Je voulais lire ce livre depuis sa sortie et, comme toutes les choses qu'on rêve de réaliser, une fois qu'on en a la possibilité, on se sent tout timide et tout exalté à la fois avant de l'entreprendre.
le sujet dévoilé par le quatrième de couverture disait :"Tenu pendant une année sabbatique,
Journal pauvre interroge ce qu'est subsister sans salaire et se consacrer à l'écriture. Cueillette, glanage, troc, affût des bonnes occasions : une économie de la main à la main s'organise, pour que vivre ne soit pas seulement survivre et que cette expérience de pauvreté soit libre et sereine."
Ce sujet m'intéressait tout particulièrement et je ne cessais, au début de la lecture, de noter ces citations à partager sur Babélio !
Frédérique Germanaud obtient un congé sans solde pour faire l'expérience de vivre uniquement de ce qui la passionne : l'écriture et la littérature, (elle ne retournera pas, au bout de l'année vers son ancien emploi, obtenant de l'entreprise une rupture conventionnelle !! ).
Autant j'ai aimé les pages concernant ses travaux d'écriture, ses relations avec les autres auteurs, les lectures publiques, les échanges avec les éditeurs, et encore davantage ses réflexions sur le livre qu'elle est en train de rédiger durant ces mois de "vie différente", sur l'Algérie, l'exil, la solitude, les échanges avec Ilanit Illouz concernant le regard posé sur cette même Algérie... Autant, j'ai souri avec bonheur en découvrant les écrivains dont les livres l'accompagnaient : comme elle, j'apprécie tout particulièrement
Alexandre Bergamini,
Carole Zalberg,
Henri Bauchau,
Pascal Quignard...et j'ai noté avec curiosité des auteurs que je ne connaissais pas et dont je ne doute pas qu'ils seront de belles rencontres et en cela je vous en remercie, Madame Germanaud.
Cela donne un récit d'une très jolie écriture, avec de temps en temps, un haïku de
Bashô qui rythme les saisons, une poésie des mots qui donne envie de continuer la rencontre de votre travail...
Autant je suis restée dubitative (et parfois déçue, je l'avoue) devant le choix de vie pour cette année sans revenus mais finalement ce n'était sans doute pas le fondement de votre démarche et du récit que vous en faites.
Pourquoi ne pas avoir tenté une forme d'auto-suffisance en ayant un potager, en plus des fruits glanés ça et là dont vous parlez, plutôt que d'acheter des paniers "bio" au drive-in local ? Pourquoi ne pas regarder les visites chez Emmaüs avec des yeux plus indulgents que ceux que vous posez ? Pourquoi ce jugement sévère alors que cette association est l'une de celle qui contribue le plus à faire "passer" les livres et permet à ceux qui ne peuvent acheter des livres neufs de continuer à lire encore et encore ?
J'ai choisi le même mode de vie, il y a un an, (rejoignant ainsi celui choisi un an auparavant par mon compagnon) de manière plus définitive en démissionnant de mon emploi, je ne suis pas écrivain seulement une lectrice avide et goulue - les visites chez Emmaüs à la section "livres" sont toujours des jours de fête pour moi, j'ai choisi de cultiver mon jardin pour vivre un maximum, en autarcie. Et il y a bien peu de dépenses autres que l'indispensable et on en tire une forme de sérénité que je pensais retrouver dans vos phrases.
Nos réalités diffèrent finalement et il y a longtemps que je porte des chaussettes dépareillées, de couleurs différentes - cela embellit la vie - et vous m'avez fait rire avec le compte de vos paires de chaussettes trouées, regrettant de ne pas avoir qu'un seul modèle pour re-fabriquer des paires mettables au cours de cette année sabbatique, je dois le reconnaître, Madame Germanaud !
Ne soyez pas fâchée, je déposerai votre livre et d'autres chez Emmaüs, à ma prochaine visite, j'aime me dire qu'un livre lu et aimé fera plaisir à quelqu'un d'autre, même si cela ne fait pas marcher l'économie du livre, j'en suis consciente. Jamais je ne vends mes livres lus, toujours je les donne...
Trois étoiles et demi parce que je m'étais fait une autre idée de cette année qui a été la vôtre, la voyant sans doute plus proche du récit de
Claudie Hunzinger dans "
La Survivance" que vous citez à plusieurs reprises, et le regret de ne pas avoir eu l'impression que vous vous y êtes réalisée pleinement. J'espère que votre vie est désormais plus sereine et que l'équilibre y est apparu.