Gary écrit cette fois-ci sur la vieillesse, la fin d'une époque, époque où l'Europe était faste, les entreprises aussi et sa propre virilité au sommet.
Mais le protagoniste,
Jacques Lantier, se remet en question après des remarques fortes machistes et capitalistes d'un gros bonnet de l'économie. Commence alors une remise en question de son couple, de son avenir professionnel.
Le parallèle entre l'Europe, sa société et ses érections sont très bien construites, avec des métaphores évidentes entre la disparition des matières premières en Europe, qui concourent à notre perte et la faiblesse du sperme à un tournant de sa vie ...même si la majorité du roman insiste sur ce dernier point.
On se rend compte qu'il faut regarder au-delà, c'est toute une fin de société qu'il reproche et qu'il tente de retarder au maximum espérant un changement, un renouveau ..
"C'est l'Europe puissance, quoi. Bien sûr, c'est du bidon, parce que toutes nos ressources d'énergie, la quasi-totalité des matières premières - plus de quatre-vingts pour cent -, toute cette substance nourricière dont nous ne pouvons nous passer, ce n'est pas dans notre sous-sol qu'elle se trouve, c'est chez les autres, au-delà des océans, dans des pays ni neufs que l'on connait à peine le nom...Mais on continue à faire "comme si" et à parler très haut de notre "indépendance..."
Et bien sur, il a toujours le Gary féministe, et son rapport aux femmes, son respect éternel pour la femme, quitte à en finir pour ne pas la faire souffrir et ne pas avouer son impuissance, mais là encore la femme revêt un caractère fort et puissant ...(du moins dans le livre)
De belles citations, tout au long de ce roman dont la plus connu est sans doute : " IL paraît qu'il ne faut avoir peur du bonheur. C'est seulement un bon moment à passer"
J'ai aimé ce passage, hommage à ma poème favori :
"Si j'étais soucieux de ma "réputation", je quitterai Laura et, plus tard, lorsqu'elle sera bien vieille, un soir, à la chandelle, assise au coin du feu devisant et filant, elle se souviendra du temps qu'elle était belle et murmurera : "A soixante ans, c'était encore un amant magnifique..."
Et deux lignes plus loin, promis je m'arrête là (les autres je les mets dans citations !) :
"Mais voilà : rien ne m'est plus indifférent que ce qui n'est pas toi, mon amour. Je veux bien finir, pourvu que ce soit dans tes bras."
Désolée pour la longueur de cette critique, c'est assez rare, mais je ne peux m'en empêcher lorsque je lis du Gary.