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L'atmosphère subtile de la Nouvelle-Orléans des années 40 est très bien rendue dans ce livre que j'ai beaucoup apprécié (peut-être était-ce du à mon état d'esprit du moment ?).
C'est un roman nostalgique, aérien, qui narre la tristesse des sentiments, d'une jeune fille naïve qui découvre la vie, l'amour, la mort, l'amitié. On la retrouve quelques années plus tard, et le dénouement est inattendu.
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Paula Fox est une romancière américaine née en 1923. Abandonnée par ses parents dès sa naissance, elle est recueillie par un pasteur qui fera son éducation littéraire à travers la poésie française et les grands romans et auteurs internationaux. Elle se marie très jeune et a une fille, mais elle la fait adopter. Plus tard, elle fait des études à l'université Columbia et épouse un critique littéraire, Martin Greenberg. Après avoir vécu à Cuba et au Québec, c'est dans sa ville natale de New York que Paula Fox débute sa carrière dans le monde de la littérature, à l'âge de quarante ans. Elle aiguise d'abord sa plume avec des livres pour enfants, mais aspire à autre chose et publie six romans pendant les années 1960. Il faudra néanmoins attendre les années 1990 et une réédition par l'écrivain et admirateur Jonathan Franzen pour que son oeuvre soit reconnue à sa juste valeur. Enfin, information people mais collant bien à la biographie difficile de Paula Fox, sa fille est la mère de la chanteuse Courtney Love.
Datant de 1990, le Dieu des cauchemars est paru en France en 2004 et je crois bien qu'il était sur ma longue liste des livres à lire depuis cette époque. Heureusement que je note tout dans un carnet sinon cet excellent livre m'aurait échappé.
Le roman débute en 1941 dans l'Etat de New York. Après le décès du père qui a déserté le domicile familial depuis treize ans, la mère expédie sa fille à la Nouvelle-Orléans, demander à sa soeur Lulu de venir vivre avec elle quelques temps. Helen a une vingtaine d'années, un ami auquel elle ne semble pas particulièrement attachée et une vie un peu terne, ce voyage n'est qu'un prétexte dans l'esprit de sa mère, pour lui faire découvrir le monde.
En Louisiane, Helen va faire connaissance avec sa tante Lulu, ex danseuse avec sa mère pour les Ziegfield Follies, devenue alcoolique après une vie dissolue. C'est aussi là qu'elle va découvrir un monde fait d'une faune d'intellectuels bohèmes qui lui était inconnue, Gerald le poète et Catherine, Claude l'homosexuel en costume de lin blanc, Sam ancien époux de Lulu mais aussi Nina qui deviendra son amie et Len son amant. Au sein des cette microsociété, Helen apprendra non sans mal la vie - « Je crois qu'il y a des moments où je comprends ce qui s'est passé. Puis d'autres pas du tout » - en découvrant petit à petit celle des autres et leurs secrets. Néanmoins persiste cette interrogation insidieuse, « Tu ne crois quand même pas que les êtres humains se comprennent les uns les autres ? (…) Ils en sont incapables. »
Quand le roman s'achève, bien des années plus tard, Helen est mariée avec Len devenu avocat et ils ont une fille à la recherche d'un emploi. Une rencontre fortuite avec Nina, son ancienne amie perdue de vue, va lui ouvrir les yeux cruellement sur son innocence qui n'en finira donc jamais ?
Paula Fox décortique merveilleusement la psychologie de ses personnages, leurs illusions et leurs désillusions qui sont aussi les nôtres. Entre Helen qui ne sait pas grand-chose dans beaucoup de domaines, avouant ingénument « Il s'est passé tellement de choses aujourd'hui, que la tête me tourne » et les liens plus ou moins élastiques qui relient tous les acteurs du roman avant de n'être révélés que lentement, l'écrivain excelle dans l'introspection et les sentiments. Pourtant son roman reste bien ancré dans la réalité et sa violence ; au loin en toile de fond, gronde la Seconde Guerre Mondiale et Len attend d'être appelé sous les drapeaux, mais il y a aussi la situation des « gens de couleur » dans l'Amérique de cette époque, ou des Juifs, ou encore les violences policières - le roman s'achève dans les années soixante - avec les manifestations contre la guerre au Viêt-Nam. Paula Fox n'insiste pas lourdement, elle glisse les faits ou les situations tout naturellement mais dans son ton, on sent son désaccord.
L'écriture est fluide et atteint des sommets d'émotion et un souffle puissant quand après le meurtre de Claude et le départ à l'armée de Len, une page se tourne, tout ce qui faisait le monde d'Helen se délite dramatiquement. Par ailleurs, et sans que j'y trouve une explication particulière, le lecteur notera la place importante accordée aux cheveux dans ce roman, tous les personnages sans exception ( ?) ont leur coiffure esquissée, comme un élément essentiel de leur personnalité.

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The God Of Nightmares
Traduction : Marie-Hélène Dumas - Préface : Rosellen Brown


Roman initiatique dont le cheminement quelque peu douloureux n'apporte en fait qu'illusions à son héroïne, Helen Bynum, "Le Dieu des Cauchemars" vaut surtout - mais ce n'est que mon avis - par la petite galerie de personnages sortant de l'ordinaire qui y occupent la case - centrale - de la Nouvelle-Orleans.

C'est en effet dans cette ville qu'atterrit un jour Helen, envoyée par sa mère afin de tenter d'y récupérer sa tante Lulu, ancienne danseuse de la troupe Ziegfield et ancienne beauté de music-hall. le prétexte donné par la mère d'Helen : maintenant que sa fille est prête à vivre sa propre vie, elle souhaite ne pas rester toute seule dans la vieille ferme qu'elle exploite depuis le départ de son mari. En réalité, Mrs Bynum se doute bien que sa soeur, perdue dans ses souvenirs et son désespoir d'alcoolique, ne reviendra jamais et que, même si elle sacrifiait à l'amour fraternel, elle n'aurait pas la patience de s'enterrer avec elle dans une toute petite ville perdue de l'Etat de New-York. Mais lorsqu'Hélène s'en apercevra à son tour, il sera trop tard : gagnée elle-même par l'atmosphère de la Nouvelle-Orleans et grisée par l'assurance de ses premiers pas - à vingt-trois ans - loin de la maison familiale, la jeune fille, elle, ne voudra plus entendre parler de rentrer au bercail.

Ce n'est pas que Mrs Bynum n'aime pas sa fille. Bien au contraire. Mais la nouvelle de la mort de son mari, Lincoln, annoncée par une lettre adressée, par la femme avec laquelle il vivait depuis treize ans, non à elle, l'épouse bafouée, mais à Helen, l'enfant préférée, vient de réveiller le souvenir d'une autre lettre dans laquelle Lincoln accusait son épouse de vouloir garder Helen pour elle seule - et, partant, de s'apprêter en connaissance de cause à lui gâcher l'existence ...

Il faudra bien du temps à Helen pour comprendre la raison véritable qui a poussé sa mère à l'engager à partir en quête de la tante Lulu. Et son univers se sera considérablement enrichi avant qu'elle ne prenne conscience du cadeau qui lui a été ainsi fait par une mère envers qui, pour être franc, elle ne ressentait guère qu'irritation maussade et semi indifférence.

Au bout du compte, elle s'apercevra aussi que son passage à La Nouvelle-Orleans fut sans aucun doute l'époque la plus aimable, la plus captivante - et certainement la moins routinière - de son existence. Ce qui, somme toute, est bien peu.

Désenchantement, demi-teintes, nuances, non-dits également, manière qui rappelle les auteurs anglais comme Barbara Pym et Elizabeth Taylor, "Le Dieu des Cauchemars" est un de ces livres où il ne paraît pas se passer beaucoup de choses. Et pourtant, quand on y regarde bien, on y trouve le désir de découvrir d'autres livres de Paula Fox. Ce qui, finalement, n'est pas si mal.
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En 1941, Helen Bynum vit seule avec sa mère dans l'État de New York depuis que son père les a quittées. le grand domaine où les chevaux gambadaient a été transformé en une pension avec bungalows. La mère de Helen, froide et qui cache ses sentiments derrière un éternel optimisme, est persuadée que son mari reviendra. Elle refuse de laisser Helen partir, pensant que son père voudra la revoir. Aussi quand celui-ci meurt, elle s'effondre et décide d'envoyer sa fille forger son expérience et lui demande d'aller à La Nouvelle Orléans demander à sa soeur Lulu de venir vivre avec elle.

C'est une nouvelle vie qui commence pour la jeune fille dans un sud tout en contraste avec la ville dont elle vient. Elle passe une première semaine à tout visiter, à vivre au rythme de la Nouvelle Orléans et à découvrir la solitude. Puis, l'argent vient à maquer et elle dégote un job de vendeuse dans un grand magasin avant de trouver une chambre chez des artistes. Elle cherche enfin sa tante qui alterne les périodes de lucidité et de profondes griseries. C'est dans ce contexte que Helen va peu à peu devenir adulte et perdre l'innocente naïveté qui la caractérisait.

Paula Fox livre dans le dieu des cauchemars un brillant roman d'apprentissage dans lequel une jeune femme réussit à se distancier d'une enfance toxique et d'une mère peu douée pour l'amour filial en partant sur les traces de sa tante, actrice alcoolique qui mène une existence de bohème à la Nouvelle Orléans. La naïveté de Helen apparaît touchante au lecteur tant elle n'hésite pas à avouer son ignorance à ses nouveaux amis, quitte à se ridiculiser comme lorsqu'elle dit qu'elle croyait que les rabbins ne pouvaient pas se marier. Ou lorsqu'elle pensait que Adolphe de Benjamin Constant parlait de Hitler.
Elle rencontre les personnages les plus divers qui lui permettent de s'épanouir intellectuellement : du poète qui a subi une agression dans le bayou, en passant par le riche homosexuel ou le médecin, ex-mari de sa tante et grand séducteur. Ce catalogue étendu de protagonistes permet à la romancière d'évoquer la vie à La Nouvelle Orléans et le climat qui y régnait : la fête, les tensions sexuelles ou politiques mais surtout raciales. Ainsi dans le supermarché dans lequel travaille Helen, il y a deux fontaines d'eau : une pour les blancs et une pour les personnes de couleur.

Le dieu des cauchemars n'est pas un roman léger. Car si Helen perd son innocence et sa naïveté, ce ne sera pas à n'importe quel prix. Paula Fox montre les êtres tels qu'ils sont, sans fard et ce n'est pas toujours beau. Sa plume est extrêmement soignée et je regrette justement que son écriture nous tienne un peu trop à distance.


Lien : http://www.chaplum.com/le-di..
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Récit d'initiation d'une jeune fille naïve et ignorante. Elle aura la chance d'évoluer en rencontrant des personnalités atypiques et charismatiques en Louisiane, où elle doit retrouver sa tante, alcoolique notoire. Ces rencontres la feront grandir, de même que la cruelle révélation finale.
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Après avoir grandi dans le Nord des USA, Helen découvre la Louisiane à 23 ans, en 1941. Auprès d'un cercle d'amis, elle éprouve ses sentiments les plus forts. Autour, les difficultés sociales, la guerre qui approche. Bien plus tard, elle raconte aussi ses illusions détrompées. Un roman rare, qui persiste après la lecture comme une vie vécue, avec ses ombres et ses lumières.
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A la mort de son père, qui avait quitté le foyer conjugal, Helen se voit plus ou moins imposer par sa mère de quitter leur maison, pour aller à la Nouvelle Orléans, où vit sa tante, Lulu. Ancienne actrice, alcoolique, cette dernière se détruit en toute connaissance de cause. Helen se trouve un emploi de vendeuse, rencontre des gens dans un monde assez libre d'artistes, et tombe amoureuse. Se construit une vie.

Le livre semble peut être moins noir que d'autres romans de l'auteur, il y a une sorte d'élan et d'espoir dans le personnage d'Helen, à qui tout semble possible. Mais Paula Fox reste fidèle à elle-même, et au final, on n'échappe pas à soi-même. Et l'ensemble des personnages qui composent cette société chaleureuse de la Nouvelle Orléans a au final des destins tristes.

L'écriture de Paula Fox fait de cette lecture une merveilleuse expérience de lecture, touchante et qui reste. Malgré toute cette tristesse, pas de sentimentalité facile, mais une sorte de lucidité qui fait mouche.
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Pour le décor, La Nouvelle-Orléans, 1941. Ségrégation raciale. Bruits de guerre en Europe. Pour les personnages, une jeune fille, Helen, 23 ans, « expédiée » par sa mère dans la « Big Easy » sous un vague prétexte familial, en réalité pour vivre sa propre vie, et une cohorte de personnages tour à tour attachants, agaçants, prétentieux et j'en passe. D'une certaine manière, ces personnages - - sont liés les uns aux autres par une sorte de solidarité de voisinage, profondément conjoncturelle. J'ai éprouvé un certain plaisir à arpenter les rues de la Nouvelle-Orléans avec eux, à essayer de les comprendre, et comme Helen, sans toujours y parvenir.
Pendant quelques mois, elle puisera en chacun d'eux la sève qui achèvera de la faire grandir puis survient, presque brutalement le clap de fin, avec l'intrusion de la mort, de la maladie, de la la guerre et du temps qui passe. La vie en somme !
Une courte deuxième partie nous catapulte une vingtaine d'années plus tard – je ne suis pas certaine qu'elle était nécessaire – Paula Fox ayant sans doute voulu mettre les points sur les « i » et les barres aux « t ». On y apprend, sans trop de surprise, ce que sont devenus les survivants de la Nouvelle-Orléans et la confirmation de ce qu'on avait pressenti dans la première partie. Une fin douce-amère où les désillusions ont la part belle.
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