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EAN : 9782070370481
247 pages
Gallimard (22/09/1978)
3.75/5   818 notes
Résumé :
Jacques Rainier, 59 ans, industriel, est aux prises avec des difficultés dans ses affaires au moment même où sa liaison avec Laura, une jeune Brésilienne, lui fait vivre ses jours les plus heureux. Un matin, à Venise, les confidences cyniques et angoissées d'un homme de son âge obsédé par le mythe de la virilité et le déclin sexuel éveillent le soupçon en lui-même, sur lui-même. La peur de l'impuissance, d'abord insidieuse, ensuite envahissante, destructrice, ne le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (80) Voir plus Ajouter une critique
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(Commentaire pour un public averti)
Un homme averti en vaut deux, combien en vaut donc un public averti ?

Avant qu'il ne soit établi que ma jeunesse soit épuisée au point qu'il ne soit plus possible que je bandasse de nouveau, j'eus envie de lire ce roman comme un tuto à ma libido.

Ce livre a été publié en 1975, cette lecture n'avait guère d'intérêt l'année de mes vingt ans mais, Ô Marie, si tu savais tout le mal que je me suis donné pour demeurer un pale mâle à se faire plaisir, qu'aujourd'hui à deux fois l'âge du Christ, ton fils, ce serait bien le diable si j'avais tiré le ticket d'or de la virilité sans limite de validité.

Si ce n'était pas les cas, j'aurais tout de même passé un magnifique moment de lecture à la langue aussi riche que crue, aussi douce que rebelle.

« Vous connaissez l'histoire du gars qui passait son conseil de révision et le médecin lui dit :
« Faites voir vos organes génitaux », et le mec ouvre la bouche, montre la langue et fait « aaaaa… »

Ce roman relate l'amour fort et les amours débridées avec autant de tendresse que de rudesse.
Jacques n'assume pas son déclin sexuel tant que professionnel. Sa superbe tombe en poussière par manque de liquidité et non par sécheresse du coeur ou manque de labeur.
Cet homme d'affaires de haut niveau aime comme un fou une brésilienne de 37 ans sa cadette et ne peut se résoudre au mieux, à éjaculer en poudre.

« C'est un sale truc d'être toujours jeune, quand on vieilli. »

Son immense consternation va expédier Jacques jusqu'à aller rôder dans de sordides bas-fonds débusquer un mâle de remplacement pour pallier à ses défections. Abject.

« C'est un peu comme si je devais te quitter parce que je ne te mérite plus… »

Romain Gary pousse son héros en pleine débandade à d'autres extrémités que je ne saurais vous dévoiler.
« Les traités de paix avec soi-même sont les plus difficiles à conclure. »

En matière de conclusion, je n'ai guère trouvé de réponses à mes lointaines futures problématiques, (Hihihi) mais j'adresse toutes mes excuses à la gent féminine de ce site pour avoir abordé un thème essentiellement masculin.
Tout bien pesé, en ces moments sombres où trop de sujets lourds nous polluent, éviter celui-là aurait été dommage, surtout que le sexe masculin est ce qu'il y a de plus léger au monde, une simple pensée le soulève.




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C'est l'histoire d'un sexagénaire qui rencontre des difficultés en affaires au moment même où, très amoureux d'une jeune brésilienne, sa virilité commence à faiblir. En résumé : tout fout le camp ! Comment va-t-il s'en sortir ?

Grâce à son immense talent de narrateur, Gary, sans apitoiement ni complaisance, nous livre à la première personne, une réflexion parfois crue mais très humaine sur le déclin professionnel et physique - il a lui-même la soixantaine en 1975 au moment où paraît le livre.
Le sujet est certes grave, angoissant, mais servi par le sens des formules percutantes et l'humour de l'auteur, le roman s'achève sur un message d'espoir que je vous laisse le plaisir de découvrir.
L'histoire est fort bien bâtie, magnifiquement écrite, comme toujours chez Gary ; les réflexions combinées à ce qu'il faut de suspense ont fait de ce roman au sujet difficile un très bon moment de lecture.
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Il y a une peur commune à toute la gente masculine dont on ne parle jamais. Trop crade. Trop cru. Trop gênant. Pourtant et à mon humble avis, il n'existe pas un mec sur Terre à qui ce ne soit pas arrivé : la peur de ne pas y arriver, la peur de ne pas être à la hauteur, bref la peur de ne pas bander. Et, bien entendu, cette peur s'accentue en vieillissant alors que le corps commence à trahir et que tenir une érection plus de deux minutes devient un parcours du combattant. C'est à cette dure épreuve qu'est confronté Jacques Rainier, 59 ans, industriel sur le point de faire en faillite. Vous me direz : c'est notre lot commun, inutile d'en faire un drame. Mais voilà, Jacques Rainier est amoureux, fou amoureux d'une brésilienne d'une vingtaine d'années qui lui rend fougueusement son affection. Quand on n'aime pas, la perte de la virilité est déjà rude à encaisser mais, quand on aime, c'est un calvaire. Car il faut bien combler la femme aimée, lui prouver jour après jour qu'on la désire toujours et éviter à tout prix de voir l'amour se transformer en pitié, le désir en maternalisme. Alors on utilise des béquilles : fantasmes tordus, drogues, médicaments… Mais combien de temps pourra-t-on tenir à ce rythme ? Combien de temps si l'on veut continuer à se considérer comme un homme d'honneur et même un homme tout court ?

Ce livre m'a été frileusement conseillé par mon père qui en avait gardé un souvenir un brin traumatisé. Il faut dire que le sujet est sensible, très sensible et particulièrement pour l'auteur lui-même qui vivait très mal son propre vieillissement. Dans ce roman à fort parfum autobiographique, il a mis beaucoup de lui-même, livrant avec une honnêteté désarmante au lecteur ses angoisses les plus inavouées. Tout le long de son récit, il garde une distanciation amusée, montrant tout ce que la perte de la virilité a de superficiel et de profondément terrifiant à la fois. On en rit, bien sûr, on s'en moque mais seulement pour contrebalancer l'humiliation d'avoir à confesser ses faiblesses à un médecin ou d'entendre sa bien-aimée dire : « Ce n'est pas grave, mon chéri. On essaiera de nouveau la semaine prochaine. » Certains ont vu dans la fin un message d'espoir, mais je ne suis pas sûre de l'interpréter dans ce sens, peut-être plutôt comme une ultime reddition de la vieillesse face à la jeunesse, un dernier sacrifice de Rainier à son aimée. A chacun son interprétation. Un bon livre sur un sujet difficile.
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C'est un Romain Gary vieillissant qui prête sa plume au narrateur. Point de plaintes chevrotantes cependant. le personnage nous fait grâce des multiples humiliations quotidiennes du senior. Mais le désastre frappe cependant à sa porte : comment satisfaire celle qui illumine ses jours malgré le gouffre temporel qui les sépare !

Le sujet est délicat, mais l'esprit et l'humour de Romain Gary font merveille. Pas de trivialité, de vulgarité, même si les choses sont énoncées clairement (en particulier lors de désopilantes consultations médicales).

Le style est léger, avec une pointe d'autodérision bienvenue pour un sujet désespérant. Les personnages secondaires ont du panache, que ce soit la jeune brésilienne objet de tous ses désirs ou l'énigmatique Ruiz.

Un sujet tabou traité avec élégance.

247 pages Gallimard 20 septembre 1978

Lien : https://kittylamouette.blogs..
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J'ai passé un excellent moment avec Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable acheté sur une brocante. Je souhaite remercier les babéliotes qui ont déposé une critique. C'est un roman drôle et triste à la fois malgré que le sujet ne s'y prête pas vraiment en l'occurrence l'andropause, c'est aussi un sujet tabou pour de nombreux hommes jusqu'à aujourd'hui. Ce qui m'a le plus touché c'est que le personnage principal, Jacques a une haute estime des femmes et est un vrai gentleman. Une histoire à lire absolument.
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Citations et extraits (188) Voir plus Ajouter une citation
Jamais mes bras ne se sentent plus forts que lorsqu'ils crèvent de tendresse autour de tes épaules.
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Un jour, mon valet de chambre, Maurice, qui ne pardonne rien à la poussière, soulèvera délicatement mon sourire, lui donnera quelques coups de plumeau et le déposera sur l'étagère de la salle de bains parmi mes autres articles d’hygiène.
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Mais dans les bras de Laura, il n'y avait pas d'illusion possible. Jamais je n'avais aimé avec un don si total de moi-même. Je ne me souvenais même plus de mes autres amours, peut-être parce que le bonheur est toujours un crime passionnel : il supprime tous les précédents. Chaque fois que nous étions unis ensemble dans le silence des grandes profondeurs qui laisse les mots à leurs travaux de surface et que, très loin, là haut, les milles hameçons du quotidien flottent en vain avec leurs appâts de menus plaisirs, de devoirs et responsabilités, il se produisait une naissance du monde bien connue de tous ceux qui savent encore cette vérité que le plaisir réussit parfois si bien à nous faire oublier : vivre est une prière que seul l'amour d'une femme peut exaucer.
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- … vous avez la malchance d'avoir une sexualité anormale pour votre âge, excessive, avec des organes qui sont, eux, normaux, et qui font les frais de votre libido. Combien de temps dure en moyenne chaque rapport avec votre partenaire actuelle ?
- Ce n'est pas une partenaire, c'est une femme que j'aime…
- Ça ne change rien du point de vue médical. Combien de temps à peu près ?
- Dix, quinze minutes, la première fois … Je n'en sais rien. Je suis totalement incapable de vous dire.
- La première fois ? Il y a une deuxième ?
- Pour elle seulement.

Il parut ahuri.

- Qu'est ce que vous voulez dire ?
- Je veux dire que j'arrive parfois à bander une deuxième fois pour elle mais que je n'arrive plus à jouir.
- De la folie. De la folie pure et simple. Vous creusez votre tombe. Vous vous rendez compte de ceux qu'ils prennent, votre prostate et vos vaisseaux sanguins, quand vous limez pendant une heure comme une scie mécanique ? Ce sont des méthodes de nazies, monsieur. Et vous vous faites sucer, naturellement.
- Jamais. Au grand jamais. Je ne me "fais pas sucer". Je ne donne pas d'ordre. Putain de merde, docteur, excusez cette expression, puisque vous êtes un ancien médecin militaire, je n'ai jamais dit à une femme "suce-moi". Jamais.
- Ouais, ouais, mais quand elle le fait spontanément pour vous forcer à rebander, vous ne refusez pas ?
- Évidemment que non.
- Et vous vous rendez un peu compte à quelle épreuve sont mis vos organes pendant l'opération, lorsqu'ils n'en peuvent plus et qu'elle les force ? La fellation peut évidemment être utilisée comme une caresse dans le cours normal de l'étreinte, mais certainement pas comme une méthode de réanimation. Quand je vous dis que vous creusez ainsi votre tombe…
- La tombe ne me fait pas peur, au contraire, à condition d'y arriver en pleine possession de mes moyens.

- Et bien sûr, il vous arrive de finir comme ça, oralement. A partir d'un certain âge, la fellation tue deux fois plus vite que l'acte normal. C'est un choc terrible pour le système nerveux et le cerveau, et ses rapports avec les attaques hémiplégie sont bien connus. Vous avez des troubles de la mémoire ?
- Oui de plus en plus souvent. Je fume trop.
- Vous fumez peut-être trop, mais vous vous faites trop fumer aussi


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…un de ces bouquets de fleurs qui partent toujours à la recherche d’un cœur et ne trouvent qu’un vase.
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Videos de Romain Gary (68) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Romain Gary
"Un monument ! Une biographie indispensable pour (re) découvrir Romain Gary, cet auteur incroyable ! " - Gérard Collard.
Dans le Jongleur, Agata Tuszyska peint un portrait unique de Romain Gary, unique auteur à avoir reçu deux fois le Prix Goncourt (pour Les Racines du Ciel et La Vie devant soi), diplomate, scénariste, pilote de guerre, voyageur; et montre comment son personnage va au-delà des limites de la pirouette artistique et des responsabilités humaines.
À retrouver en librairie et sur lagriffenoire.com https://lagriffenoire.com/le-jongleur.html
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