AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,91

sur 1614 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Roman noir, plus noir que "Sous le soleil des Scorta", mais tout aussi intense.

Ici la thématique est la filiation (l'amour d'un père pour son fils...parti pour les ténèbres), la porte de la mort, le droit au bonheur, des valeurs fondamentales de la vie : vivre pour quoi ? pour qui ?

On est en halène jusqu'au moment de la rencontre aux enfers...

Le roman est articulé au départ en deux temps, les personnages sont attachants, l'écriture est belle.

Je l'ai dévoré
Commenter  J’apprécie          150
Voici encore un des nombreux livres que j'ai lu, et dévoré, pendant le confinement, et pour lequel je me rend compte aujourd'hui que j'ai oublié d'en publier une critique.
Ce fût une double découverte, une double rencontre en ce qui me concerne, d'une part avec le roman lui même, d'autre part avec l'auteur, Laurent Gaudé, que je ne connaissais pas et dont je vais garder le nom bien précieusement. D'ailleurs si vous avez d'autres titres à me soumettre, je suis preneur...
Laurent Gaudé nous emmène donc au coeur de l'Enfer dans les pas de Matteo suite à la mort de son fils à laquelle, impuissant, il a assisté. Il propose alors au lecteur un voyage entre la vie et la mort, lorsqu'il offre la possibilité à son personnage de pouvoir récupérer son fils par delà la mort. le roman évolue entre psychologie et surnaturel. Laurent Gaudé offre une lecture de ses sentiments si forts qui s'emparent de nous suite à la perte d'un être cher : la douleur, la souffrance, la colère, le déni, le deuil et ce désir presque morbide de vouloir faire revivre quelqu'un qu'on a perdu. Cette sorte de refus de l'évidence.
Laurent Gaudé possède une écriture fluide, juste et convaincante, touchante. Vous ne ressortirez pas indemne de cette histoire car elle s'adresse à tout le monde, quand bien même elle emprunte au surnaturel, quand même on sait très bien qu'il est impossible de ramener à la vie une personne morte.
C'est bouleversant, c'est juste et en même temps résolument tourné vers la vie, vers le désir de vie.
Commenter  J’apprécie          153
Laurent Gaudé est l'un de ces rares auteurs contemporains que j'estime incontournable quand on aime la littérature française pour ce qu'elle offre de plus beau. Aussi, depuis que j'ai été transporté par ma lecture du Soleil des Scorta paru il y a déjà plus de quinze ans, j'ai entrepris de lire l'ensemble de ses romans et j'avance dans ma tâche avec une lenteur calculée, destinée à faire durer ce plaisir savoureux. Lorsque j'ai annoncé sur ma page Facebook que je débutais la lecture de la Porte des enfers, nombreux furent les commentaires me conseillant tel ou tel titre jugé plus merveilleux encore, et c'est bien la première fois qu'un tel engouement se créée sur ma page à propos de l'oeuvre d'un auteur : c'est dire qu'il est aimé !

À Naples, Matteo vient de perdre son fils de six ans, Filippo, dans une effroyable fusillade entre deux familles rivales de la Camorra ; et c'est le terrible destin d'une journée où rien n'allait qui plaça le petit Pippo sur le trajet de cette balle, alors qu'il aurait suffit de quelques secondes, de quelques décisions différentes pour qu'il en soit autrement. Dans sa douleur, Matteo accepte une ultime supplication de sa femme Giuliana : « rends-moi mon fils, Matteo. Rends-le-moi, ou, si tu ne peux pas, donne-moi au moins celui qui l'a tué ! » . La décision est prise, il devra alors tuer Toto Cullaccio, qu'une âme bienveillante a désigné coupable de la mort de son enfant.

Seulement voilà, Matteo en est incapable, et lorsque Giuliana le quittera en le maudissant, il poursuivra sa déchéance au volant de son taxi de nuit. Arpentant les rues de Naples, il y rencontrera la faune particulière que seules les nuits protègent, Graziella, qui préfère qu'on l'appelle Grace à l'américaine, la prostituée transexuelle qui expie ses péchés après sa nuit de travail, le professore Provolone, qui a travaillé toute sa vie sur la porosité entre le monde des vivants et des morts et qui fricote dangereusement avec les mauvais garçons de la ville, don Mazerotti, le curé qui s'est attiré les foudres de Rome en côtoyant ceux que personne ne veut côtoyer, et Garibaldo, le propriétaire du café dans lequel tous se retrouveront à la faveur de la nuit. Ensemble, ils iront frapper à la porte des enfers pour aider Matteo à tenir la promesse faite à sa femme.

Difficile de parler de ce livre sans trop en dire, je serai tenté de tout vous raconter, de vous expliquer comment Laurent Gaudé réussi comme nul autre à rendre vivant un conte moderne, à faire pleurer les vivants comme les morts, mais je trahirai la belle surprise que ce récit vous offrira lorsque vous vous y plongerez. C'est magnifique, sensible, intelligent, la plume est superbe, concise, presque chirurgicale dans ses incisions littéraires. Que dire de plus, si ce n'est que je le recommande chaudement et qu'il fait honneur à l'amour que nous portons tous aux romans de Laurent Gaudé ?
Commenter  J’apprécie          152
Encore une fois, Laurent Gaudé signe un livre remarquable. Roman à la frontière entre réel, fiction et poésie, Laurent Gaudé offre une vraie réussite et un magnifique texte sur les fusillades en pleine rue qui fond de nombreuses victimes collatérales. le traitement de la perte d'un enfant est réussi grâce à cette touche poétique et imagé de ce qu'est la mort.

Les personnages sont extrêmement attachants et très facilement identifiables. Comme dans tous les romans de Gaudé, celui-ci est très visuel et immersif.

Commenter  J’apprécie          140
Laurent Gaudé
« La porte des enfers »

Magnifique récit dont le thème est la mort et le lien des vivants avec les disparus !

Comment ne pas s'identifier à Giuliana la mère désespérée, à Matteo le père qui descendra aux enfers pour ramener son fils Pippo à la vie ? Et à travers eux comment ne pas penser à nos disparus qui ont emporté une part de nous mais nous ont laissé des parcelles de vie qui nous nourrissent ?

Les autres personnages du roman, Grâce, le curé Mazerroti, le professeur Provolone, Garibaldi, hauts en couleur sont des passeurs d'émotions et les mots de l'auteur qui nous entraînent dans les recoins les plus sombres de Naples, dans ses profondeurs les plus terrifiantes, ne sont pas le moindre des plaisirs.

Cette lecture entre en résonance avec le mythe d'Orphée, d'Enée, les peintures de Jérôme Bosch, de Botticelli, la «Porte de l'enfer » de Rodin et avec d'autres ouvrages qui y font allusion comme « Les dieux de Cluny » de François Darnaudet, entre autres.

Un rare et beau moment de lecture. 
Commenter  J’apprécie          140
INCLASSABLE et VERTIGINEUX.

La construction est très intelligente, une alternance de voix et de temporalité, en 1980, reste profondément ancré dans l'abattement et la désespérance, Matteo et Giuliana viennent de perdre leur fils dans une fusillade.
Ce passage déchirant est raconté avec pudeur, on ressent leur anéantissement, c'est à ce moment-là qu'il devient bien difficile de ne pas poursuivre la lecture. L'alternance avec 2002 vient justement contraster cette souffrance, puisque l'auteur nous offre la clé, et le coeur de l'intrigue ; la vengeance de Pippo émergeant des Enfers, reste à savoir comment il allait rendre la chose possible, cela me paraissait bien ambitieux, mais finalement les Portes de l'Enfer inspiré de celui de Dante et du mythe d'Orphée ne servent que de prétexte à Laurent Gaudé.
Alors effectivement, il faudra passer les premières pages pour comprendre et atteindre la dimension de cette histoire, attendre que Mattéo cesse ses errances nocturnes. Attendre qu'on lui souffle qu'il est possible de descendre dans cet Enfer, ces ténèbres, le roman bascule, bouscule, d'une écriture abrupte et pleine de colère, il déverse et déverse, un déferlement d'espoir et de désespoir, il nous donne et nous reprend. Laurent Gaudé se révèle, nous rappelle que le bonheur n'est qu'éphémère et fragile. Il y a une contrepartie, toujours.
« Si j'avais pu, si j'avais su, j'aurais donné ma vie » La perte d'un être cher nous change à jamais, c'est aussi une partie de nous qui disparaît, et nous façonne. La perte d'un enfant est d'autant plus terrible.
Avec cette écriture lumineuse, délicate, noire, évocatrice le roman aborde le deuil, l'amour filial, l'abandon, le renoncement et le sacrifice de Mattéo et de Giuliana.
Au delà des peines et des chagrins dont il est difficile de s'extirper, on ressent un sentiment d'apaisement indéfinissable que je ne saurais expliquer.

Lien : https://encoreunlivreweb.wor..
Commenter  J’apprécie          140
Encore un roman de Laurent Gaudé que j'ai dévoré et apprécié. Au coeur de Naples, l'auteur nous emporte dans l'antre de la mort et des enfers entre présent et passé. Nul besoin de résumer ce récit qui oppose la mort à la vie. On a davantage envie de s'attarder sur la plume si particulière de l'auteur qui réussit toujours avec brio à nous émouvoir, nous révolter. le thème si difficile du deuil est traité avec originalité et nous relie à l'humanité. Cela nous ramène à nos propres souffrances, à nos espoirs...
C'est un récit qui, au travers de la mort, nous parle de la vie. Les personnages sont atypiques, émouvants.
J'ai toujours autant de plaisir de lire cet auteur qui réussit à toucher ce qu'il y a de plus profond en nous.
Commenter  J’apprécie          141
« Personne à Naples ne peut se targuer de faire les cafés mieux que moi. Je tiens cela de mon père. Pas le premier, l'autre : Garibaldo Scalfaro. Lui-même le tenait de son oncle. Je sais faire les cafés pour chaque désir, chaque humeur. Violent comme une gifle pour se réveiller le matin. Enrobé et serein pour faire passer un mal de crâne. Onctueux pour appeler à soi la volupté. Robuste et tenace pour ne plus dormir. le café pour attendre. le café pour se mettre hors de soi. »
Mais qui est Filippo Scalfaro de Nittis qui guette sa proie, Toto Cullaccio.
« Je lâche le plateau, le café, le verre d'eau, tout se répand à mes pieds dans un fracas de vaisselle et je lui plante mon couteau dans le ventre. » « Il buttera sans cesse sur cette étrangeté qu'il ne pourra comprendre : je m'appelle Pippo de Nittis et je suis mort en 1980. »
Le point de départ est juin 1980, par une chaude journée, dans une rue de Naples un père excédé, essoufflé, énervé traîne son fils Toto, 6 ans, par le poignet, pour ne pas arriver en retard à l'école.
Dans ce moment père-fils qui aurait dû sceller leur complicité il n'y a que pleurs et injonction. En une fraction de seconde, tout bascule, c'est la fusillade, l'enfant s'écroule, terrassé. le père ne veut pas comprendre, il ne voit la mort de son fils qu'à l'arrivée à l'hôpital dans les yeux de sa femme.
Une fraction de seconde, comme une étincelle, leur vie est fichue.
Giuliana veut que Mattéo lui ramène leur fils ou qu'il tue l'assassin.
Quel drame plus profond, plus incompréhensible que la mort d'un enfant ?
C'est ce drame qu'écrit Laurent Gaudé avec une écriture simple pour mieux ancrer le lecteur dans le quotidien de ces parents en souffrance. Cette simplicité ne fait que renforcer la prégnance de l'émotion.
« Ils ne pouvaient plus rien l'un pour l'autre, que s'écorcher de leur présence commune, de leurs souvenirs douloureux et de leurs pleurs secrets. »
En un va et vient entre deux époques, l'auteur nous mène par le bout du nez, entre ombre et lumière, dans cette danse folle entre le père et le fils « revenu ».
Le périple qui mène Mattéo et le curé Mazerotti est d'un réalisme qui entraîne le lecteur qui ne se posera pas la question de savoir pourquoi un enfant de 6 ans, une petite victime de la folie des hommes, se trouve en Enfer et non pas au Paradis.
« C'était la porte que l'on n'ouvre pas, celle du monde d'En-Bas où ne vont que les morts. »
Par cette écriture unique qui caractérise Laurent Gaudé, cette faculté qu'il a d'écrire des livres sublimes sans jamais se répéter, toujours à nous éblouir de ses histoires uniques. Cette fois encore son sens de la dramaturgie nous fait vivre cette histoire sans jamais alourdir sa narration de son érudition.
L'alternance avec laquelle il joue de manière magnifiquement maîtrisée, renforce nos visions les plus cauchemardesques de la souffrance ultime.
L'importance de nos morts, ce qu'ils disent de nous, car nos vies ne se font pas avec des « si j'avais su » …
Dans cette histoire il n'y a pas que Naples qui tremble, nous aussi.
En refermant ce livre, bizarrement une force est en nous, sûrement celle des êtres aimés qui nous habitent.
©Chantal Lafon

Lien : https://jai2motsavousdire.wo..
Commenter  J’apprécie          132
La porte des enfers traite un sujet difficile : le deuil. La perte. La souffrance. Croyez-moi, il vaut mieux le lire quand vous êtes au top de la forme moralement. Mais c'est un livre à lire tout de même puisqu'au delà du thème abordé qui n'est pas joyeux, il est magnifique.

Je pense que nous savons tous ce que ça fait de perdre quelqu'un qui nous est cher, de très proche et de refuser cette perte. C'est pourquoi, nous comprenons Mattéo et sa femme lorsqu'ils perdent leur enfant de six ans à cause d'une fusillade qui a lieu dans la rue, sur le chemin de l'école. S'ensuit une longue et douloureuse descente aux enfers.

Le livre est découpé de manière intéressante. Certains chapitres racontent les années 80, de la perte de l'enfant aux cauchemars des parents. Et ils sont alternés avec les années 2000 où nous voyons Filippo, l'enfant tué, terminer la vengeance de son père. Je ne veux pas vous en dévoiler plus mais il est étonnant de voir l'enfant ressuscité, ce qui soulève des tas de questions : Comment ? Pourquoi ? Par qui ?
Je ne cache pas que le livre comporte une part de fantastique qui comme son titre l'indique est lié aux enfers. Mais croyant ou non, le livre est écrit de manière vivement impressionnante et fascinante. Avoir la possibilité de ramener à la vie quelqu'un que nous aimons. Qui n'en a jamais rêvé ? Evidemment, il y a les conséquences. C'est ce que à quoi notre héros sera confronté. C'est magistral.

Un livre grandiose où la perte est extrêmement douloureuse, où un seul pouvoir est capable de tout arranger : celui de l'amour. L'amour combattant contre la mort. Je découvre Laurent Gaudé et c'est une fabuleuse découverte.
Commenter  J’apprécie          132
Je viens de vivre une descente en enfer, abstraite et réelle, à travers « La porte des Enfers » de Laurent Gaudé. J'en ressors toute chamboulée.
Tout commence avec la mort d'un enfant de 6 ans, au détour d'une rue de Naples, par une balle perdue dans une fusillade de gangs et mafieux. Tant d'injustice, de douleur, de tristesse et de violence traversent alors les parents. L'auteur montre comment en une fraction de seconde, un évènement pareil peut détruire non pas une seule vie, mais les 3 vies d'un coup. Commence alors cette descente en enfers : essayer de retrouver un sens à sa vie en souhaitant une vengeance, vouloir retrouver l'être aimé… Et voici que le fantastique s'invite à cette tornade du deuil.
On pourrait trouver ce sujet très lourd, insupportable. Et pourtant. Laurent Gaudé nous invite à une réflexion autour de la mort, de la vie, du deuil, avec tant de douceur et de poésie à travers des événements d'une telle dureté. On est intrigué dès les premières lignes, l'atmosphère de l'histoire nous prend. Je suis toujours fascinée de constater que malgré les sujets variés de ses livres, L. Gaudé arrive toujours à nous happer et nous faire entrer dans ses histoires. Ses paroles sont toujours d'une telle justesse, et provoque une belle réflexion.
Je suis à nouveau conquise, et je ne peux que vous conseiller ce nouveau titre découvert. Bonne lecture !
Commenter  J’apprécie          120




Lecteurs (3273) Voir plus



Quiz Voir plus

Laurent Gaudé

En quelle année est né Laurent Gaudé?

1965
1967
1970
1972

10 questions
179 lecteurs ont répondu
Thème : Laurent GaudéCréer un quiz sur ce livre

{* *}