aimait tout bas", je m'attendais à l 'être tout autant, l'auteur continuant sa quête identitaire, à travers cette fois l'énigme qu'a toujours constituée pour lui sa mère, Lina.

Une femme insaisissable, si peu mère avec lui, désarmante et cruelle aussi. Elle apprend , âgée, à ses trois garçons qu'elle a eu une petite fille avant eux, qu'elle a dû abandonner, vu son jeune âge à l'époque et le joug maternel, le carcan social.

Suite à cette révélation, l'auteur décide de revenir à Nice, là où il est né, pour essayer de remettre ses pas dans ceux de sa mère, adolescente enceinte de lui. Même si ce retour aux sources est fort émouvant et lui permet de mieux comprendre sa mère, j'ai trouvé ses déambulations dans les ruelles niçoises bien longuettes.

Reste le style, toujours aussi magnifique, j'ai aimé également les adresses d'un enfant inconsolé à sa mère, Bella Lina.

Cependant, à trop vouloir sonder le passé, on lasse un peu le lecteur, je trouve. C'est plus une écriture catharsis, qui ne concerne que lui-même.
Commenter  J’apprécie          503
Lina a réuni ses trois fils et leur famille. A ses trois fils dont Eric, le narrateur et auteur du livre, elle révèle qu'elle a eu une petite fille qu'elle a dû abandonner à cause de sa mère.
Cette naissance était survenue après la naissance d'Eric, dans une maternité de Nice.
Quant à Eric, elle avait 17 ans quand elle avait acouché de lui dans cette même maternité.
Le père d'Eric, Moshe, un juif, était retourné dans son pays.
Heureusement pour les deux enfants suivants et Eric lui-même, Lina s'était mariée et Eric avait bénéficié de l'affection d'un père adoptif certes mais un bon père.
Lina avait trouvé son salut dans le dévouement qu'elle donnait en soignant ses malades en tant qu'infirmière. Eric n'a guère d'affection pour cette mère qui remplissait son devoir mais il avait décelé depuis toujours son regard lointain, sa relation bizarre avec lui.
Eric est bouleversé, il s'absente quelques temps et rejoint Nice sur les traces de ses origines.
Ils se retrouvent mère et fils à la fin du livre dans des circonstances pas très joyeuses.
Une vie pas très heureuse pour la maman, une vie de choses non expliquées pour le fils.
Encore la preuve que l'enfant a droit a ses vérités.
Un roman parfois lourd à lire car l'auteur part au fond de ses sentiments, de son être qui a pas mal souffert de cette situation sans savoir ce qu'il vivait vraiment.
Commenter  J’apprécie          492
Devenir mère célibataire à 17 ans dans les années 60.

Inacceptable, honte sociale à taire et à oublier sans laisser le choix à la jeune fille mineure qui n'a pas voix au chapitre. Au sein secret de la famille, les décisions prises sont extrêmes, surtout quand le problème se renouvelle une deuxième fois...

Quand la parole se dévoile enfin après plusieurs décennies de silence, le premier fils se cherche, refait le film de l'enfance, tente de comprendre…
Et l'écrivain en fait un livre.

Bien que l'autofiction me gêne toujours, coincée et interrogative que je suis entre la vérité vraie de l'auteur et la part de son imaginaire, j'ai dégusté ce récit personnel en déclaration d'amour pour une mère mal aimée ou mal comprise. Le secret de famille dévoilé sur le tard se construit sur de beaux personnages et une grande sensibilité de narration.

Se retourner vers l'enfance à la lumière d'un non-dit favorise l'introspection et Éric Fottorino le fait fort bien, sans jugement, avec tendresse et un brin de cocasserie. Par l'écrit le fils parle à la mère, recrée le lien, ressuscite les souvenirs, se projette en regrets et en émotion.

Après avoir beaucoup évoqué la filiation paternelle dans sa bibliographie, l'auteur joue une partition mélancolique sur les séquelles de l'abandon. Il l'accompagne de ce talent de savoir raconter les petits riens, les observations du quotidien, la curiosité envers les autres.

Un régal d'écriture.
Commenter  J’apprécie          472
Retrouver Éric Fottorino est toujours un plaisir. Avec Dix-sept ans, il est encore une fois très émouvant car il traite de son histoire familiale peu ordinaire. La forme est romancée, certes, les noms de famille sont changés mais impossible, en cours de lecture, de ne pas être touché, interrogé, dérangé par cette quête pour retrouver ce que fut une mère dont la vie n'a pas été facile du tout.
Dans L'homme qui m'aimait tout bas, il m'avait fait partager la vie de son père d'adoption qui lui a fait aimer le vélo mais qui a mis un terme tragique à son existence. Dans Dix-sept ans, c'est avec Lina, sa mère, qu'il tente des retrouvailles qui déclenchent une cascade de souvenirs.
Elle avait 17 ans quand elle a mis Éric au monde mais celui-ci parle d'abord de cette fille, cette soeur née trois ans après lui. Cela permet tout de suite de voir le rôle joué par sa grand-mère qui est pieds et poings liés avec les représentants de la religion, les religieuses et les curés. Déjà, pour Éric, elle n'a pas accepté que sa fille, mineure soit enceinte de Moshé, un étudiant en médecine juif et Tunisien. Alors, pour cette fille : « À cette époque, l'Église trafique à qui mieux mieux les bâtards des filles perdues. Des femmes stériles, une épreuve envoyée par le Seigneur, se font confectionner ces prothèses. le simulacre est total. le jour venu, le plus naturellement du monde, elles récupèrent l'enfant d'une autre qui devient aussitôt le leur puisque la mère, méprisable pècheresse, a été rejetée. Hosanna au plus haut des cieux. »
La situation familiale est des plus compliquées mais c'est à Nice où sa mère l'a mis au monde que se rend le narrateur. de nombreux chapitres s'y déroulent avant un retour à Bordeaux et sa région où leur vie s'est poursuivie.
Dix-sept ans est un roman d'une sensibilité exacerbée, riche d'amour, d'une recherche désespérée de l'autre avec quantité d'éléments familiaux et une observation du réel très pertinente. le quotidien, les ruptures familiales et leurs dégâts irréversibles ne peuvent s'effacer totalement mais les vies filent vite et il ne faut jamais attendre qu'il soit trop tard pour parler enfin.

Lien : https://notre-jardin-des-liv..
Commenter  J’apprécie          442




Lecteurs (876) Voir plus



Quiz Voir plus

Les écrivains et le suicide

En 1941, cette immense écrivaine, pensant devenir folle, va se jeter dans une rivière les poches pleine de pierres. Avant de mourir, elle écrit à son mari une lettre où elle dit prendre la meilleure décision qui soit.

Virginia Woolf
Marguerite Duras
Sylvia Plath
Victoria Ocampo

8 questions
1725 lecteurs ont répondu
Thèmes : suicide , biographie , littératureCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..