C'est l'une des premières oeuvres de
Gide publiée en 1895 juste avant « les nourritures terrestres ». C'est l'histoire d'un homme de lettres désabusé par la vie et par son entourage qui fait le récit de la genèse de son roman en cours d'écriture.
Paludes est l'histoire d'un écrivain qui écrit
Paludes. C'est une sorte de huis clos à la Samuel Becket annonciateur du nouveau roman. Il n'y a pas vraiment d'intrigue, les personnages sont assez nombreux, mais secondaires et le rôle de chacun est fantomatique. Un seul personnage domine les autres, il s'agit d'Angèle, l'amie du narrateur avec laquelle il a de plus longues conversations.
L'ambiance est brumeuse, déprimante, l'action (ce qui est beaucoup dire) se déroule dans un décor de marais, d'étang, de solitude.
Paludes est censé raconter l'histoire d'un homme heureux parce qu'il trouve assez grand pour lui son petit champ marécageux et plein de pierre.
Le narrateur exprime sa propre angoisse d'un homme pris au piège d'une existence monotone et recluse.
On considère ce livre comme une satyre des milieux littéraires. C'est en tout cas l'expression d'un mal être qu'a sans doute ressentie
André Gide à l'époque de l'écriture de ce livre. Bref cette oeuvre ne respire pas la joie de vivre et ne me laissera pas un souvenir impérissable même si je reconnais l'originalité de l'histoire et la qualité du style. Beaucoup de critiques ont écrit des pages sur l'interprétation que l'on pouvait faire de ce récit en fait plus profond qu'il n'y paraît. Il serait l'une des oeuvres les plus durables de
Gide. Pour ma part je reste sur ma faim et je préfère de beaucoup son roman «
La symphonie pastorale » ou son récit autobiographique «
si le grain ne meurt ». Mais il est vrai que
Paludes est un roman étonnant pour l'époque.
— «
Paludes »,
André Gide, « Le livre de poche » Gallimard (1968), 140 pages.