Citations sur Comme deux gouttes d'eau (40)
Certaines filles ne quittaient jamais les couvents (...), lugubres établissements qui, propres à l'Irlande victorienne, subsistèrent jusqu'au milieu du XXe siècle. Des religieuses impitoyables les réduisaient en esclavage pour les punir d'avoir été engrossées, violées, orphelines ou trop jolies, jusqu'à ce qu'elles finissent enfouies dans des tombes anonymes. (p. 263)
Pour des gamins de dix-huit ans, les gens de plus de vingt-cinq ans ne sont que des adultes interchangeables et assommants. (p. 184)
Nous [les inspecteurs de police] ne demandons jamais si les victimes ont souffert. A moins qu'elles n'aient été torturées, nous n'avons pas à le savoir : s'investir émotionnellement ne sert à rien, sinon à détruire notre objectivité et à nous donner des cauchemars. De toute façon, nous affirmons toujours à la famille que la mort a été instantanée. (p. 85)
Dublin regorge de filles interchangeables qu'on ne remarque même plus. Rien de tel en ce qui me concerne. Je ne suis peut-être pas un canon, mais je n'ai pas un physique passe-partout. Mon grand-père maternel était français. Le mélange de sang français et irlandais a donné quelque chose de particulier.
Tout à coup, une bouffée de colère me submergea. Non contre elle mais, pour la première fois, pour elle.
Mais ceux qui ont vu un cadavre savent à quel point il imprègne l’atmosphère : cet énorme silence, cette absence béante, ce temps suspendu autour du corps immobile, seul à connaitre l'ultime secret qu'il ne révélera jamais. Et dans le cas d'un meurtre, le cri assourdissant qui retentit encore, cette présence invisible, tenace, qui vous saisit et vous glace : celle du tueur.
Telle était la rançon de la vie d’agent infiltré : une retraite misérable ou une solitude absolue. Pourtant cette vie nous révélait à nous-mêmes. Alors que je chancelais souvent face à des dangers plus subtils, plus insidieux, je n’avais jamais eu peur, au cours de mes missions, de me faire tuer ou de perdre le contrôle de mes nerfs. Les meilleurs agents infiltrés, m’avait dit un jour Frank, obéissent à une part d’ombre qui, tapie au fond d’eux-mêmes, les pousse à braver tous les périls. Je ne sais s’il avait raison. En tout cas, je le gardai pour moi.
Une amitié de ce genre ne se matérialise pas d’un coup, comme un arc-en-ciel contre un ciel d’orage. Pour peu qu’il soit solide dure si longtemps, il faut y mettre du sien. Demandez à n’importe quel ou danseur de ballet : rien n’exige autant de travail qu’une figure qui semble accomplie sans effort.
Quand on est trop proche des gens, quand on passe trop de temps avec eux, quand on les aime trop, il arrive qu’on ne les voie plus.
- Même pris à l'improviste, ces quatre-là piquaient la curiosité. Je sentais l'auteur du pain d'épices entre le cuir, j'entendais les cantiques en l'arrière-fond. Une vraie carte de voeux. Ils étaient trop parfaits, virginaux, irréels.