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Après Eux sur la photo, que j'avais beaucoup apprécié, Hélène Gestern revient avec un second roman, La part du feu.
On retrouve dans ce roman des thèmes manifestement chers à l'auteur : les secrets de famille et la quête de la vérité.
Laurence, quadragénaire, découvre que celui qui l'a élevée n'est pas son père biologique. À partir de là, elle va fouiller dans le passé pour essayer de savoir et de comprendre. Elle y découvre un homme mystérieux, Guillermo Zorgen, ayant eu des liens avec ses parents. Qui est-il vraiment ? Un militant gauchiste idéaliste, un illuminé, un terroriste avec des morts du la conscience ?
Laurence découvre la vérité par petites touches successives, et j'ai suivi avec bonheur son enquête.
Un livre très bien écrit, une histoire prenante, très agréable à lire.
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La part du feu qui brûle dans nos veines, qui nous mène vers des actions extrêmes voire criminelles, qui nourrit la violence et la haine, comment la canaliser, l'étouffer avant qu'elle ne nous ait consumé ?

Laurence, ayant le désir de retrouver son père biologique, remonte le fil de son histoire familiale, dans les eaux troubles de la jeunesse de sa mère, dans les méandres d'un mouvement d'extrême-gauche des années 70 d'où émerge la figure charismatique d'un révolutionnaire, Guillermo Zorgen.

Sous prétexte d'enquête policière, sous couvert de quelques lettres et coupures de presse, Hélène Gestern s'attache avant tout aux aspects psychologiques de l'engagement politique, de l'endoctrinement, de la soumission, du ressentiment, sans s'attarder sur les faits et gestes de ses sympathisants. Et c'est en cela que ce roman est particulièrement intéressant et m'a satisfaite pleinement ! En subtile manipulatrice, elle est même parvenue à faire basculer cette oeuvre de fiction en une possible réalité des faits racontés. La cervelle à l'envers, je me suis surprise à vérifier si le MLC avait bel et bien existé ! :-)
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« Je regrette que tu l'apprennes de cette façon. Je ne suis pas ton père biologique. Je t'ai reconnue à la naissance. Mais je ne t'ai pas conçue. » [p. 18]

C'est suite à cette révélation assez brutale que Laurence Emmanuel, la principale narratrice du récit, va entreprendre des recherches sur le passé de ses parents et sur un mystérieux militant gauchiste des années 70, Guillermo Zorgen. Si le thème des secrets de famille n'est pas nouveau et me semble peu renouvelé*, Hélène Gestern parvient tout de même à l'exploiter avec succès dans une intrigue bien menée et très prenante. Elle y alterne les points de vue narratifs – majoritairement la jeune femme mentionnée ci-dessus ; en fin de chaque partie, la parole est laissée à l'un des autres personnages – avec divers documents : lettres, articles de journaux, tracts ou poèmes. Toutes ces variantes de l'écriture sont très bien maîtrisées par l'auteure et sont d'un réel intérêt pour le récit, en s'y insérant harmonieusement.

Bien que cette construction narrative impeccable m'a fait lire ce roman en une seule journée, poussée par l'envie de connaître la suite et de vérifier mes hypothèses, ce n'est pas ce que je retiendrai avant tout de cette oeuvre. À ma grande surprise, j'ai été fascinée par la période historique déployée : l'après-Mai 68, ère d'idéaux révolutionnaires, d'attentes utopistes envers l'avenir, de terrorisme et de destruction du monstre-capitalisme, entre autres. Hélène Gestern dépeint avec précision cette époque, dans sa splendeur comme dans ses aspects les plus noirs, de même que ses personnages. Ces derniers sont profondément humains : aucun n'est parfait ou démoniaque, tous ont leurs blessures, leur orgueil, ont fait des erreurs ou ont eu parfois un geste sublime. Au-delà de cette absence de manichéisme, permise par l'alternance des points de vue narratifs et par les divergences d'avis sur Guillermo Zorgen notamment, les personnages sont dotés d'une réelle profondeur psychologique.
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L'odeur de la forêt d'Hélène Gestern a été une de mes belles surprises littéraires de l'année 2019. La réouverture de la médiathèque la semaine dernière, après deux mois de confinement, m'a donné l'opportunité d'emprunter un autre roman de cet auteur ... et je l'ai dévoré d'une traite.

Lorsque son père s'entaille bêtement la main et qu'elle le conduit à l'hôpital où il révèle son groupe sanguin, Laurence, trentenaire parisienne, découvre qu'il n'est pas son père biologique ! 

Lors de l'absence de ses parents pour des vacances, elle trouve les archives de sa mère et la référence à un certain Guillermo Zorgen.

Elle va mener l'enquête pour en savoir davantage sur ce militant d'extrême gauche des années 70, décédé accidentellement en 1975.

Laurence va chercher les traces du MLC - le Mouvement de Lutte Clandestine et, de proche en proche, en retrouvera les membres, rangés depuis.

Ce faisant, elle reconstituera l'histoire de ses parents et la sienne ...

Un livre qui évoque la première époque des retours à la terre, des soixante-huitards, et de leurs enfants qui prônaient la lutte armée dans les années 70.

On découvre leurs  portraits vieillis en journalistes, professeurs, ou banals retraités bien rangés 

Un roman empreint de nostalgie, et d'un peu de colère.

Un roman où Hélène Gestern dévoile, une fois de plus le pouvoir des mots, et l'importance des archives.

Un autre de ses romans m'attend dans ma liseuse, je le savourerai bientôt !  

Lien : http://les.lectures.de.bill...
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Après son premier roman très réussi (dont j'avais déjà parlé ici), Eux sur la photo, Hélène Gestern récidive avec La Part du feu, publié par les éditions Arléa dans la collection 1er/mille. En le lisant, j'ai retrouvé son style policé, qui se caractérise par une écriture très fine et précise, au plus près des évènements racontés et surtout des émotions que l'histoire suscite.

« Sur le trottoir, j'ai ouvert le volume. Devoldère y avait inscrit une formule pour le moins ambiguë : Pour Laurence Emmanuel. Attention, certaines ombres brûlent. »

Avec la Part du feu, Hélène Gestern construit un roman un peu déconcertant au départ, puisque des documents de natures diverses s'invitent dans le récit : des poésies, des articles de presse, des lettres et aussi des photos (clin d'oeil au premier roman). Ces différents éléments viennent enrichir l'ensemble et le dynamisent. L'auteure choisit de se focaliser sur un personnage, à partir duquel le roman se déploie dans toute sa complexité : Laurence Emmanuel, une femme divorcée découvre « presque par hasard » que son père Jacques n'est pas son père biologique. Évidemment, cette vérité, elle l'a toujours su « tant il était facile de laisser couler le temps comme l'eau, de fermer les yeux et de croire que l'ordre des choses demeurerait immuable ».

Cette soudaine révélation force Laurence à mener l'enquête dans le passé de ses parents, et surtout celui de sa mère. Dans les papiers de celle-ci, classés méticuleusement, apparaissent des indices parmi lesquels resurgit la figure de Guillermo Zorgen, qui plane sur tout le roman. Zorden était un activiste anarchiste que sa mère a fréquenté dans sa jeunesse. Pour en savoir plus, Laurence en vient à rencontrer des personnes ayant connu Guillermo, ce qui l'entraîne dans un tourbillon d'évènements troubles. Progressivement, elle se met en danger…

La mère de Laurence évoque son passé : « Je pourrais dire que ces souvenirs appartiennent à ma jeunesse, mais ces mots n'ont pas de sens. Ce pan de ma vie n'a pas vieilli, ne s'est pas décoloré. Il m'a été arraché à vif, ce qui est bien différent. Mon coeur a pris de l'âge, mon corps est malade, mais ce temps-là palpite encore en eux. Il pourrait même saigner, parce que la blessure est toujours là, et qu'elle me brûle quand j'y pense. »

J'adore ce genre de roman, dont la construction complexe fait alterner des chapitres à narrations multiples (mais c'est tout de même Laurence qui domine le récit) et divers matériaux, ce qui permet au lecteur de recouper les faits, d'étudier attentivement les pièces à convictions. L'auteure place ainsi le lecteur aux côtés de Laurence, et nous fait partager ses découvertes, ses joies mais aussi ses peurs. Revers de la médaille, le début du roman m'a un peu laissée de marbre : j'ai eu un peu de mal à rentrer dans l'histoire et à partager les pistes de Laurence. Par contre, j'ai mieux adhéré vers le milieu du livre et je me suis laissé emporter par le courant jusqu'à la fin.

la Part du feu est à la fois un roman policier, un roman initiatique (puisque le personnage principal recherche ses origines) et un roman quasi historique (l'auteure décrit très bien la vie d'un groupuscule politique dans les années 70). Ce mélange des genres n'est pas déplaisant, bien au contraire ! L'écriture très sensible, calme et posée (même si j'ai trouvé parfois que le style était un petit peu froid et figé par endroits), où le feu place de temps à autre des étincelles, ajoute au plaisir de la lecture. Bref, un second roman très réussi, que j'ai eu envie de relire une fois fini pour mieux apprécier les détails de l'intrigue.
Lien : http://blogs.lexpress.fr/les..
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Secrets bien enfouis, famille, quête identitaire, recherches, douleurs du secret. Hélène Gestern nous embrigade dans une nouvelle quête, une nouvelle enquête sur les secrets familiaux.
Embrigade est bien le mot car nous nous retrouvons au milieu d'un groupuscule d'extrême-gauche des années 70.

A+ et B-, deux groupes sanguin incompatibles et Laurence découvre brutalement qu'elle n'est pas la fille de son père « J'ai appris la nouvelle de mon adoption il y a un peu plus de deux ans, presque par hasard. »

Petit à petit, mais inexorablement, elle va à la pêche aux informations. Spécialiste de l'histoire du papier, son métier, ses relations vont lui permettre d'avancer et de découvrir
Guillermo Zorgen, activiste d'extrême-gauche. Son père ? « Au fond, j'avais envie d'être née de cette liaison qui avait eu l'intensité des grandes amours, de prolonger un être lumineux mort trop tôt. » Mais on ne remue pas un tel passé sans risques « Je vous donne un conseil amical : ne remuez pas ce passé-là, il est noir comme la suie. Vous risquez de vous salir, jeune fille ».

Hélène Gestern introduit des extraits de journaux, des poésies, des lettres pour mieux appuyer les recherches de Laurence, donner plus d'épaisseur à Guillermo Zorgen, à son action, aux relations amoureuses entre cet homme et sa mère.

L'engagement aussi bien amoureux que politique est extrême (ce qui est normal pour un groupuscule politique de cet acabit). L'emprise de Zorgen sur ses troupes est très forte « on a suivi comme des moutons ». La passion entre Guillermo et Sonia intense « Toi et moi on s'aimait, mais ne savait que se faire du mal ». L'amour de Jacques pour Laurence. Tout ceci donne de l'épaisseur, du corps au livre d'Hélène Gestern. Laurence avance lentement dans ce tunnel. A un moment elle dit : « Je ne voulais plus savoir, mais comprendre, ce qui n'avait rien à voir ». Elle s'attarde beaucoup sur Zorgen, pivot de ses recherches : « Au fond, j'avais envie d'être née de cette liaison qui avait eu l'intensité des grands amours, de prolonger un être lumineux mort trop tôt. ».
Ce plongeon dans le passé remet en mémoire cette époque post-soixanthuitarde où Action Directe (France), la Bande à Baader (Allemagne), les Brigades Rouges (Italie) faisaient régner une certaine terreur ; où le désir de « tutoyer la mort, la frôler d'aussi près que possible, dans l'espoir de la rencontrer.», celui de tout renverser ; où l'Etat agit en sous-main (les choses ont-elle changé ?)


Un livre sur la passion et ses dégâts : « Pour le moment, je ne voyais qu'un gâchis, celui des illusions d'une jeunesse, leur jeunesse à tous. Certains avaient voulu la liberté, mais avaient retourné l'aiguillon de leurs batailles contre eux. D'autres croyaient en la vertu de la violence, et la violence les avaient plaqués au sol. ». Un livre sur la renaissance, la reconstruction.

Autant il semble que Laurence Emmanuel semble ne plus contrôler la situation, autant Hélène Gestern la maîtrise avec une narration ciselée, précise. « Eux sur la photo » est un roman épistolaire, ici il y a de la « chair ».

Bref, un livre que j'ai beaucoup apprécié.

Hélène Gestern était présente au dernier Salon des Dames à Nevers et j'ai pu voir son émotion lorsque les élèves du Lycée Raoul Follereau de Nevers ont mis en scène, en sa présence, des extraits de son livre. L'émotion était partagée par ses acteurs en herbe…. Jouer devant l'auteur !

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Une très belle découverte. J'ai été totalement happée par l'histoire de cette femme qui, envers et contre tous recherche la vérité sur ses parents. C'est intense, prenant et j'ai été surprise du dénouement. Ce roman explore avec finesse non seulement la quête d'identité et de sens, mais aussi les ravages de la vieillesse. La description des conséquences au quotidien sur les proches est touchante et juste. Peut être pour une question de génération, je n'ai pas été par contre, intéressée par le coté politique de ce récit.
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Après "Eux sur la photo" Hélène Gestern, reprend un sujet qui lui est cher, le secret de famille. Secret, encore une fois, découvert grâce à des recherches très poussées dans la correspondance de ses parents et receuil de témoignages.

Laurence, suite à une révélation de son père qui lui annonce qu'il n'est pas son père biologique, découvre dans des cartons de sa mère une correpondance avec un militant d'extrême gauche, mort des années auparavant, Guillermo Zorgen.
Elle va essayer de découvrir la vérité sur la relation de sa mère avec cet homme. Serait-il son père biologique ?

C'est un beau roman, très bien écrit avec, encore une fois, du suspense mais il m'a beaucoup moins touché que "Eux sur la photo", c'est très personnel je pense. D'autres le trouveront sans doute magnifique.
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J'aime beaucoup la plume d'Hélène Gestern. Les romans portant sur les secrets de famille me plaisent énormément, et je trouve que cette auteur traite le sujet avec beaucoup de sensibilité. J'avais déjà beaucoup apprécié son précédent roman, "Eux sur la photo". (Bien sûr, mon roman préféré traitant de ce sujet reste encore "Le confident" d'Hélène Grémillon.)

Ici, Hélène Gestern rajoute une touche historique en parlant des milieux d'extrême gauche des anénes 70, thème que je connais très très peu. Un petit clin d'oeil est fait dans le roman à l'héroïne de son précédent livre, et j'ai trouvé cela plutôt amusant.

Voici donc un livre qui pourra faire l'objet d'une lecture d'été très agréable. Bah quoi, vous ne préparez pas déjà votre liste de livres à lire cet été, vous ?
Lien : http://caromleslivres.canalb..
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L'auteure excelle à décrypter les secrets de famille en compulsant les papiers jaunis et les photos sépia. Après Eux sur la photoHélène Gestern missionne Laurence, la fille de Cécile et de Jacques, afin de ressusciter le passé et notamment l'après mai 68. L'auteure dresse le portrait charismatique d'un leader, d'un nouveau Che Guevara et de ses disciples. Cette jeunesse volcanique et fervente veut perpétuer le mouvement révolutionnaire et anarchique en s'attaquant aux riches de manière radicale et en choisissant d'incendier leurs biens.

"Légitime ou non, leur violence portait un message, un message plus grand qu'eux dont la signification les avait peut-être dépassés."

En marge de la vie exaltée et dangereuse de Guillermo Zorgen, l'auteure glisse sur les pentes hasardeuses du secret et de la transmission entre parents et enfants. La part du feu pose la question de la légitimité de l'enfant à dépister le passé et la jeunesse de ses parents. J'ai compris et approuvé Laurence dans sa démarche et dans ses investigations mais cette quête acharnée est ambigüe. Dans la recherche justifiée de son identité, la jeune femme décortique une époque révolue et bouscule ses parents rattrapés par un cauchemar qu'ils cherchent à oublier.

Sous couvert de révélation de secret de famille Hélène Gestern brosse le portrait flamboyant et passionnant d'une jeunesse post soixante-huitarde et de ses utopies.
Lien : http://bevanhalennebzh.over-..
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