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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La vie de Romain Gary fut aussi romanesque que ses écrits et il me fut impossible de terminer un chapitre sans imaginer le contexte particulier de son écriture pendant la seconde guerre mondiale.
Le jour, le pilote de la RAF, matricule 30049, décollait depuis l'Angleterre à bord d'un corbillard ailé, traversait la Manche et larguait des bombes sur les positions nazies.
le soir, de retour de mission, Roman Kacew devenait Romain Gary. Il écrivait peut-être dans une semi-obscurité, entouré parfois par les chants alcoolisés de ses frères d'armes en cas de victoires, plus souvent par un silencieux recueillement quand l'un des leurs manquait à l'appel. J'extrapole.
La nuit, l'histoire du roman prenait corps. Celle du jeune Janek et de ses compagnons dans le maquis polonais. Ils combattent l'envahisseur allemand et tentent de survivre dans le froid, affamés, seulement réchauffés par la fraternité, l'espoir d'une prochaine victoire et le récit de légendes contés par le vieux patriote Dobransky.
Chaque jour, Romain Gary enchaînait donc deux batailles pour la même guerre, l'une réelle, l'autre imaginaire.
Le récit est fragmenté, un peu parce que le texte fut retravaillé une dizaine d'années après sa sortie par l'auteur pour une édition américaine, mais surtout parce qu'il fut écrit en période de guerre, sans garantie de lendemain.
La mort frappe n'importe quand, n'importe qui, n'importe comment et le roman évoque très bien le fatalisme des personnages qui est aussi celui de l'auteur.
Certaines scènes de sacrifices continueront de hanter ma mémoire de lecteur avec l'entêtement d'un fantôme traînant ses chaînes dans un vieux manoir écossais.
Sacrifice d'honneur du père de Janek dès l'ouverture du roman, sacrifice de Zosia, la jeune compagne de Janek qui abandonne son corps aux allemands pour obtenir des renseignements, sacrifice d'un pianiste allemand inoffensif pour ne pas mettre en péril une opération, sacrifice aux horreurs de la guerre, « aux bonnes raisons, bien valables, bien propres, pour tuer un homme qui ne vous a rien fait ».
J'ai trouvé la narration extraordinaire.
Dans la notice passionnante rédigée par Mireille Sacotte pour l'édition récente des oeuvres de Romain Gary dans La Pleiade, j'ai appris que le roman aurait pu s'intituler « Rien d'important ne meurt jamais » et je trouve que ce titre aurait été plus évocateur que « l'Education européenne » pour saluer le don de soi et l'abnégation des personnages.
Les légendes contées par Dobransky et l'évocation de Nadejda, héros mythique de la résistance polonaise, constituent des respirations qui réchauffent le moral des partisans dans le roman et aère l'attention du lecteur par plusieurs effets comiques ( peut-être pour que nos paupières ne gèlent pas dans les pages de l'hiver polonais).
Comment ne pas terminer enfin ce billet par la citation la plus célèbre de ce premier roman de Romain Gary :
« -Le patriotisme, c'est l'amour des siens. le nationalisme, c'est la haine des autres…. »
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Premier roman de Romain Gary, "Éducation Européenne" a été écrit pendant la seconde guerre mondiale. C'est un exploit en soit : parvenir à avoir autant de recul sur un conflit en cours, garder l'espoir et l'énergie d'écrire après une journée de combats (Gary était pilote pour la RAF)... Impressionnant.
Gary raconte le maquis polonais, comme si l'on y était. le froid, la faim, les actes héroïques et les trahisons. Les personnages sont de la trempe de ceux que ses lecteurs retrouveront ensuite : fort en caractère, lucides, et un idéalisme chevillé au corps.

Ce roman a les intérêts et les défauts d'une première oeuvre. Intérêt de retrouver en germe les motifs qui reviendront dans ses romans suivants. Défauts (c'est un bien grand mot car l'ensemble est de haute tenue) de vouloir trop en mettre ce qui donne une légère impression de "fouillis", notamment avec les récits enchassés du personnage de Dobranski, aspirant auteur. Pourtant, ces petites histoires font figure de paraboles tant elles sont signifiantes.
Cette lecture m'a donné l'impression d'assister à la naissance d'un écrivain. Et je me suis laissée emporter par cette foi en l'humanité aux heures les plus sombres de l'Histoire. Foi d'autant plus remarquable que Gary ne connaissait pas encore l'issue du conflit ; et dont on a bien besoin aujourd'hui encore.
Un roman qui confirme mon admiration pour cet auteur hors du commun.
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Cet ouvrage se lit d'une traite. Sa lecture est une expérience, un voyage qui nous pousse à des questions et réflexions.
Sous couvert de parler d'un groupe de résistants polonais durant la Seconde Guerre Mondiale, l'auteur écrit un manifeste en faveur de l'Europe, de la fraternité des peuples, de l'amitié, des valeurs humaines.
Il n'est pas une leçon d'histoire ou de politique, mais bien : une leçon de vie.
Le style de Romain Gary est agréable, envoutant, charmant, captivant.

Un peu comme Si c'est un homme de Primo Levi, le récit se teinte d'une valeur particulière. Un classique incontournable donc. Il est d'autant plus urgent de le lire à l'heure où les discours extrémistes se banalisent et l'euroscepticisme devient la norme.
(Pour la version complète et les commentaires, c'est par ici-bas...)
Lien : http://kriticon.over-blog.co..
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C'est le premier livre publié de Romain Gary, ici en français en 1945 (une traduction anglaise a été publiée en 1944).


Le cadre de l'histoire est la résistance polonaise pendant la seconde guerre mondiale.

Le personnage principal est un adolescent : Janek. Il vit dans une cachette dans la forêt avec un groupe de partisans. Il va mener des actes de résistance mais aussi connaître la fraternité et l'amour, tout en ayant l'occasion de réfléchir à leurs limites.

Ce roman est ponctué de contes, histoires lues et dites par un des personnages à ses compagnons de lutte. Ceux-ci sont l'occasion pour Romain Gary de développer certains thèmes qui seront récurrents dans son oeuvre : l'inhumanité qui fait partie de l'être humain, les belles idées qui ne sont qu'un leurre, par exemples ; tout en gardant foi en l'être humain, mais une foi renseignée il me semble.

Beaucoup de lucidité chez Romain Gary.
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Mon noviciat en lecture m'a fait découvrir l'année derniere seulement l'immense oeuvre du fantasque et fascinant Romain Gary.
Cet auteur est, après avoir lu 4 de ses ouvrages, sur le point de devenir mon favori. Par son talent de conteur, son charisme et sa vie qui font de lui autant de caractéristiques necessaires à la construction d'une idole.
Est-il besoin de faire l'apologie du seul auteur ayant eut deux Goncourt ?
L'Education européenne est une leçon de vie, d'humilité. Pas de grande déclaration, pas de héros, pas d'exploit, rien que du quotidien pour ces résistants polonais, cachés dans des forêts enneigés que les soldats allemands n'osent pas traverser tant le climat est rude. Pourtant ces résistants du froid, de la faim et de la guerre qui ne participent pas à des combats sanglants, vont par leur présence, leurs petites actions participer à l'usure mentale des soldats allemands.
Durs sont parfois les scènes contées ici, froide est l'ambiance entre les acteurs mais magnifique est le tour de force de Gary de nous conter le quotidien de ces hommes et femmes, vivants comme des bêtes, aveuglés par la neige et l'espoir.
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Le livre est plus déchiqueté que les romans plus aboutis de Gary. Je regrette qu'il ne pousse pas plus loin certains des personnages, Janek notamment. Certains passages sont juste what the fuck mais c'est comme des images cheloues qu'on collerait dans un livre à images à collectionner, des images cheloues, mais qui tentent d'exprimer des réalités.
Réalités folles de la guerre.
Par moments, le livre est franchement drôle. Ce qui est d'autant plus terrible.
Par moments, le livre est franchement poétique. Ce qui est d'autant plus terrible.
L'homme, le papillon, le rossignol, font les mêmes choses depuis des millénaires, mais le premier devrait prendre de la graine des deux autres : l'un s'extrait de sa gangue et prend bel envol, et l'autre chante et enchante. Encore. Et encore.
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Une histoire magnifiquement écrite, et qui ne laisse pas indifférent ! Gary raconte ici l'histoire de Janek, un jeune garçon que la guerre va éloigner de sa famille et qui va rejoindre un groupe de résistant.
Il y a de l'action, de la reflexion, de l'émotion... Beaucoup d'émotion. C'est un livre parfois dur, sans doute pour ne pas faire de bons sentiments dans ce contexte si dramatique.
Pour moi, le plus agréable à découvrir a été cette rencontre entre Janek et Zosia, une jeune fille de 16 ans qui va rejoindre le groupe. Leurs échanges sont pleins de craintes, d'espoir, et d'authenticité : un régal qui va directement au coeur !
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Le “Tres de Mayo“ n'est peut-être pas le meilleur tableau de Goya mais sans doute celui qui nous touche le plus.
« L'Education européenne «  n'est peut-être pas le meilleur livre de Romain Gary? Mais c'est celui que je préfère et me semble être un “grand“ livre !
L'Initiation d'un gamin de quinze ans dans les maquis polonais pendant la seconde guerre mondiale. La découverte, dans crasse, la fange, la neige, la peur et le froid, de la vie, de la beauté, de l'amour, de la mort, de la noblesse et de la bassesse.
Un très grand livre, méconnu… que je regrette d'avoir découvert si tard !
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"Le patriotisme, c'est l'amour des siens. le nationalisme, c'est la haine des autres." "Tout ce que cette fameuse éducation européenne vous apprend, c'est comment trouver le courage et de bonnes raisons, bien valables, bien propres, pour tuer un homme qui ne vous a rien fait." Romain Gary dans Education européenne, un roman qui se trouve en Europe de l'Est pendant la deuxième guerre mondiale. La guerre, c'est l'enfer, et rien n'a changé, nous n'avons rien appris. L'Europe, malgré tant de fois qu'on a dit "plus jamais" n'est toujours pas un havre de la paix. Si nous ajoutons l'Amérique du Nord et quelques pays asiatiques, nous sommes, aujourd'hui, en train d'éduquer nos populations à se préparer pour tant d'autres guerres, dans le but de toujours bien alimenter nos industries de guerre. Les simples soldats allemands, russes et polonais ont bien compris le piège. Comme toujours, Romain Gary est un génie.
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Chef d'oeuvre inattendu car le début laisse présager le pire, comment survivre dans la forêt glacée face à la barbarie nazie qui semble toute puissante, et pourtant c'est l'humanité qui gagne, car tous les personnages sont attachants, y compris les allemands, car tout le monde est pris dans cet engrenage infernal et essaye de s'en sortir en faisant le gros dos et en saisissant les petits bonheurs qui passent.
Mais on reste admiratif de cette capacité de résistance des hommes et des femmes, et même si beaucoup succombent, ceux qui restent sauvent la vie.
Lecture prenante que l'on quitte avec regret mais avec optimisme.
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