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Romain Gary fait partie de ces plumes aisément perceptibles par le coeur parce qu'elles s'abreuvent de nos âmes pour faire jaillir sur le papier les plus douces poésies. Ce roman n'échappe pas à la règle et livre au lecteur, pâle observateur de la destruction humaine, l'immixtion d'une idée qui conduit le narrateur à risquer sa vie, l'amour, l'espoir... par peur. Celle de soi, qui ne s'explique pas, qui nous échappe à tous et fait de nos corps des morceaux de papier au prise avec le temps...
Rien ne laissait présager cette auto-destruction si ce n'est ce sentiment terriblement humain de la perte des repères et du sentiment que le bonheur ne nous est jamais donné pour toujours.
Au-delà de cette limite, votre ticket n'est plus valable... est donc en tout point une réussite. de celle qui font les grands romans, des instants éphémères gravés sur l'horizon des incertitudes...
Lien : http://art-enciel.over-blog...
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Jacques Rainier est un homme d'affaires en couple depuis six mois avec Laura, une jeune brésilienne. Il est heureux et aime vraiment pour la première fois de sa vie. Seulement, ses affaires vont mal, et surtout, il approche de la soixantaine et s'inquiète de son inévitable déclin sexuel. Parviendra-t-il à continuer à satisfaire sa jeune compagne ? S'engage alors une véritable lutte, dans la douleur, contre son corps qui commence à refuser de lui obéir.

Autour du couple gravitent d'autres personnages dont Gary fait habilement le portrait : Jean-Pierre, le fils de Jacques, Jim Dooley, un milliardaire américain à peine plus vieux que Jacques, le docteur Trillard, le professeur Mingard et Lili Marlène une ancienne amie maquerelle. Enfin, et surtout, Jacques fait la connaissance d'une jeune voyou espagnol, qu'il appellera Ruiz, et qui l'obsède à tel point qu'il en fait un fantasme, qu'il appelle à l'aide quand il se retrouve dans l'intimité avec Laura.

"Il m'avait toujours paru que le vieillissement prépare au vieillissement. Il était, me semble-t-il, saisons, étapes, signes annonciateurs du changement : un "peu à peu" qui donne le temps de réfléchir, de se préparer et de prendre ses dispositions et ses distances, se fabriquer une "sagesse", une sérénité. Un jour, on se surprend à penser à tout cela avec détachement, à se souvenir de son corps avec amitié, et se découvrir d'autres intérêts, les croisières, le bridge et des amitiés parmi les antiquaires. Or, je n'avais encore jamais eu de défaillance. Mes sens n'avaient jamais refusé de s'éveiller. Sans doute, depuis longtemps déjà, il n'était plus question pour moi de ces nuits où le corps ne lésine pas jusqu'à l'aube et ne sait même pas compter. Mais tout cela n'avait guère d'importance, car il n'y avait pas d'autre enjeu que de donner à chacun son dû. Il ne s'agissait que d'un échange de bons procédés." (p.38)

Forcément, à 24 ans, je ne me suis pas vraiment sentie concernée par l'angoisse qui tenaille Jacques du début à la fin du roman. Les problèmes de prostate, ce n'est pas pour moi ! Mais c'est avec beaucoup d'humour (noir) que Gary évoque les difficultés que traversent ces hommes arrivés à un certain âge. Je pense notamment à la comparaison avec la Tour de Pise, que Jim Dooley, devenu pitoyable, a voulu faire redresser, une nuit où il avait trop bu, et au rendez-vous éprouvant que Jacques subit avec son médecin le Dr. Trillard. Alors, on rit parfois, on rit jaune souvent. Car derrière les échecs physiques de Jacques, c'est surtout son regret, son désespoir de ne pas avoir rencontré Laura plus tôt et de ne l'avoir connue qu'au moment où il se sent vieillir, qui m'ont touchée. Ce que j'ai préféré dans ce roman, c'est le portrait de la femme aimée, des moments qu'il partage avec elle. Les paroles que Jacques adresse à Laura sont, sous la plume de Gary, belles et poétiques, merveilleuses et touchantes.

"Tu effleures mes lèvres du bout des doigts, souris, appuies ta tête contre ma joue et mon cou, et il doit y avoir d'autres façons de vivre, il faut que je me renseigne. de lents voiliers glissent vers des rivages paisibles et je guette leur douce et chaude navigation dans mes veines. Jamais mes bras ne se sentent plus forts que lorsqu'ils crèvent de tendresse autour de tes épaules. Il y a un monde, dit-on, derrière les rideaux, une autre vie, dehors, mais c'est de la science-fiction. le flot de minutes fait un détour et s'en va grignoter ailleurs." (p.43)

À force de lutter contre son corps et de s'imaginer perdre Laura quand il n'arrivera plus à la satisfaire, il s'éloigne d'elle, jusqu'à vouloir la pousser dans les bras de son fils. Et pourtant, Laura est amoureuse de Jacques, écrasée par le bonheur qu'elle ressent, jusqu'à en avoir peur. Les très belles lettres qu'elle lui écrit sans cesse parsèment le roman et laissent entrevoir cet amour et le désespoir qu'elle ressent à l'idée de le perdre. Finalement, c'est par les femmes que viendra la solution au problème de Jacques : Lili Marlène, qu'il ira voir en dernier recours, et bien sûr, Laura.

"Je veux continuer à être heureuse avec toi au-delà de tout. Et d'ailleurs, qui te parle de bonheur ? Je te parle seulement d'amour." (p.184).

J'ai bien aimé ce roman qui aborde des thèmes variés, comme la vieillesse, la relation père/fils, l'amour. C'est un roman au final plein d'espoir, qui montre que la vie d'un homme ne se finit pas à soixante ans avec la diminution de sa virilité, mais que l'amour d'une femme peut tout changer. Ce n'est pas non plus un coup de coeur, je pense que d'autres romans de Romain Gary me correspondront plus.
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Cette lecture me laisse perplexe, un peu désemparée pour en rédiger un avis juste, en tenant compte que je n'ai pas vraiment apprécié l'histoire, alors que l'écriture de Romain Gary ne souffre d'aucune objection de ma part. Et si je ne parlais que de l'histoire en elle-même, je me dois de faire la différence entre le sujet du livre, et la manière dont il a été abordé, ou du moins l'impression générale une fois le livre refermé, et quelques jours plus tard.
Avec un certain courage, Romain Gary aborde 2 ans seulement avant sa mort la vieillesse masculine, et en particulier la perte de la virilité. Je reconnais bien volontiers qu'il fallait oser, et que Romain Gary est direct, et franc dans son langage. C'est parfois cru, le style est rêche, sans décorum. J'en ai aimé l'humour caustique, pathétique même…
« Mon vieux, ce ne sont pas les bonnes femmes qui sont trop grandes…C'est toi qui est devenu trop petit. »
Cependant je n'ai pas aimé le personnage de Jacques Rainier, obnubilé par son étage inférieur….
Je n'abandonne pas pour autant Romain Gary ; c'est juste une rencontre, avec un livre précis qui ne s'est pas faite. D'autres, j'en suis sure, me combleront davantage.
En lisant ce livre, je ne pouvais m'empêcher de penser à mon ancienne pharmacienne, jamais avare d'une bonne blague, et qui disait avec malice « Vous savez, les hommes, quand ça se grippe dans le pantalon, c'est le cerveau qui déboulonne. »

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Belle façon d'appréhender un thème excessivement rare en littérature!
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La narration de ce roman est une machinerie d'horlogerie, le personnage passe de scène en scène, au fur et à mesure de sa pensée, sans que le fil narratif en soit perdu ou brouillé.
Jacques Rainier, industriel de cinquante-neuf ans, vit une belle histoire d'amour avec une jeune et riche Brésilienne de vingt ans. Tout en se montrant performant, il est soumis aux tracas de l'âge, ne bande plus comme avant, manque de lubrifiant naturel, ce qui lui rend les rapports intenses et trop fréquents douloureux, et autour de lui, des hommes de son âge et de sa classe sociale lui parlent de leurs difficultés sexuelles, écho des siennes, les rendant plus présentes à son esprit, jusqu'à ce qu'elles le dominent ?
Parallèlement, il songe à se défaire de sa société d'emballage alors que le monde français des affaires ne se porte pas très bien en ce début de présidence de Valéry Giscard d'Etaing.

Fulgurant que ce roman, non seulement par le portrait qu'il dresse d'un homme auquel tout indique que la vie lui échappe, si ce n'est son amour pour une jeune femme, mais aussi par le portrait de la société française des années soixante-dix qui voit le déclassement de l'Europe, l'émergence d'une conscience de la nature que l'on ne nomme pas encore écologie. A la crudité du sujet répond l'absence de fards du monde contemporain.

A tout cela s'ajoute la qualité de l'écriture, la beauté textuelle de Romain Gary.
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Recueil de citation du roman de Gary ! Il y en a d'EXCELLENTES ! À consulter : http://www.repere.tv/?p=179
Lien : http://www.repere.tv/?p=179
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Un très beau livre écrit de manière magistrale.
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Un roman magnifique sur l'amour entre un homme et un femme et ce qu'il faut faire pour le préserver à tout prix. Gary écrit avec une élégance folle et une pudeur qui n'empêche en rien la sincérité.

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Les angoisses d'un homme qui se voit vieillir.
Un livre courageux, sans artifices.
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Un très beau livre sur un sujet atypique pour un roman : l'angoisse d'un homme qui, passé la cinquantaine, a une liaison avec une jeune femme d'une trentaine d'années, et craint de ne plus parvenir à la satisfaire au lit. Amour, sexe, fierté masculine, maladresse féminine... Romain Gary analyse parfaitement la situation de ce couple tout en livrant un hymne à l'amour et à la vie à deux. Très bien écrit, très juste.
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