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3,8

sur 796 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
C'était un 11 novembre presque comme les autres si ce n'est un réveil matinal pour récupérer fiston à son internat. Quitte à devoir se lever, j'avais repéré une bonne nouvelle, à quelques kilomètres de l'internat la bouquinerie rouennaise le Rêve de l'escalier était ouverte et promettait monts et merveilles avec sa super promo « 11 achetés, 11 offerts »…
Mais repérer 22 livres qui ont le potentiel d'intégrer ma bibliothèque, pas si facile ! Surtout quand le temps est compté (rapport au fiston qui lui ne rêve pas spécialement de passer des heures entouré de livres). Alors, on s'en remet au conseil du maître des lieux qui vous fourre dans les pattes, ni vu ni connu, une véritable pépite.
Première rencontre avec Laurent Gaudé dont je ressors encore bouleversée. Comment suis-je passée à côté de cet écrivain si longtemps ? Mon imagination bruisse encore d'un monde disparu depuis longtemps, habité par l'ambition d'Alexandre le grand, fracassé par ses conquêtes et le bruit de ses armés. Mon coeur d'affole encore à son agonie et au déchaînement des passions et des jalousies pour s'arracher son royaume..
Mais dans le chaos du monde, certains cherchent un autre chemin, pour ne pas être broyés par l'Histoire et se jouer d'elle.
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Après « Le Tigre bleu de l'Euphrate », Laurent Gaudé s'intéresse une nouvelle fois à la mort d'Alexandre le Grand, Roi de Macédoine, Pharaon d'Égypte et Grand roi de Perse depuis sa victoire contre Darius III. Mais cette fois-ci, c'est sous une forme romancée et non plus dans un monologue théâtral que l'auteur décrit la fin du grand conquérant macédonien. Sa fin, mais surtout ses conséquences sur ceux qui restent et sur l'empire incommensurable qu'il a bâti à la force de sa vision unificatrice.

Tandis qu'Alexandre agonise sur sa couche à Babylone, ses généraux sont partagés entre leur triste déférence et leurs ambitions personnelles. Depuis le temple où elle est recluse, on fait mander Dyptréis, fille de Darius et veuve d'Héphaistion le favori d'Alexandre. Elle doit mener au chevet du conquérant sa grand-mère Sisygambis, diseuse de vie ou de mort. Aux portes de l'Inde, Éricléops, fidèle messager d'Alexandre, doit porter la parole de son roi auprès de son dernier ennemi, Dhana Nanda. le dernier souffle d'Alexandre jettera le chaos sur l'empire. Convoitises et querelles d'influence feront couler le sang des guerriers comme celui des innocents. Mais l'amour, la fidélité et l'honneur porteront peut-être le souffle d'Alexandre par-delà la mort.

Avec sa verve poétique habituelle, qui puise aux sources de l'Histoire et de la mythologie, Laurent Gaudé nous entraîne dans un récit au rythme lent mais maîtrisé, alternant les points de vue de personnages prêts à sacrifier leur vie pour sauvegarder ce qui leur est le plus cher.
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La plume de Laurent Gaudé nous emmène cette fois de Babylone aux rives du Gange, à la suite de l'Empereur Alexandre et de ses armées.
Alors que l'Empereur se meure, les couloirs de son palais bruissent de rumeurs et les premières alliances se font jour. Ses généraux se pressent autour de lui et sa dépouille deviendra vite un enjeu de pouvoir et de légitimité. L'empire sera dépecé et son héritage éparpillé.
Mais dans une dernière chevauchée, les personnages refont vivre les rêves insensés de leur jeune Empereur.

C'est toujours avec un réel plaisir que je me plonge dans les romans de Laurent Gaudé, qui aborde l'histoire avec précision et empathie, à travers un récit à hauteur d'homme ou de femme. Dryptéis accompagne Alexandre et c'est leur dialogue qui nous conduit vers la fin.
Un roman réussit, qui nous transporte des rives du Nil jusqu'aux steppes d'Asie centrale avec brio!
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Chant lyrique aux forts accents héroïques, "Pour seul cortège" tient davantage de la chanson de geste que du roman. le rythme, le phrasé, la narration chorale, le sujet, tout concourt à exalter le lyrisme de la plume de Gaudé.

Un lyrisme qui m'a d'abord gênée et empêchée de pleinement entrer dans le récit et puis, comme on se laisse bercer par la voix d'un conteur, j'ai petit à petit calé mon pas dans celui des narrateurs, je me suis comme amalgamée au récit, me laissant porter par les mots et la poésie déconcertante du propos.

Gaudé a choisi de s'intéresser à l'une des figures les plus légendaires qui a enfiévré des générations d'historiens : Alexandre le Grand, et plus particulièrement le mystère qui entoure sa mort à seulement trente-deux ans, mystère de sa sépulture qui a rendu insomniaques des générations d'archéologues - et ça continue. "Pour seul cortège" creuse le mythe pour en extraire une forme de spiritualité façonnée par le charisme du conquérant, son influence sur son armée et sur les peuples conquis et ses actes politiques et guerriers. Pour faire oublier que cet homme à l'ambition démesurée a succombé à des vers intestinaux, ce qui n'est pas franchement glamour, Gaudé place son récit dans un entre-deux risqué et subtil entre exégèse et interprétation mythologique, échappant avec talent au piège du panégyrique basique.

Ce que j'ai le plus apprécié, c'est que l'auteur m'a emportée loin, très loin, dans cette Antiquité tellement floue et immatérielle en raison des rares vestiges qu'elle nous a laissés. J'ai aussi été soulagée d'échapper aux poncifs : on ne mentionnera ni Aristote, précepteur du conquérant, ni Bucéphale, son non moins célèbre destrier qu'il aurait apprivoisé à l'âge de dix ans. On ne parlera pas non plus des femmes d'Alexandre, des nombreuses cités qu'il a fondées à travers son empire mais comme un pied-de-nez à tous ces livres d'histoire qui expliquent que la conquête du conquérant s'est arrêtée au fleuve Indus, l'auteur s'ingéniera à repousser la conquête jusqu'au mystique Gange, dans une fantastique fantasmagorie digne des plus grandes élégies.

Mais au-delà de la figure épique d'Alexandre, l'auteur veut marquer que si certains hommes accèdent à l'immortalité, leur héritage sera toujours soumis aux mêmes médiocrités : fractures, dissensions, discordes, déchirements, ambitions révélées, guerres fratricides... comme si la grandeur ne pouvait appartenir qu'à ces grandes figures, laissant dans l'ombre ceux qui restent une fois qu'elles sont entrées au Panthéon de l'Histoire.


Challenge MULTI-DEFIS 2021
Challenge RIQUIQUI 2021
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Laurent Gaudé ou l'assurance de passer un bon moment.

On retrouve les ingrédients bien connus de l'oeuvre de l'auteur: un coin de Moyen Orient, du Liban aux rives du Gange, dans l'Antiquité, des filles de rois déchus, des conquérants sans morale, une porosité entre le monde des vivants et le monde des morts. Et bien sûr une forme chorale et une ressemblance avec les tragédies grecques où nul mortel n'échappe à son destin, aussi puissant soit-il.

Si je voulais être honnête, mais je ne le suis pas, trop aveuglée par mon amour pour la plume de Gaudé, je pourrais dire que j'ai trouvé Gaudé un peu moins inspiré que d'habitude, avec une plume un peu plus fade et des personnages moins convaincants. Mais ce serait en comparaison de Médée Kali, qui est un chef-d'oeuvre absolu.
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Très troublant. Extrêmement bien écrit.
Un rythme lent en adéquation avec le thème. Une pression, une oppression, une attente. Quelques longeurs parfois, mais nécessaires à l'atmosphère du récit donc peu importe.
Voici un livre dont on se souvient.
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Alexandre le Grand se meurt et à peine a-t-il rendu son dernier souffle que déjà son empire se disloque. Pendant que les alliés d'hier se déchirent pour le partage des territoires, Dryptéis, qui ne peut échapper à son destin, accompagne la dépouille d'Alexandre en sa dernière demeure. En mémoire de ce grand conquérant, une poignée de fidèles, guidée par un cavalier sans tête, va accomplir une ultime expédition.
J'aime toujours autant l'écriture vibrante de Laurent Gaudé, qui n'a pas son pareil pour donner une dimension à la fois tragique et majestueuse à ses personnages, et pourtant cette fois-ci, je n'ai pas été totalement emportée par l'histoire. Même si j'ai apprécié la lecture de ce roman, je suis restée un peu en lisière de ce cortège.
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Une échappée belle et tragique en terres antiques et mythiques, Laurent Gaudé réécrit le dernier grand voyage des morts d'un des plus grands conquérants, Alexandre et nous entraîne jusqu'au plus profond de son âme.

L'ultime expédition d'un homme "trop grand pour la vie", "un homme qui ne sait pas mourir". Une ultime chevauchée qui prend des allures de véritable épopée, une dernière danse entre la vie et la mort, où les voix des deux mondes, vivant et mort, se répondent dans ce dernier élan vers l'inconnu, la liberté, l'absolu, l'éternité.

À la mort d'Alexandre, c'est tout l'Empire qui se fissure, se déchire « Les reines meurent dans la fange, les nouveau-nés sont étouffés. On déchire les alliances et aiguise les fers. »
Les pleureuses de ce monde englouti vont porter la douleur à travers le monde « [...] tant que le cortège parcourt le monde, Alexandre est là et il tient encore l'Empire, par son absence mais c'est une façon de le tenir. Si elles ne pleurent plus, tous penseront que le temps du deuil est révolu et alors ils se jetteront les uns sur les autres. »

Un très beau roman qui débute plutôt lentement. Il m'a fallu un certain temps avant de me familiariser avec les voix qui ouvrent l'histoire et le décor qui s'installe.
J'ai particulièrement apprécié la voix de Dryptéis, une femme courageuse et fidèle à Alexandre jusqu'au bout. Elle aura passé sa vie à semer l'Empire, à fuir lieux et forme du pouvoir, à être une parmi tant d'autres, à se délester du poids de l'or qui coule dans ses veines pour trouver la paix, pour elle, pour son fils, pour être enfin « dans le coeur vif des choses où les instants passent avec lenteur et où tout est vital ».
« Elle aime les lieux où les voix, dans les montagnes, se font avaler par les crevasses et où il ne reste qu'un silence vibrant de lumière. »
Laurent Gaudé est brillant dans ce registre, il nous livre un récit épique sur une légende de l'Histoire en toute simplicité...si j'ose dire.
Une écriture prodigieuse, une construction savante et délicate pour permettre au lecteur d'avancer doucement, prudemment dans les pas de cet immense cortège funéraire, mystérieux et lumineux.

Si le registre vous plaît, n'hésitez pas une seconde à vous lancer dans ce très beau roman !

« Ô mystère des mondes... le temps chavire et les ombres paraissent. »

Lien : https://seriallectrice.blogs..
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Laurent Gaudé sait faire vibrer le coeur antique et réussit à m'intéresser un peu à la mort d'Alexandre qui a dominé un immense empire allant de la Grèce à l'Inde. Ses succès militaires en font un chef redouté qui va pourtant s'effondrer au cours d'un banquet à Babylone.
Dans ce roman intitulé "Pour seul cortège" Laurent Gaudé raconte les derniers instants du grand conquérant et les querelles de succession car ses généraux vont se disputer sa dépouille, seul gage pour détenir le pouvoir. Autour de son cercueil, un immense et somptueux cortège va être organisé pour transporter ses restes en Macédoine.
Au cours de ce voyage, plusieurs voix vont se faire entendre, celle d'Alexandre lui-même, celle de Dryptéis retirée du monde, fille de Darius qu'Alexandre a tué, épouse de son meilleur ami Héphaïstion, mort au combat mais aussi celle du cavalier sans tête, Ericléops, âme de l'ambassadeur fidèle qui va guider les quelques élus pour conduire Alexandre vers sa dernière demeure.

Si ce roman est très bien construit et si j'ai aimé entendre la voix des fantômes, je dois dire que l'histoire ne m'a pas passionnée même si l'écriture et le style poétique de cette épopée fantastique sont admirables.

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Le grand Alexandre se meurt. Alexandre le Grand est mort. On lui prépare un cortège et les guerres internes se dessinent déjà et les nouveaux conquérants s'installent. Avec les mots de Laurent Gaudé, on fait le dernier voyage d' Alexandre, entouré de Ptolémée, Perdiccas, Dryptéis, Roxanne, soldats, pleureuses, amis fidèles et les autres. Un cortège funèbre traversant les frontières pour porter ce grand roi chez lui, en terre natale. Un récit épique raconté avec les mots de Laurent Gaudé c'est toujours un bonheur.
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