Face à la mer immense

Pour que l'obscurité de la nuit devienne lumière, il faut quelqu'un à aimer. Seul, on se noie.

Quand un proche meurt, on est missionné pour être heureux à sa place, c'est une sacrée dette.

Il est des chagrins dont on ne guérit pas, on se croit en rémission, et puis paf, il suffit d'un mot ou d'une rencontre pour que la douleur flambe.

– Pourquoi écris-tu Coline ?
– Parce qu'une seule vie ne me suffit pas, souffle l'adolescente.

Je choisis des personnages et je les balance dans la flotte. Puis je les regarde nager et le puzzle se construit. Le plus important, c’est la première phrase.

(Page 200)

Ecrire, c'est aussi une façon de soigner les gens, de panser leurs plaies, avec moins d'effets secondaires que certains médicaments.
P 200

Il y a cela, cette église pleine de couples heureux ou blasés, et de solitaires qui regrettent leur isolement ou s'en félicitent. Il y a les mômes qui pouffent ; les mariés qui ont deux fois vingt ans mais s'aiment comme des gosses ; les deux ados d'honneur en jean et baskets. Et il y a Prune, ballottée, exsangue. Elle regrette la valse des corps, la brûlure sous la peau et le vertige quand on se jette dans l'amour comme dans une eau claire. Elle n'aimera plus personne, elle en est persuadée.

Saint Tudy, le patron de Groix, est arrivé ici d'Ecosse au Vème siècle sur une barque de pierre en forme de menhir. Nous sommes arrivés ce matin d'horizons divers, par bateau. Groix a cette propriété incroyable des îles, c'est un bocal à émotions, les amours y naviguent hatoup, toutes voiles dehors, les vents y sont vos amis. Ces formidables vents bretons aux noms musicaux, le gwalarn qu'on appelle noroît ailleurs, le mervent qu'on appelle suroît, le kornog qui vient de l'ouest.
Je vous souhaite du soleil pour vous réchauffer, du gwalarn, du mervent et du kornog dans vos voiles, de la pluie pour abreuver la terre, et de l'amour solide comme un menhir pour tenir le gouvernail!

J'écris mes livres comme je fais mon pain. Je prépare la pâte, je dose les rires et les battements de cœur. Ensuite chaque lecteur le façonne et lui donne sa forme propre. Mais je serais bien incapable de créer une pièce montée, dit Prune en souriant.

Le jour de ma mort, j’espère que ceux que j’aime me tiendront la main, que chacun aura quelqu’un pour tenir la sienne, et que je n’aurai aucun regret.