Ce texte est un magnifique roman d'amour ; d'un amour qui naît lentement sans crier gare. Je veux, de façon présomptueuse, m'inscrire en faux contre l'analyse du texte que nous fait
Martine Sagaert qui nous décrit le pasteur, héros du roman, comme un être maléfique et faux. (J'ai transcrit cette analyse plus bas)
Certes, le personnage va se laisser emporter par des sentiments qui vont vite dépasser le cadre qu'il souhaitait sans doute leur donner. Son amour pour la brebis égarée va lui aussi s'égarer vers des profondeurs qu'un homme d'église n'aurait jamais du atteindre.
Certes il va éloigner son fils rival causant ainsi son malheur.
Mais il saura abandonner tout pour l'amour de Gertrude souhaitant se sacrifier lui-même.
En choisissant certaines écritures saintes pour confirmer ses choix Il n'est pas plus un « faux monnayeur » que chacun d'entre nous qui choisissons effectivement entre plusieurs prétextes celui qui justifiera notre décision. Nous sommes là devant une histoire d'amour pas devant une expérience scientifique.
Voici transcrite ci-dessous une interview de
Martine Sagaert, professeur de littérature française et auteur de plusieurs ouvrages sur
André Gide
Elle nous présente
André Gide comme personnalité complexe libre, glorieuse, honnête; un esprit de libre examen, d'indépendance et d'insubordination.
Il n'est pris par aucune religion, aucune idéologie. Même lorsqu'il dialogue avec le christ, il refuse l'église, les dogmes, tous ce qui peut emprisonner.
Il débusque ce qui est caché derrière les idéologies politiques.
Il est toujours en « auto analyse », et comme
Montaigne en quête de l'être véritable.
Il est doué pour le bonheur et nous dit :
Où tu ne peux dire « tant mieux », dit « tant pis », il y a là de grandes promesses de bonheur.
Son histoire avec Marc Allegret est l'expression d'une joie sans les lois.
Selon
Martine Sagaert, Gertrude est la jeune fille avant la faute. le roman de
Gide nous décrit un paradis rousseauiste, c'est
la symphonie pastorale avec un coté lyrique, un côté de ferveur, d'harmonie mais il est aussi autre chose.
Gide a longuement mûri et porté son roman qui s'inscrit dans une crise religieuse et une crise conjugale.
Dialogue entre le christ et Saint Paul celui représentant le péché.
Tentation entre le divin et le diabolique.
Histoire d'amour sur fond de controverse religieuse.
Le pasteur est un Pygmalion, il tombe amoureux de Gertrude, sa création.
Le Pasteur est narcissique, il manque totalement d'humour et d'esprit critique.
Il met en scène toutes les vies autour de lui et finira par être abandonné.
Car il s'est trompé.
Le pasteur est investi d'une mission sacrée, Gertrude est amenée à la vie mais pas à la lumière ; il l'a blousée en lui mentant et en se mentant à lui-même, c'est l'absence d'esprit critique
La symphonie pastorale est finalement la critique d'une forme de mensonge à soi même, et de la libre interprétation des écritures.
En obéissant à son instinct, le pasteur se persuade q'il a raison d'agir comme il le fait.
Finalement le pasteur est un est un faux monnayeur car, la controverse idéologique avec Jacques, n'est en fait que la rivalité amoureuse.
Il croit tout résoudre tous les maux.
Ce que voile le texte c'est le désir, c'est l'aboutissement de l'Amour.
Il est sur le point de succomber à la tentation diabolique mais il se ment à lui-même de sorte que l'on ne peut jamais adhérer au personnage.
A la fin le pasteur se rend compte de son échec et toute la lumière va redevenir aveuglement, tout tombe dans le néant.
Chaque fois qu'on revient à la « Symphonie pastorale » on y retrouve quelque chose de différent, le lyrisme, l'adéquation de la musique et de l'amour en un récit très bref et dramatique donc deux aspects du texte le rendant complexe