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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Je ferais ici un parallèle pour peut être maladroit mais ce livre a fait écho en moi, au film d'Hayao Miyazaki le garçon et le héron.

C'est un livre poignant, autobiographique, au moins en partie, à n'en pas douter qui m'a remuée. Tout comme ce film l'imaginaire et le réel dans sa brutalité se tutoient, se répondent, et se font grandir mutuellement.

Le personnages principal et son vécu ou son regard sur des situations m'a semblé trop précis pour ne pas être une inspiration d'un personnage réel, voir de l'auteur. Son lien fort avec son oncle et son lien avec son monde qui disparaît et un monde un reconstruire m'ont vraiment évoqué ce film.

Les analyses et réflexions sur l'amour du passé incarné tantôt par une femme, tantôt par la France sont saissisantes et émouvantes. Les réflexions sur la guerre, la déportation, l'horreur des camps sont à peine entamées mais synthétisées dans des phrases courtes, poignantes, sans pathos et qui m'ont vraiment touchée, et que j'ai intégrée.

Une lecture inoubliable pour moi, structurante. J'aurai un reproche à adresser, mais propre à la rédaction de ce livre : je me suis quelquefois perdue dans les temporalités.
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Il s'agit du dernier livre écrit par Romain Gary. le style est très différent des "Racines du ciel". Ici la lecture est fluide avec une dose de suspens et des rebondissements.

Ca m'a beaucoup rappelé certains livres de John Irving (L'oeuvre de Dieu la part du diable" ou "Une prière pour Owen"): un narrateur qui nous raconte sa propre histoire alors que lui même connait la fin et un certaine dimension mystique, presque surnaturelle (la mémoire extraordinaire de Ludo, le destin qui le lie à Lila…)

C'est donc une histoire d'amour, au temps de la seconde guerre mondiale, en Normandie, dans la France occupée donc, où l'on "fait le dos rond", où l'on fait de la résistance.. c'est selon..
Un véritable roman historique, une oeuvre de mémoire, les personnages sont magnifiques et complexes, on ne verse pas dans le patriotisme facile.

Un texte qui parle des valeurs humaines, et inhumaines (mais l'inhumain n'est-il pas humain?). Je suis ressorti avec une bonne dose d'espoir, d'optimisme, de fraternité et de pardon. D'utilité publique par les temps qui courent…


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Splendide ! La plume, la verve, l'esprit de Gary sont éblouissants dans ce roman narrant l'amour, la guerre, la résistance. Malgré des sujets dramatiques, l'auteur ne tombe jamais dans le pathos et conserve une légèreté empreinte d'optimisme qui fait un bien fou au moral. J'ai adoré le personnage rêveur de Ludo, Ambroise le génie fou, Lilas la polonaise irrévérencieuse et ce village normand.
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Une belle découverte !

C'est à la fois une belle mais aussi une troublante lecture 🙃

Ce ne n'est pas seulement une histoire d'amour, ni une histoire sur la seconde guerre mondiale ou un histoire de folie... c'est un tout.

J'ai bien aimé ce roman qui sort, justement, des sentiers battus. L'écriture est fluide malgré une mise en page serrée. le côté addictif venant petit a petit, cela permet de passer outre.

Ludo est un jeune homme complexe et tellement généreux. On suit son évolution à une époque où chaque destin peut basculer.

Une découverte de L'écriture de Romain Gary, pour moi.
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Voilà bien longtemps que je n'avais lu Romain Gary. Une critique enthousiaste d'une amie babelionaute m'a incitée à renouer avec cet auteur si prolifique et dont la vie elle-même fut un véritable roman.
Ce qui m'a impressionnée dans Les cerfs-volants écrit deux ans avant le suicide de Romain Gary , c'est son côté hymne à la vie, à l'espoir... Aucune noirceur , au contraire un sens du jeu, un humour facétieux, un don de conteur qui fait mouche, surtout dans la troisième partie où l'auteur relate les aventures du héros narrateur, Ludo, dans la Résistance française, en enchaînant les épisodes avec un sens du rythme narratif qui ne faiblit pas jusqu'à l'apothéose finale qui nous fait basculer dans un récit épique grand guignolesque mais néanmoins férocement drôle et haletant.
Et que dire des personnages sinon qu'ils cachent tous en eux une part plus ou moins discernable de l'auteur. Ce n'est d'ailleurs pas Ludo le personnage principal qui est gagnant à ce petit jeu des devinettes... du côté identités multiples, se détache Mme Julie Espinoza, une mère maquerelle juive, qui va devenir, en 1942 , Mme Estherazy, comtesse de son état et surtout figure de proue d'un réseau de résistants. Un personnage haut en couleurs chez qui cohabitent une absence totale d'illusion, une clairvoyance désabusée et une volonté farouche de combattre l'hydre nazie ! A l'opposé de ce personnage, Marcellin Duprat, un chef cuisinier hors pair, patron du Clos Joli et qui "rêve" de devenir le héraut de la gastronomie française, seule capable à ses yeux de sauver l'honneur de la France ! Pour ce faire il va se lancer dans un combat donquichottesque pour gagner "sa guerre" contre les Allemands, ce qui n'est pas toujours du goût des résistants du coin... C'est en quelque sorte celui qui représente avec Ludo, cette défense de l'imaginaire qui traverse tout le livre avec de très beaux passages sur "le rêve éveillé", qu'il s'agisse de celui de Ludo qui fait apparaître sa bien-aimée dans son esprit ou de Lila qui "rêve d'elle-même" comme le dit avec ironie son frère Tad.
Et quid des cerfs-volants dans tout ça ? Ce sont les créatures auxquelles Ambroise Fleury, l'oncle du narrateur, a consacré toute sa vie. Ce sont ses compagnons de route et ils ne manquent pas de panache, ni dans leur apparence, ni dans leurs noms. Patapouf et Zigomar côtoient sans vergogne Montaigne ou Jean-Jacques Rousseau. Et ils vont vivre avec leur créateur les vicissitudes de la Seconde guerre mondiale . Ils sont les baromètres de l'humeur d'Ambroise Fleury, tantôt exutoires de sa souffrance, tantôt complices ou porte-paroles de son indignation quand ils vont voler dans le ciel sous la forme de sept étoiles jaunes après la rafle du Vel d'Hiv. Comment ne pas voir non plus dans ces cerfs-volants, l'expression allégorique de cette ode à l'imaginaire, à la "folie douce" qui seule permet de prendre de la hauteur et d'échapper à un quotidien trop banal ou désespérant.
C'est un filtre très particulier que j'ai adopté pour cette critique et il y a bien d'autres entrées non moins passionnantes que vous pourrez découvrir en lisant ce dernier roman de Romain Gary.

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« Les cerfs-volants » est le dernier roman paru de Romain Gary en 1980, peu de temps avant son suicide en Décembre de la même année. C'est avec ce contexte tragique en tête que j'ai entamé la découverte de cet auteur dont je n'ai toujours entendu que du bien..

Dès les premières pages j'ai été complètement embarquée par l'histoire de Ludo et de Lila, par cette quête de l'amour pour l'un et cette quête de soi pour l'autre. Je m'attendais à ce que ce roman soit une histoire d'amour, le résumé nous livre ce secret dès les premières lignes. Et pourtant j'ai découvert bien plus que cela.

« Les cerfs-volants » est également un roman sur la Résistance française, sur la résilience des français face à l'Occupation allemande. A travers le regard de Ludo et la sagesse de son oncle Auguste, nous comprenons mieux le comportement des français, leur combativité ou parfois pire.. leur collaboration. Romain Gary a su m'ouvrir le regard sur toutes les subtilités de cette période. Tout n'est pas blanc ou noir, mais souvent gris.

J'ai adoré la plume de l'auteur, la douceur qui s'en dégage et ses nombreuses pointes d'humour. J'ai mis près d'une semaine à lire ce roman, loin de le faire traîner, j'ai choisi de le savourer. En bref, la découverte de Romain Gary a été une expérience extrêmement enrichissante que je renouvellerai bientôt avec grand plaisir !
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Ludo est un jeune garçon lorsqu'il rencontre Lila, mais il sait qu'elle est l'amour de sa vie. Ils ne viennent pas du même milieu. Elle est la fille d'un comte, il est orphelin, élevé par son oncle, connu pour ses incroyables cerfs-volants. Ludo est prêt à tout pour être digne de Lila. Puis la Seconde Guerre mondiale éclate et ils sont séparés. Mais Ludo a un don, une mémoire si énorme qu'il ne peut rien oublier. Alors il s'invente une vie avec Lila et la fait vivre avec lui jour après jour tout en aidant la Résistance dans sa région... Et le livre se termine bien. Une belle histoire d'amour, d'espoir, de résistance, de résilience et de pardon.
Lien : https://redheadwithabrain.ch..
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Dernier roman de RG avant son suicide le 02/12/1980. Un roman où certainement des faits autobio sont parsemés dans l'histoire. Une histoire d'amour idéaliste entre une aristocrate polonaise et un cul terreux du bocage normand pendant la guerre, avec l'occupation, la résistance et la collaboration en toile de fond. Un roman plein d'espoir puisque les héros restent vivants. du grand Romain Gary.


Lien : https://www.babelio.com/conf..
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Les cerfs-volants, il faut les tenir ferme « parce que ça tire et quelquefois ils s'arrachent, ils montent trop haut, ils partent à la poursuite du bleu et tu ne les revois plus. » C'est dans cette magnifique prose poétique qu'Ambroise Fleury explique à son neveu Ludovic comment manier ces objets presque dotés d'une volonté propre. "Les cerfs-volants", dernier roman paru du vivant de Romain Gary, m'a fait penser à une fable, un hymne à l'espoir, à la ténacité, à la folie, à la passion avec les ingrédients suivants : un orphelin élevé par son oncle farfelu, une éducation modeste mais humaniste, un don fabuleux de mémoire, des sentiments purs, un contexte violent de guerre, des amours compliquées et contrariées, des personnages qui évoluent à travers une succession d'épreuves, une fin heureuse avec une morale.
Les cerfs-volants constituent le fil rouge de ce roman tendre et délicat sur l'amour, la fraternité et le pouvoir de l'imagination. Sans sombrer dans le manichéisme, il présente même des attitudes extrêmes comme légitimes selon les intentions qui les sous-tendent. Comme les idéaux et les principes qui animent l'homme, les cerfs-volants doivent rester à une distance appropriée du sol. S'ils volent trop haut, ils disparaissent et deviennent inaccessibles et fumeux, s'ils volent près du sol, ils se souillent et deviennent frelatés.
L'histoire s'ouvre avec le jeune Ludo, orphelin de la Grande Guerre qui grandit dans une petite ferme de Normandie sous la tutelle de son excentrique oncle Ambroise, facteur par nécessité et fabricant de cerfs-volants par vocation. La vie de Ludo change le jour où il rencontre Lila, une jeune blonde et arrogante aristocrate polonaise dont la famille possède un manoir dans la région. En un battement de paupières, il en tombe amoureux et ce sera pour la vie ; Lila, en revanche, semble bien plus distante, d'autant plus qu'elle a d'autres prétendants. Des années passent avant qu'ils ne se revoient, mais Ludo, armé d'une formidable imagination et d'une passion indéfectible, a comblé l'absence de l'être aimé. le temps n'a pas altéré la pureté de son amour pour l'insaisissable Lila, qui commence à éprouver des sentiments réciproques. Mais au moment où l'Europe s'enfonce dans la Seconde Guerre mondiale, Lila et Ludo sont de nouveau séparés, elle est en Pologne, lui en Normandie. le roman bascule alors dans le récit de guerre. le nazisme achève brutalement leur enfance, sans pour autant leur faire perdre leur discernement. Pour Lila, « ce qu'il y a d'affreux dans le nazisme, […] c'est son côté inhumain. Oui. Mais il faut bien se rendre à l'évidence : ce côté inhumain fait partie de l'humain. Tant qu'on ne reconnaîtra pas que l'inhumanité est chose humaine, on restera dans le mensonge pieux ». Ludo, résistant en amour, s'engage dans la Résistance française pour que les rêves puissent triompher de la réalité, même de la dure réalité de la guerre et de l'occupation nazie. Retrouvera-t-il la France et, surtout, retrouvera-t-il Lila ? Peu de suspense quant au sort de la France dont le destin est connu. Mais pour Lila, il en est tout autre, car, après l'invasion de la Pologne par l'Allemagne, elle et sa famille sont portées disparues. Les rêves et les espoirs qui planent comme de beaux mais fragiles cerfs-volants protégeront-ils les vies en danger des deux amants ?
Dans ce roman émouvant et charmant, Romain Gary reprend de nombreux thèmes passionnants qui lui sont chers : l'imagination comme arme de défense, le rêve pour combattre la réalité, l'importance du devoir de mémoire, les amours impossibles ou contrariées. Il y lance aussi un appel poétique à la résistance, quelle que soit sa forme, un appel à la fraternité entre les hommes et les peuples. Au-delà de ces thèmes exaltants abordés, l'auteur décrit avec justesse le caractère de ses personnages, constituant clairement pour moi un point fort du récit.
Tout d'abord, l'oncle Ambroise qui symbolise à travers les cerfs-volants l'enfance, les rêves, la naïveté et la fidélité à ses idéaux. Célibataire, il explique à son neveu avec beauté et fatalisme qu'il n'a jamais aimé qu'une femme : « Je l'avais bien en tête, je la voyais tous les jours dans ma tête pendant trente ans, mais ça ne s'est pas trouvé. On ne s'est pas rencontrés. L'imagination vous joue parfois de vrais tours de cochon. » Après la rafle du Vél'd'Hiv, sa décision courageuse de se rendre à Chambon-sur-Lignon pour participer à la résistance non violente et venir en aide aux persécutés m'a bouleversé.
Il y a aussi le trouble et truculent Marcellin Duprat, chef étoilé qui porte haut les couleurs de la France grâce à sa cuisine. Trouble parce qu'il ne cessera jamais durant la guerre de servir les bouches de l'occupant, mais truculent parce qu'il est le défenseur passionné de la cuisine française qui ne doit pas faillir même en temps de guerre. Selon lui, la haute gastronomie représente le patriotisme sans armes ni violence, une forme de résistance avec le goût et la saveur de la haute cuisine française. Les propos qu'il tient avec verve dans le roman m'ont à la fois troublé et amusé.
J'ai adoré également le personnage de Mme Julie, mère maquerelle juive camouflée en comtesse hongroise, genre de personnage haut en couleur qu'on croise souvent dans les romans de Gary. Avec sa lucidité désabusée et poursuivant des idéaux nobles ou pragmatiques, elle accueille dans son établissement de hauts dignitaires nazis et renseigne de première main le réseau de la résistance. Un procédé qui sauvera de nombreuses vies.
Le coeur du récit est habité par Ludo qui en est le narrateur. Résistant en amour et en guerre, il est le fils spirituel de son oncle et le symbole de l'amour absolu pour son pays et pour une femme. C'est un personnage attachant guidé par ses passions et doté d'une mémoire prodigieuse. Il n'en abuse pas, mais au contraire l'utilise pour honorer sa famille et participer activement à la résistance contre l'occupant. Homme de devoir et d'idéaux, il est passionné par l'amour qu'il vit, par la résistance qu'il mène, par les cerfs-volants qu'il fabrique et dont il perpétue la tradition en souvenir de son oncle. Amoureux inconditionnel de Lila, il partage néanmoins ses interrogations avec le lecteur : « J'étais partagé entre l'envie de demeurer là, à ses pieds, jusqu'à la fin de mes jours, et celle de fuir ; aujourd'hui encore, je ne sais si j'ai réussi ma vie parce que je ne me suis pas enfui ou si je l'ai gâchée parce que je suis resté. » Tour à tour lucide ou enflammé, il peut agir de façon dangereuse, mais peut également se montrer perspicace lorsqu'à la fin de la guerre il est conscient que « les nazis allaient beaucoup nous manquer, que ce serait dur, sans eux, car nous n'aurions plus d'excuses. » J'ai gardé les doigts croisés pour que la persévérance de son amour soit récompensée, même s'il était parfois désespéré et confus en raison du malheur qui l'entourait.
Au début du roman, le personnage de Lila est une adolescente qui, comme dit son frère, passe son temps « à rêver d'elle-même ». Très narcissique, elle m'est apparue comme une petite noble gâtée, plutôt agaçante, rêvant à la fois d'un avenir prodigieux et totalement angoissée à l'idée de rater sa vie. Mais petit à petit, Romain Gary amène le lecteur à s'identifier à Ludo et à s'attacher à Lila, ainsi qu'à la petite cour qui gravite autour d'elle : son frère Tad, explorateur marxiste, Bruno, un jeune pianiste italien élevé avec eux, et même Hans, cousin allemand de Lila et rival amoureux de Ludo.
Romain Gary, en aimant ses personnages, nous force à les aimer. Mais il ne les épargne pas non plus, à l'instar de Ludo et Lila dont les amours naissantes seront fortement contrariées par la brutalité de la guerre. Et, si souvent cette dernière dévoile le pire caché dans l'homme, elle permet également de révéler le meilleur. Pour survivre et protéger les siens, Lila errera quelques années en Europe, aura des amants de circonstance, frôlera la mort lors d'un avortement, obtiendra finalement la protection d'un haut dignitaire nazi guère convaincu par les idées hitlériennes. Ludo, lui, acceptera tout ça, forcé de « comprendre » les agissements de sa bien-aimée. Ils se retrouveront, certes, mais bien esquintés, car curieusement, le paradoxe de cette guerre est qu'elle aura autant mis en péril leurs amours qu'elle aura donné une chance à leur couple d'exister.
"Les cerfs-volants" raconte une histoire d'amour riche et complexe qui commence dans l'innocence et évolue à travers différentes épreuves vers une belle humanité. J'ai été touché par l'écriture authentique de Romain Gary, rarement noire ou blanche, mais plutôt grise ou follement colorée, car elle ne manque pas de fantaisie et d'humour pour décrire l'humanité, ses joies, ses peines, ses espoirs et ses désillusions. L'idéal serait de lire ce roman allongé sur une pelouse, afin de lever de temps en temps les yeux vers le ciel bleu limpide qui rappelle cette liberté, cette audace mêlée de vivacité, dont les personnages sont les fiers porte-parole.
Quelques mois après la publication de ce livre, Romain Gary a enfilé sa robe de chambre rouge et s'est tiré une balle dans la tête, ce qui n'a jamais cessé de me sidérer.
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"Le bonheur avait une présence presque audible, comme si l'ouïe, rompant avec les superficies sonores, pénétrait enfin aux profondeurs du silence, cachées jusque-là par la solitude."

Ludovic grandit parmi les cerfs-volants construits par son oncle, le facteur un peu fou du village, et s'en fait un modèle. Pris dans les voiles d'un amour jeune, et de ce fait se permettant de repousser les frontières de la tangibilité pour laisser éclater le champ des possibles, il doit répondre à une question qui sonne comme une alerte : "Étudiez et comparez ces deux expressions : savoir raison garder et garder sa raison de vivre." le choix est fait : Lila est sa raison de vivre, et il ne reste aucun motif valable de garder sa raison intacte.

L'amour entre Ludo et Lila est un enfant terrible qui se soucie peu de la guerre qui éclate à la fin de ces années 1930, encore. Cette guerre qui réveille l'obus négligé sur la terre du précédent conflit, et dont on a ignoré la malveillance. Lila est polonaise, et issue d'une noblesse asymétrique avec le profil d'un jeune normand idéaliste, pourvu de l'enseignement public obligatoire, et conscient que les seules limites qui s'imposent sont celles que l'on se choisit.

La Normandie bruisse d'une colère contenue en surface, sous une peau de soumission, et Romain Gary y dépose le plus bel amour : celui qui repose sur un imaginaire résilient, capable de redéployer ses facettes pour survivre à la cruauté du réel. Une mémoire implacable qui rappellerait sans cesse que tout a une fin. Il faut être fou pour y croire, et le courage est une folie qui aurait perdu la mémoire des échecs.

Les mots sont faibles pour rendre à Romain Gary toute l'admiration qu'il m'inspire, roman après roman. Mais ces cerfs-volants auront pour moi un parfum particulier, un cadeau précieux d'espoir éternel, une inoubliable recommandation !
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