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sur 683 notes
Au début du roman, Michel invite quelques amis à le retrouver après une longue absence. Il s'agit de raviver une longue et profonde amité. Michel a des révélations. Il s'est marié et entreprend de se raconter, de se mettre à nu. Pour obtenir l'absolution, de ses amis mais aussi de lui-même.

Michel s'est marié mais son épouse est morte de tuberculose 3 mois auparavant. Il avait aussi contracté la même maladie mais lui avait survécu. Marceline avait beaucoup prié, mais Michel n'avait pu se résoudre à y voir la source de sa guérison. Lui n'a pas su prier pour Marceline. Il a consacré le maximum pour elle... du moins le maximum de ses possibilités à lui, partagé entre l'amour pour sa femme que lui impose la société et l'attirance qu'il éprouve pour une insouciance et pour les jeunes garçons (surtout arabes).

Il peine à trouver sa place dans une société très codifiée, très empreinte d'obligations sociales.

Les points importants de l'histoire de Michel/Gide sont sa guérison de la tuberculose (qu'il pense devoir à lui-même et à sa force de caractère et physique), son attirance pour les jeunes arabes (bien que rien d'explicite ne montre le passage à l'acte homosexuel, c'est suffisamment clair, à la limite même de la pédophilie, ce qui est particulièrement problématique) et surtout (à mon avis) cette nouvelle vision de la société et de la place de l'homme dans la société. Il va trouver un écho à sa vision individualiste/nombriliste et épicurienne (d'une certaine manière) chez un pair, Ménalque, figure rebelle qui l'encourage à s'assumer (ce qu'il ne fait pas vraiment, englué dans une vision de sa place, qui passe par le mariage et l'obligaotire veuvage éternel ensuite).

Personnellement, je trouve que le propos a sensiblement vieilli. Plus d'un siècle plus tard, on a une série de strates individualistes, libertariennes, etc. qui ont laminé la place de l'homme/la femme dans le monde. Ce qui reste beau dans le roman de Gide, c'est la manière dont les attaches (ce qui se fait et ne se fait pas...) maintiennent Michel à des comportements dont il ne veut pas. Ces amarres lâchent lentement, par à-coups, et il ressent cette culpabilité, tout en cherchant la liberté ailleurs.
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"Bien poser un problème n'est pas le supposer d'avance résolu". C'est ce que nous rappelle Gide dans sa préface de L'immoraliste.
Michel s'éveille à la vie après avoir survécu à la maladie. Les bases même de son existence sont à jamais bouleversées. L'écriture de Gide est évidemment belle et fluide. Elle nous livre toute la sensualité, la pulsion de vie qui emportent Michel.
Il réapprend à Être, et rejette qui il était.
Cette pulsion, ce déferlement, cette quête accélérera la disparition de son épouse Marcelline et l'égarera. Il demandera à trois de ses amis de le secourir. C'est par cet appel que commence le récit.
Il n'y a pas de moral a trouver. Pas de jugement à poser. "Au demeurant, je n'ai cherché de rien prouver, mais de bien peindre et d'éclairer bien ma peinture." Ainsi s'achève la préface de Gide.
J'ai contemplé le tableau de Gide et je n'ai pu m'empêcher de penser que le titre nous interrogeait. Michel rejette sa morale première. Sa renaissance en est la justification. Mais il devient peut être immoral lorsqu'il ne s'accomplit pas entièrement , lorsqu'il n'achève pas sa mutation et qu'il ne répond pas à l'appel de sa nouvelle morale : l' instinct.


Astrid SHRIQUI GARAIN
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Quelle plaisir la musique de cette lecture.
La partition d'André Gide est parfaite.
L'écriture est une redécouverte d'une littérature de haute qualité.
Le récit relate une vie et un esprit d'un homme en recherche de lui, dans une époque où la moralité condamnait sans comprendre.
A ses côtés une femme amoureuse qui sait et en quelque sorte subit, dans la crainte de le perdre, les envies et désirs non totalement assouvis de son mari.
Heureusement que les écrits restent et nous permettent aujourd'hui encore de savoir ce que sont la véritable littérature et les grands auteurs.
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Gide a écrit un vrai roman pour intellectuels. Court et ennuyeux, rien d'exceptionnel, si l'on ne s'intéresse pas à la vie intellectuelle de la fin du dix-neuvième siècle, une histoire sur un bourgeois, peu spectaculaire, mais dense et remarquablement synthétique en ce qui concerne les changements moraux apparus à cette époque. Il reflète l'air du temps de Nietzsche, de l'anarchisme, du darwinisme social et de la psychologie, sans compter qu'on pourrait tout à fait voir en Michel un mélange poétique de Verlaine et Rimbaud autant que de l'auteur lui-même.
Sous son aspect immuable de bourgeois, Michel représente toute une tendance à remettre les anciennes valeurs morales en question. Il a été éduqué par une mère protestante disparue tôt et un père intellectuel. Juste avant la mort de ce dernier, pour lui complaire et le rassurer, Michel épouse une catholique prénommée Marceline. Pendant leur voyage de noce dans les colonies nord-africaines il tombe gravement malade et il frôle la mort. Avant sa maladie, Michel était donc un jeune homme austère et sans goût pour la vie sensuelle, indifférent en somme ; un savant, quelque chose comme un historien ou un philologue, plongé dans les études. Avec la maladie il connait l'horreur de la mort et par conséquent l'appétit de vivre, puis il découvre la sensualité.
Ce serait trop compliqué de détailler la doctrine de Michel et son parcours, trop de choses entrent en ligne de compte. Mais psychologiquement il ne va pas bien, ses idées ont pour origine l'angoisse de la mort ; sa pédérastie latente, son homosexualité qui a du mal à s'exprimer et en particulier son goût pour les mauvais garçons (il n'admet de vigueur qu'à l'immoralité, vicieuse ou naïve), tout ça fait qu'il a tendance à se mépriser lui-même, car il n'a pas perdu toute morale. Il est certainement moins individualiste après sa maladie qu'avant ; s'il n'aime pas sa femme, il garde de la tendresse pour elle et un sentiment de devoir envers celle qui l'a soutenue sans faille pendant sa maladie. Il est certainement immoraliste dans l'esprit mais plus circonspect dans les actes. Aujourd'hui, un hédoniste individualiste dirait qu'il ne s'assume pas et qu'il a besoin d'une bonne psychanalyse, mais la psychanalyse n'existait pas quand Gide a écrit ce livre. Je pense qu'il ne voyait simplement pas de solution à ces contradictions entre les instincts individuels et la morale collective.
Le roman est un appel au secours de Michel à trois de ses vieux amis pour qu'ils l'aident à revenir dans le droit chemin.
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C'est certainement cet aspect là de Michel qui donne son titre au roman. Il devient de plus en plus égoïste, ne prend aucun soin des autres et se moque totalement de la maladie de sa femme, mal en point après une fausse couche. Néanmoins, il est indéniable que ce roman a vieilli, plus que les autres oeuvres de Gide dont j'ai parlé au début. On retrouve des thèmes fréquents chez Gide (l'homosexualité, notamment), mais je n'y pas retrouvé le mystère des autres romans. C'est ici un examen presque clinique d'une pathologie mentale que nous offre Gide, avec la froideur qui y correspond. Froideur accentuée par le fait que l'histoire de Michel est racontée a posteriori, dans une lettre. Ce n'est pas pour autant un mauvais roman, mais je trouve que ce n'est pas le meilleur pour débuter avec cet auteur. J'ai également pu lire que l'ouvrage répond à La porte étroite, autre roman de Gide, qu'il a écrit en même temps. Je sais donc ce qu'il me reste à faire.
Lien : http://livres-et-cin.over-bl..
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L'Immoraliste/André Gide
Dans ce roman psychologique autobiographique universellement connu publié en 1902, André Gide use de la technique du récit enchâssé c'est à dire que le récit de Michel est introduit par un tiers qui lui rend visite en Algérie avec d'autres amis.
Michel a besoin de parler, de se confier, de se libérer, de plaider son innocence au cours de cet examen de conscience tourmenté.
C'est la nuit aux portes du désert au coeur de l'oasis….
La dernière fois que les amis se sont rencontrés, c'était lors du mariage de Michel avec Marcelline, une très jolie femme, douce et tendre. Un mariage un peu contraint pour Michel, afin de faire plaisir à son père.
Michel, lui le bourgeois, fait carrière dans l'étude des civilisations antiques et son père a tracé sa voie pour lui.
De voyages en voyages avec sa tendre épouse qu'il commence à aimer, de la Tunisie à l'Italie, Michel tombe malade. Son épouse prend soin de lui et ils partent en Algérie pour bénéficier d'un meilleur climat. Convalescent, ils repartent pour la Sicile puis l'Algérie.
Au cours de ses pérégrinations, rétabli, Michel se découvre un nouveau corps, un nouvel être qui avait été étouffé par une éducation huguenote très puritaine.
Il veut assumer ses pulsions amorales, au mépris de tout ordre social et de sa vie conjugale. Il lui faut rejeter toutes contraintes sociales et morales. Mais à quoi va lui servir cette liberté ?
Ce récit qui fait partie des grands classiques que je relis pour la troisième fois est bien sûr parfaitement écrit : on ne vante plus le style sobre et clair de Gide.
Il n'est pas douteux que le parcours de Michel puisse se calquer sur celui d'André Gide lui-même, dont l'amoralisme nietzschéen restera en pointillé tout en affirmant sa liberté intérieure.
« Savoir se libérer n'est rien ; l'ardu, c'est savoir être libre. »


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Gide est éblouissant d'un style tout en perfection qui relate tous les méandres des évolutions du personnage en question
L'immoraliste confronté aux affres de sa maladie, surmontée, se retrancherait de fait dans une forme recherchée d'immobilisme axé sur sa personne s engage sur les voies détournées , discutables de façons de se penser
Bien loin de le voir s'arrêter, ce voyage étourdissant le mène aux confins des limites territoriales et de soi-même.pour finalement céder à une certaine idée d ennui savamment cultivé
Philosophie qui transparaît au travers de ces lignes sans " FOI" !.. NI LOI... ostensiblement dans la volonté de s'en écarter
l'on suit avec intérêt cette joute d'un écrivain en verve lyrique avec son personnage qui en revient après maintes tribulations au points de départs initials
Voyage
Quête vers les frontières inouïes
Un livre qui parle d'une vie particulière se voulant telle
et qui désarçonne à bien des points de vues
Un écrivain Gide en son temps préfigurant les temps qui vont suivre
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C'est l'histoire d'un professeur d'université, qui du jour au lendemain, n'éprouve presque plus aucune satisfaction dans son métier, se rend compte qu'il préfère les civilisations vivantes aux civilisations mortes, et qu'il souhaite vivre. Ce livre, teinté par les passions ambiguës du personnage principal, m'a beaucoup plu.
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Ce roman est particulier. Non par le style, qui est très classique, mais difficile de ne pas penser à un récit autobiographique, tant le couple principal rappelle celui de Gide avec sa cousine. Les allusions à peine voilées à un désir homosexuel du héros sont également nombreuses. Ce héros, Michel, ressuscité après une grave maladie, tente d'abandonner son éducation et sa morale strictes pour enfin vivre libre, dégagé des contraintes sociales. Ce faisant, il va y sacrifier son travail, son patrimoine, son argent et sa femme. Son égoïsme et son besoin nouveau de non-conformisme ont eu raison de son avenir. Est-il désormais plus heureux ? Comme d'habitude, Gide a l'intelligence de ne pas trancher, et laisse le lecteur à ses propres conclusions.
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Un style éblouissant, surtout dans la première moitié du livre, et vers la fin. La mort du père sans doute au début du récit, et qui précède le frôlement de sa propre mort durant son voyage de noces (début pressenti d'une vie conforme et sans surprises ?) entraîne un besoin de vivre jusqu'à l'ivresse chez notre héros. Mais comment ? Rejet du passé, d'abord sous une forme attenuée puis presque définitive, absolue, dans un second temps ; notre personnage retourne cependant sur ses pas, et les traces de son nouvel éveil vers la fin du roman - boucle géographique à défaut de pouvoir être réellement temporelle. Ce qui rend cette lecture parfois irritante c'est, je trouve, le contraste qui se pose de plus en plus entre ce style donc éblouissant, l'éclatante beauté des lieux, l'absolu de certains personnages, la grandeur des situations... et le héros qui finalement n'entame que très peu la morale, par de misérables accrocs, reste au bord des possibles, et se voit donc déçu toujours par tout nouveau cadre rempli de promesses (et le lecteur, la lectrice avec lui), ce qui l'amène chaque fois et jusqu'à la fin à devoir se trouver un autre cadre.
Le héros honnêtement ne cherche qu'à se découvrir, puisqu'il sent qu'il se méconnaît à présent. Il se laisse guider par ses sensations, cherchant le plaisir mais en effet sans y plonger comme on longerait sans fin la rive d'un cours d'eau ayant grand soif mais ne s'autorisant qu'une gorgée avant de s'éloigner et de chercher chaque fois une autre rivière.
Le personnage n'est pas égoïste, il est pris d'une nécessité avec laquelle il compose, bassement plutôt que de manière éclatante. Il ne quitte pas sa femme Marceline et l'entoure de soins autant que possible de soins, d'amour. On voudrait qu'il s'en sépare pour une relation homosexuelle franche (vers la fin du livre, il ne s'autorise qu'un baiser furtif avec un jeune cocher). Il n'en a pas le courage... Non : il semble qu'il n'en ait pas la pensée, simplement quelques traces de désirs et de sensations. Il frôle les interdits, les nuits où l'on croit chaque fois qu'il se passera quelque chose de marquant, de révélateur. Mais non, non... le roman est déceptif comme la vie ( pourtant a priori grandiose) peut l'être si l'on ne réussit pas à mettre des mots sur ses désirs et aspirations, restant dans le pressentiment d'autres possibles, condamnés à ne chercher en une chasse obstinée quotidienne que des sensations fugaces, maigres ou abondantes pitances, selon les jours. L'époque aide à mettre la vie, sa vie en mots ou pas. Et les écrivains, écrivaines sont aux premières loges pour s'y employer, chacun, chacune en son époque. Comme Gide.
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