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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je termine ce roman comme une jolie parenthèse enchantée.

Venez.
Ecoutez l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup.
Ecoutez l'histoire de Victor-Flandrin Péniel, né sur les eaux douces, là-haut dans les plaines du Nord de la France, à la limite de tout. Adulte, c'est au hameau de Terres Noires qu'il s'établira, c'est à la Ferme-Haute qu'il prendra épouse, par quatre fois. Mélanie, Blanche, Sang Bleu, Ruth : chacune lui donnera de nombreux enfants, toujours par pair, toujours marqués du sceau de leur père : une tâche d'or au fond des yeux.

A travers cette fresque familiale qui tourne autour du personnage fédérateur, Victor-Flandrin Péniel, Sylvie Germain nous entraîne aux confins du réel, là où rêverie et conte se dessinent, là où la réalité se pare de tout ce qu'elle a de merveilleux et de légendaire. Car l'histoire de Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup et de sa descendance ressemble bien à une légende. Mais ces personnages de conte qui parcourent les années, de la fin du 19e siècle jusqu'aux lendemains de la Seconde guerre mondiale, affrontent aussi les affres de leur époque, celle qui apporte son lot de deuils et de souffrances lorsque la folie des hommes l'emporte.
Au delà de l'Histoire, « Le livre des Nuits » est aussi une histoire de famille où malgré le grand nombre de participants, chacun trouve sa place et sa marque aux yeux du lecteur. Qu'ils sont nombreux les enfants Péniel ! Mais tous, du mal-aimé, du non-voulu, du préféré ou de l'adopté, du fou ou du raisonnable, tous nous touchent. Tous, jusqu'au dernier,

J'ai retrouvé dans ce premier roman de Sylvie Germain toute la magie qu'opère sur moi le style de l'auteure, une écriture entre réalisme et onirisme où une histoire aux allures de conte rejoint l'Histoire et ses monstres bien réels. Tout se fond, l'un en l'autre. Tout se tient et nous tient, jusqu'au bout. Les récits de l'auteure offrent l'alliance parfaite du roman, de la poésie et du conte, et nous proposent une narration sublime où les mots nous délectent de leur beauté nous transportent d'émotion.

C'est de cet effort d'écriture, de cette exigence d'allier le beau au sens que l'on reconnaît les grands auteurs, ceux qui travaillent leurs phrases autant que leur histoire.

Un roman magnifique sur les hommes et leurs racines, sur leur pouvoir de résilience, sur l'amour qui naît, qui meurt, qui dure toujours.
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Elle nous dit la Vie des Péniel !

Devenus gens d'à-terre - " Terre demeurée sauvage qui murmurait à la tombée du jour d'anciennes légendes de sorciers, de fées, d'invincibles galvaudeux et d'esprits en errance".

Un temps, ils furent gens de l'eau-douce - " Leurs coeurs étaient couleur d'ardoise, abrasés tout autant par les éclats du jour que par les pénombres de la nuit".

Quelle lumière dans la magnificence des descriptions !

Quelles ombres inquiétantes dans les sombres rouages de cette famille qui n'en finit pas de s'agrandir en personnages tous plus extraordinaires et fantastiques, marqués par la violence, la passion et le renouveau.

Magie lumineuse de vies et de destins hors du commun avec une touche de fantastique qui se fond aisément au fil des pages ; destins sombres comme la nuit, d'autres éblouissants comme la lumière.

Monde sans fin, recommencé !
Après le bruit et la fureur des hommes de guerre, qui ne laissent sur leur passage que sang, feu, flammes, incompréhension, douleur et cendres.

Très belle écriture qui m'a transporté.
Elle dit l'amour des hommes, de la terre, leur passage telle une toile arachnéenne qui brille, se tend, se brûle au feu de la vie, de l'amour, de la mort, se déchire et renaît.

La Vie tel un gros livre feuilleté à l'endroit, puis à l'envers,
Eternellement !
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De la fin du 19ème siècle aux lendemains de la seconde guerre mondiale, le sombre destin de la famille Péniel. Victor Flandrin dit "Nuit d'Or Gueule de Loup" a quitté les bords du fleuve et s'est installé dans le hameau de Terre-Noire où il a engendré une nombreuse descendance marquée de gémellité et de tempéraments fougueux. Générations après générations, c'est le récit tragique de cette famille broyée par les guerres et l'histoire qui nous est magistralement conté.
Magnifique roman, salué par la presse lors de sa sortie et couronné de nombreux prix littéraires. Sombre et envoûtante, une saga familiale transcendée par un style admirable plein de poésie et de lyrisme. Tragique et dur, passionné et ombrageux à l'image des protagonistes portant tous la marque de la gémellité, ce récit d'une destinée familiale est un pur chef d'oeuvre d'émotions brutes.
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Il est des livres que nous avons l'impression de retrouver. Les retrouver alors que c'est la première fois que nous les lisons.
Le Livre des Nuits est un de ceux là.
De ces rares instants de lecture qui nous appartiennent.
Alors évidement ,il y a l'écriture de Sylvie Germain, Il y a cette sève, cette tourbe, ces odeurs qu'elle sait extraordinairement nous offrir, il y a ces personnages forts, énormes, et toutes ces vies qui s'écoulent, qui saignent, qui s'écaillent, qui se mélangent de page en page : les Livres, les livres de toutes nos vies.
Faut il aimer follement les hommes pour en parler avec autant de douceur et de poésie. Les hommes sont beaux dans les livres de Sylvie Germain. Terriblement beaux, cruellement beaux enchevêtrés comme des lierres, emportés par leur destin, recouverts de cendres. Faut il avoir conscience de la puissance de la vie pour nous donner, parmi ces nuits, envie d'y croire encore, y croire toujours.
Croire que la vie est plus forte que tout. Il y a du Albert Cohen dans cet élan.
Un livre important.

Astrid SHRIQUI GARAIN
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Après avoir lu, il y a peu, son dernier livre, j'ai eu envie de retrouver Sylvie Germain, que j'apprécie, dans ce premier roman écrit en 85 et qui lui valut le prix (entre autres) du livre Insolite, largement mérité , roman d'une singularité toute particulière, où elle nous montre toute l'étendue de son extraordinaire imaginaire.
Un petit temps d'acclimatation...pour pouvoir nous 'imbiber' de cet univers au réalisme magique et tragique un peu déroutant, pénétrer ce monde fantasque et fantastique où tous nos sens sont âprement sollicités, nos repères chahutés, notre conscience élargie (un vrai "trip" écrit).
Une lecture, certes, pas de tout repos, car intense et dense en permanence, mais un roman si abouti que l'on se demande si Mme Germain n'aurait pas vécu mille vies !
Proprement prodigieux, à mes yeux !
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Retour de lecture sur "Le Livre des Nuits", un premier roman de Sylvie Germain, que je ne connaissais que vaguement de nom, publié en 1985. Pour la petite histoire, Sylvie Germain est l'auteure qui a créé une polémique lors du bac 2022, suite aux nombreuses réactions hostiles après qu'un extrait d'une autre de ses oeuvres, jugé trop difficile, ait été proposé en commentaire de texte aux épreuves de français. Cette polémique, comme elle l'a elle-même qualifiée, était juste absurde et affligeante, mais elle n'avait pas à se défendre, son écriture parle pour elle, celle-ci est juste exceptionnelle, très poétique et d'une très grande beauté. Pour revenir à ce livre, il démarre avec l'histoire d'un batelier, Honoré-Firmin Peniel, marié, ayant un fils et une fille, qui rentre de la guerre de 1870 complément défiguré par un coup de sabre. Sur un coup de folie il viole sa fille, et de cette union naîtra un fils:  Victor-Flandrin qui sera le personnage central de ce roman. Il ne connaîtra jamais sa mère qui mourra en le mettant au monde. Alors qu'une nouvelle guerre se prépare, le père, traumatisé par sa propre expérience, coupera deux doigts à son fils pour l'empêcher d'être mobilisé. Après le suicide de son père, Victor-Flandrin prendra la route pour s'installer au hasard, dans les terre, où il développera sa ferme, aura quatres femmes et de chacune d'elles des jumeaux qui auront des fortunes diverses. On suivra au cours de cette histoire cette famille Peniel, qui traversera trois grandes guerres et une succession de malheurs qui en découleront souvent. Comme déjà évoqué plus haut, ce qui frappe en premier, est la qualité de l'écriture, qui est une véritable merveille, envoûtante, quelquefois lyrique et très poétique. Ce roman est à la fois un roman historique puisqu'il traite de ces trois guerres qui se sont succédé, mais également un conte fantastique, on navigue continuellement entre le réel et le fantastique. L'histoire du livre, liée à la grande histoire qui n'est qu'un éternel recommencement, tourne forcément un peu à la répétition. Cela est notamment le cas avec l'enchaînement des mariages et surtout des naissances qui sont au nombre de quinze, rien que pour Victor-Flandrin, mais chaque fois qu'on commence à se lasser et qu'on se demande où l'auteure veut en venir, le livre bascule dans des épisodes magnifiques, très émouvants et très prenants. Les passages relatant la traversée des deux guerres mondiales sont particulièrement lyriques et poignants. C'est un livre très noir tout en étant incroyablement poétique. Sylvain Germain nous raconte cette succession de guerre à travers la saga de cette famille qui connaîtra un enchaînement de malheurs sans fin mais qui à chaque fois se relèvera tant  bien que mal. C'est un conte cruel dans lequel la beauté de la langue contraste avec l'horreur du vécu. Une écriture qui, à travers sa poésie, nous rappelle que malgré tout, même au plus profond de la nuit, la vie est plus forte que tout, qu'il y a toujours de l'espoir. Pour finir, c'est un livre bouleversant et émouvant, qui vous hantera longtemps. Un livre à lire absolument pour découvrir cette écriture magnifique et l'univers, entre récit historique et conte fantastique, de cette auteure incontournable.

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"Sa mémoire était longue et profonde, – il n'était pas un seul de ces milliers de jours qui bâtissaient sa vie dont il ne gardât un souvenir aigu. Nombre de ces jours lui avaient été souffrance et deuils, mais Ruth jetait une clarté si vive, une joie si forte, sur le présent que tout le passé en était rédimé. Loin même de lui faire oublier celles qu'il avait aimé autrefois, la présence de Ruth clarifiait leurs visages pour les fixer, non en portraits, mais en paysages illimités."
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Victor-Flandrin Pléniel, que l'on appelle aussi Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup, quitte la péniche qui l'a vue grandir, s'éloigne de l'eau à laquelle sa famille était attachée depuis des générations pour s'enfoncer dans les terres. Il porte au coup les sept larmes de son père, dont le visage a été marqué par le sabre d'un uhlan en 1870. Il avance accompagné de l'ombre blonde de sa grand-mère qu'il porte comme une protection. C'est à Terre-Noire, un lieu reculé, qu'il établit son existence, qu'il prend femme, quatre fois, et qu'il engendre une descendance nombreuse, sous le sceau de la géméllité et de la tache d'or qu'il transmet à l'oeil de tous ses enfants. Traversant les conflits qui agitent le reste du monde, incapable de soustraire les siens aux remous de l'histoire et des passions, Victor-Flandrin dure longtemps alors que sa famille meurt et se réduit.

Nuit-d'Or-Gueule-de-Loup est un personnage comme j'aimerais en croiser plus souvent dans mes lectures: "Nul ne savait vraiment d'où il venait, ni pourquoi ni comment il était arrivé là. Les légendes et les ragots les plus fantasques couraient au sujet de son teint noirci par la poussière de charbon, des taches d'or de son oeil qu'il se mettait maintenant à distribuer à sa progéniture, de son ombre blonde qui hantait toute seule les chemins, de son accointance avec les loups, de sa voix dont l'accent différait de celui de la région, de son regard capable d'éteindre les miroirs et de sa main mutilée." (p. 94)

Et tous les autres personnages sont aussi bien construits. La question de l'identité est au coeur de tout le roman. Il y a impossibilité pour tous d'être unique. Il n'y a que double et dédoublement, soit par la géméllité, soit par un double prénom, soit par un surnom qui parachève la personne, qui valide l'existence.

Il n'est pas toujours facile de s'y retrouver dans la progéniture de Victor-Flandrin. J'y ai vu une famille fantastique, aux ramifications infinies, un peu comme l'immense tribu des personnages de Cent ans de solitude, de Gabriel Garcia Marquez. A la fois bien réels et totalement chimériques, les êtres traversent le texte et lui confèrent une valeur merveilleuse, aux limites du fantastique. Il y a celui qui parle aux loups, celui qui porte en lui son frère, celles qui sentent et vivent les malheurs de demain, celui qui chante mieux que les oiseaux, etc.

Le texte, à la fois récit familial, récit initiatique pour chaque personnage, apologue, conte philosophique, légende, se décompose en strates qui ne peuvent aller les unes sans les autres. C'est très bien écrit, puissant et entraînant. C'est la meilleure lecture de mon mois d'octobre.
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Je suis une inconditionnelle de Sylvie Germain et c 'est pour moi son meilleur livre, il y a absolument tout dans cette remarquable oeuvre, tous les sujets psychologiques y sont traités aisi que la guerre, l 'hérédité, la transmition, les jumeaux ..il faut connaître cet écrivain admirable et lire tous ces autres livres.
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Quel magnifique roman ! Sylvie Germain nous embarque dans une histoire à la fois magique et fantastique. Les années passent, les guerres traversent l'histoire de cette famille hors du commun de 1870 à 1945 . le père de Victor-Flandrin connaitra la guerre de 1870, en reviendra défiguré et délirant, il empêchera son fils de participer à la suivante en lui coupant les doigts d'une main. Tout dans cette histoire est poésie et pourtant la famille ne connaît que le malheur, la violence, la rudesse de la vie. L'écriture de l'auteur est envoutante. Les corps se mêlent à la nature, ils ne sont plus qu'un. Tout est décrit mais sans les noms sans les lieus sans les détails. On imagine l'est de la France, les soldats, Berlin en ruine, tout est suggéré plutôt qu'expliqué, l'écriture est recherchée, fouillée parfois compliquée. Parfois, j'ai cru lire Carole Martinez dans « le Coeur Cousu » pour le côté magique et puis par moment cette famille si peu ordinaire m'a rappelé le magnifique roman « Cent ans de solitude » de Federico Garcia Márquez.
Un très beau roman que je recommande vivement.
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Je découvre l'écriture de Sylvie Germain, membre de l'Académie française depuis 2013, avec son premier roman.
Quelle écriture ! Impossible de s'en détacher. Une histoire incroyable sur trois générations et trois guerres (1870, les deux guerres mondiales du XXe siècle), pleine de drames et pourtant avec des passages féeriques.
En fait c'est comme le dit la 4e de couverture un conte fantastique.
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