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sur 517 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une dame âgée de 79 ans est sauvagement assassinée avec un marteau dans son pavillon de banlieue entouré d'une zone commerciale et industrielle.
Elle confectionnait des sachets de lavande ce jour-là. Elle se promenait souvent autour de sa maison dans la seule zone verte qui restait et parlait à peine à ses voisins, juste ce qu'il fallait.
Par contre ses fils et ses petits-enfants étaient très proches d'elle. Ils faisaient tous partie de l'église évangélique et s'y rendaient chaque dimanche.
C'est d'ailleurs ainsi que son fils a été intrigué de son absence.
Selon la police, elle a été littéralement massacrée.
L'enterrement a lieu plusieurs semaines plus tard quand le corps a été restitué à la famille. Dans l'église, une dame au manteau bleu noir. C'est la soeur de la victime : Irène Frain.
La victime, c'est Denise, sa soeur aînée et sa marraine.
Quand on a lu ses précédents romans, on connaît Denise et ici, on apprend plus d'éléments sur elle.
Elle était surdouée, avait fait des études à la fac mais malheureusement faisait des crises maniaco-dépressives depuis la fac. Elle s'était mariée et avait eu deux garçons. Ses crises avaient cessé vers l'âge de 40 ans quand elle avait commencé à fréquenter l'église évangélique;
Irène ne l'avait plus revu depuis ses crises mais elle avait beaucoup compté dans son enfance. Denise avait constitué un exemple pour elle. Elle était sa marraine. On la voit sur la photo de couverture en train de serrer le bras de Denise.
Irène est soudain prise de colère devant ce silence.
Silence des enfants.
Silence de la police, de la justice. Les deux sont appelés le mastodonte par l'auteur.
Elle craint" les males morts" comme elle les nomme, la hantise de morts brutales, violentes revenant tourmenter les vivants. J'ai moins aimé ce passage sortant des limites pour moi.
Elle va voir un avocat pour faire avancer les recherches. Tout ce qu'on apprendra, c'est qu'il y a eu plusieurs agressions de ce genre dans le bourg mais l'attaquant ne sera pas identifié.
Le récit est très bien décortiqué et analysé. Irène n'hésite pas à s'impliquer. Quand elle prend de la distance, elle redevient la dame au manteau bleu noir.
J'ai apprécié la façon qu'elle a de nommer les agresseurs par "ils" et les témoins ou les curieux par "on".
Un récit de qualité, tout à fait digne d'intérêt, insécurisant parfois.


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« Ce samedi-là, il a fait beau » et c'est ce samedi-là qu'un inconnu entre dans le pavillon et la vie tranquille d'une septuagénaire qu'il roue de coups et laisse pour morte. Sur la table, des fleurs de lavande éparses pour les sachets que la vieille dame était en train de confectionner lorsque surgit la violence. Découverte par son fils et transportée à l'hôpital, elle décèdera de ses blessures six semaines plus tard.
Irène Frain s'empare de ce fait divers sordide parce qu'il la concerne de très près : la victime, Denise, était sa soeur aînée adorée quand elle était petite, sa soeur qui a rompu les liens, a pris ses distances avec sa famille.
Irène Frain « rumine et remâche », elle « fantasme sur le meurtre », s'interroge sur les raisons et sur l'identité du meurtrier. Elle décide de se renseigner sur les avancées de l'enquête mais elle apprend que le policier en charge de l'enquête n'a pas remis son rapport au tribunal, donc aucun juge n'a été saisi de l'affaire. Elle décide de prendre un avocat et de se constituer partie civile pour connaitre les avancées de l'enquête. Mais rien ne bouge. Elle doit aussi faire face au mutisme de sa famille.
C'est lorsqu'un ami lui dit « cette mort ne peut pas rester sans voix » qu'elle décide d'écrire sur Denise, symbole de tous ces invisibles qui n'intéressent pas grand monde. Pourtant, dans cette banlieue pavillonnaire proche d'une cité sensible et coincée entre zones commerciales et rocade, d'autres personnes âgées, isolées, ont été agressées et blessées. Irène Frain pose de vraies questions sur « la justice qui réduit les gens à pas grand-chose ».
Et voilà que, sous la plume sensible et alerte d'Irène Frain, revit la Denise d'antan, cette jeune fille gaie et intelligente qui deviendra professeur. Denise, admirée de tous et qui sera aussi la marraine de cette petite soeur à l'arrivée imprévue et qui dérange la mère.
Irène Frain se livre avec pudeur au décryptage des relations familiales jusqu'à la dépression de Denise et son éloignement. Puis viendra la rupture, douloureuse, avec la soeur tant aimée.

Dans ce récit autobiographique émouvant et prenant, on suit une enquête policière où on assiste, impuissant, à la lenteur de la justice, ce « mastodonte ». Mais les plus belles pages, à mon avis, sont celles qui font revivre cette soeur perdue de vue, la fée-marraine qui a enchanté l'existence de la fillette qu'était lors Irène Frain. Des pages sur les relations familiales avec une mise à nu bouleversante et pleine de retenue.
Un récit poignant qui garde vivant le souvenir de Denise l'invisible et qui m'a profondément touchée.


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Elle avait 79 ans et vivait une retraite paisible dans un modeste pavillon de banlieue. Anonyme parmi les anonymes, elle sortait peu et uniquement en journée, pour faire quelques courses ou se rendre à l'église évangélique le dimanche. Elle était méfiante et fermait toujours à double tour ses portes et ses volets le soir venu.
L'horreur a pourtant frappé à sa porte, par une chaude après-midi de septembre 2018. Elle composait des sachets parfumés à la lavande de son jardin pour ses proches, et elle était à mille lieues d'imaginer qu'elle vivait son dernier été. Un monstre s'est introduit à son domicile pour la dépouiller de ses biens, la tabassant avec une rare violence et la laissant pour morte. Elle succombera d'ailleurs de ses blessures, après sept semaines d'hospitalisation.
La victime de ce meurtre sauvage, l'auteure la connaissait bien. C'était sa soeur ainée. Elle s'appelait Denise.
Pas de marche blanche pour elle, à peine un entrefilet dans le journal pour dénoncer ce crime abominable.
Révoltée par ce silence et l'immobilisme de la justice, Irène Frain va remuer ciel et terre pour que justice soit rendue. En vain.
A ce jour, ce meurtre reste toujours impuni et les nombreuses questions que se posent l'auteure sont sans réponses.
Alors, elle a décidé de faire revivre sous sa plume cette soeur qui a illuminé son enfance… afin de la sortir de la horde des invisibles !

Avec beaucoup de pudeur, de juste colère mêlée d'effroi et d'impuissance, et d'une admirable obstination, Irène Frain dénonce la barbarie, l'injustice et un odieux silence à travers ce récit intime et douloureux.
Pour sortir Denise de l'anonymat, l'auteure a décidé de dégainer sa meilleure arme : l'écriture. Un tourmentant exercice de style qu'elle a réussi avec brio puisqu'elle vient d'obtenir le prix Interallié avec ce témoignage.
Son récit m'a émue aux larmes car j'ai senti qu'il était écrit avec le coeur. Et comme le disait si justement Alexandre Dumas fils : "La sincérité trouve toujours de l'écho" !
Lien : https://leslecturesdisabello..
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On a parfois de la chance.
Il y a eu, cette année, peu d'occasions pour les lecteurs de rencontrer des auteurs, les salons s'annulant les uns après les autres.
Il y a quelques semaines c'est lors d'un de ces survivants que j'ai croisé Irène Frain.
Forcément, conditions sanitaires obligent, les échanges sont particuliers, le port du masque notamment ne rendant pas la discussion facile.
Pourtant, ce fut une belle rencontre.
J'avais coché ce livre comme possible lecture de cette rentrée littéraire et de pouvoir en parler avec son auteure (que je préfère à "autrice", je l'ai déjà dit) m'a encouragé à l'aborder.
Aujourd'hui, je referme Un crime sans importance avec émotion.
L'émotion de la lecture, l'émotion que j'avais ressentie lors de ma conversation avec elle.
Ce livre est un récit empli d'amour.
L'amour d'une femme (Irène) pour sa soeur (Denise) que l'on a assassinée.
C'est d'abord une petite fille qui a aimé cette grande soeur (la photo de couverture est explicite). Un peu plus que soeur, même, puisque marraine aussi de cette petite fille qu'on n'attendait pas.
Ce qu'Irène Frain nous raconte ici, c'est l'incroyable, l'impensable.
Une vieille dame qu'on retrouve morte dans sa maison.
Un crime d'une extrême violence.
Qui ?
Comment ?
Pourquoi ?
Personne ne semble s'en soucier.
Que font la police, la justice, la famille ?
Rien.
Parce que trop discrète, trop solitaire, invisible (C'est ce mot qu'emploie Irène Frain et je le trouve tellement beau et glaçant à la fois).
Alors, c'est la petite soeur qui prend les choses en main.
Certes elles s'étaient perdues de vue, mais jamais oubliées.
Elles ont tant partagé.
D'ailleurs, si Irène écrit aujourd'hui, elle le doit à Denise, elle n'en doute pas.
Alors, elle se souvient, des années heureuses, des moments partagés, de la complicité, de la séparation, des mystères, des incompréhensions...
Surtout elle veut se battre pour que la vérité soit faite.
Il faut abattre des montagnes ?
Seule contre tous, elle le fera, elle le jure.
Et son obstination finira par payer.
Parce qu'elle est écrivaine paraît-il...
Parce que ce livre.
Qu'elle écrit... pour elles.
Il n'y a pas de larmes qui coulent de sa plume, pas de haine, pas de rancoeur, seulement de l'amour et le besoin de savoir, l'envie de rendre justice, de tourner la page, et après, déposer une fleur sur une tombe et dire : "Repose en paix, je t'aime".
Cette histoire m'a bouleversé.
Bien sûr certainement pas autant que celle qui la raconte et qui est directement impliquée. Mais comme elle, j'ai envie que les choses bougent.
Il est inimaginable que ce crime reste impuni, d'autant qu'il semblerait qu'il y ait d'autres victimes dans le même secteur.
Il n'y a pas de crime sans importance... jamais.
Assurément un coup de coeur de cette rentrée.
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Avec ‘Un crime sans importance', Irène Frain braque pudiquement les projecteurs de la littérature sur le récit d'un manque de réactions judiciaires et policières face à la violence dont souffrent les petits quartiers périphériques des grandes villes.
Ce n'est pas un roman dont on pourrait imaginer tirer un scénario pour un épisode de la série ‘Meurtre à …'. Loin d'être une fiction, ce crime sans importance est, pour l'autrice, la possibilité de partager son incompréhension totale face à la lenteur de la magistrature à diligenter une enquête sérieuse et aboutie à propos d'un meurtre, celui de sa soeur aînée, massacrée par un tueur qui se révélera sériel.
Loin d'être une thérapie par l'écriture, ce récit glaçant, à l'écriture fluide et addictive, est un cri lancé à un monde qui banalise le fait divers et ne se préoccupe des affaires sordides que si elles s'impriment sur papier glacé ou font le buzz sur les réseaux sociaux en mettant en cause des personnalités du monde politique, de la haute finance, du sport ou des coulisses du spectacle.
Quand la mort, en banlieue, d'une petite vieille ne dérange plus personne, quel est encore le sens de la justice ? Qu'en est-il du regard empathique que mérite toute famille touchée par ce type de drame ? Peut-on admettre l'idée d'un silence radio total de la part du monde judiciaire quand les jours sans réponse broient le quotidien de ceux qui ont besoin de comprendre ? Acceptons-nous l'idée que certains n'ont pas le droit de savoir, de comprendre, de mettre des mots sur le drame vécu ? Ce serait officialisé l'inégalité des citoyens face à la Justice de la République. Cette porteuse de balance aux yeux bandés relevant bien de la ‘res publica', la ‘chose publique', non ?
Irène Frain, avec beaucoup de talent, une plume sensible, pointe la détresse de ceux qui veulent comprendre, de ces familles, ces proches qui se heurtent à l'espace-temps judiciaire qui n'est pas celui de la désespérance dans l'attente d'une réponse. Son récit est un terrible constat. Que d'inertie encore dans la mobilisation des moyens aptes à fournir une vérité !
Comment accepter l'idée que des petites gens de banlieue, des travailleurs honnêtes qui ont traversé le temps en accomplissant leurs métiers, leurs destins avec modestie mais vérité, soient oubliés quand ils endossent, bien malgré eux, le statut de victime de meurtre ? Comment accepter l'idée que leurs proches restent là, sur le bord de la route, orphelins de reconnaissance du mal perpétré, privé de toute reconnaissance de ce statut d'amputés de la vie et qu'ils en soient réduits à redouter le silence cruel d'un classement sans suite d'une enquête qui peine tant à démarrer ?
Toutes ces questions sont profondément présentes dans le récit d'Irène Frain. Un livre d'une puissance qui devrait déranger les responsables de la République. Un livre à lire, sans hésitation.
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Ce livre est basé sur une histoire vraie qui fait froid dans le dos et peut faire peur à toutes les vieilles dames qui habitent seules près d'un quartier dit sensible où les cambriolages sont fréquents.
Plus grave encore on voit la police et la justice dans l'indifférence, l'incapacité de faire leur travail à minima, dans une désorganisation proprement kafkaïenne entre les services tous impuissants à agir efficacement pour élucider un crime, quitte à le faire passer pour un simple décès.
Et pour couronner le tout c'est arrivé à la soeur aînée d'Irène Frain elle-même et sans cette auteure talentueuse pour se révolter et se mêler d'y voir clair , on n'en saurait rien.
C'est le drame personnel d'une femme endeuillée par la mort tragique de sa soeur qui culpabilise d'avoir coupé les liens avec une partie de sa famille et tente de faire revivre cette soeur disparue de sa vie en reprenant contact avec les belles années de leur enfance et en faisant reconnaître publiquement le crime atroce passé inaperçu et dédaigné de tous.
Très beau texte qui part avec un détachement glacial pour finir dans l'apaisement d'un devoir accompli et d'une sororité retrouvée. Superbe !



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Un livre choc pour moi, qui mérite bien son prix Interallié 2020. C'est un récit qui compte parce qu'il témoigne de l'inertie du système judiciaire face au meurtre d'une femme âgée qui vivait seule. le titre est bien choisi puisque "Un crime sans importance" montre que la victime n'est pas considérée vue son âge avancé.
Si Irène Frain dénonce la situation elle le fait avec intelligence et n'accuse pas les juges de ne pas agir mais compatit plutôt vues leurs conditions de travail et la surcharge de dossiers qu'ils ont a traiter. Elle s'en prend plutôt à un système inefficace.

Cette histoire, c'est aussi une histoire de famille. On ne l'apprend pas tout de suite car le début du récit décrit les faits : l'attaque chez elle d'une femme dont la police dira qu'elle a été massacrée. Elle mourra quelques jours plus tard à l'hôpital.
C'est la soeur aînée d'Irène Frain qu'elle chérissait petite mais avec qui elle avait rompu adulte quand, atteinte de troubles bipolaires, elle s'attaquait à ceux qu'elle aimait. Dans ce genre de situation que j'ai connu il est vrai qu'il est préférable de s'éloigner.
Pourtant, quand Irène Frain apprend la mort de sa soeur, elle ne supporte pas de ne rien savoir, de ne pas pouvoir consulter son dossier parce que le policier en charge de l'affaire n'a pas rendu son rapport. le juge d'instruction ne peut pas être saisi et l'avocat qu'elle a engagé patine. On comprend parfaitement qu'on a besoin de trouver des explications à de telles horreurs.
D'ailleurs elle a bien conscience que toutes les petites avancées qu'elle réussit à faire c'est grâce à sa notoriété. Pour autant elle ne va pas bien loin pour mobiliser la justice alors que d'autres attaques sont perpétrées.

Il n'y a pas de haine dans ses propos, juste de la colère et une analyse de ce que peut générer notre société. C'est ce que j'ai aimé dans ce récit qui sonne juste.

Challenge Riquiqui 2022
Challenge Multi-défis 2022
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Un crime sans importance est un récit qui m'a beaucoup touché.
Dans les premières pages, on sent que le style est distant, qu'aucune émotion n'est présente, les faits sont exposés sobrement, efficacement. Puis le style bascule quand on apprend qu'une femme qu'on a croisé dans le récit est la soeur de la victime.

A partir de ce moment, la narratrice devient je, nous sommes au coeur de ses pensées. On assiste à sa colère, son désespoir, sa volonté de ne pas être réduite au silence, de comprendre, d'agir pour que sa soeur obtienne justice. Nos émotions évoluent en parallèle de celles de l'autrice, on est indigné quand on voit comment a été menée cette enquête. On est en colère quand on comprend qu'un meurtre de personne âgée n'est pas prioritaire face à d'autres crimes....

Un livre essentiel !
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Irène FRAIN. Un crime sans importance.

Ce roman autobiographique débute en septembre 2018 et s'achève en mai juin 2020, date à laquelle l'auteure a confié son récit à son éditeur. L'action se déroule dans un périmètre dit sensible, à la périphérie de la grande région parisienne. Nous sommes dans une zone immense commerciale. Décathlon, Amazon, Speedy, Norauto, Jardiland, Lerpy-Merlin, etc, toutes les grandes enseignes ayant pavois dans l'hexagone, ont envahi une petite commune rurale, située en bordure de la Beauce. Dans une petite impasse, Denise,une personne âgée de 79 ans a été agressée et abandonnée, entre la vie et la mort dans son petit pavillon. Qui a attaquée cette femme? Quelles sont les causes de toute l'hostilité manifestée contre cette vieille dame tranquille? C'est son fils, Tristan qui la découvrira et elle restera un mois aux soins intensifs d'un hôpital parisien. Malheureusement, elle décédera des suites de ses blessures.

Ce douloureux récit d'Irène Frain nous plonge dans les non-dits tus depuis des décennies au sein de sa famille. Denise est la soeur aînée d'Irène. Dix ans de différence entre ces deux filles, puis viendront trois autres enfants au sein du couple parental. Les relations entre les deux soeurs ont été rompues, suite à la maladie dont souffrait Denise. Malgré leurs différents, Irène veut savoir les causes de la mort de Denise et elle veut pouvoir identifier le ou les meurtriers? Elle va donc déposer plainte. Qui a bien pu tuer Denise, quel est le mobile? Pourquoi elle? Toute la lumière doit être faite, un crime doit toujours être puni.

Irène tâtonne, fouille dans leur passé, revit son enfance, son adolescence et surtout partage la connivence qui a existé pendant de longues années avec cette soeur, beaucoup plus âgée qu'elle, et qui a formé la cadette à l'amour de l'école, du savoir, des lettres. Denise était également enseignante, comme notre écrivaine. Elle a fait de brillantes études, dès ses 23 ans elle professait.

Mais Irène se heurte à un véritable imbroglio politico-judiciaire. le dépôt de plainte est un parcours du combattant : la décédée est une petite personne, insignifiante. La police ne fournit pas les conclusions de l'enquête, les rapports ne sont pas rédigés au bout de dix-sept mois, le policier qui a fait le premier rapport n'a pas signé et on ignore même son nom. Il me semble que nous sommes en plein cauchemar. Au XXI ème siècle, il y a une totale incompréhension entre les diverses instances policières, juridiques, et la personne qui demande de l'aide. C'est consternant. C'est démoralisant. Combien de temps faut-il pour prendre en compte les divers éléments, le relevé des empreintes sur les lieux du crime. Mais il n'y a pas eu crime, la personne est dite décédée à l'hôpital sans la mention des séquelles dues à son matraquage, son passage à tabac par le ou les intrus?

Trop d'injustice flagrante, trop de non-dits. Une police submergée par la paperasserie. Une justice encombrée par un nombre de plus en plus élevé de dépôts de plaintes, des dossiers non résolus.. Est- ce dû à un manque de personnel? Et le commun des mortels, comme Denise et sa famille attend, attend…. Il faut de la patience… Mais que de larmes derrières tous ces ennuis, ces violences, ces crimes non résolus. Est-ce une volonté de l'État ou est-ce dû au temps? Comment peut-on laisser tous ces crimes, ces meurtres impunis.

En creusant un peu dans la vie de cette commune où résidait sa soeur, Irène découvre qu'au moins deux autres agressions similaires ont eu lieu à quelques centaines de mètres du pavillon de Denise et qu'il s'agissait déjà de personnes âgées ou vulnérables car handicapées ou malades. Au fil des jours et des mois ce sont sept agressions qui ont fait la une du quartier et au final, pas d'enquête. Nous nous posons des questions : mais que fait la police ? Exaspération des victimes collatérales comme Irène et les enfants de la décédée. C'est donc notre auteure qui mène l'enquête, similaire à celle que conduit la police. C'est bien Irène qui fait leur travail. C'est révoltant. J'ose espérer qu'à la suite de la publication de ce récit, l'enquête va progresser et que l'on retrouvera le ou les coupables…. Mais je crains de faire un voeu pieux….

de la honte m'envahit à la lecture de cette narration. Je suis de tout coeur avec Irène et je souhaite que des progrès soient faits. Un peu tardivement, à mon goût. Il faudrait donner les moyens à tous les intervenants.

C'est une belle page d'amour que Irène écrit à sa soeur. Les non-dits familiaux lui ont permis d'abattre les cloisons. Merci Irène pour cette transmission. Je vous souhaite beaucoup de courage. Vous en avez déjà fait beaucoup. Vous réhabilitez l'honneur de la famille.

Je ne peux que conseiller cet ouvrage. Digne, bien écrit, une véritable enquête. Que la justice et la police s'en inspire et que tous les citoyens, petits ou grands, riches ou pauvres soient traités de façon équitable. Mais j'ai des doutes ? Je souhaite que notre nouveau ministre de la justice s'en empare et qu'il en tire les leçons…. J'ai eu les larmes aux yeux en lisant ce livre. Trop de vérités, trop de réalité et il faut faire face. Bonne journée et bonne lecture.

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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L'oxymore du titre constitue déjà tout un programme ! Comment, pour qui, pourquoi un crime peut-il être sans importance ? C'est aussi ce qui préoccupe Irène Frain qui introduit ainsi son oeuvre : " J'ai entrepris d'écrire ce livre quatorze mois après le meurtre, quand le silence m'est devenu insupportable."
En effet, alors que sa soeur aînée, Denise, a été sauvagement molestée et laissée pour morte dans sa maison de Brétigny-Sur-Orge et qu'elle est restée sept semaines dans le coma avant de décéder après cette violente agression, personne ne s'est donné la peine d'avertir Irène Frain avant son enterrement, personne n'a cherché à resserrer les liens familiaux pour faire face au drame, les policiers en charge de l'enquête trainent à rendre leurs conclusions et la justice est un "Mastodonte" qui peine à réagir. Comment dans ce cas parvenir à faire face à cette catastrophe ? Même si l'autrice n'a pas revu sa soeur depuis des années, Denise était pour elle, sa marraine et même une mère de substitution et un modèle. Elles ont dormi dans le même lit, elles ont lu et nagé ensemble lorsqu'elles habitaient encore à Lorient. La mort atroce de Denise ne cesse de tourmenter l'auteure qui passe de l'espoir à la colère et à la culpabilité, de l'attente à l'action, pour enfin prendre la décision d'écrire ce livre. Alors ce livre, comment le qualifier ? Un roman ? Il est vrai que lasse de n'avoir aucun interlocuteur, l'autrice imagine ses entretiens avec le procureur et retrace ainsi ses relations avec Denise et avec le reste de sa famille. Depuis des années les liens sont rompus, Denise s'est mariée sans inviter sa famille, sa mère, par le biais d'une lettre d'une soeur plus jeune a rendu l'autrice responsable de découvrir ce qui avait conduit Denise à l'hôpital psychiatrique. C'est pour l'autrice, une découverte, elle ignorait que sa soeur, une jeune femme brillante et intellectuellement précoce, était malade. Et comment avoir des réponses alors que le secret médical impose le silence. Elle réussit cependant à apprendre que sa soeur souffrait de bipolarité et le médecin la met en garde car elle est personnellement menacée...
Le texte est écrit naturellement comme composé à partir de notes, cette écriture donne du crédit à la dimension autobiographie du récit et contribue pour une large part à l'émotion que suscite le texte et à l'intérêt qu'il suscite. Les précisions sociologiques qui situent le lieu du crime donnent aussi du relief à ce récit, ancré dans une réalité sociologique et urbanistique. Alors, roman ? Récit autobiographique ? Roman autobiographique ? Chronique judiciaire ? Ce livre est inclassable mais il est à lire, assurément.


Lien : http://www.lirelire.net/2020..
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