AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,86

sur 119 notes
5
4 avis
4
13 avis
3
5 avis
2
0 avis
1
0 avis
Quelle étrange sensation que cette lecture ! J'ai eu le sentiment, pendant tout le temps de ma lecture, que Romain Gary, assis devant moi, me racontait « le sens de ma vie ». Ces entretiens, accordés à Radio-Canada, peu de temps avant son suicide, le 2 décembre 1980, lèvent un modeste voile sur son oeuvre et sur son histoire !

C'est vrai qu'avec Romain Gary, nous ne sommes jamais certains de rien. Entre la légende dont il a entouré sa naissance, ses multiples noms d'auteurs et surtout, la mystification Ajar, qui lui a permis d'être le seul écrivain à obtenir deux fois le Goncourt, son image est entourée d'un halo opaque. Et rajouter à cela, toutes les théories des uns et des autres, il devient difficile de faire la part des choses. Mais certains biographes veillent comme l'excellente biographie de Myriam Anissimov, très fouillée, très bien documentée. Ce livre laisse transparaitre l'extraordinaire humanité de cet auteur qui a fait de sa vie un roman.

D'où l'intérêt de cet entretien qui vient en complément et met en lumière la complexité de cet auteur en rapport avec la complexité des évènements qui ont marqué sa vie. Mais il y a des passages comme les lettres que lui a envoyées Mina, qui fleurent bon la sincérité. Enfin, moi je veux y croire. Inconditionnelle, je lui pardonne tout et j'éprouve toujours ce même bonheur à mettre mes pas dans les siens.

Mina, quel impact elle a eu sur la vie de son fils ! Quel amour il lui porte ! Toutes ses injonctions, il les a réalisées mais a-t-il vraiment vécu sa propre vie ? Ce qui est certain c'est que Mina a mis au monde l'un des plus grands auteurs de cette deuxième partie du XXème siècle et je lui en suis reconnaissante.

Il ne parle pas de Jean Seberg. Mais pour ses lectrices et lecteurs, pour ses admiratrices et admirateurs, la fin de Jean restera un mystère !

J'ai écouté avec émotion ces instants où il raconte dans quelles circonstances il a écrit Education Européenne. Je me suis remémorée le billet de notre ami ODP31 qu'il avait écrit au sujet de ce livre. Comme quoi, nous entrons les uns et les autres, grâce et par la magie de la littérature, en résonnance avec les auteurs. Rien ne se perd !

A la fin de cet entretien, il dit :

« Je puis donc simplement dire que mon rapport avec les femmes a été d'abord un respect et une adoration pour ma mère qui s'est sacrifiée pour moi et un amour des femmes dans toutes les dimensions de la féminité y compris bien sûr celle de la sexualité. On ne comprendra absolument jamais rien à mon oeuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour et presque toujours l'amour de la féminité ».

Et plus loin :

« Je voudrais simplement avoir encore le temps de continuer dans la même direction aussi longtemps que possible et je le dis tout de suite, pas tellement pour écrire d'autres romans et en tirer je ne sais quelle gloire, mais simplement par amour de la féminité, par amour de la femme et je crois que l'on trouvera cet amour, on trouvera cette fidélité dans mon nouveau roman qui s'appelle « Les Cerfs-Volants ». Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard quand on parlera de Roman Gary, une autre valeur que celle de la féminité ».

Chapeau l'artiste ! Jusqu'au bout tu auras été romanesque!
Commenter  J’apprécie          5415
« On ne comprendra absolument jamais rien à mon oeuvre si l'on ne comprend pas le fait très simple que ce sont d'abord des livres d'amour et presque toujours l'amour de la féminité …/… Et je ne voudrais simplement pas qu'il y ait plus tard, quand on parlera de Romain Gary, une autre valeur que celle de la féminité ».

Ainsi parlait Romain Gary quelques mois avant sa mort dans un entretien radiophonique autobiographique intégralement restitué dans le sens de ma vie, préfacé par le grand Roger Grenier. de sa naissance en Russie au début du XXe siècle à sa reconnaissance littéraire, Gary passe en revue toutes les facettes d'un homme aux mille vies.

Défilent ainsi le résistant, le soldat, le diplomate, le journaliste, le scénariste et, bien entendu, l'écrivain, le seul officiellement connu à l'époque avant la révélation posthume du double. Des anecdotes, drôles ; des rencontres, nombreuses, certaines plus marquantes que d'autres : l'admiration pour De Gaulle, l'irrésistible Groucho Marx, l'ami Gary Cooper et Jean Seberg, à la fois amour et blessure.

Si la première partie de sa vie marquée par la figure maternelle donne l'impression de relire La Promesse de l'aube, la confession finale sur le sens de la vie by Gary donne tout son intérêt au livre et surprend le lecteur peu familier de l'auteur. À l'aube de sa vie, il y parle écologie, identité ou féminité, avec simplicité et une touchante sincérité, même si avec un tel esprit, le doute de l'entourloupe subsiste toujours…

Et religion aussi, lui le catholique né d'une mère juive et d'un père orthodoxe : « Je pense que si le christianisme n'était pas tombé entre les mains des hommes mais entre les mains des femmes, on aurait eu aujourd'hui une toute autre vie, une toute autre société, une toute autre civilisation ».

Le livre refermé, une seule envie : vite, un Gary !
Commenter  J’apprécie          394
Ce recueil tiré d'un entretien réalisé pour la télévision canadienne, quelques mois avant la mort de Romain Gary, est un formidable éclairage sur la vie et l'oeuvre de cet auteur fabuleux. Bien que beaucoup trop court. Comme le flash de celui qui revisite son existence avant de basculer dans l'au-delà.

Il suffit de lire cette subtile conception, pour l'agnostique qu'il a été, entre la parole du Christ et la féminité pour reconnaître l'aura qui gouverne sa pensée intime dans tous ses ouvrages.

Indispensable pour qui se passionne pour cet auteur.
Commenter  J’apprécie          320
Dans la préface Jean Grenier parle de confidences, mais Romain Gary y dévoile, aussi, des anecdotes, donne ses opinions, ses espoirs mais aussi ses déceptions, ses déconvenues, ses humiliations.
Une lecture indispensable pour mieux approcher la personnalité de cet écrivain caméléon.
Commenter  J’apprécie          291
Je n'ai pas toujours la motivation et le temps nécessaires pour réaliser des critiques très détaillées et, parfois, le livre s'y prête peu. Jusqu'ici je m'abstenais alors d'écrire mais plusieurs amis m'ont dit qu'un avis bref les intéresserait. Donc je tente ce que je vais intituler « critique sommaire » [CS] en inaugurant avec ce petit ouvrage d'un grand auteur que j'adore : Romain Gary.
*
« le sens de ma vie » est un entretien retranscrit avec Romain Gary, sa spécificité étant que c'est sans doute le dernier avant son suicide et, d'une certaine façon, son testament. Qui connaît bien l'auteur ne trouvera, sauf dans la dernière partie, pas grand-chose qu'il n'aura pas lu ailleurs, en particulier dans « La promesse de l'aube » et dans « La nuit sera calme ». Pour autant cette synthèse et, surtout, la tonalité du récit proposent un nouvel éclairage sur cette personnalité fascinante et complexe. En ce sens je le conseille vivement à qui est passionné par cet écrivain. Ajoutons que la lecture est très agréable, sans surprise, avec des anecdotes savoureuses.
.
En revanche et pour qui voudrait découvrir ce romancier je conseillerais plutôt de débuter par ses grands romans ou ses deux autres livres autobiographiques (3 avec « Chien blanc » d'une certaine façon). Mes choix seraient, sans classement particulier : « Éducation européenne » (premier livre écrit alors que Gary combattait pour la France Libre en tant qu'aviateur), « Les oiseaux vont mourir au Pérou » (recueil de nouvelles), Lady l'(très drôle), « Les têtes de Stéphanie » (distrayant et marqué par les expériences diplomatiques de Gary), « Les racines du ciel » (Goncourt et « premier roman écologique »), « Chien blanc » (témoignage très marquant sur le racisme aux USA ), « La promesse de l'aube » (Les relations du jeune Gary avec la femme parfois sidérante qu'était sa mère, ouvrage majeur), « Au-delà de cette limite votre ticket n'est plus valable » (livre de réflexions sur l'impuissance et le déclin en général, des hommes comme de l'occident, fort intéressant), « Les cerfs-volants », livre optimiste écrit juste avant le suicide de l'auteur, charmant et profond… Je me limite à cette courte liste à regret tant les livres remarquables de cet écrivain sont nombreux !
.
Bonnes lectures !
Commenter  J’apprécie          2911
Imaginez un homme dont la carrière se compose de métiers comme livreur tricycle chez un glacier, serveur, journaliste, garçon de course, écrivain, mitrailleur, navigateur, bombardier, aviateur, diplomate, ambassadeur, consul de France à Los Angeles, chargé d'affaires en Bolivie, porte-parole aux Nations Unies, scénariste à Hollywood, auteur, metteur en scène, réalisateur etc… Cet homme n'existe pas me direz-vous, ou alors c'est un caméléon. Oui, exactement, c'est Romain Gary. le caméléon qu'on pose sur un tapis écossais et qui ne devient pas fou mais écrivain, dixit De Gaulle.

Romain Gary est l'homme aux mille facettes qui peint le monde avec la fureur de vivre. Il retrace son parcours, quelques mois avant de se donner la mort, dans le Sens de ma vie, entretien radiophonique de 1980 ici retranscrit. Un livre époustouflant.

On découvre une vie de chevauchée fantastique truffée d'anecdotes hilarantes et d'épisodes burlesques. Avec Gary, tout devient possible.

Le petit garçon russe, fauché, réalise un à un les voeux de sa mère dévouée, qui le voyait déjà en haut de l'affiche. “Tu seras un grand écrivain, tu seras ambassadeur de France”. Gary s'exécute et incarne chaque fantasme édifié par la figure maternelle. L'histoire a fait de lui un tombeur, marié à la belle Jean Seberg, un affabulateur précoce, un pittoresque faussaire de lui-même (deux fois lauréat du Prix Goncourt), une canaille à l'humour irrésistible, un “cosaque casseur”. Ce portrait de légende est bien éloigné de celui du Sens de ma vie. Gary est un Autre, qui dit ne pas avoir choisi sa vie mais ayant été vécu (vaincu ?) par elle. Un homme objet plus que sujet. "Vous me demandez de raconter un peu ma vie, sous prétexte que j'en ai une, je n'en suis pas tellement sûr parce que je crois surtout que c'est la vie qui nous a, qui nous possède." Entre strass et désespoir, le portrait d'un homme complexe. Gary brouille les pistes. Qui est-il vraiment ? Nul ne le saura jamais. Un magicien qui a le sens du tragique.

Pour connaître le sens de la vie de Romain Gary, lisez ce livre. Pour connaître le sens de la fin sa vie, lisez sa lettre d'adieu ci-dessous :

Pour la presse. Jour J. Aucun rapport avec Jean Seberg. Les fervents du coeur brisé sont priés de s'adresser ailleurs.

On peut mettre cela évidemment sur le compte d'une dépression nerveuse. Mais alors il faut admettre que celle-ci dure depuis que j'ai l'âge d'homme et m'aura permis de mener à bien mon oeuvre littéraire. Alors, pourquoi? Peut-être faut-il chercher la réponse dans le titre de mon ouvrage autobiographique, La nuit sera calme, et dans les derniers mots de mon dernier roman: “Car on ne saurait mieux dire”.

Je me suis enfin exprimé entièrement.

Lien : http://desmotscritiques.tumb..
Commenter  J’apprécie          190
J'avais envie de lire "Lady L" ou "Chien blanc", mais "Le sens de ma vie" était le seul livre de Romain Gary disponible à la bibliothèque ce jour-là.
Dans cette transcription d'une interview accordée à Radio-Canada, Romain Gary revient sur sa vie, ses oeuvres (exception faite de celles écrites sous le pseudonyme d'Émile Ajar puisque la révélation n'a pas encore eu lieu) mais aussi sur ses rencontres et son image.

Comme souvent chez cet auteur, on ne sait pas trop ce qui tient de l'autobiographie ou du romanesque. Mais après tout, quelle importance ? Cet entretien apporte un éclairage intéressant sur certains de ses romans, et notamment ses sources d'inspiration. La dernière partie, consacrée à la place de la féminité et à l'importance de la figure de Jésus Christ est étonnante.

Une excellente pioche pour un livre emprunté "par défaut" !
Commenter  J’apprécie          121
Écrivain doué, Gary formidable conteur doit son talent à son extraordinaire vie. Une mère russe qui lui fait apprendre la Marseillaise, Gary se réclamera jusqu'à la fin fier d'être français ( voilà qui est admirable de nos jours). Détenteur d'une vie picaresque, cet entretien est un roman à lui seul tant sa vie fut une aventure. A lire et relire sans modération. Espérons que Gallimard pense à lui donner la place qu'il mérite dans sa Pleiade.
Commenter  J’apprécie          100
On se prend à réfléchir.
Si cette vie si dense, si romanesque, si chargée de gloire et de succès, Romain Gary a pu nous la faire parcourir en une paire d'heure, en combien de temps et à quoi pourrait se résumer la nôtre ?
Quel est le sens de nos vies ?
Avons-nous su tisser notre légende personnelle ?

J'ai été frappé en l'espace de 100 pages par cette notion de vie qui nous « bobine », selon l'expression même de Romain Gary, plus que nous ne la tenons.
Bobine… Au sens probablement de ces trois Parques.
Clotho filant nos destinées, Lachésis, déroulant le fil et la bobine et enfin Atropos, celle qui le coupe.
Gary a devancé Atropos, voilà tout.
Sa vie fut tissé du fil de ces héros antiques, de ce ceux sur qui veillaient les dieux.
Et on reste étonné par les prémonitions qui l'accompagnent, celles de la mère de Gary : « Tu seras écrivain et ambassadeur de France » et celles de Gary, même. Etonné de son don de prophétie qui le fait se trouver au front ou même devançant tous les combats de son temps qu'ils soient contre le nazisme, pour l'écologie, contre la ségrégation et le racisme, pour le féminisme…
Contre ou pour quelle cause, Gary, qui nous manque tant, se lèverait-il aujourd'hui ?

Commenter  J’apprécie          80
Roman Kacew, dit Romain Gary, est un diplomate et romancier français, de langues française et anglaise, né en 1914 à Vilna dans l'Empire russe (actuelle Vilnius en Lituanie) et mort par suicide en décembre 1980 à Paris. Important écrivain français de la seconde moitié du XXe siècle, il est également connu pour la mystification littéraire qui le conduisit, dans les années 1970, à signer plusieurs romans sous le nom d'emprunt d'Emile Ajar, en les faisant passer pour l'oeuvre d'un tiers. Il est ainsi le seul romancier à avoir reçu le prix Goncourt à deux reprises, sous deux pseudonymes, en tant que Romain Gary avec Les Racines du ciel (1956) duquel il réclame « la qualité de premier auteur à avoir écrit un livre sur la défense de l'environnement et la protection de la nature » et pour Emile Ajar avec La Vie devant soi (1975).
Le Sens de ma vie (2014), qui vient d'être réédité en poche, est en fait la retranscription d'un entretien filmé accordé à Radio-Canada en 1980, quelques mois avant le suicide de l'écrivain. S'agissant du verbatim de l'émission, on n'y cherchera ni le style, ni le poli de l'écrit. Par contre c'est un excellent moyen de faire connaissance avec cet homme au destin extraordinaire, cette centaine de pages condensant des faits déjà développés, plus longuement, dans ses deux ouvrages autobiographiques, La Promesse de l'aube (1960) et La Nuit sera calme (1974).
Quelle vie, quel parcours ! Gary arrive en France à l'âge de quatorze ans avec sa mère et tous deux s'installent à Nice. Des études de droit puis il s'engage dans l'aviation et rejoint le général De Gaulle à Londres en 1940. Un premier roman en 1945. Cette même année il entre au Quai d'Orsay en tant que diplomate, ce qui l'envoie à Sofia, New York, Los Angeles, La Paz. Un second mariage avec l'actrice Jean Seberg (1963-1970), laquelle se suicidera en 1980. Des romans et des textes à la pelle, plus d'une trentaine sous son nom et une petite dizaine sous divers pseudonymes. Ajoutons-y la réalisation de deux films dont Les Oiseaux vont mourir au Pérou (1968) et vous n'avez-là que les grandes lignes des occupations diverses du bonhomme.
Quand on entre dans les détails c'est encore plus gratiné, digne d'un roman d'aventure de grande envergure. On y voit le rôle important de sa mère (la fameuse mère juive…) et l'invraisemblable épilogue, l'écrivain ne découvrant que trois après le décès de celle-ci ! Sa ténacité à vouloir combattre l'ennemi et son « attachement total et profond » pour le général De Gaulle, à travers des anecdotes extravagantes. Et dans le genre pas croyable, cet épisode croquignolet autant qu'abracadabrant de chantage sexuel auquel il refusera de se soumettre quand il était diplomate et victime des Bulgares…
Il semble que tout ce qui est dit ici soit globalement vrai, pourtant je ne vous cacherai pas que parfois je me suis interrogé. Un homme ayant tellement bourlingué, usé de stratagèmes pour aboutir à ses fins, de pseudonymes divers en littérature au point d'être fait Goncourt deux fois, d'avoir proposé à son éditeur Gallimard deux fois le même bouquin Les couleurs du jour (1952) et Les Clowns lyriques (1979), un tel homme peut-il être cru sur parole ? Me revenait en mémoire cette célèbre citation « Quand la légende dépasse la réalité, alors on publie la légende » (L'Homme qui tua Liberty Valence)…
L'entretien s'achève sur une remarque de doute ou de léger désarroi, Romain Gary l'homme d'action, aurait-il été manipulé par la vie/le destin ? « J'ai l'impression d'avoir été vécu par ma vie, d'avoir été objet d'une vie plutôt que de l'avoir choisie… » Quelques mois plus tard, il mettra un terme à cette vie, d'une balle de Smith & Wesson dans la bouche.
Commenter  J’apprécie          70




Lecteurs (286) Voir plus



Quiz Voir plus

Tout sur Romain Gary

Dans quelle ville est né Romain Gary ?

Kaunas
Riga
Vilnius
Odessa

12 questions
611 lecteurs ont répondu
Thème : Romain GaryCréer un quiz sur ce livre

{* *}