Les infirmières
Elles ont choisi en toute liberté
Un chemin d'abnégation, de courage,
Aujourd'hui, je voulais les citer
En quelques mots, sur cette page.
Souvent, le cœur au bord des larmes,
Oubliant leurs soucis personnels,
Quand fatiguées, leur corps fait mal,
Elle s'affairent de plus belle.
Les infirmières sont un essaim d'abeilles.
Volant, butinant de chambre en services
Pour apporter fleurs et miel,
Aux malades les plus tristes.
Existe-t-il un plus beau métier
Que celui de s'oublier soi-même ?
Existe-t-il un plus beau métier,
Sur cette terre, pour dire « je t'aime ».
(p. 42)
Le temps
Comme si le temps
Pouvait changer les choses,
Dans le cœur de chacun,
Un espoir demeure,
Il suffit d'un regard
D'une main qui ose,
Effleurer une joue…
En effacer les pleurs.
Le temps, si précieux…
Peut offrir tout à coup,
Des notes d'harmonie
Sur un clavier chantant…
Que les doigts égrènent,
En chapelet si doux,
Mémoire-souvenir,
De nos veillées d'antan.
Il est des heures-peine,
Le temps prendra le temps…
Avec toi comme ami,
De forger les maillons,
Bouclier de la vie
Et patience s'alliant,
Tu pourras voir s'ouvrir
Une rose en bouton.
Le temps prendra…
Le temps.
(p. 57)
Introduction
D'où qu'il vienne, et même des plus réservés, le poème est un cri d'amour : il appelle à une mystérieuse communion, il cherche une autre voix, une moitié qui est vous-même. Si la poésie ne vous aide pas à vivre, faites autres chose. Je la tiens pour essentielle à l'homme autant que les battements de son cœur.
P. SEGHERS
Errance
Errant au bord du désespoir,
Au-delà du possible, du réel,
Aspirée par le grand entonnoir,
J'ai perdu la Foi, perdu le ciel...
J'ai marché longtemps, droit devant moi,
À pas pressés, la tête vide,
Tel un automate, dans les bois.
Fallait-il que je sois stupide.
Splendide sous le soleil couchant,
La nature en robe vermeille
M'apparut l'espace d'un instant.
Sous un envol d'hirondelles.
Pleurant et riant à la fois.
Délivrée, extasiée, ravie,
J'ai bu à la source de joie,
Les dernières larmes de l'ennui.
(p. 30)
Bohème
Poète en dépit de mes vers,
Artiste dans la forme, le cœur,
Humaine avec la âme l'envers,
Puriste au travers de leurres.
Que de larmes noyées sous la pluie
Temps perdu, temps suspendu
Quand vibrante, je cherchais la vie
D'un monde qui n'existe plus.
Au fond de moi, vit une midinette.
Au regard étonné, sans grand écart,
J'aime les bistrots, Mistinguett,
La Goulue, le pont des arts.
Poète au delà du mystique,
Au fil de l'eau, vogue galère
Je fais des rêves fantastiques,
D'ombre et de lumière.
(p. 13)