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Marc Chénetier (Traducteur)
EAN : 9782749110875
336 pages
Le Cherche midi (30/11/-1)
4.15/5   10 notes
Résumé :
Après Le Tunnel, unanimement reconnu comme l'un des chefs-d'œuvre de la littérature américaine du XXe siècle, William Gass revient ici sur quelques-uns de ses thèmes de prédilection : l'isolement, qu'il soit géographique ou conjugal, l'obsession, le mal, le fascisme du cœur. Il nous propose une galerie de personnages - une femme délaissée par son mari, un homme ensorcelé par une chambre d'hôtes miteuse du Middle West, une vieille fille fascinée par la littérature e... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
L'auteur est né en 1924; en 1995 est paru le tunnel, son second roman, et maintenant sort un recueil de quatre longues nouvelles. le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est une totale découverte!

Chambres d'hôtes
"Walt Riff examina les livres qui, à l'abri d'une vitre, comme s'ils étaient admirables, emplissaient la partie haute du secrétaire."
Walt Riff est un comptable pas très à cheval sur la légalité qui se déplace de client en client et loge dans des motels économiques - miteux, même. "Une penderie traversée d'une barre qui ployait à l'endroit d'où trois cintres en fil de fer pendouillaient dans les ténèbres (...), une lampe dont un abat-jour en satin froncé étouffait la lueur et dont il était impossible de trouver l'interrupteur", et le fameux secrétaire qu'il ouvre avec la lame de son couteau. Il y découvre des vieux bouquins poussiéreux, dont le guide des chambres d'hôtes de l'Illinois...
Le lendemain le voilà donc chez les Ambrose, plongé dans un univers complètement différent : beaux meubles, coussins brodés, décoration soignée, cuisine familiale savoureuse...
Les deux types de chambres où réside cet homme solitaire sont décrites très minutieusement, c'est passionnant et drôle; ses réflexions et ses découvertes, parfois en décalage, permettent de le connaître, lui. Très subtil.

Le maître des vengeances secrètes
Luther est un garçon puis un étudiant complètement obnubilé par un sentiment de vengeance. Il possède bien l'histoire de son sujet et sa "Proposition immodeste" pour venir à bout des délinquants est assez ... particulière.

Emma s'introduit dans une phrase d'Elisabeth Bishop
Elisabeth Bishop est une poétesse américaine qui a réellement existé et dont l'oeuvre fascine Emma depuis toujours ou presque. Emma vit dans une ferme pauvre et paumée de l'Amérique profonde. On découvre au fil de la nouvelle des faits assez surprenants et glauques...
Voici ce que dit Emma pendant que son père attend pour jeter une poignée de terre dans la tombe de sa mère:
"Elle était petite et maussade, ma mère. Personne ne parvenait à l'égayer. Une robe, un verre de quelque chose, un poulet rôti, tout ça, pour elle, c'était du pareil au même. Elle allait et venait dans sa maison sans espoir, sans air. Elle avait le visage fermé comme une noix, fermé comme l'est celui d'un escargot prudent. Je l'ai vue sourire une fois, mais cela n'avait rien d'agréable, plutôt comme une assiette qui se fendille. Qu'avait-elle donc pu faire, qu'on fît si peu pour elle? Elle me cousait mes habits mais les ourlets étaient de travers."
Pour ce que j'en sais (G... ne m'a pas été secourable) le récit est ponctué par des vers d'Elisabeth Bishop.

Sonate cartésienne
Sauf erreur de ma cervelle surchauffée et embrouillardée, cette nouvelle parle d'une femme "voyante extralucide",de son mari et aussi de l'écrivain lui même et de ses choix d'écriture. L'auteur tire tire tire son lecteur scotché le long de ses phrases...qui parfois sautent quelques lignes.

Alors?
Encore une expérience et une découverte!
J'ai classé les nouvelles dans un ordre de cartésianisme personnel, de Chambres d'hôtes à justement cette Sonate cartésienne. Des histoires que l'on n'oublie pas, qui vous pénètrent. Une belle écriture, originale et parfois ardue.

Je conseillerais cette lecture, peut être en suivant l'ordre que j'indique, car après Sonate cartésienne qui ouvre ce volume j'ai failli jeter l'éponge... On est cependant happé par toutes ces histoires sans glamour et sans espoir.
Lien : http://en-lisant-en-voyagean..
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Quatre incursions incandescentes dans le gouffre mince qui unit création et folie.

Sur mon blog : http://charybde2.wordpress.com/2015/03/07/note-de-lecture-sonate-cartesienne-et-autres-recits-william-h-gass/

Lien : http://charybde2.wordpress.c..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ça n’avait pas été facile : devenir extralucide. Ella avait dû raffiner les organes qu’elle possédait déjà, au-delà de la portée et de la résistance indiquées sur leur notice, en créer d’autres à partir de tétons, de nombrils, de verrues, de cicatrices et de bouts de doigts, et puis de pouces et de coudes, les parties les plus récalcitrantes de son corps, les transformer en récepteurs de signaux jusqu’alors inconnus, raffiner l’ensemble de ses procédures de réglage des longueurs d’onde et d’orientation des capteurs, de sorte que chaque poil se transforme en antenne, qu’il soit planté sur sa tête ou en travers de ses sourcils, qu’il pointe d’un grain de beauté ou d’une aisselle, au-dessus de son pubis, le long de sa jambe, dans son oreille ou dans son nez ; de même, ses dents trouvaient la bonne fréquence, la parabole de ses joues creuses était plus efficace que celle d’un radar, et ses lobes balayaient tout comme des yeux attentifs. (« Sonate cartésienne »)
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Le frêne fut abattu mais je n’en crus jamais la raison. Le bûcher fut construit autour de la souche pour devenir un autel où mon père fendait du bois pour le feu ou séparait les poulets de leur tête. Peu à peu, la souche se couvrit d’un croisillon d’entailles, fonça sous les couches du sang qu’elle avait bu et fut dissimulée par des bataillons affairés de minuscules minuscules fourmis. Traditionnellement, les gosses se rendaient dans le bûcher pour recevoir leur trempe. Bien que par le passé je fusse demeurée raide comme un bâton au bord de mon lit étroit de gamine, je me rendais maintenant au bûcher pour me déshabiller sous le regard déçu de mon père. Cherchant des poils des yeux. Et s’il avait fait une remarque lubrique, s’il s’était penché pour me souffler sur le torse, si sa pine avait distendu son pantalon, il se serait du même coup contredit. Car j’aurais éveillé en lui un minimum d’intérêt.
Il m’a regardée grandir comme un jardinier suit les progrès de la pousse de ses plants, et ce qu’il désirait, c’était la normalité. Je me rappelle vaguement que, petite, mon père me prenait sur ses genoux pour m’inspecter les dents. Quelque chose qui pointe, là. Et d’appuyer sur l’endroit avec son doigt. Cette dent bouge, disait-il, avec ce qui ressemblait fort à du plaisir, en la faisant douloureusement branler dans tous les sens. Eh bien, oui, il était agriculteur. Et moi je faisais partie de la récolte. Pourquoi pas ? (« Emma s’introduit dans une phrase d’Elizabeth Bishop »)
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Walter était comptable itinérant, tarifs imbattables. Il se demanda ce que le vieux professeur de droit Wendell penserait de son travail, parce qu’il allait de ville en ville et d’entreprise en entreprise – surtout des petites au bord de décrocher, comme des boutons prêts à se détacher – et triturait les comptes jusqu’à ce que les chiffres ressemblent à de la compote. Il rédigeait des certificats disant que tout allait bien, ce qui n’était pas faux une fois qu’il en avait fini d’effacer et de réécrire. Ah, mais il aimait tellement les livres de comptes, avec leurs feuillets réglés de lignes bleu-vert pareilles à un dessin de pluie. Il adorait brasser du papier, se disait-il souvent, en se léchant les doigts pour séparer les pages – il n’y avait rien de plus merveilleux que la lavande, l’ambre et la violette des encres passées – ou s’asseoir dans des bureaux qu’il ne connaissait pas, où s’élevaient des piles de registres plats tout bosselés et où les classeurs s’ouvraient comme le bac à légumes des réfrigérateurs. Où il trouvait devant lui rangée après rangée de tiroirs avec des porte-étiquettes en laiton et de ravissantes poignées incurvées. Où les ampoules pendaient de leur fil électrique sous des abat-jours en métal vert. Nombre de registres étaient également pleins de poussière, comme ces livres. Souffler sur les tranches, il s’y était vraiment beaucoup entraîné. (« Chambres d’hôtes »)
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Luther Penner, au bout de nombreuses années, avait perfectionné l’art des vengeances secrètes. Elles étaient pâlichonnes, ces vengeances, sans conteste ; elles étaient maigrichonnes ; elles étaient triviales et inoffensives, comparées aux toilettes enthousiastes et musclées de l’honneur qui illuminent l’histoire et en rendent supportable la lecture ; c’étaient pourtant des vengeances conçues dans un tel secret et exécutées avec une telle adresse qu’à en tirer les leçons l’araignée eût raffiné les enchevêtrements de sa toile, la guêpe assuré ses piqûres. Le solennel projet de Luther Penner visait à damer le pion à la Nature et à brûler la politesse à la Providence ; il était devenu dans ce but, au cours de la période dont il est ici question, un maître de cet art qu’il avait inventé. Doué d’une absolue conscience des pouvoirs qui étaient les siens, il n’hésitait pas à s’adresser à lui-même dans son journal comme « cher maître et ami », prenant soin de composer chaque entrée à la troisième personne et de lui conférer l’impersonnelle précision de la philosophie analytique. (« Le maître des vengeances secrètes »)
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Trouver un homme,c' était ça le plus important. Ma mère avait trouvé un homme et du coup,elle,elle s’était retrouvé comment?En cloque. De moi. Voila quoi.
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