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3,8

sur 796 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Pour seul cortège, par Laurent Gaudé. Demande-t-on à un livre ou à un auteur autre chose que nous faire rêver, nous charmer, voire nous envoûter ? Laurent Gaudé a-t-il réussi cet exploit, s'emparer d'une histoire, d'un moment de l'Histoire – la mort d'Alexandre le Grand, grand conquérant macédonien du quatrième siècle avant notre ère – et « l'écrire », en faire son histoire ? Alexandre a conquis le monde, Athènes, l'Anatolie, l'Égypte, l'Asie Mineure, – alors dominée par les Perses, à la tête desquels est le roi Darius III –, et pousse son Empire jusqu'aux confins indiens. Après les « Noces de Suze » au cours desquelles, déjà marié à la perse Roxane, il a pris une seconde épouse, Statéira, fille de Darius. Dans la foulée, et dans un but de rapprochement, d'intégration des peuples (!), il a « marié » tous ses soldats à des femmes perses ou indiennes, et en particulier, son grand ami Héphaistion à Dryptéis, autre fille de Darius qui fut rapidement veuve.
L'histoire n'est pas racontée ainsi, elle n'est qu'évoquée au fil du récit. Il faut la reconstituer, mais qu'importe, l'Histoire (avec son grand H), avec ses faits et des dates, n'est pas le sujet.
Alexandre mort – d'une fièvre ? d'empoisonnement ? –, ses généraux se disputent l'Empire, Roxane fait assassiner Statéira, prête à enfanter et donner ainsi un successeur à Alexandre, tandis que sont organisées les obsèques du grand conquérant. Son corps doit être ramené en Macédoine, et une grande procession se met en route, menée par Dryptéis, personnage majeur de retour d'un exil volontaire, rappelée par Alexandre peu avant sa mort. Ptolémée, qui s'est promu roi d'Égypte, réalise que sa légitimité sera renforcée par la possession du corps d'Alexandre, s'empare du catafalque moyennant un carnage dans le cortège, avec l'intention de bâtir un tombeau digne de son occupant. En accord avec Dryptéis, il garde le sarcophage en or, qui suffit pour le monument funéraire, et lui laisse le corps.
Réduit à quelques fidèles, Dryptéis et quatre compagnons d'Alexandre, amis authentiques et désintéressés, le cortège entame son dernier voyage, vers l'Est où se trouve la « tour du silence ». le corps a fini son périple, mais l'esprit demeure.
La poésie de Gaudé allie sagesse et divination. Ses véritables héros sont Alexandre – vivant, mort, réduit à son esprit –, Dryptéis, Éricléops, le chevalier décapité qui rode aux confins de l'Empire. Tous prennent la parole, tous savent ce qui va se produire et anticipent. Restant fidèles à eux-mêmes, ils se jouent de la mort, en survivant après qu'elle les a fauchés. Dans les replis de leurs âmes se niche un pouvoir magique.
Laurent Gaudé raconte-t-il une histoire, celle de l'après-Alexandre ? Romance-t-il l'Histoire ? Fait-il un poème de cette épopée ? Rien de tout cela : l'auteur, dans un style qui lui est propre – utilisation du présent, de phrases courtes, simples, rythmées, musicales, de répétions – plonge dans une époque, en dégage les personnages qui animent la scène et le décor, manie leurs relations, remanie leurs actions, se soucie d'une certaine vraisemblance tout en nous projetant au-delà, et finalement superpose une légende à la légende, en restant fidèle à ce qui fonde une morale, l'amour et le devoir, le respect de soi et la fidélité.
Un beau texte.
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Une très belle écriture à mon goût. Agréable à lire. Seulement, pour ma part, je n'ai pas trouvé grand intérêt à ce livre.
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Laurent Gaudé est un auteur au souffle puissant, et dans ce roman son écriture se prête tout à fait à cette période de l'Histoire, dans la plus pure tradition romaine :on y suit le grand Alexandre escorté par plus de cent pleureuses jusqu'à sa dernière demeure... Un récit emprunt de noblesse à travers le personnage de la compagne fidèle, résignée à le suivre dans la mort, de violence à travers les prétendants à la succession, prêts aux pires vilénies pour obtenir le pouvoir, de mythes enfin, à travers ces morts vivants qui s'expriment tout au long du récit.
Une fois de plus Laurent Gaudé utilise les bons mots, les bonnes formulations, pour nous donner envie de suivre cet empereur ambitieux, sanguinaire, refusant de mourir et finissant sa course au plus proche des dieux...
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Dans cette chronique des derniers jours d'Alexandre le Grand, le parti-pris de l'auteur est osé et peut déstabiliser. Comme d'habitude avec Laurent Gaudé, on a affaire à un roman choral, mais ici il y a toujours une dimension de voyages, de déplacements, de cheminements qui se croisent, se dispersent, se rejoignent. Progressivement, des tableaux somptueux, poignants et bouleversants émergent. Si l'on est très loin du roman historique classique, on en gardera des images héroïques, des portraits pleins de dignité et de fureur.
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Je découvre Laurent Gaudé avec cette lecture et malgré le style un peu surprenant au départ (on a une alternance des points du vue) je me suis vite plongée dans cette histoire.



Nous sommes à Babylone et Alexandre le Grand meurt, laissant son immense royaume sans héritier. A travers ce court roman, Laurent Gaudé nous raconte ce moment particulier de l'Histoire. Craint et respecté de son vivant, Alexandre (et son corps) sera l'enjeu de batailles. Car celui qui possède le corps sera reconnu comme l'héritier légitime.

Alors que le corps entreprend son dernier voyage, le destin d'une poignée de personnage se joue. Que ce soit Dryptéis, fille de Darius vaincu par Alexandre et belle-soeur de ce dernier, qui accompagne le corps le long de ce cortège, que ce soit Ptolémée le grec qui recevra l'Egypte en partage (et qui sera le créateur de la lignée des Pharaons de la famille des Ptolémée) et qui fera construire un tombeau en Egypte, que ce soit cet ami envoyé en éclaireur en Inde et qui reviendra pour la mort d'Alexandre, ou que ce soit les 5 généraux d'Alexandre qui vont l'accompagner dans son ultime voyage au confins du monde , tous partageront la dernière chevauchée du maître d'une partie de ce monde. Ce sont tous des personnages forts, avec leurs forces et leurs faiblesses. J'ai particulièrement apprécié le personnage de Dryptéis qui se bat pour survivre dans ce monde violent qui est à un tournant de l'Histoire. Elle reste fidèle à elle-même et n'hésite pas à sacrifier son propre bonheur pour celui de son fils.



L'auteur nous propose une épopée historique, avec poésie et une pointe de fantastique. On est emporté par le style de Laurent Gaudé. Je pense que c'est le genre de roman que l'on aime ou que l'on aime pas. Pour ma part, ce n'est pas vraiment passé loin du coup de coeur, la faute à un début de lecture où j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire. Mais sinon j'ai adoré ma lecture!
Lien : http://mondedemara.canalblog..
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Un texte onirique servi par une plume magistrale. Même si je préfère les choses plus terre à terre, je ne peux que louer l'incroyable force de ce texte et la grande beauté du style. Un roman qui semble porté par le dernier souffle d'Alexandre et qui possède une rare poésie. Une écriture pleine de superbe, digne de celui à qui elle rend hommage.
Lien : http://madimado.com/2012/09/..
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C'était un 11 novembre presque comme les autres si ce n'est un réveil matinal pour récupérer fiston à son internat. Quitte à devoir se lever, j'avais repéré une bonne nouvelle, à quelques kilomètres de l'internat la bouquinerie rouennaise le Rêve de l'escalier était ouverte et promettait monts et merveilles avec sa super promo « 11 achetés, 11 offerts »…
Mais repérer 22 livres qui ont le potentiel d'intégrer ma bibliothèque, pas si facile ! Surtout quand le temps est compté (rapport au fiston qui lui ne rêve pas spécialement de passer des heures entouré de livres). Alors, on s'en remet au conseil du maître des lieux qui vous fourre dans les pattes, ni vu ni connu, une véritable pépite.
Première rencontre avec Laurent Gaudé dont je ressors encore bouleversée. Comment suis-je passée à côté de cet écrivain si longtemps ? Mon imagination bruisse encore d'un monde disparu depuis longtemps, habité par l'ambition d'Alexandre le grand, fracassé par ses conquêtes et le bruit de ses armés. Mon coeur d'affole encore à son agonie et au déchaînement des passions et des jalousies pour s'arracher son royaume..
Mais dans le chaos du monde, certains cherchent un autre chemin, pour ne pas être broyés par l'Histoire et se jouer d'elle.
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Laurent Gaudé revisite ici avec talent le mythe d'Alexandre en imaginant le destin de son corps post mortem....Une belle réflexion sur le pouvoir et le destin.
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Nous suivons le cortège funéraire d'Alexandre le Grand avec les pleureuses.



Gaudé livre sa version poétique du mythe. Chant funèbre en prose, lente épopée au rythme du pas des caravanes dans la première partie, de Dryptéis, la princesse perse mariée à Hephaistion, compagnon d'Alexandre, de Nemrou sa servante et de la vieille Sisygambis, la vieille pythie, diseuse de mort, tapie dans les ruines de Persépolis. Au galop effréné du cavalier sans tête Ericléops qui a dépassé l'Indus où Alexandre avait arrêté sa conquête et qui a atteint les rives du Gange, Ericléops qui rapporte le message du roi indien, son défi qui ranimera Alexandre et le ramènera à la vie.

Au palais de Babylone où agonise Alexandre, on sent se nouer les intrigues, les rivalités entre les femmes et les compagnons qui se disputerons la succession de l'empire. Alexandre meut au mitan du livre.

La deuxième partie raconte l'étrange errance de la dépouille d'Alexandre. Qui détiendra son corps, détiendra le pouvoir. Au rythme des centaines de pleureuses vers la Macédoine, puis traversant le Nil, enfin vers l'Orient. Au delà de la mort, la voix d'Alexandre commande encore. Il ne sait pas mourir avait dit la pythie. Il ne connaît ni le repos, ni la fin de ses conquêtes.

Affranchi de la "vérité" historique, Gaudé imagine cet étrange entre-deux, entre terre et enfer. Déjà dans la Mort du Roi Tsongor on devinait cette fascination, Dans la Porte des Enfers, elle était explicite. Alexandre dont on ne connaît pas la sépulture , cénotaphe vide en Alexandrie, introuvable correspondait tout à fait à cet univers.

Lien : http://miriampanigel.blog.le..
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Laurent Gaudé est un auteur que j'aime beaucoup. Il aime écrire sur l'Antiquité et ce livre nous amène sur la mort d'Alexandre le Grand. Lors d'un fête donné à Babylone, Alexandre sent un mal s'insinuer en lui. Il sait qu'il va mourir. On suit ses derniers instants à travers lui, mais aussi à travers ses plus proches compagnons et sa belle-soeurDryptéis. Après sa mort, certains vont se déchirer pour l'Empire, d'autres vont chercher à faire finir sa dernière campagne vers l'Inde profonde à Alexandre, tandis que Dryptéis cherche à fuir l'Empire.

J'ai beaucoup aimé ce livre, sa profondeur, sa recherche d'éternité. On y trouve vraiment tout ça. On se laisse poter par les personnages. j'ai surtout aimé le personnage de Dryptéis. Elle est à part des autres. Elle ne cherche pas la gloire mais au contraire voudrait qu'on l'oublie. La fin est magnifique de grandeur.
Lien : http://laptitesourisduweb.bl..
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