AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,31

sur 293 notes
5
21 avis
4
14 avis
3
3 avis
2
0 avis
1
0 avis
"Le livre des nuits" où comment mettre de la beauté et de la tendresse dans un récit glauque et désespéré.
Un récit où la cruauté, la folie, la mort, la guerre, la souffrance ne laisse aucun répit aux protagonistes.
Un récit aux allures de contes mêlant fantasmagorie, réalité et histoire. Une langue imagée et poétique qui parfois atténue , parfois exarcebe la douleur, le désespoir et la folie du monde et des hommes, qui prend aux tripes et touche au coeur.
Un roman peu commun, qui ne plaira pas à tous, mais qu'à titre personnel, j'ai adoré.
Commenter  J’apprécie          20
Nous sommes ici en présence d'un roman exceptionnel: le style, la force des situations, la montée en puissance et la répétition des drames, font que nous sommes accrochés à cette lecture, qui confirme la position aux plus hauts niveaux de l'auteure parmi les romanciers contemporains.
On peut toutefois être gênés par l'apport d'une dose de surnaturel, qui affaiblit le réalisme cru des situations. Gênés aussi par le fait qu'une bonne partie de la lignée de l'abondante famille Péniel - qui s'étend sur plusieurs décennies dans ce roman - est issue d'une relation incestueuse. Ce sont des choix de l'auteure, que nous respectons, mais nous pourrions imaginer le même récit sans ses deux caractéristiques encombrantes (?).
Cela ne remet pas en cause l'intérêt de ces lectures: Magnus, Jours de colère, et ce "Livre des nuits" qui les a précédés sont trois livres qui nous ont déroutés et comblés.
Commenter  J’apprécie          40
On ne peut pas soupçonner Sylvie Germain d'un manque d'ambition, surtout quand on sait qu'il s'agissait de son début (1985). Elle en a fait une épopée familiale complète qui suit plus ou moins l'histoire de France du milieu du XIXe au milieu du XXe siècle. Quatre générations de la famille Peniel sont représentées, d'abord comme mariniers sur le complexe de l'Escaut dans le nord de la France, puis comme agriculteurs dans les Ardennes françaises. Tous les descendants ont en commun une tache dorée dans l'iris de leur oeil gauche. Cela indique déjà qu'il y a quelque chose de spécial avec eux, et Germain utilise également en abondance d'autres éléments magiques réalistes. L'histoire prend donc régulièrement des allures de conte noir, et Gabriel Garcia Marquez et la famille Buendia (100 ans de solitude) me reviennent également à l'esprit de temps en temps.
Pourtant, c'est devenu un roman très inégal. Il contient des passages incroyablement forts, comme les scènes de guerre horribles (combien de variations sur l'horreur des tranchées sont-ils possibles ?). Mais le récit aussi régulièrement vire vers des intrigues secondaires moins suivables. Aussi sur le plan stylistique ce livre est un peu inégal : il contient des scènes incroyablement poétiques, mais à d'autres moments le style d'écriture est plutôt plat. Autrement dit : des sentiments plutôt mitigés. Mais, comme mentionné, pour une première tentative c'est assez impressionnant ; cela me rappelait même parfois le roi des Aulnes de Michel Tournier. Cela veut dire quelque chose.
Commenter  J’apprécie          70
Retour de lecture sur "Le Livre des Nuits", un premier roman de Sylvie Germain, que je ne connaissais que vaguement de nom, publié en 1985. Pour la petite histoire, Sylvie Germain est l'auteure qui a créé une polémique lors du bac 2022, suite aux nombreuses réactions hostiles après qu'un extrait d'une autre de ses oeuvres, jugé trop difficile, ait été proposé en commentaire de texte aux épreuves de français. Cette polémique, comme elle l'a elle-même qualifiée, était juste absurde et affligeante, mais elle n'avait pas à se défendre, son écriture parle pour elle, celle-ci est juste exceptionnelle, très poétique et d'une très grande beauté. Pour revenir à ce livre, il démarre avec l'histoire d'un batelier, Honoré-Firmin Peniel, marié, ayant un fils et une fille, qui rentre de la guerre de 1870 complément défiguré par un coup de sabre. Sur un coup de folie il viole sa fille, et de cette union naîtra un fils:  Victor-Flandrin qui sera le personnage central de ce roman. Il ne connaîtra jamais sa mère qui mourra en le mettant au monde. Alors qu'une nouvelle guerre se prépare, le père, traumatisé par sa propre expérience, coupera deux doigts à son fils pour l'empêcher d'être mobilisé. Après le suicide de son père, Victor-Flandrin prendra la route pour s'installer au hasard, dans les terre, où il développera sa ferme, aura quatres femmes et de chacune d'elles des jumeaux qui auront des fortunes diverses. On suivra au cours de cette histoire cette famille Peniel, qui traversera trois grandes guerres et une succession de malheurs qui en découleront souvent. Comme déjà évoqué plus haut, ce qui frappe en premier, est la qualité de l'écriture, qui est une véritable merveille, envoûtante, quelquefois lyrique et très poétique. Ce roman est à la fois un roman historique puisqu'il traite de ces trois guerres qui se sont succédé, mais également un conte fantastique, on navigue continuellement entre le réel et le fantastique. L'histoire du livre, liée à la grande histoire qui n'est qu'un éternel recommencement, tourne forcément un peu à la répétition. Cela est notamment le cas avec l'enchaînement des mariages et surtout des naissances qui sont au nombre de quinze, rien que pour Victor-Flandrin, mais chaque fois qu'on commence à se lasser et qu'on se demande où l'auteure veut en venir, le livre bascule dans des épisodes magnifiques, très émouvants et très prenants. Les passages relatant la traversée des deux guerres mondiales sont particulièrement lyriques et poignants. C'est un livre très noir tout en étant incroyablement poétique. Sylvain Germain nous raconte cette succession de guerre à travers la saga de cette famille qui connaîtra un enchaînement de malheurs sans fin mais qui à chaque fois se relèvera tant  bien que mal. C'est un conte cruel dans lequel la beauté de la langue contraste avec l'horreur du vécu. Une écriture qui, à travers sa poésie, nous rappelle que malgré tout, même au plus profond de la nuit, la vie est plus forte que tout, qu'il y a toujours de l'espoir. Pour finir, c'est un livre bouleversant et émouvant, qui vous hantera longtemps. Un livre à lire absolument pour découvrir cette écriture magnifique et l'univers, entre récit historique et conte fantastique, de cette auteure incontournable.

___________________________________
"Sa mémoire était longue et profonde, – il n'était pas un seul de ces milliers de jours qui bâtissaient sa vie dont il ne gardât un souvenir aigu. Nombre de ces jours lui avaient été souffrance et deuils, mais Ruth jetait une clarté si vive, une joie si forte, sur le présent que tout le passé en était rédimé. Loin même de lui faire oublier celles qu'il avait aimé autrefois, la présence de Ruth clarifiait leurs visages pour les fixer, non en portraits, mais en paysages illimités."
Commenter  J’apprécie          94
Le Livre des Nuits/Sylvie Germain
Ce magnifique roman a tout de la légende avec ses aspects fantastiques issus des croyances campagnardes et des superstitions paysannes, mettant en scène des êtres simples broyés par le destin et l'histoire. L'action débute dans la seconde partie du XIX é siècle puis se poursuit durant la Première Guerre mondiale puis la Seconde.
L'histoire débute sur les calmes bords de l'Escaut à bord d'une péniche, aux confins de la terre et de l'eau. Une famille de bateliers, les Peniel, mène une vie fruste et tranquille
. La doyenne, c'est Vitalie, une femme rêveuse encline à la mélancolie, douce et silencieuse, la mère de Théodore-Faustin, puis la grand-mère de Honoré-Firmin et Hermine-Victoire.
Rapidement veuf de Noémie, Théodore-Faustin choisit pour seconde femme sa propre fille Hermine-Victoire, laquelle est suffisamment fière pour s'écrier tout haut :
« Je suis devenue la femme de mon père ! »
de leur union nait Victor-Flandrin qui donc était le frère de sa mère et fils de sa soeur !!
Victor-Flandrin est le personnage principal de cette saga. Après une vie d'errance dans les campagnes et les forêts après avoir quitté la péniche suite à la guerre de 1870, il acquiert la ferme des Terres Noires dans la Meuse. Il aime la terre.
Il se retrouve quatre fois veuf après avoir eu quinze enfants dont bon nombre de bessons, et la mère de 3 de ses enfants reste une inconnue. Rêve et réalité cohabitent souvent chez un même personnage ce qui induit des situations assez rocambolesques comme l ‘arrivée de trois enfants à la ferme, progéniture de Victor Flandrin peut-être lors d'un viol ou de plusieurs - il ne sait plus - mais dont la mère reste une réalité floue…
Et puis il y aura l'épisode de la guerre des tranchées, les loups, la passion, les destins brisés et la violence qui font de ce roman un livre impressionnant et passionnant.
De plus le style de Sylvie Germain est remarquable, teinté de poésie, de lyrisme et d'une grande sensibilité. le choix des mots et particulièrement soigné et judicieux pour évoquer l'atmosphère sombre, tragique et maudite qui règne tout au long du récit.
« La terre leur était éternel horizon, pays toujours glissant au ras de leurs regards, toujours fuyant au ras du ciel, toujours frôlant leurs coeurs sans jamais s'en saisir. La terre était mouvance de champs ouverts à l'infini, de forêts, de marais et de plaines rouis dans les laitances des brumes et des pluies… »

Vu le nombre impressionnant de personnages apparaissant dans ce roman dont la vie s'étend sur environ cinq générations, il est prudent de prendre note de la généalogie au fur et à mesure de leur entrée en scène.
En résumé, un livre bouleversant et émouvant, dans lequel malgré les tragédies qui frappe l'homme, l'espoir n'est pas un vain mot.
Commenter  J’apprécie          41
Je ne m'attendais pas à cette atmosphère particulière : un homme qui vit seul avec sa tribu au fond d'un village, entre la défaite de Sedan et la fin de la seconde guerre mondiale.

Ses quatre femmes lui donneront jumeaux et jumelles, presque tous au prénom double.

Le silence règne à la ferme, les femmes meurent en poussant des cris, seules paroles. Les larmes aussi sont retenues.

J'ai aimé que la péniche du grand-père s'appelle A la Grâce de Dieu, que celle du père soit nommé La Colère de Dieu, et que la maison du fils auraient dû se nommer A l'aplomb de Dieu.

J'ai aimé Vitalie, la grand-mère, dont les larmes blanches ont un goût de coing et de vanille.

J'ai aimé les étoiles dans les yeux du fils, une pour chaque enfant qu'il aura.

Mais quand il fait alliance avec un loup, j'ai trouvé l'homme reclus moins intéressant.

J'ai aimé le vocabulaire si particulier du récit : les re-tirer / -affleurer / -découvrir. Mon préféré étant déjeter, très présent dans le texte.

Un premier roman, qui date de 1985, de nombreuses fois primés, et qui offre une plongée dans les nuits du début du XXe siècle.

Une citation :

Après avoir été un batelier rejeté par les fleuves, il n'était plus à présent qu'un paysan rejeté par la terre, un amant et un père rejeté par l'amour, – un vivant rejeté par la vie sans cependant être accueilli par la mort. Il était de nulle part. C'ets pourquoi il n'avait nulle ha^te des e relever de ce seuil où il dormait assis. (p.223)

L'image que je retiendrai :

Celle de la fille Margot, la Maumariée, aux treize jupons blancs, chacun correspondant aux treize années qui lui reste à vivre sa journée de mariage éternellement.
Lien : https://alexmotamots.fr/le-l..
Commenter  J’apprécie          100
Elle nous dit la Vie des Péniel !

Devenus gens d'à-terre - " Terre demeurée sauvage qui murmurait à la tombée du jour d'anciennes légendes de sorciers, de fées, d'invincibles galvaudeux et d'esprits en errance".

Un temps, ils furent gens de l'eau-douce - " Leurs coeurs étaient couleur d'ardoise, abrasés tout autant par les éclats du jour que par les pénombres de la nuit".

Quelle lumière dans la magnificence des descriptions !

Quelles ombres inquiétantes dans les sombres rouages de cette famille qui n'en finit pas de s'agrandir en personnages tous plus extraordinaires et fantastiques, marqués par la violence, la passion et le renouveau.

Magie lumineuse de vies et de destins hors du commun avec une touche de fantastique qui se fond aisément au fil des pages ; destins sombres comme la nuit, d'autres éblouissants comme la lumière.

Monde sans fin, recommencé !
Après le bruit et la fureur des hommes de guerre, qui ne laissent sur leur passage que sang, feu, flammes, incompréhension, douleur et cendres.

Très belle écriture qui m'a transporté.
Elle dit l'amour des hommes, de la terre, leur passage telle une toile arachnéenne qui brille, se tend, se brûle au feu de la vie, de l'amour, de la mort, se déchire et renaît.

La Vie tel un gros livre feuilleté à l'endroit, puis à l'envers,
Eternellement !
Commenter  J’apprécie          284
Le Livre du Mois Août 2022
Univers si particulier de Sylvie Germain, si envoûtant...
A la lecture de ce livre, nous sommes immergés dans le monde de la famille Péniel.
Victor-Flandrin, le dernier fils de Théodore-Faustin connaîtra un destin singulier. Bien jeune à la mort de son père, il vivra et survivra, bravant l'âpreté de la vie. Cette vie qu'il aura longue et fructueuse, côtoyant la mort dévastatrice et cette guerre toujours sous-jacente.
Magnifique roman oscillant entre réel et fantastique. On le quitte à regret.
Commenter  J’apprécie          40
C'est à la fois un roman et un comte fantastique, à travers le monde de la batellerie et des mariniers, de la mine de charbon et de la vie dans une campagne reculée.
Au centre du livre Victor-Flandrin, un homme hors du commun, a eu quatre femmes dont il a eu plusieurs enfants toutes marquées par la gémellité, (deux jumeaux), et toutes les quatre mortes d'une mort violente.
Sylvie Germain mélange une ambiance très dure et des descriptions assez crues avec une certaine tendresse pour ses personnages qui font que son livre se lit facilement pour celui qui n'a pas l'âme trop sensible.
Le lecteur se trouve transporté malgré lui par l'intensité tragique du livre qui reste comme une sorte d'hymne à la vie.
C'est bien ce dont nous avons besoin, un respect de la vie, un certain esprit de tolérance.
Et quand Victor-Flandrin, au mépris des conventions du monde, transporte le cercueil de sa femme jusqu'à l'église, dans une brouette pour éviter la calèche à deux chevaux, il y a une certaine grandeur, c'est tout l'esprit du livre.
Avec la …deuxième guerre mondiale le vainqueur fort de sa puissance se laisse aller à toutes les extrémités, et quand il est battu, dans sa débâche, par dépit ou par vengeance il continue de détruire et de brûler les maisons, et de tuer les civils.
A chaque fois Victor Flandrin reconstruit ce qui a été détruit et rassemble le petit nombre de ceux qui oint survécu. C'est la vision très dure et réaliste de Sylvie Germain qui met en valeur la capacité des hommes à se ressaisir;
C'est en même temps une invitation qui nous est faite de ne pas nous laisser aller au pessimisme ou négativisme ambiant – de se ressaisir.
Commenter  J’apprécie          10
Une bacchanale de personnages aux multiples visages. Sylvie Germain décrit notre Humanité, avec un style riche, nourri de symboles et de connotations. Un texte qui évoque la guerre, ses tourments, sa violence, ses conséquences et ses destins détruits. En filigrane, ce livre traite de la propension de chacun à se tourner indifféremment vers sa part d'ombre ou vers sa bonté.
Commenter  J’apprécie          20




Lecteurs (704) Voir plus



Quiz Voir plus

Sylvie Germain

Née à Châteauroux en ?

1934
1944
1954
1964

10 questions
28 lecteurs ont répondu
Thème : Sylvie GermainCréer un quiz sur ce livre

{* *}