Certaines critiques restent plus compliquées à rédiger que d'autres et c'est le cas pour l'ouvrage de
Gaiman. En général lorsque je commence mon avis en déblatérant sur mes difficultés c'est que l'oeuvre en question n'a suscité que peu de réaction. Là c'est plutôt le contraire, un foisonnement d'impressions et de réflexions qu'il a fallu laisser mûrir de longs jours avant de pouvoir m'installer devant mon clavier.
Amrican Gods est un roman à plusieurs facettes : road-trip étrange, conte mythologique, critique de l'Amérique contemporaine. Ce sont ces trois aspects dont je vais tenter vaillamment de te parler.
Notre héros, Ombre, vient donc de sortir de prison quand un curieux personnage le recrute : Voyageur. Commence alors un périple à travers les États-Unis. Là il me semble primordial de rappeler que
Neil Gaiman est un auteur britannique, né dans le sud de l'Angleterre. Ce n'est qu'à trente ans, avec son épouse, qu'il s'installe aux États-Unis, plus exactement dans le Wisconsin, en pleine campagne. Or
American Gods a été publié en 2001 soit deux ans après... J'ai lu des avis qui reprochaient justement à l'auteur que le road-trip d'Ombre ne donnait qu'une vision lointaine de l'Amérique, loin de celle acide et géniale de, par exemple, certains des premiers romans de
Stephen King. Sauf que justement il ne faut pas le lire comme l'oeuvre d'un américain sur l'Amérique mais bien d'un européen sur l'Amérique. Et même si, malgré les 600 pages, le récit reste un peu en surface, j'ai aimé découvrir la petite ville de Lakeside car c'est là où l'auteur a le mieux réussi à créer une atmosphère : dans la ruralité, quand il peint la désertification...
Comme je l'ai dit plus haut, le roman de
Gaiman se présente aussi comme un conte mythologique et syncrétique puisque le récit repose justement sur le fait que les anciens Dieux auraient émigré en même temps que leurs croyants dans le « nouveau monde ». Alors si je dois me montrer honnête, je dois bien avouer qu'ici mes propres limites ont sans doute coloré ma lecture. Je manque clairement de culture dans certaines mythologies, et particulièrement pour les mythologies nordiques et slaves. À cause de cela je suis sans doute passée à côté d'une partie du roman de
Gaiman. Ce n'est qu'après ma lecture que j'ai pris le temps de me renseigner sur ces sujets et c'est un peu dommage. Surtout que c'est, pour moi, le meilleur aspect du roman : la manière dont les anciens dieux, abandonnés et pratiquement oubliés, se sont adaptés à la civilisation dans laquelle ils évoluent désormais.
Quant aux nouveaux dieux... C'est là où j'ai été déçue : j'ai trouvé leur traitement superficiel, un peu facile et la critique du monde contemporain en a forcément pâti. Pour moi,
American Gods passe à côté de cet aspect. Ce n'est pas dramatique, une oeuvre n'a pas forcément à être une critique du monde mais on peut trouver dommage que l'auteur ait manqué une telle occasion...
Reste que s'il m'a été difficile d'entrer dans l'histoire d'Ombre -la première moitié du roman j'ai eu du mal à accrocher- les qualités de
American Gods sont indéniables. Un récit puzzle, aux multiples sources, comme le sont les États-Unis, avec des traits d'humour et pas mal de bonnes surprises... Si je ne crie pas au chef d'oeuvre, le roman de
Gaiman reste un foutrement bon bouquin, et c'est déjà beaucoup.
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