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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Imaginez un homme dont la carrière se compose de métiers comme livreur tricycle chez un glacier, serveur, journaliste, garçon de course, écrivain, mitrailleur, navigateur, bombardier, aviateur, diplomate, ambassadeur, consul de France à Los Angeles, chargé d'affaires en Bolivie, porte-parole aux Nations Unies, scénariste à Hollywood, auteur, metteur en scène, réalisateur etc… Cet homme n'existe pas me direz-vous, ou alors c'est un caméléon. Oui, exactement, c'est Romain Gary. le caméléon qu'on pose sur un tapis écossais et qui ne devient pas fou mais écrivain, dixit De Gaulle.

Romain Gary est l'homme aux mille facettes qui peint le monde avec la fureur de vivre. Il retrace son parcours, quelques mois avant de se donner la mort, dans le Sens de ma vie, entretien radiophonique de 1980 ici retranscrit. Un livre époustouflant.

On découvre une vie de chevauchée fantastique truffée d'anecdotes hilarantes et d'épisodes burlesques. Avec Gary, tout devient possible.

Le petit garçon russe, fauché, réalise un à un les voeux de sa mère dévouée, qui le voyait déjà en haut de l'affiche. “Tu seras un grand écrivain, tu seras ambassadeur de France”. Gary s'exécute et incarne chaque fantasme édifié par la figure maternelle. L'histoire a fait de lui un tombeur, marié à la belle Jean Seberg, un affabulateur précoce, un pittoresque faussaire de lui-même (deux fois lauréat du Prix Goncourt), une canaille à l'humour irrésistible, un “cosaque casseur”. Ce portrait de légende est bien éloigné de celui du Sens de ma vie. Gary est un Autre, qui dit ne pas avoir choisi sa vie mais ayant été vécu (vaincu ?) par elle. Un homme objet plus que sujet. "Vous me demandez de raconter un peu ma vie, sous prétexte que j'en ai une, je n'en suis pas tellement sûr parce que je crois surtout que c'est la vie qui nous a, qui nous possède." Entre strass et désespoir, le portrait d'un homme complexe. Gary brouille les pistes. Qui est-il vraiment ? Nul ne le saura jamais. Un magicien qui a le sens du tragique.

Pour connaître le sens de la vie de Romain Gary, lisez ce livre. Pour connaître le sens de la fin sa vie, lisez sa lettre d'adieu ci-dessous :

Pour la presse. Jour J. Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du coeur brisé sont priés de s'adresser ailleurs.

On peut mettre cela évidemment sur le compte d'une dépression nerveuse. Mais alors il faut admettre que celle-ci dure depuis que j'ai l'âge d'homme et m'aura permis de mener à bien mon oeuvre littéraire. Alors, pourquoi? Peut-être faut-il chercher la réponse dans le titre de mon ouvrage autobiographique, La nuit sera calme, et dans les derniers mots de mon dernier roman: “Car on ne saurait mieux dire”.

Je me suis enfin exprimé entièrement.

Lien : http://desmotscritiques.tumb..
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Roman Kacew, dit Romain Gary, est un diplomate et romancier français, de langues française et anglaise, né en 1914 à Vilna dans l'Empire russe (actuelle Vilnius en Lituanie) et mort par suicide en décembre 1980 à Paris. Important écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, il est également connu pour la mystification littéraire qui le conduisit, dans les années 1970, à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Emile Ajar, en les faisant passer pour l'oeuvre d'un tiers. Il est ainsi le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises, sous deux pseudonymes, en tant que Romain Gary avec Les Racines du ciel (1956) duquel il réclame « la qualité de premier auteur à avoir écrit un livre sur la défense de l'environnement et la protection de la nature » et pour Emile Ajar avec La Vie devant soi (1975).
Le Sens de ma vie (2014), qui vient d'être réédité en poche, est en fait la retranscription d'un entretien filmé accordé à Radio-Canada en 1980, quelques mois avant le suicide de l'écrivain. S'agissant du verbatim de l'émission, on n'y cherchera ni le style, ni le poli de l'écrit. Par contre c'est un excellent moyen de faire connaissance avec cet homme au destin extraordinaire, cette centaine de pages condensant des faits déjà développés, plus longuement, dans ses deux ouvrages autobiographiques, La Promesse de l'aube (1960) et La Nuit sera calme (1974).
Quelle vie, quel parcours ! Gary arrive en France à l'âge de quatorze ans avec sa mère et tous deux s'installent à Nice. Des études de droit puis il s'engage dans l'aviation et rejoint le général De Gaulle à Londres en 1940. Un premier roman en 1945. Cette même année il entre au Quai d'Orsay en tant que diplomate, ce qui l'envoie à Sofia, New York, Los Angeles, La Paz. Un second mariage avec l'actrice Jean Seberg (1963-1970), laquelle se suicidera en 1980. Des romans et des textes à la pelle, plus d'une trentaine sous son nom et une petite dizaine sous divers pseudonymes. Ajoutons-y la réalisation de deux films dont Les Oiseaux vont mourir au Pérou (1968) et vous n'avez-là que les grandes lignes des occupations diverses du bonhomme.
Quand on entre dans les détails c'est encore plus gratiné, digne d'un roman d'aventure de grande envergure. On y voit le rôle important de sa mère (la fameuse mère juive…) et l'invraisemblable épilogue, l'écrivain ne découvrant que trois après le décès de celle-ci ! Sa ténacité à vouloir combattre l'ennemi et son « attachement total et profond » pour le général De Gaulle, à travers des anecdotes extravagantes. Et dans le genre pas croyable, cet épisode croquignolet autant qu'abracadabrant de chantage sexuel auquel il refusera de se soumettre quand il était diplomate et victime des Bulgares…
Il semble que tout ce qui est dit ici soit globalement vrai, pourtant je ne vous cacherai pas que parfois je me suis interrogé. Un homme ayant tellement bourlingué, usé de stratagèmes pour aboutir à ses fins, de pseudonymes divers en littérature au point d'être fait Goncourt deux fois, d'avoir proposé à son éditeur Gallimard deux fois le même bouquin Les couleurs du jour (1952) et Les Clowns lyriques (1979), un tel homme peut-il être cru sur parole ? Me revenait en mémoire cette célèbre citation « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende » (L'Homme qui tua Liberty Valence)…
L'entretien s'achève sur une remarque de doute ou de léger désarroi, Romain Gary l'homme d'action, aurait-il été manipulé par la vie/le destin ? « J'ai l'impression d'avoir été vécu par ma vie, d'avoir été objet d'une vie plutôt que de l'avoir choisie… » Quelques mois plus tard, il mettra un terme à cette vie, d'une balle de Smith & Wesson dans la bouche.
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N°832 – Novembre 2014.

Le sens de ma vie – Romain Gary - Gallimard

« Mon fils sera ambassadeur de France, mon fils sera un grand écrivain » ainsi parlait la mère de Romain Gary. Je suis toujours fasciné par les paroles de pythonisse, surtout quand elles se réalisent même partiellement. Ce livre est la retranscription d'un entretient qu'il accorda à Radio Canada en 1980. Au cours de celui-ci il indiqua, un peu comme une excuse : « Je pense ne pas avoir assez de vie devant moi pour écrire un autre autobiographie » Effectivement quelques mois après il mettait fin à ses jours. Cette affirmation laissait à penser qu'il était l'homme d'un seul livre c'est à dire que tous ses romans étaient d'inspiration autobiographique. Effectivement, dans chacun de ses livres, il fait allusion a une ou plusieurs expériences personnelles. J'ai toujours pensé que les grands écrivains exploitaient ainsi leur vie dans une longue exploration égocentrique et étaient en quelque sorte des transcripteurs de leur propre vie.

D'une manière générale, à une époque où il faut absolument être efficace, on peut s'interroger sur la fonction de l'écrivain surtout quand il se cantonne dans la fiction et qu'il évite soigneusement le scandale où les révélations croustillantes. On peut aussi juger la qualité d'un auteur à l'expression de son raisonnement ou à ce qu'il réussit à tisser un décor qui dépayse, le lecteur échappant ainsi le temps du roman, à un quotidien qui de plus en plus est déprimant. Il est possible de se demander si son oeuvre, qui est le plus souvent axée sur un égocentrisme qui le conduit à se considérer lui-même comme quelqu'un d'exceptionnel, n'a d'autre intérêt que de lui faire gagner de l'argent ou de la notoriété. Il y a certes, le bon usage de la langue et j'ai déjà dit ici le plaisir que j'éprouve à la lecture d'un texte bien écrit dont les mots, judicieusement choisis, chantent agréablement. Il y a aussi, à mon sens, la capacité de s'ausculter, s'analyser soi-même, de préférence sans concession, ce qui permet, le cas échéant aux lecteurs de se retrouver puisque l'écrivain est avant tout un homme avec ses préoccupations, ses douleurs, ses souvenirs. Mettre des mots sur ses maux personnels peut être un soutient pour qui veut bien les lire. Parlant de lui, il parle en fait de l'humanité et c'est sans cela qu'il est un miroir révélateur de nous-mêmes. Pourtant il se peut, et ce n'est pas là faire injure à un auteur, que les mots n'expriment pas complètement la totalité de la pensée, soient toujours un peu en retrait, volontairement ou malgré soi à cause des convenances ou d'une certaine impossibilité de s'exprimer, de formuler les choses aussi correctement qu'on le souhaiterait.

En ce qui concerne Romain Gary, il confie ici à l'interviewer et à travers lui au lecteur, combien sa vie a été placée sous le signe de la violence mais qu'il a surtout fait prévaloir son amour pour la France, son pays d'adoption qu'il a servi de bien des manières, lui le fils d'émigrés russes. Il ne manqua pas, à l'occasion, de dénoncer l'hypocrisie, le mensonge voire les contradictions de certaines institutions, le plus souvent sous un pseudonyme. Il refait en raccourci son parcours en insistant sur l'écriture d'une oeuvre dont il menait le développement au rythme de ses expériences. Ça, c'est pour l'image publique, celle d'un trublion, d'un marginal qui sut se moquer, parfois avec génie du monde qui l'entourait. Pourtant au fil de l'interview, il révèle que, durant sa vie, il a joué un personnage, tissé par lui-même et par les médias et qu'il ne faut pas chercher dans ce qu'il écrit une quelconque ressemblance avec sa véritable personnalité, pointant ainsi du doigt un paradoxe et mettant à mal mon interrogation et aussi mes certitudes. Il évoque « ce petit tas de secrets » cher à Malraux que l'écrivain se doit de garder pour lui. Dès lors qu'en est-il de cet effet miroir de dont je parlais tout à l'heure ? Peut-on penser que ce qu'il a écrit n'était rien d'autre qu'un exercice de style ? Je n'ai qu'une connaissance très partielle du personnage et de l'oeuvre mais je ne cesse de m'interroger sur un homme dont, à mes yeux et peut-être à tort, la vie et l'écriture ont été intimement liées, quelqu'un qui a su admirablement nommer les choses qui lui arrivaient, caractériser les situations, mettre sur elles des mots avec une étonnante maîtrise du vocabulaire et aussi avec humour de bon aloi, mais dont le dernier message, griffonné avant de mettre fin à ses jours, était « Je me suis enfin exprimé complètement ».


©Hervé GAUTIER – Novembre 2014 - http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Retranscription posthume d'une série d'entretiens accordés par l'auteur à Radio Canada, peu de temps avant sa mort.


Romain Gary est né en Lituanie en 1916, immigrant en Pologne il se retrouve en France par la volonté d'une mère qui avait rêvé le destin de son fils et était profondément amoureuse de cette patrie.

Il s'engage dans l'aviation dès le début de la guerre et rejoint les forces françaises libres à Londres où il est le premier aviateur français à combattre.

Il reste huit ans dans l'armée qu'il quitte avec le grade de lieutenant-colonel pour rejoindre le corps diplomatique au titre des services rendus à la nation. Il passera de 17 ans au service étranger, sa carrière s'achevant en qualité de consul de France à Los Angeles. Son destin littéraire a pris une telle ampleur et sa vie c'est si compliqué suite à son mariage avec Jean Sieberg qu'il décide de se consacrer exclusivement à la littérature et à la collaboration d'écriture cinématographique. Il a été scénariste du « jour le plus long » ainsi que de quantité de projets qui n'ont jamais vu le jour.

Romain Gary a écrit toute sa vie depuis l'âge de neuf ans. En russe, en polonais, en français puis en américain. Il se définit lui-même comme un caméléon. C'est un des seuls cas où un artiste réalise quatre mues culturelle successive tout au long de sa vie. Loin d'être déraciné, il a toujours possédé une solide conscience de ses origines et de ses racines.

Selon lui il n'a pas eu de vie ; c'est la vie à qui il a appartenu . La richesse de son existence n'est pas due à ses choix mais s'est imposée comme cela, dans le tumulte du siècle, au contact des évènements et des grands hommes qui l'ont fait. On voudrait tous avoir vécu sa vie. Être reconnu pour son nom et pour son talent. Romain Gary ; Émile Ajar…

La lecture de ce livre laisse tout de même le gout d'un gentil baratin d'un homme qui se livre superficiellement et laisse un message de bonheur quelques mois avant d'accomplir son suicide. Il reste de cette lecture quelques anecdotes agréablement dites aimables entendre mais qui ne donne aucune clé permettant de comprendre l'accomplissement du destin tragique qu'il a choisi de clore.

Romain Gary a fait la fortune de son éditeur.....On ne trouve plus de manuscrit inachevé dans ses tirroirs, mais il y a toujours moyen de faire de l'argent grâce à lui....
Lien : http://encrerouge-varga.blog..
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juste par curiosité, pour voir si ce que dit l'homme de lui ressemble à l'image que je m'en étais faite...
et je m'aperçois qu'il parle comme il écrit ;-)
et je trouve cela extraordinaire
et que c'est un homme qui a su construire un mythe autour de lui (je ne parle pas seulement d'Ajar!) et qui a travaillé cela, qui a réinventé sa vie, l'a recrée, l'a modelée, et qu'il ne l'a pas fait que dans ses livres... un destin extraordinaire certes, une vie incroyable, mais...il me semble qu'il y a un manque de lâcher prise, une exigence continue, un carcan...
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