On a parfois de la chance.
Il y a eu, cette année, peu d'occasions pour les lecteurs de rencontrer des auteurs, les salons s'annulant les uns après les autres.
Il y a quelques semaines c'est lors d'un de ces survivants que j'ai croisé
Irène Frain.
Forcément, conditions sanitaires obligent, les échanges sont particuliers, le port du masque notamment ne rendant pas la discussion facile.
Pourtant, ce fut une belle rencontre.
J'avais coché ce livre comme possible lecture de cette rentrée littéraire et de pouvoir en parler avec son auteure (que je préfère à "autrice", je l'ai déjà dit) m'a encouragé à l'aborder.
Aujourd'hui, je referme
Un crime sans importance avec émotion.
L'émotion de la lecture, l'émotion que j'avais ressentie lors de ma conversation avec elle.
Ce livre est un récit empli d'amour.
L'amour d'une femme (Irène) pour sa soeur (Denise) que l'on a assassinée.
C'est d'abord une petite fille qui a aimé cette grande soeur (la photo de couverture est explicite). Un peu plus que soeur, même, puisque marraine aussi de cette petite fille qu'on n'attendait pas.
Ce qu'
Irène Frain nous raconte ici, c'est l'incroyable, l'impensable.
Une vieille dame qu'on retrouve morte dans sa maison.
Un crime d'une extrême violence.
Qui ?
Comment ?
Pourquoi ?
Personne ne semble s'en soucier.
Que font la police, la justice, la famille ?
Rien.
Parce que trop discrète, trop solitaire, invisible (C'est ce mot qu'emploie
Irène Frain et je le trouve tellement beau et glaçant à la fois).
Alors, c'est la petite soeur qui prend les choses en main.
Certes elles s'étaient perdues de vue, mais jamais oubliées.
Elles ont tant partagé.
D'ailleurs, si Irène écrit aujourd'hui, elle le doit à Denise, elle n'en doute pas.
Alors, elle se souvient, des années heureuses, des moments partagés, de la complicité, de la séparation, des mystères, des incompréhensions...
Surtout elle veut se battre pour que la vérité soit faite.
Il faut abattre des montagnes ?
Seule contre tous, elle le fera, elle le jure.
Et son obstination finira par payer.
Parce qu'elle est écrivaine paraît-il...
Parce que ce livre.
Qu'elle écrit... pour elles.
Il n'y a pas de larmes qui coulent de sa plume, pas de haine, pas de rancoeur, seulement de l'amour et le besoin de savoir, l'envie de rendre justice, de tourner la page, et après, déposer une fleur sur une tombe et dire : "Repose en paix, je t'aime".
Cette histoire m'a bouleversé.
Bien sûr certainement pas autant que celle qui la raconte et qui est directement impliquée. Mais comme elle, j'ai envie que les choses bougent.
Il est inimaginable que ce crime reste impuni, d'autant qu'il semblerait qu'il y ait d'autres victimes dans le même secteur.
Il n'y a pas de crime sans importance... jamais.
Assurément un coup de coeur de cette rentrée.