Le vieux beau machiste et egocentrique centré sur son ZIZI, son déclin sexuel et professionnel… et alors ? Relu récemment, ce livre m'a paru daté et représentatif d'une certaine masculinité ! difficile d'adhérer, même si on retrouve le style et l'humour de Gary (c'est pour ça que j'ai terminé le livre).
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Ecrit dans les années 70, plus exactement juste après le premier choc pétrolier, ce roman évoque la dégénérescence de la sexualité masculine, l'andropause, autrement appelée impuissance liée à l'âge.
A presque 60 ans, Jacques est l'heureux compagnon d'une jeune femme d'à peine 25 ans. Il pense ressentir l'Amour pour la première fois et multiplie les efforts pour que son insuffisance sexuelle n'entraîne pas la rupture de cette relation.
Des passages sont très drôles, notamment le compte-rendu de consultation auprès d'un urologue.
D'autres sont surprenants, mettant en parallèle la situation du Monde occidental dépendante de l'énergie de pays plus jeunes (ceux du Moyen-Orient), à la sienne, dépendante de l'amour d'une jeune femme qu'il a peur de ne plus pouvoir attiser, faute d'ardeur physique.
Enfin, une conclusion assez déprimante tout à fait à la hauteur de l'état d'esprit des romans de l'auteur écrits dans les 10 années ayant précédé sa mort, qui relativise le sens de l'existence et de la virilité, à l'exercice de haut niveau de la vie sexuelle.
Faut-il préciser que ce roman est très bien écrit, tout comme le reste de l'oeuvre de l'auteur ?
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Un Gary que je n'avais pas lu, un Gary conservé à tout hasard pour l'avenir. Livre sensible, angoissé, désespéré mais guidé par la politesse du désespoir. L'impuissance de l'homme mûr était un sujet tabou et Gary en fait une analyse clinique, sans fards. Il ose montrer le ridicule de ceux qui veulent dissimuler leur décrépitude et le séisme intérieur de voir qu'inexorablement ce qui a été ne peut plus être. Vertigineux aussi dans le rapport avec la mort. A partir de quand, la vie n'a-t-elle plus de sens ? le sexe et la puissance sont-ils le seul oxygène des hommes ? L'amour n'a-t-il de finalité que l'étreinte ? Gary livre sa réponse en indiquant que l'on peut être enterré avant de mourir et dans une pirouette finale se contredire et faire triompher un amour de la décrépitude sexuelle. On ne peut évidemment s'empêcher de penser au suicide de l'auteur, plus déterminé et peut-être, ou non, plus courageux que son héros. On ne peut y voir la même cause : « je me suis enfin entièrement exprimé ». Je veux y voir un accomplissement, un tarissement qui ne concerne pas le sperme ou l'érection, mais de manière plus générale la force vitale et créatrice
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Il y a une peur commune à toute la gente masculine dont on ne parle jamais. Trop crade. Trop cru. Trop gênant. Pourtant et à mon humble avis, il n'existe pas un mec sur Terre à qui ce ne soit pas arrivé : la peur de ne pas y arriver, la peur de ne pas être à la hauteur, bref la peur de ne pas bander. Et, bien entendu, cette peur s'accentue en vieillissant alors que le corps commence à trahir et que tenir une érection plus de deux minutes devient un parcours du combattant. C'est à cette dure épreuve qu'est confronté Jacques Rainier, 59 ans, industriel sur le point de faire en faillite. Vous me direz : c'est notre lot commun, inutile d'en faire un drame. Mais voilà, Jacques Rainier est amoureux, fou amoureux d'une brésilienne d'une vingtaine d'années qui lui rend fougueusement son affection. Quand on n'aime pas, la perte de la virilité est déjà rude à encaisser mais, quand on aime, c'est un calvaire. Car il faut bien combler la femme aimée, lui prouver jour après jour qu'on la désire toujours et éviter à tout prix de voir l'amour se transformer en pitié, le désir en maternalisme. Alors on utilise des béquilles : fantasmes tordus, drogues, médicaments… Mais combien de temps pourra-t-on tenir à ce rythme ? Combien de temps si l'on veut continuer à se considérer comme un homme d'honneur et même un homme tout court ?
Ce livre m'a été frileusement conseillé par mon père qui en avait gardé un souvenir un brin traumatisé. Il faut dire que le sujet est sensible, très sensible et particulièrement pour l'auteur lui-même qui vivait très mal son propre vieillissement. Dans ce roman à fort parfum autobiographique, il a mis beaucoup de lui-même, livrant avec une honnêteté désarmante au lecteur ses angoisses les plus inavouées. Tout le long de son récit, il garde une distanciation amusée, montrant tout ce que la perte de la virilité a de superficiel et de profondément terrifiant à la fois. On en rit, bien sûr, on s'en moque mais seulement pour contrebalancer l'humiliation d'avoir à confesser ses faiblesses à un médecin ou d'entendre sa bien-aimée dire : « Ce n'est pas grave, mon chéri. On essaiera de nouveau la semaine prochaine. » Certains ont vu dans la fin un message d'espoir, mais je ne suis pas sûre de l'interpréter dans ce sens, peut-être plutôt comme une ultime reddition de la vieillesse face à la jeunesse, un dernier sacrifice de Rainier à son aimée. A chacun son interprétation. Un bon livre sur un sujet difficile.
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