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EAN : 9782738106964
304 pages
Odile Jacob (30/11/-1)
5/5   1 notes
Résumé :
Quoi de plus stupéfiant que le développement d’un embryon ? Comment les cellules savent-elles qu’elles doivent placer les yeux sur la face et non sur la cuisse de l’individu qu’elles forment ? Pourquoi l’oublient-elles parfois pour donner naissance à un monstre ? Walter Gehring retrace les progrès récents de la génétique du développement embryonnaire dont il est l’un des plus éminents spécialistes. Il raconte la traque planétaire des gènes qui contrôlent l’exécution... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
L'avènement des techniques de génétique moléculaire a permis à des équipes de chercheurs, dans de nombreux laboratoires, d'isoler et de caractériser les gènes, et d'étudier les mutations génétiques. La drosophile (Drosophila melanogaster), cette petite « mouche du vinaigre », est le sujet d'étude approprié pour ces recherches. En déplaçant un gène (donc une partie de son ADN), à un autre endroit, cette pauvre petite mouche peut se retrouver avec une patte à la place d'une antenne, sans ailes, ou... avec une nouvelle couleur pour ses yeux rouges.
W.J.Gehring rassemble dans ce livre toutes les connaissances acquises dans le domaine de l'embryologie, c'est-à-dire de la façon dont se développe un organisme vivant. (Il inclut ainsi ses travaux à ceux d'Edward Lewis, Christiane Nüsslein-Volhard et Eric Wieschaus, qui obtinrent le prix Nobel de physiologie/médecine en 1995).
Il nous amène dès lors dans un voyage au coeur des mécanismes du vivant, en décrivant pas à pas les découvertes des différentes équipes qui travaillent sur le sujet.
Les gènes « architectes », qui déterminent le plan d'organisation du corps lors de l'embryogenèse, remontent très loin dans le temps de notre histoire évolutive. Particulièrement « stables » (c'est-à-dire qu'ils subissent peu de mutations – auquel cas, on aboutit à un « monstre » ou à un individu non viable), ils n'ont pas changé depuis des centaines de millions d'années. Ainsi, le gène eyeless qui « commande » par exemple la formation d'un oeil, est identique chez une chouette, un calmar ou un homme.
J'ai plus particulièrement apprécié dans ce livre ce qui touche à l'histoire évolutive du vivant, car il est fascinant de voir que nous avons, dans l'ADN de chacune de nos cellules, tant de gènes en commun avec des espèces animales qui nous sont si éloignées dans l'histoire de l'évolution. L'autre aspect intéressant est relatif aux mécanismes d'expression des gènes : l'ADN seul ne suffit pas, le noyau de la cellule non plus, de nombreuses protéines se trouvant dans le cytoplasme sont déterminantes, et la mère elle-même transmet des messages à l'embryon dans les premières phases de son développement.
Sur un plan plus philosophique, ces découvertes en biologie m'amènent à des réflexions plus générales, notamment que le vivant est vraiment le fruit d'un « bricolage » hasardeux, mais tenace, bien plus qu'un plan figé, établi par un ingénieur rigoureux et omnipotent, et qu'il n'est nul besoin d'en appeler à un « être supérieur » et « créateur » pour expliquer la vie.
(je m'explique : le bricolage hasardeux, ce sont les mutations génétiques aléatoires, et le bricolage tenace, c'est la sélection naturelle... les deux piliers avec lesquels Darwin à substituer à l'explication divine... une explication scientifique).
Comme le dit Jean Chaline, « l'embryologie est la passerelle entre la génétique et la paléontologie ». Ce livre marque donc un point d'étape très important dans l'éclairage que la génétique a apporté à la théorie de l'évolution, il est relativement abordable au plan conceptuel, il plaira ainsi à tous ceux et toutes celles qui sont curieux de découvrir la façon dont se développent les embryons de tout être vivant.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
« Ces résultats montraient donc qu'eyeless est un gène maître dans le contrôle de la morphogenèse de l'œil. Un seul gène peut activer la série des deux mille cinq cents autres gènes nécessaires à la « construction » de l'œil. Ce chiffre est fondé sur les vastes recherches au moyen de détecteurs d'augmenteurs, qui ont été menées dans le laboratoire de Gerry Rubin. »
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« D'un côté, le texte génétique contient un programme de développement détaillé, comme on l'a expliqué dans les chapitres précédents ; d'un autre côté, l'ADN représente aussi des archives historiques, dans le sens où il recèle des informations sur l'évolution des organismes. De cette façon, il apporte un précieux complément aux archives fossiles qui possèdent de nombreuses lacunes et ne concernent que les organismes dont les restes se sont conservés au long des temps géologiques. Les mutations qui se sont produites au cours de l'évolution sont inscrites dans le génome des organismes vivants et représentent une source inestimable d'information historique. »
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« Les gènes homéotiques ont joué un rôle fondamental dans l'évolution, en spécifiant le plan du corps. Puisqu'elles touchent aux gènes régulateurs maîtres, les mutations homéotiques ont des conséquences spectaculaires sur la morphogenèse. Par exemple, les antennes peuvent être transformées en pattes ou bien une quatrième paire de pattes peut être ajoutée sur le thorax. La plupart de ces effets spectaculaires sont létaux ou délétères, mais il peut arriver occasionnellement que l'une d'entre elles soit favorable et ouvre de nouvelles voies évolutives... »
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« Comment le complexe de gènes homéotiques a-t-il pu apparaître dans l'évolution et quelles sont les forces sélectives qui maintiennent ces gènes regroupés en complexes ? Les tentatives de répondre à ces questions ont une longue histoire qui a été passée en revue par Ed Lewis (1992). Nous n'avons jusqu'ici que des réponses partielles, mais les données moléculaires récemment obtenues apportent de solides indications nouvelles et conduisent à d'intéressantes spéculations que j'aimerais présenter. »
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