L'auteur est né en 1924; en 1995 est paru
le tunnel, son second roman, et maintenant sort un recueil de quatre longues nouvelles. le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est une totale découverte!
Chambres d'hôtes
"Walt Riff examina les livres qui, à l'abri d'une vitre, comme s'ils étaient admirables, emplissaient la partie haute du secrétaire."
Walt Riff est un comptable pas très à cheval sur la légalité qui se déplace de client en client et loge dans des motels économiques - miteux, même. "Une penderie traversée d'une barre qui ployait à l'endroit d'où trois cintres en fil de fer pendouillaient dans les ténèbres (...), une lampe dont un abat-jour en satin froncé étouffait la lueur et dont il était impossible de trouver l'interrupteur", et le fameux secrétaire qu'il ouvre avec la lame de son couteau. Il y découvre des vieux bouquins poussiéreux, dont le guide des chambres d'hôtes de l'Illinois...
Le lendemain le voilà donc chez les Ambrose, plongé dans un univers complètement différent : beaux meubles, coussins brodés, décoration soignée, cuisine familiale savoureuse...
Les deux types de chambres où réside cet homme solitaire sont décrites très minutieusement, c'est passionnant et drôle; ses réflexions et ses découvertes, parfois en décalage, permettent de le connaître, lui. Très subtil.
Le maître des vengeances secrètes
Luther est un garçon puis un étudiant complètement obnubilé par un sentiment de vengeance. Il possède bien l'histoire de son sujet et sa "Proposition immodeste" pour venir à bout des délinquants est assez ... particulière.
Emma s'introduit dans une phrase d'Elisabeth Bishop
Elisabeth Bishop est une poétesse américaine qui a réellement existé et dont l'oeuvre fascine Emma depuis toujours ou presque. Emma vit dans une ferme pauvre et paumée de l'Amérique profonde. On découvre au fil de la nouvelle des faits assez surprenants et glauques...
Voici ce que dit Emma pendant que son père attend pour jeter une poignée de terre dans la tombe de sa mère:
"Elle était petite et maussade, ma mère. Personne ne parvenait à l'égayer. Une robe, un verre de quelque chose, un poulet rôti, tout ça, pour elle, c'était du pareil au même. Elle allait et venait dans sa maison sans espoir, sans air. Elle avait le visage fermé comme une noix, fermé comme l'est celui d'un escargot prudent. Je l'ai vue sourire une fois, mais cela n'avait rien d'agréable, plutôt comme une assiette qui se fendille. Qu'avait-elle donc pu faire, qu'on fît si peu pour elle? Elle me cousait mes habits mais les ourlets étaient de travers."
Pour ce que j'en sais (G... ne m'a pas été secourable) le récit est ponctué par des vers d'Elisabeth Bishop.
Sonate cartésienne
Sauf erreur de ma cervelle surchauffée et embrouillardée, cette nouvelle parle d'une femme "voyante extralucide",de son mari et aussi de l'écrivain lui même et de ses choix d'écriture. L'auteur tire tire tire son lecteur scotché le long de ses phrases...qui parfois sautent quelques lignes.
Alors?
Encore une expérience et une découverte!
J'ai classé les nouvelles dans un ordre de cartésianisme personnel, de Chambres d'hôtes à justement cette
Sonate cartésienne. Des histoires que l'on n'oublie pas, qui vous pénètrent. Une belle écriture, originale et parfois ardue.
Je conseillerais cette lecture, peut être en suivant l'ordre que j'indique, car après
Sonate cartésienne qui ouvre ce volume j'ai failli jeter l'éponge... On est cependant happé par toutes ces histoires sans glamour et sans espoir.
Lien :
http://en-lisant-en-voyagean..