« Je constate qu’il y a deux classes dépendant étroitement l’une de l’autre et qui, pourtant, considèrent chacune les intérêts de l’autre comme opposés aux siens. Jamais encore je n’ai vécu dans un endroit où deux groupent ne cessent de se dénigrer. » (p. 183)
— Reconnaissez-vous ces roses ? demanda-t-il en tirant son portefeuille, où il conservait précieusement quelques fleurs séchées.
— Non ! dit-elle avec une innocente curiosité. Est-ce moi qui vous les ai données ?
— Non, mademoiselle la coquette ! Vous en avez peut-être porté de tout à fait semblables.
Elle les examina quelques instants, perplexe, puis ébaucha un sourire et dit :
— Ce sont des roses de Helstone, n’est-ce pas ? Je reconnais les découpures profondes des feuilles. Oh, mais vous y êtes donc allé ? Quand ?
— Je voulais voir l’endroit où Margaret est devenue ce qu’elle est, alors même que j’étais le plus malheureux des hommes et que j’avais perdu tout espoir qu’elle fût jamais à moi. J’y suis allé en revenant du Havre.
Jamais encore je n’ai aimé une femme : ma vie a été trop remplie, mes pensées trop absorbées ailleurs. Maintenant j’aime et je veux continuer à aimer. Mais ne craignez pas que j’exprime trop cet amour.
En regardant ce visage pur et blanc, il fut saisi par le sentiment de ce qu’elle représentait pour lui, un sentiment si aigu et si douloureux qu’il l’exprima à voix haute :
- Oh, ma Margaret... ma Margaret ! Personne ne peut savoir ce que vous êtes pour moi ! Vous qui gisez là, froide comme une morte, vous êtes la seule femme que j’aie jamais aimée. Oh, Margaret... Margaret !
- [...] Voyons, jamais Margaret n'envisagerait de s'attacher à un homme tel que lui, j'en suis certain. Jamais une idée pareille ne lui a traversé la tête.
- Il suffirait qu'elle lui ait traversé le coeur.
Oh, ma Margaret... ma Margaret ! Personne ne peut savoir ce que vous êtes pour moi ! Vous qui gisez là, froide comme une morte, vous êtes la seule femme que j'aie jamais aimée. Oh, Margaret... Margaret !
Jamais je n'ai vu fille aussi orgueilleuse et désagréable. A tel point que ses manières méprisantes font oublier à quel point elle est belle.
Elle est trop parfaite pour être connue par fragments. L'architecture de mon château ne sera pas jugée à partir d'une simple brique.
Je considère les gens faibles, esclaves de leurs sens, comme indignes de ma haine; je me borne à mépriser leur manque de volonté.
(Thornton, Chapitre 10)
La loyauté et l'obéissance à la sagesse et à la justice sont de nobles sentiments. Mais il est plus noble encore de défier un pouvoir arbitraire, utilisé de façon cruelle et inique, et cela, non pas pour nous défendre nous, mais pour défendre les plus faibles.