Une maison à Bogotá

Quelques bonnes raisons de lire Une maison à Bogota.
Lisez ce livre  :
- si vous aimez les romans qui commencent mal, par des invraisemblances.
(L'auteur s'enrichit -tous les universitaires seront heureux de l'apprendre - en publiant un essai de philologie, passionnant sans aucun doute, qui lui permet d'obtenir le fameux prix Rubén Bonifaz Nuño (doté en 2022 de 3750€ de prix!) C'est pas le Goncourt mais peu s'en faut ! Avec cette manne il s'achète la maison de ses rêves. Les belles demeures sont vraiment bon marché à Bogota !)
-si vous voulez devenir agent immobilier.
(Gamboa vous apprend tout de la visite guidée. Au début de chaque chapitre il décrit avec tous les détails chacune de la vingtaine de pièces de cette maison...sans oublier la mansarde !)
-si vous aimez les auteurs qui se regardent le nombril.
-si vous n'avez jamais pu lire les 7 tomes de A la recherche...Une Maison à Bogota y palliera.
-si vous aimez les scènes gore. Vous serez servi.
-si vous aimez les pratiques sexuelles olé olé. Vous allez adorer.
-si vous aimez les romans éclatés, non linéaires, qui s'éparpillent.
-si vous aimez les dénouements inattendus, que rien n'annonce.
-si vous aimez les romans ennuyeux . Que Une maison à Bogota ne vous fasse pas désespérer de la littérature car « les livres ennuyeux inspirent le respect ». C'est L. Salvayre qui le dit.

Quelques belles pages néanmoins sur le thème, récurrent chez cet auteur, de l'exil , la nostalgie, et le mal du pays. Nostalgique, moi aussi je le suis, nostalgique de cette littérature qui ne refléte pas la réalité telle qu'elle est et dont les auteurs préféraient, selon la formule de Rulfo, « le monde des songes et non celui de la réalité ». Je conçois parfaitement que les écrivains de la génération de Gamboa aient voulu rompre avec cette littérature du réalisme merveilleux et trouver de nouvelles voies et d'autres moyens pour dire le monde, mais pourquoi ce choix de l'hyperréalisme et cette théâtralisation de la réalité. Aussi bien dans Retourner dans l'obscure vallée ou Une maison à Bogota, scènes sordides, spectacles érotiques répugnants, sexe et violence se succèdent et sont décrits avec une grande crudité. Pourquoi ce retour au trémendisme des années 50 pour narrer la réalité d'un pays ? Pourquoi, au lieu de nous abreuver de réel brut, ne s'est-il pas inspiré d'un écrivain qu'il chérit particulièrement, Marcel Proust qui écrit au début du Temps retrouvé : « Moins regrettable me paraissait l'état maladif qui allait me confiner dans une maison de santé, si les belles choses dont parlent les livres n'étaient pas plus belles que ce que j'avais vu. » Eternelle question de la réalité et de sa représentation littéraire.

Un roman autobiographique boursouflé, prétentieux et inintéressant. L'auteur nous raconte sa vie de bourgeois Colombie privilégié de gauche, à travers la visite de sa demeure qu'il partage avec sa tante, une vieille intellectuelle diplomate de gauche, qui préfère vouer un culte à Mao plutôt que reconnaître ses crimes. Tout respire la condescendence, notamment envers la puanteur de la rue, mais comme nos deux protagonistes sont de gauche, leurs consciences sont sauves. J'ai perdu beaucoup de temps à la lecture de ce roman que je ne recommande pas du tout.