AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,66

sur 43 notes
5
5 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
1 avis
1
1 avis
Une montagne de 700 pages ! Mais quelle montagne ! Si belle et si exigeante qu'il faut souvent s'arrêter, multiplier les camps de base, prendre le temps de réfléchir à ce que l'on a lu, laisser les pensées les plus tenaces nous réveiller au petit matin. Une montagne si dense, si puissante qu'il faudrait la gravir par les quatre faces pour en révéler tous les secrets. Un roman qui en contient six ou sept, qui se relit encore et encore, pour en apprécier toute la richesse. C'est avec de tels livres que la NRF se distingue (cette capacité à dénicher et à dompter les monstres) et que la littérature reprend ses lettres de noblesse (confère ma critique précédente). Dur de résumer un tel ouvrage en quelques lignes. Essayons quand même. Tristan Garcia raconte l'histoire des hommes au prisme de leurs souffrances. Une entreprise ambitieuse qu'il mène brillamment à son terme en réinterprétant des légendes, en inventant des contes, en renouant avec la tradition des épopées. Lire « Âmes », c'est retrouver le souffle, la jubilation, le lyrisme et parfois la truculence de JH Rosy Ainé (La guerre du feu), Michel Tournier (Le roi des Aulnes), Günter Grass (Le tambour), Voltaire (Candide) ou Rudyard Kipling (L'homme qui voulut être roi). Chaque volet de cette fresque romanesque est une somptueuse découverte. J'ai aimé l'inéluctable fin du ver écorché vif, l'impitoyable instinct des hommes de Néandertal, les doutes et les tourments du maître romain, le supplice des larrons de Jésus, la quête absurde de l'aveugle régicide, le combat féroce et feutré des dignitaires chinois rivaux et amnésiques, l'odyssée tragique de la princesse et des lépreux à sa suite, les aventures à la « Mulan » de la vierge japonaise. À chaque histoire ses personnages inoubliables, ses scènes proches du fantastique qu'on imagine sur un écran de cinéma panoramique. Attention, c'est un livre difficile, qui ne se lit pas debout sur le quai du métro. Il demande de la concentration, du recueillement, de la patience. J'y ai laissé quelques nuits blanches. Mais quelle récompense ! Merci à Tristan Garcia et à Gallimard pour avoir eu l'audace d'ériger un tel monument.
Commenter  J’apprécie          375
Une histoire de la souffrance, voilà qui est intrigant et qui fait un peu peur. Tristan Garcia annonce d'emblée trois tomes, on savait l'importance de la souffrance et sa tendance à traverser les âges, mais la capter, la donner à ressentir, la raconter... ça ressemble à un sacré défi. L'auteur adopte une forme qui lui permet d'enjamber les époques tout en les reliant, nous lirons des histoires réparties dans le temps et comme il l'annonce en préambule nous pourrons choisir de les lire dans l'ordre ou pas - j'avoue que je préfère l'ordre, parce qu'il y a un fil, même ténu, des petits cailloux qui dessinent un chemin. Dans ce premier tome nous parcourons du chemin, dans le temps depuis l'éclosion de la matière il y environ 2 milliards d'années jusqu'en l'an 869, et dans l'espace à travers plusieurs continents. Les histoires peuvent sembler indépendantes les unes des autres mais quelques signes, des objets, des souvenirs et des couleurs laissent apparaître des liens entre les personnages. Ces couleurs sont celles des âmes qui voyagent dans le temps et désignent leur type d'influence. A travers elles, l'auteur dessine à chaque fois un univers singulier, très personnalisé en situant ses histoires dans des lieux et des époques caractéristiques, et chemin faisant une vue d'ensemble qui donne à percevoir la dimension de l'univers. C'est assez vertigineux.

Dès le début j'ai été happée. Les premières pages qui racontent la naissance de la sensation et la souffrance du ver marin sont incroyables ; les origines de la souffrance sont donc à chercher très très loin. Chacune des histoires qui suit nous offre des personnages qui font face à une forme de souffrance même lorsqu'ils tentent simplement de vivre en paix ou essayent de s'extirper du monde. Civilisations, cultures, religions portent en elles les reliquats des violences passées qui ont servi à les asseoir et les germes des violences futures puisque "ça ne s'arrête jamais". Impossible de ne pas ressentir d'empathie pour les figures qui nous sont racontées, depuis la mammifère de Mésopotamie en quête de nourriture jusqu'au vieillard indigène du désert australien en passant par l'ermite de la Chine ancienne, les lépreux indiens ou les jumeaux d'Ur. Il y a chez Tristan Garcia un grand talent de conteur mais surtout une remarquable profondeur de champ au service d'une folle ambition. Après une telle lecture on se sent tout petit, sorte de grain de poussière dans l'univers, on a l'impression de ressentir chaque particule de matière qui nous constitue et la charge d'histoires et de souffrances qu'il charrie. C'est phénoménal.

Je ne crois pas avoir jamais lu quelque chose de ce type, à la fois intelligent et puissamment littéraire. C'est un livre qui ne se picore pas dans les transports en commun ou dans une salle d'attente, il demande du calme et de l'attention mais il offre aussi une immersion capable de nous transporter dans une autre dimension. Je crois que je lis aussi pour vivre ce genre d'expérience et je suis très très curieuse de la suite (le tome 2 - Vie contre vie vient de paraître chez Gallimard).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          180
Fait rarissime, j'ai abandonné ce livre qui pourtant m'a fait de l'oeil dès sa sortie. Une histoire du monde au travers de plusieurs âmes autour du thème de la douleur, c'est intrigant, fascinant. Mais voilà, le ton biblique aussi bien réalisé soit-il, ça peut vite gonfler surtout si les répétitions d'images (tendu, le sexe, c'est mieux pour la semence!) alourdissent la progression. 175 pages bien écrites mais avec un propos finalement un peu creux, je laisse aux plus braves le soin de poursuivre leur lecture et essayer de me convaincre de reprendre la mienne!
Commenter  J’apprécie          99
Tristan Garcia commence avec « Âmes » une trilogie sur l'histoire de la vie et de la souffrance à travers les siècles. C'est une oeuvre ambitieuse et qui peut se lire soit comme un roman en suivant des âmes humaines ou animales dans leurs tribulations cours de l'histoire de la vie sur Terre, soit comme plusieurs épopées éloignées dans le temps et l'espace les unes des autres. Toutes les âmes de ces récits qu'on retrouve au cours du livre grâce à un codage de couleur ont cependant un point commun : ce sont toutes des âmes d'oubliés de l'histoire, de condamnés, de perdants confrontés à la douleur de leur corps et donc à la souffrance. On suit ainsi les aventures de malades, d'esclaves, d'animaux, de lépreux, d'eunuques, de vieillards qui voyagent du cambrien au Moyen-Âge et de la Mésopotamie au Japon en passant par le néolithique, l'Inde ou la Chine. Moins séduit ou sensible à l'idée d'âme aux incarnations successives, j'ai pour ma part préféré la lecture de ce livre comme un recueil de récits épiques qui peut s'étaler sur plusieurs semaines. J'en ai adoré certains : celui de Front haut au néolithique en Europe, celui d'Ur en Mésopotamie, celui de Nostos en Méditerranée ou encore celui de Râma en Inde. Par contre, je me suis ennuyé dans Cruciatur à l'époque de l'empire romain. Mais je salue l'ambition de cet ouvrage réussi et très documenté dans une littérature française qui parfois en manque.
Commenter  J’apprécie          72
Immense coup de coeur pour ce pavé de 700 pages, premier volume d'une trilogie.
Histoire de la souffrance de l'origine de la création jusqu'au IX siècle, à travers les pérégrinations de quatre âmes, quatre couleurs, qui traversent les époques et les lieux.
Une gigantesque épopée, écrite dans un style fluide et limpide, à l'ombre de l'Ancien Testament.
Un long poème, une ode à la vie accompagnée de ses deux acolytes, la douleur et la mort.
À suivre...
Commenter  J’apprécie          70
Je suis trop dyslexique pour écrire des commentaires mais pour celui ci je vais prendre le risque. Beaucoup de livres me sont tombés des mains. Celui ci, contre toute attente m'a tenu en haleine. J'y ai trouvé des descriptions ce que je ne savait pas déscriptible. Je m'en veux d'écrire aussi mal dans les critiques d'un livre aussi subtile.
C'est simplement touchant de savoir que quelque part, il y a Trisant Gracias.

Commenter  J’apprécie          60
La vie sur terre commence par une sensation. le premier mammifère arrive quelque part sur Terre il y a 160 millions d'années. le cycle de la vie s'installe. le mammifère se nourrit du ver, le prédateur sera plus tard la proie d'une autre espèce. Avec la quatrième histoire, quelque part en Europe, vers l'an 39 000 avant Jésus-Christ, arrive l'homme, surnommé Front haut. Il protège une femme errante enceinte pour ensuite lui voler ses jumeaux. de la sensation, première âme , les récits s'étalent au fil des siècles et des continents autour de quatre âmes.
La première est plutôt associée aux femmes, la seconde aux hommes de pouvoir. Les deux dernières rivalisent à la manière des deux jumeaux entre détermination et légèreté.
Âmes est le premier acte du projet ambitieux de Tristan Garcia d'écrire l'histoire de la souffrance en trois tomes. le second volume, Vie contre vie, vient de paraître en mars 2023.
Quête de pouvoir, amitiés, errance, guerres de religion, les personnages se démènent pour survivre dans un monde austère, dangereux. Déserts, forêts tropicales, mers houleuses, le sort se ligue contre les pauvres femmes, les jeunes innocents ou les vieux aveugles.
Qui sont les bons ou les mauvais? Chacun ne devient-il pas un jour l'un ou l'autre en faveur des circonstances. La douleur est-elle nécessaire pour se souvenir, pour résister ?
Dans la neuvième histoire, les lépreux proposent la contamination aux pauvres qui souhaiteraient gagner en tranquillité. Ils s'émancipent dans la maladie.
C'est la chaîne de la vie, la réincarnation des âmes. L'oubli et le recommencement. Ailleurs, des siècles plus tard. Mais toujours avec la même sauvagerie, la même rage de survivre.
Les onze histoires sont indépendantes mais il convient de les lire à la suite pour profiter des indices de la continuité des âmes. Tristan Garcia allie son talent de conteur et de philosophe. Même si ici, la narration prime. le lecteur est porté par ces récits épiques, se prend d'affection pour ces êtres primaires, abîmés et puants. Parce que derrière ces êtres de chair, il y a l'âme.
Un récit ambitieux, parfois long mais l'auteur sait capter l'attention, notamment par la puissance des épopées.
Je suis curieuse de savoir si le second volume, plus proche de nos civilisations, sera plus « philosophique » que narratif.
Lien : https://surlaroutedejostein...
Commenter  J’apprécie          20
La souffrance, contrairement à l'éternité, c'est long, pas seulement à la fin, mais dès le début. L'auteur a dû acquérir un peu de connaissances scientifique en lisant “Sciences et Vieˮ et d'histoire avec “Historiaˮ, il y a un début à tout ! Au début, on a la naïveté de trouver l'écriture “poétiqueˮ, mais cela devient vite abscons comme la lune. Il trimbale le lecteur depuis le big bang (à sa sauce) à travers une chronologie de civilisations. Un peu comme au scrabble, il glisse des “mots comptent triples plantes, villes tombées dans l'oubli des temps, ça fait érudit… Les religions et leurs fadaises (pardon : spiritualité) ne sont pas épargnées au lecteur. Cet étalage roboratif devient vite indigeste, comme du plof ouzbek. Estomacs sensibles, s'abstenir, sauf ceux qui aiment souffrir, en guise de travaux pratiques !
Commenter  J’apprécie          20
Fresque ambitieuse prévue en 3 tomes, le philosophe romancier a l'ambition de nous conter la grande histoire des petites gens, le récit universel de l'infiniment petit, le grand roman de la chair meurtrie, celle des lépreux, des malades, des esclaves, des condamnés, des vaincus, des fuyards, des eunuques, des vieillards, des estropiés de la vie... Des oubliés de l'histoire, justement, à travers les destins croisés de 4 âmes (avec un codage de couleur) humaines et animales, voyageant à travers le temps. Bref, on est en pleine cour des miracles 😬
Il y a autant de chapitres que de périodes historiques, on saute du cambrien au Moyen Age en passant par l'Empire romain et le néolithique et on voyage en Mésopotamie, en Inde, au Japon, en Chine...
La thèse sous-jacente est donc la métempsychose (migration des âmes d'un corps à un autre) et l'angle de narration choisi est non seulement la torture, la putréfaction des corps qui se décomposent, la brûlure du soleil, la faim, la soif, les corps qui se vident, se dessèchent, se desquament mais aussi son corollaire, c'est-à-dire la fourberie, la lutte pour la survie, le mensonge, la honte, les détails sexuels et scatologiques les plus répugnants qui soient, car oui c'est un livre sur des corps douloureux qui rêvent de mourir pour abréger leurs souffrances.
C'est donc une lecture exigeante, qui donne la nausée parfois, alors est-ce que je dois m'accrocher, même si je ne sais pas bien où l'auteur m'emmène ? Ou bien dois-je renoncer car c'est trop, trop dégoûtant, trop dur à supporter ? Car il faut bien reconnaître que niveau plaisir de lecture, on est quand même assez bas... Et du point de vue de l'écriture, eh bien je n'arrive pas à me décider : est-ce génial ou finalement assez creux ?
Bon enfin voilà où j'en suis de mes réflexions après avoir lu 475 pages. Je m'arrête là.
Commenter  J’apprécie          11
Magnifique, j'attends la suite avec impatience.
Bémol : J'ai pas compris le dernier chapitre : ATTENDS-MON-RETOUR qui semble êtes situé en Australie.
Commenter  J’apprécie          00




Lecteurs (193) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1836 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}