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3,6

sur 2300 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
La symphonie pastorale, c'est le récit qui mène une jeune aveugle de l'ombre à la lumière. Mais pas seulement. Ce sont aussi les confidences de l'homme qui l'accompagne et la guide sur ce chemin, pour le malheur de tous.
Le récit est allégorique : on ne croit pas un seul instant à cette évolution miraculeuse, qui fait d'une enfant dont le langage se réduit à quelques grognements, plus proche de l'animal que de l'être humain, une jeune demoiselle à la syntaxe parfaite et à l'expression nuancée. Peu importe, Là n'est pas le sujet. Tout est centré autour du ressenti de cet homme, le plus aveugle des deux : longtemps inconscient des sentiments qu'il éprouve pour la jeune fille, autant que du malheur qu'il crée autour de lui :

«  Je me disais : c'est une enfant. Un véritable amour n'irait sans confusion, non rougeurs. Et de mon côté je me persuadais que je l'aimais comme on aime un enfant infirme »

Longtemps convaincu du bien fondé de son entreprise, n'hésitant pas à se justifier au nom des textes saints (l'homme est pasteur), c'est la découverte des sentiments de son fils pour la jeune fille qui lui fait perdre toute raison. La morale, l'éducation, les préceptes religieux viennent justifier l'inacceptable. le combat n'aura pas lieu, il est perdu d'avance.

Les plus belles pages sont celles consacrés à l'éveil de la jeune fille alors que l'l'homme n'a pas encore conscience des dangers d'une telle démarche. C'est à travers son propre regard qu'il lui propose une vision magnifiée de ce qui les entoure, un monde d'idées pures, mis en mots pour se substituer au sens défaillant. Pour un temps qu'il sait compté :

« Le soleil se couchait dans une splendeur exaltée. L'air était tiède. Nous nous étions levés et tout en parlant nous avions pris le sombre chemin du retour ».

Le dessein est vain et funeste. La crainte de détruire l'illusion se confirme lorsque Gertrude sort de sa cécité : le malheur s'incarne, la mort met au grand jour les racines du mal, et laisse sur son sillage des âmes détruites :

« J'aurais voulu pleurer, mais je sentais mon coeur plus aride que le désert ».

Les souvenirs lointains de cette lecture s'étaient totalement effacés, et c'est donc une re découverte, voire une découverte, pour un grand bonheur : la magie des mots, l'analyse aiguë
et intime des sentiments laissent une impression fortement favorable, incitant à poursuivre une nouvelle exploration de l'oeuvre de l'auteur
Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Voilà ma première rencontre avec l'illustre André Gide, auteur prolifique et nobélisé. Une rencontre, ajournée à plusieurs reprises. Je voulais commençais par son unique roman "Les Faux-Monnayeurs", or un pur hasard a mis entre mes mains son court récit "La Symphonie pastorale".

Si je vous dis que le héros de ce livre est un pasteur protestant et père de famille, l'héroïne une jeune fille aveugle, orpheline, presque à l'état sauvage, qu'il s'agit d'une histoire d'amour et que tout cela se passe dans un cadre naturel splendide et écrit dans un style sobre, poétique parfois et solennel par moments. Or, la simplicité apparente de ce récit est trompeuse mais surtout préméditée car elle meuble la gravité des sujets abordés. En si peu de pages et sous forme d'un journal intime, André Gide a pu toucher à plusieurs sujets d'une grande envergure : religion et charité, bien et mal, éducation, amour coupable et devoir.

Le narrateur est dupe de ses sentiments et là on assiste à une sorte de mise en abime : ce que croit le héros (ou veut croire et voir) et ce qui est en réalité ; ce que laisse entendre sa femme. Et puisque chaque chemin aboutit à une désillusion comme le dit si bien Wilde, notre héros y arrive à son grand chagrin. Cet homme plein de bonnes volontés et de charité, découvre que mêmes les bonnes intentions et les efforts magnanimes finissent par le mal et la perte. Ainsi, la vie paisible du pasteur se trouve bouleversée par l'arrivé inopinée de la jeune aveugle. Et ce n'est point là Pew l'aveugle apportant sa tache noire ! le pasteur découvre alors que sa vie d'antan était misérable et commence à énumérer, avec presque du dégoût, les manies de sa femme dévouée et les comportements déplaisants de ses petits enfants. Même son fils aîné devient un rival pour lui, puisque ce dernier tombe amoureux de la jeune fille devenue civilisée. Notre pasteur devient un vrai poète romantique lorsqu'il décrit la nature, l'aveugle et ses promenades avec elle. Tous ce qu'elle fait est plein de grâce. Pour mieux instruire cette jeune fille, il doit la garder dans l'ignorance ou pour être plus juste, en lui cachant toute chose pouvant la corrompre et cela comprend même les passages de la bible qui traitent du péché. Il essaie de se justifier en justifiant l'injustifiable par présenter sa propre lecture des écrits saints. Mais il se perd et perd tous ceux qu'il aime.

Et ainsi, on vrai rousseaulien, Gide nous présente le bon sauvage qui découvre le péché et l'amour coupable que la cécité et l'enseignement défectueux du pasteur empêchaient de voir dans toute leur atrocité jusqu'à ce que la fille recouvre la vue et découvre les artifices du pasteur (fruits de ses bonnes intentions et de son amour).
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« En vain, je cherchais à biaiser ; mon coeur battait la retraite de mes arguments en déroute. »

Que les bonnes âmes, promptes à donner des conseils et juger autrui, sont bien aveugles ! J'ai beaucoup apprécié ce roman. J'ai trouvé que l'écriture est superbe, les idées sont rendues avec une fluidité naturelle, avec force et justesse tout en utilisant très peu de mots. Une concision qui dit tout. Les personnages également sont bien campés et leur tempérament se découvre au détour des réflexions du narrateur ou des dialogues. On a envie de secouer l'un, de soutenir l'autre, de se dire que quelqu'un va bien finir par arrêter ce train...? que le mur est en face. Mais la trame est percutante. Cet auteur est démoniaque. Jusqu'à la dernière ligne la tension est maintenue par Gide et j'avoue avoir pris plaisir à lire ce récit, impossible de rester indifférent quand les mots sont si habilement utilisés.

« J'aurais voulu pleurer, mais je sentais mon coeur plus aride que le désert. »
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Un pasteur recueille une jeune aveugle et va lui faire connaître la beauté du monde et lui consacrer bien plus de temps qu'il n'en consacre à ses propres enfants. Il lui fera découvrir la symphonie pastorale de Beethoven et tentera de lui faire comprendre certaines choses grâce à la musique
J'ai beaucoup aimé ce livre qui m'a fait repenser au livre "sourde, muette et aveugle" qui était magnifique
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J'ai trouvé que "La Symphonie pastorale" était un livre parfait, mêlé d'amour et de jalousie (entre le narrateur et son fils mais aussi chez Amélie)...
Un drame non frustrant mais marquant, que j'ai adoré !
A lire immédiatement si ce n'est déjà fait !
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Comment ne pas céder à la beauté de l'écriture et à la délicatesse de ce court récit ? Je l'ignore !
Pour ma part, je suis enchanté de tant de beauté et de tant de simplicité.
Le style est simple et efficace et l'histoire, dramatique à souhait, est de toute beauté.
Je suis comblé par ce texte ô combien efficace, tout simple et tout beau !
Tant de travail et une telle écriture, quel enchantement !
Je vous assure, ici, tout n'est que beauté !
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La symphonie pastorale ou l'amour impossible d'un pasteur pour une jeune hère, sauvageonne et aveugle dont la mère vient de décéder. Malgré la réticense de sa femme Amélie, la jeune Gertrude recueillie évolue au sein de ce foyer, sous la bienveillance du pasteur, délaissant quelque peu femme et enfants pour se consacrer à l'éducation de la jeune aveugle, à qui il voue une attention toute particulière.
Amélie comprend les sentiments amoureux de son époux envers la jeune orpheline grandissante, bien avant qu'il ne s'en rende compte lui même. Aussi, lorsque leur fils Jacques, épris de Gertrude, fait part à son père de son intention de l'épouser malgré sa cécité, il se trouve confronté à l'hostilité du pasteur. Jacques, profondement blessé, quitte sa famille.
S'ensuit une tragédie qui aurait pu être évitée sans la passion dévorante du pasteur pour une Gertrude ayant recouvré la vue.
Nous voici confrontés à deux sortes d'aveuglements : Celui de Gertrude depuis sa naissance et celui du pasteur, aveuglé par l'amour qu'il porte à cette dernière.
Même si l'on a du mal à imaginer qu'une opération aie suffi pour que Gertrude recouvre la vue, on devine aisément que sans ce passage obligé, cet ouvrage d' André Gide perdait tout son prestige.
La force de son oeuvre réside en particulier dans la " vision " d'une aveugle au travers de ses ressentis, les questions posées au pasteur et les réponses de ce dernier.
Antoine de Saint-Exupéry n'écrivait-il pas, bien plus tard dans le Petit Prince : " On ne voit bien qu'avec le coeur, l'essentiel est invisible pour les yeux " ? N'est-ce pas le message qu'André Gide nous transmet en 1919, dans La symphonie pastorale? A méditer...
Une magnifique lecture, simple, pudique, de toute beauté.
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La symphonie pastorale est un roman d'amour mis en musique par un maître de la partition littéraire, André Gide. La relation entre le pasteur et la jeune aveugle est dépeinte avec émotion sans voyeurisme, sensualité sans sexe, délicatesse sans mièvrerie. C'est une très belle oeuvre où la puissance des sentiments est souvent contenue par la raison mais celle-ci peut elle primer sur l'amour? Certainement pas.
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Ce texte est un magnifique roman d'amour ; d'un amour qui naît lentement sans crier gare. Je veux, de façon présomptueuse, m'inscrire en faux contre l'analyse du texte que nous fait Martine Sagaert qui nous décrit le pasteur, héros du roman, comme un être maléfique et faux. (J'ai transcrit cette analyse plus bas)

Certes, le personnage va se laisser emporter par des sentiments qui vont vite dépasser le cadre qu'il souhaitait sans doute leur donner. Son amour pour la brebis égarée va lui aussi s'égarer vers des profondeurs qu'un homme d'église n'aurait jamais du atteindre.
Certes il va éloigner son fils rival causant ainsi son malheur.
Mais il saura abandonner tout pour l'amour de Gertrude souhaitant se sacrifier lui-même.
En choisissant certaines écritures saintes pour confirmer ses choix Il n'est pas plus un « faux monnayeur » que chacun d'entre nous qui choisissons effectivement entre plusieurs prétextes celui qui justifiera notre décision. Nous sommes là devant une histoire d'amour pas devant une expérience scientifique.


Voici transcrite ci-dessous une interview de Martine Sagaert, professeur de littérature française et auteur de plusieurs ouvrages sur André Gide
Elle nous présente André Gide comme personnalité complexe libre, glorieuse, honnête; un esprit de libre examen, d'indépendance et d'insubordination.
Il n'est pris par aucune religion, aucune idéologie. Même lorsqu'il dialogue avec le christ, il refuse l'église, les dogmes, tous ce qui peut emprisonner.
Il débusque ce qui est caché derrière les idéologies politiques.
Il est toujours en « auto analyse », et comme Montaigne en quête de l'être véritable.
Il est doué pour le bonheur et nous dit :

Où tu ne peux dire « tant mieux », dit « tant pis », il y a là de grandes promesses de bonheur.

Son histoire avec Marc Allegret est l'expression d'une joie sans les lois.

Selon Martine Sagaert, Gertrude est la jeune fille avant la faute. le roman de Gide nous décrit un paradis rousseauiste, c'est la symphonie pastorale avec un coté lyrique, un côté de ferveur, d'harmonie mais il est aussi autre chose.
Gide a longuement mûri et porté son roman qui s'inscrit dans une crise religieuse et une crise conjugale.
Dialogue entre le christ et Saint Paul celui représentant le péché.
Tentation entre le divin et le diabolique.
Histoire d'amour sur fond de controverse religieuse.
Le pasteur est un Pygmalion, il tombe amoureux de Gertrude, sa création.
Le Pasteur est narcissique, il manque totalement d'humour et d'esprit critique.
Il met en scène toutes les vies autour de lui et finira par être abandonné.
Car il s'est trompé.

Le pasteur est investi d'une mission sacrée, Gertrude est amenée à la vie mais pas à la lumière ; il l'a blousée en lui mentant et en se mentant à lui-même, c'est l'absence d'esprit critique
La symphonie pastorale est finalement la critique d'une forme de mensonge à soi même, et de la libre interprétation des écritures.
En obéissant à son instinct, le pasteur se persuade q'il a raison d'agir comme il le fait.

Finalement le pasteur est un est un faux monnayeur car, la controverse idéologique avec Jacques, n'est en fait que la rivalité amoureuse.
Il croit tout résoudre tous les maux.
Ce que voile le texte c'est le désir, c'est l'aboutissement de l'Amour.
Il est sur le point de succomber à la tentation diabolique mais il se ment à lui-même de sorte que l'on ne peut jamais adhérer au personnage.
A la fin le pasteur se rend compte de son échec et toute la lumière va redevenir aveuglement, tout tombe dans le néant.
Chaque fois qu'on revient à la « Symphonie pastorale » on y retrouve quelque chose de différent, le lyrisme, l'adéquation de la musique et de l'amour en un récit très bref et dramatique donc deux aspects du texte le rendant complexe
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Ce livre est un de mes classiques préférés.

Découvert durant l'enfance et lu plusieurs fois depuis, il fut ma première lecture d'un amour inachevé.

L'espoir, la déception, la religion, la musique, les sentiments longtemps inavoués,... Cette histoire est troublante, puissante.

Le style de Gide, ici classique, cache des trésors de littérature. Ce texte tout en pudeur est d'une grande finesse et n'en finit pas de me surprendre, comme si le fait de le relire me permettait à chaque fois de découvrir de nouvelles facettes de cet exquis roman.

Il se lit rapidement et je vous le conseille vivement!
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