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Dans ce tout petit livre (62 pages ) l'auteur s'interroge sur le traitement fait, par la SNCF et les médias, des suicides sous les roues d'un train : durée d'interruption du service, réactions des passagers retardés, micros et caméras braqués sur des passagers entre inquiétude et agacement. Rarement un mot de compassion pour celui qui.

Quand nous parvient l'annonce « suite à un accident grave de voyageur etc. », en général nous sommes ou dans un wagon, immobilisé mais au chaud, ou sur un quai de gare, en plein vent voire sous la pluie,
Et nous savons que cela va durer, Des heures, Alors qu' « on »  nous attend, alors que nous avons des choses « importantes » à faire. Et il y en a un - ou une – là, qui nous en empêche,

L'auteur traite ces cas (comme dirait la police ou la SNCF) avec sa sensibilité, il réfléchit, il veut savoir QUI étaient ces désespérés qui ont préféré finir défigurés, méconnaissables probablement, plutôt que de continuer leur route. Ce vieil homme de 81 ans ? Cette jeune maman qui a d'abord pris le soin de déposer ses enfants à l'école ? Jetés sous les roues du RER A. En miettes.
Il observe notre froideur ennuyée, notre désir de passer très vite à autre chose. Et si on ne convoquait pas le légiste, on gagnerait du temps ? Oui, comme si le mort était un chevreuil imprudent, pas un humain...Et si on parlait d'autre chose ?
Eric Fottorino fait ce constat triste et découragé : nous ne sommes frères en humanité que quand cela ne nous dérange pas trop...Et pas pour trop longtemps (combien de temps a duré la compassion après « Charlie » ? Combien de temps va-t-elle durer après le Bataclan ? Je viens d'avoir en ligne une connaissance de Toulouse, et comme je lui disais, moi la Parisienne, que l'ambiance n'était pas gaie à Paris en ce moment, elle me répond : « Oui, c'est vrai, avec l'hiver qui arrive, les jours courts et froids. » Et il n'y a que 11 jours que 130 personnes ont été assassinées... Et cette dame n'est pas un monstre d'indifférence, juste « loin »!)

Léo Ferré disait : «  le désespoir est une forme supérieure de la critique. »
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L'auteur prend tous les jours le RER. Trois fois, en un court laps de temps, les convois sont arrêtés « suite à un accident grave de voyageur », euphémisme pour désigner un suicide sur la voie.
Eric Fottorino s'interroge à propos des motivations de ces malheureux. Il étudie également les réactions des autres passagers.
On ne peut pas dire qu'on a ou pas aimé un récit sociologique comme celui-ci. Je l'ai trouvé intéressant et l'ai lu deux fois.
Il m'a beaucoup touchée d'abord. Près de chez nous, dans notre enfance, le « pont des suicidés » nous faisait frémir. On disait que des désespérés le choisissaient souvent pour mettre fin à leurs jours. On nous parlait de la tâche horrible qui consistait à ramasser les morceaux de corps, éparpillés sur les voies, le long de plusieurs kilomètres.
La réaction des passagers, de la presse, curieusement, c'est le silence. On ne peut même pas prononcer le mot « suicide » comme s'il était contagieux! Souvent, on entend grogner les voyageurs, excédés par le retard occasionné qui leur fera manquer des rendez-vous, regagner leur domicile à pas d'heure. Certains s'engagent même sur les rails au mépris du danger.
L'oubli arrive: « je n'ai jamais vu de bouquets sur les voies où se sont jetés les suicidés ». Parfois, il y a aussi de la culpabilité. Celle du machiniste qui a entrevu le dernier sourire de celui ou celle qui passait sous les roues de sa machine, « ceux qui s'en veulent de n'avoir pu empêcher le pire. La personne était là, si près, juste à côté. »
Et puis, il y a l'épouvantable solitude de celui qui se jette.
Un court texte, très émouvant.
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Un tout petit bouquin pour parler d'un évènement "grave" : le suicide. En se plaçant du côté des voyageurs Eric Fottorino nous raconte l'exaspération des usagers dont le voyage a été interrompu ainsi que le peu de compassion que l'on accorde aux suicidés. Entre réflexion et interrogations sur la vie d'aujourd'hui qui se déroule à cent à l'heure, les mots d'Eric Fottorino sonnent juste.
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Dans un très court pamphlet, Fottorino s'insurge contre la détresse, l'indifférence et la solitude qui aboutissent au geste désespéré de ceux qui se jettent sous les RER pour en finir. Opposant la lâcheté de la masse des voyageurs au geste irréversible, il livre là, sans pudeur, avec honnêteté et courage, un texte de toute beauté, (attention: le sujet n'est pas très gai), comme si, débarrassé de ses habits de romancier ou de directeur de presse, il pouvait enfin dire ce qu'il pense.
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En septembre 2012 dans un laps de temps très court, trois personnes se sont jetées sur les voies du RER dans les Yvelines près d'où l'auteur habite. Des morts relayées par ce message de la SNCF qui prévient du trafic interrompu et retardé "Suite à accident grave de voyageur". Pas plus. "Neutraliser la zone d'inquiétude avec des termes propices à l'oubli, inoffensifs et creux. " Mal nommer les choses, jugeait Camus, c'est ajouter au malheur du mode". Ne pas les nommer, c'était nier notre humanité".

Eric Fottorino est un utilisateur du RER comme tant d'autres. Frappé par ces morts, il cherche des informations. le journaux ne mentionnent que le retard des trains. Aucun nom d'écrit pour chacune des trois personnes. Leurs souffrances, leur désespoir sont tus comme si elles n'avaient jamais existé. Oubliées au plus vite car seul le temps compte. Sur un forum, des usagers déversent leur colère violente " Un suicide, dans les transports en commun, c'est plus que que gênant, c'est irritant, c'est ennuyeux, c'est un agacement de plus, une tracasserie dont des milliers de personnes n'ont pas besoin." D'autres vont plus loin avec un cynisme qui m'a coupée le souffle. Chacun défend son temps précieux.
Et il y a ceux qui sont touchés, marqués à jamais par ce qu'ils ont vu.

L'auteur ne se fait pas moralisateur ou ne se donne pas le beau rôle " Combien de fois ai-je moi-même pesté à l"annonce d'un retard dû à "accident de voyageur". Suis-je donc insensible aux autres? , il nous parle de la déshumanisation et de l'individualisme. Il s'interroge sur les situations qui conduisent à cet acte.
Avec ce livre fort, il donne une dignité à ces voyageurs morts et leur rend un très beau et vibrant hommage. Une lecture dont on ne sort pas indemne.
Lien : http://claraetlesmots.blogsp..
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Eric Fottorino est un usager comme tant d'autres qui prend le métro chaque jour, avec indifférence, lassitude ou agacement. Les faits divers successifs de trois « accidents graves de personnes » attirent son attention, bousculent son quotidien et étayent sa réflexion d'usager. C'est le fruit de ces pensées qui alimentent ce court récit d'une soixantaine de pages.

Ces morts violentes sont banalisées par la SNCF qui se sent impuissante à enrayer cette escalade mortifère. Elles sont banalisées sur certains forums de discussion où les internautes crient leur dégoût pour ces volontaires de la mort, qui les retardent pour se rendre au travail, à leur rendez-vous... Elles ne font pas une ligne dans les journaux et sont banalisées par notre société moderne soucieuse de rentabilité qui n'a ni le temps ni l'envie de s'arrêter sur ces détresses et ces drames.

C'est cette inhumanité et cette indifférence qu'interroge Eric Fottorino. Pourquoi cette tragédie, cette vie saccagée ne déclenche-t-elle pas l'empathie, ne débride-t-elle pas l'émotion des voyageurs?

Avec précision et justesse, le texte de Fottorino percute le lecteur comme le fait le train lancé à grande vitesse. On n'est pas forcément préparé à recevoir ces mots en pleine figure et ils font mal à notre tranquillité, à notre société, à notre existence.
Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
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Un petit livre qui veut toucher les consciences.
Le titre n'est pas anodin et nous rappelle que le public n'a pas à être informé du suicide des personnes qui se jettent au passage des trains.
Et pourtant, tout le monde sait ce que cette annonce signifie.
La majorité des passagers n'aura pas une pensée pour la personne qui vient de perdre la vie. Seuls, les retards et la gène occasionnés occupent les pensées.
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Petit par la taille, grand par la puissance des propos.
Pour mon commentaire, voir celui de emmafruh auquel j'adhère totalement.
Je le trouve excellent, il n'y a rien à ajouter;

J'ai découvert cet ouvrage qui fait partie de la sélection du Prix des lecteurs du Télégramme.
Il faut vraiment le lire.
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un petit livre qui réveille les gens ( du moins je l'espère), sur le taux de suicides montant. de casser l'image du "truc" qui dérange les horaires sans penser a la souffrance qui nous entoure.
Sommes-nous devenus hermétique a la souffrance des autres ?
Sélection du prix télégramme 2014.
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C'est court, bref, incisif. Comme une bonne grosse claque : ah... tu ne l'as pas vue venir, celle-là, mais elle fait mal, et laisse des traces. C'est pas bien, Monsieur Fottorino, de frapper les gens !
En fait, à peine fini "un territoire fragile" (qui déjà m'avait ébranlée, mais d'une toute autre façon...) je voulais retrouver les mots de cet auteur, qui me touche au plus profond.
Ben là, bingo...
Sauf que je bouillonne et que j'enrage ! Et que j'ai très envie de rétorquer à ce monsieur que c'est parfaitement injuste d'accuser les gens de cynisme, d'égoïsme et d'impassibilité.
Peut-être ne suis-je pas comme "monsieur tout le monde" mais une de mes dernières résolutions a été de désormais ne plus suivre qu'au compte-gouttes les informations, parce que, trop souvent, elles m'arrachent des larmes. Je me sens tellement impuissante devant le malheur qui frappe les uns et les autres : les accidents, les actes de barbaries, mais aussi les "accidents graves de voyageurs", qui m'affectent au plus profond de mon être. Inévitablement, je pense aux familles des victimes, à leurs amis, à ceux qui les aiment. Au pourquoi de leur geste. La révolte et une profonde tristesse s'emparent de moi.
Refuser d'être quotidiennement le spectateur-obligé de tout ceci ne signifie pas ne rien ressentir, ne pas compatir. Me concernant, c'est tout le contraire. J'aime regarder les gens autour de moi. Et je les regarde ! Et, quand j'en ai l'occasion, je leur parle ou je les aide. Cela me permet de (sur)vivre en me donnant le droit de continuer à sourire à la vie. Et de continuer à voir ce qu'il y a de beau dans ce qui m'entoure.
Voilà, vous m'avez fâchée. Ah, c'est ce que vous vouliez, n'est-ce pas, faire réagir les gens... Et bien presque, si je n'aimais pas autant vos écrits, nous pourrions être brouillés...

Un tas de raisons devraient vous encourager à lire ce très court récit (sauf si vous êtes un peu déprimé en ce moment...) : outre le fait qu'il nous fait sortir de nos gonds, nous bouscule, nous irrite, nous met face au mur, l'auteur nous rappelle, sans jamais pourtant nous faire la morale, que la condition humaine n'est pas la même pour tous, que les relations humaines se déshumanisent (surtout dans les grandes villes) au point de rendre les gens indifférents au malheur d'autrui. Pourtant, la communication n'a jamais été plus facile qu'à notre époque. Mais virtuelle, alors, la communication...
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