« Bonjour les Babélionautes ! Aujourd'hui, je vais vous parler d'un roman jeunesse de
Neil Gaiman,
L'étrange vie de Nobody Owens.
Or donc, une nuit, un assassin professionnel tue toute une famille sauf un petit garçon de deux ans. Ce petit garçon est recueilli par un couple de fantômes, les Owens. Nobody Owens, car tel est désormais son nom, est élevé par les fantômes et Silas, son tuteur. le petit garçon grandit. L'assassin continue de le chercher…
-Je l'ai trouvé super bizarre, ce roman.
-Moi aussi. J'ai éprouvé une sensation de calme tout le long de la lecture. Comme si effectivement je me trouvais dans un cimetière et que tous les sons, tous les sentiments étaient atténués et assourdis par l'omniprésence de la mort. Je suppose que cela tient au style adopté par
Gaiman dans ce texte. Les phrases s'enchaînent avec sobriété, simplicité et marquent peu d'émotions. Je n'ai pas éprouvé ça sur
Coraline. Et je me demande si cette sensation est vraie ou si je délire.
-Moi, je trouve ça trop calme ! J'aurais voulu un peu plus de rock'n roll, là ! En plus, les enfants sont connus pour être des créatures bruyantes et hurlantes, j'ai du mal à croire à cette ambiance de tranquillité.
-Ah bon ? Je n'ai pas eu de difficulté. Il est élevé par des fantômes, ces créatures font assez peu de bruit. Je trouve donc normal que Bod* reste un enfant calme. Et puis,
Gaiman évite l'erreur d'en faire un enfant parfait : j'ai beaucoup aimé son coup de colère quand il rencontre Miss Lupescu. J'ai également adoré les épitaphes semées tout le long du livre.
Je tiens cependant à préciser que ce calme n'enlève rien à l'intensité de quelques scènes d'action angoissantes comme une fiction lovecraftienne. le premier chapitre est tout à fait réussi lui aussi dans le genre… euh…
-Quel genre ?
-Euuuh…
-Polar ?
-Je sais pas, je n'en lis pas beaucoup. Dans le genre « scène de meurtre et traque de victime », dirons-nous.
-Je reste quand même déçue par plein de choses ! Beaucoup de questions ne trouvent pas de réponses ou alors des trop brèves, ça me frustre. Comment font les fantômes pour toucher l'enfant ? Comment ont-ils pu l'élever ? On ne le sait pas et j'aurais voulu voir les solutions trouvées pour résoudre les difficultés. La vraie nature de Silas n'est pas vraiment explicitée… bref, il reste plein de mystères, ça m'énerve ! Oh que ça m'énerve !
-C'est vrai, mais peut-être que
Gaiman préfère mettre l'accent sur l'aspect initiatique du roman ? Après tout,
L'étrange vie de Nobody Owens constitue l'histoire d'un petit garçon qui commet ses propres erreurs, ses choix et qui devient adulte et indépendant. Les adultes qui entourent Bod ne sont pas parfaits, mais ils font de leur mieux avec leurs moyens.
Peut-être que cette sensation de frustration vient aussi du fait qu'ils ne soient pas parfaits, que j'aurais voulu une autre conclusion pour certains aspects de l'histoire. Beaucoup de fictions jeunesse choisissent de dénouer tous les noeuds de l'intrigue et proposent des fins rassurantes, je pense à Harry Potter, aux classiques de mon enfance.
Neil Gaiman, lui, a choisi une fin… douce-amère. Oui, c'est le terme qui me semble le mieux convenir : doux-amer. Doux pour l'amour que portent les personnages à Bod qui le leur rend de son mieux, amer parce que rien ne tourne parfaitement comme on le voudrait, parce qu'il faut perdre beaucoup pour gagner en expérience et en sagesse.
-Un truc m'a pleinement satisfaite en tout cas !
-Ah ? c'est quoi ?
-Le lien discret, mais bien présent, avec
L'océan au bout du chemin !
-Ah bon ?
-Mais ouiiiiii, regarde !
-Nom de Zeus, tu as raison ! Et si, en tant que fan de
L'océan au bout du chemin, vous voulez savoir de quoi il retourne, vous n'avez pas le choix : va falloir lire Nobody Owens. »
*Diminutif de Nobody.