Jeanne aimait les endroits où l'on ne va pas parce qu'on les rêve. (p. 65)
Chère lectrice, Cher lecteur,
Je dois avouer d'emblée que j'aime les romans de
Claudie Gallay.
La beauté des jours est d'ailleurs le troisième roman que je lis de cette autrice (j'ai lu
Les Déferlantes et
Seule Venise). Pourquoi me direz-vous? J'aime ses personnages remplis d'humanisme et de questionnement, j'aime ses descriptions de la vie, de la nature, des gens, j'aime le style de ses phrases reflétant l'essentiel, j'aime que ses histoires rejoignent mon univers. Dans
La beauté des jours, j'ai suivi le parcours de Jeanne, une femme de quarante-trois ans. Elle est mère de jumelles et elle est postière. Sa vie s'avère rangée et elle apparaît heureuse dans cet ordre.
En général :
Le lundi, elle allait à la piscine.
Le mardi était le jour du macaron.
Le mercredi, celui des courses et du ménage.
Le jeudi, elle passait à la bibliothèque.
Le vendredi, avec des amis, ils allaient au cinéma.
Le week-end, il y avait les filles.
Le dimanche, un déjeuner à la ferme. (p. 51)
De plus, elle affectionne les moments qu'elle passe auprès des siens. Elle est très proche de sa grand-mère et de sa filleule Zoé. Sa meilleure amie vit très mal sa séparation avec Jef, son ex-conjoint, qui l'a laissée pour une plus jeune. Son mari Rémi l'adore et il s'occupe en rénovant leur maison ou encore en allant à la pêche. Puis, il y a deux événements qui viennent la bouleverser. Elle retrouve son amour pour l'artiste performeuse serbe
Marina Abramovíc (oui, j'ai dû chercher dans Internet pour découvrir cette femme) et elle note des citations de cette dernière dans un cahier ou encore, elle lui écrit des lettres. Grâce à Abramovíc, elle réalise qu'elle peut risquer une part d'elle-même pour se réaliser. Ensuite, il y a les retrouvailles avec son premier amour, Martin, un homme qu'elle a énormément aimé durant son adolescence. Par le biais de ces bouleversements, Jeanne en vient à se poser des questions sur son identité, sur ses relations avec la vie, l'amour, la mort, le temps et la nature. Elle possède d'ailleurs un sens de l'observation exceptionnel.
Je me suis énormément retrouvée dans Jeanne. J'ai développé très tôt une conscience par rapport au temps qui passe. Il faut parfois tenter de le freiner et c'est ce que cherche à faire Jeanne. Les dernières pages sont magnifiques et elles m'ont ramenée à l'essentiel, aux petites choses de la vie qui possèdent aussi leur beauté.
Elle a posé la main sur la terre. Voilà ce qui attend, et on fait comme si ça n'existait pas. On continue, presque gaiement, on croit que c'est toujours chez les autres, l'irrémédiable, dans les autres maisons, mais un jour c'est nous que ça frappe, c'est quelqu'un qu'on connaît, qui était là et qui est un peu nous et qui ne sera plus jamais là, ni ici, ni nulle part. Il n'y a plus d'endroit où le chercher, aucune ville, aucune grange. Ce que l'on croyait ne jamais perdre est à jamais perdu. La voix, les gestes. Toutes ces choses que l'autre faisait. À la place, il reste un vide immense. Et on est seul.
Alors, on se demande si on aurait pu faire mieux. Si on a assez aimé. Si on s'est assez occupé. ( p. 373-374)
Et si la construction du quotidien passait par l'art? Si nous en avions besoin pour transcender la réalité? C'est un peu à ça que nous convie
Claudie Gallay avec ce roman par le biais de Jeanne qui se retrouve à la croisée de sa destinée.
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la-beaute-des-jours/
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