AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,56

sur 264 notes
5
5 avis
4
8 avis
3
4 avis
2
0 avis
1
3 avis

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
“Bon pour Paludes.” Cette phrase devrait toujours nous faire sourire, et le club des lecteurs de Paludes peut en user à la manière d'un code, pour toute occasion où la vie donne matière à l'écriture.

“Non ! pas cela ! pas cela ! Recommençons. Je déchirai.” La sotie du jeune André, parue en 1895, entraine le lecteur dans les coulisses de la fabrication du roman. Rien d'étonnant à ce que les amoureux de l'artisanat littéraire s'y retrouvent, à l'image de Stéphane Mallarmé, Roland Barthes ou Nathalie Sarraute car Gide s'adresse à son milieu littéraire. Il dépeint avec ironie la société des gens de lettres, le va et vient entre la banalité du réel et l'écriture, dans un rapport d'inspiration réciproque, mais aussi de travestissement de la réalité pour le lucre de l'Art, de la phrase et de l'émotion.

“Il faut porter jusqu'à la fin toutes les idées qu'on soulève ” : un principe, une tyrannie que s'impose le jeune narrateur, mis n'est-ce pas une conduite inatteignable ? 



“Ne pourrons-nous jamais poser rien hors du temps – que nous ne soyons pas obligés de refaire.” Exécrant l'habitude, le jeune narrateur, bourgeois bohème avant le terme, insatisfait chronique, n'y tient plus, il faut voyager, ne vivre rien que d'inédit, il faut risquer quelque chose. En essayant de tourmenter la jeune et tempérée Angèle, le narrateur de Gide annonce la vocation littéraire de l'auteur : inquiéter les consciences.


L'inquiétude est d'abord une angoisse à l'idée de s'extraire d'une confortable coquille d'illusions avec toute l'incertitude quant au succès de cette entreprise morale, on peut aussi se demander à quoi bon et à quel prix inquiéter ? Quoiqu'il en soit, les bouffées aphrodisiaques et jouissives à peine étouffées du narrateur éclateront, que dis-je déborderont deux ans plus tard, dans les Nourritures Terrestres.

Gide qualifiera, dans une série d'entretiens, de “comique” et “saugrenu” cette comédie de jeunesse qui, si elle en partage la finesse n'atteint pas la drôlerie d'un ouvrage comme Les Caves du Vatican, écrit dans la maturité du Prix Nobel de Littérature. Mais déjà le style, la construction, le clin d'oeil au lecteur, sont tout à fait singuliers, l'humour, l'amoralisme embryonnaire, et le charme pastoral en font un objet littéraire aussi rare que divertissant.

Qu'en pensez-vous… et pour paraphraser le narrateur “ne me dites pas que je devrais mettre cela dans Paludes. – D'abord ça y est déjà” !
Commenter  J’apprécie          998
A l'époque où Zola vient de terminer (1893) son oeuvre majeure, « Les Rougon Macquart », le jeune André Gide - il a vingt-cinq ans - regimbe contre cette littérature réaliste, naturaliste, qui lui semble stérile, soutenue qu'elle est par des cercles littéraires sclérosés.

« Paludes », c'est l'illustration de cette stagnation portée par l'histoire d'un personnage sans nom qui raconte sa volonté d'écrire un livre : il écrit, visite ses amis, se rend à des réunions de littérateurs, s'efforce de travailler, s'efforce d'agir, mieux, s'efforce de vivre, mais finalement n'y parvient pas ; il veut mais ne peut pas…

Écrit sous la forme d'un journal intime, « Paludes », est une satire, que l'auteur, lui même n'hésitera pas à qualifier de sotie, de la littérature de la fin du XIX ème siècle; et qui laisse entrevoir ce que seront les oeuvres futures d'un auteur qui refusera souvent les voies toutes tracées.
Commenter  J’apprécie          200
"Tiens, tu travailles ?
Je répondis : "J'écris Paludes."
- Qu'est-ce que c'est ? - Un livre.
- Pour moi ? - Non.
- Trop savant ? - Ennuyeux.
- Pourquoi l'écrire alors ? - Sinon qui l'écrirait ?"

Alors qu'on attend des premières lignes qu'elles nous renseignent sur ce que l'on s'apprête à lire, celles de Paludes laissent dubitatif. Paludes est un des premiers textes de Gide, dans lequel l'auteur tire un trait définitif sur ses premières expériences symbolistes (Poésies d'André Walter par exemple) et trace l'esquisse de ce que tout lecteur connaît à présent sous le nom de sotie gidienne.

Paludes, c'est l'histoire d'un écrivain oisif, évoluant dans les cénacles fin de siècle, tentant d'écrire un livre, Paludes, qui ne viendra jamais.
Paludes, c'est une satire du roman du dix-neuvième siècle, c'est un conte philosophique sur la contingence, c'est une lutte contre le roman réaliste et naturaliste qui hante la conscience du jeune Gide.
Paludes, c'est l'histoire d'un livre à venir, pour reprendre le mot de Blanchot, qui aurait très bien pu dire à propos de Paludes, ceux-ci, en réalité destinés à Beckett :
"Peut-être ne sommes-nous pas en présence d'un livre, mais peut-être s'agit-il de bien plus que d'un livre de l'approche pure du mouvement d'où viennent tous les livres ; de ce point originel où sans doute l'oeuvre se perd, qui toujours ruine l'oeuvre, qui en elle restaure le désoeuvrement sans fin, mais avec lequel il lui faut aussi entretenir un rapport toujours plus initial, sous peine de n'être rien."

Commenter  J’apprécie          120
Palude est le journal ou un extrait du journal d'un écrivain dilettante, qui couvre une semaine. C'est surtout le titre du livre qu'il s'évertue à écrire malgré l'incompréhension et l'importune curiosité de ses connaissances et amis  : l'histoire de qui ne peux pas voyager, inspiré du personnage de Tityre, berger des Bucoliques de Virgile. Une sorte de fable sur l'homme pris dans ses habitudes et les occupations du quotidien, satisfait de son sort, alors qu'il n'est que le prisonnier de son mirage de liberté. L'auteur a des idées bien arrêtées sur la manière d'organiser sa semaine, en dirigeant sagement ses heures par la tenue d'un agenda. Malgré ce qu'il professe,  lorsqu'il mettra en pratique ses velléités de voyage, l'artiste parisien n'ira pas plus loin que Montmorency.

"Oeuvre de  jeunesse", considérée par la critique comme l'un des premiers récits modernes, Paludes est une satire fine du milieu intellectuel parisien. L'élégance de la langue, la brièveté du propos, la singularité de la forme, la subtile ironie font de Paludes une porte d'entrée aisée dans la production du prix Nobel de littérature 1947. Peut-être le récit le plus humoristique et drôle d'André Gide
Commenter  J’apprécie          60
- Qu'est-ce que tu fais ?
- Je lis Paludes.
- Ah, ça parle de quoi ?
- d'un écrivain qui écrit un livre.
- Un livre qui parle de quoi ?
- Oh, de rien. de toi. de moi. de monsieur tout le monde. D'écrivains et de littérature, de philosophes et de pédants.
- Et c'est intéressant ?
- Si tu poses la question, c'est que tu n'as rien compris à ce qu'était Paludes. Ce livre n'a d'intérêt que si tu daignes y réfléchir et l'interpréter. Si ton interprétation est intéressante, alors le livre le sera.
- Et toi, tu en as pensé quoi alors ?
- Moi ? Je n'ai pas eu le temps de finir de penser, je lisais Paludes.
Commenter  J’apprécie          60
Un livre dcrit par un auteur qui a ete prix Nobel de litterature ne l'oublions pas.Un livre court,divisé en petites histoires successives et rythme par de longs dialogues et qui sent bon le sud de la France,decor de l'histoire.Ideal pour decouvrir l'auteur et son style et etre transporte dans le sud de la France pour un moment agréable.
Commenter  J’apprécie          20
Titre parfait pour ce livre qui est un bourbier dans lequel on ne s'y retrouve pas, ni ne retrouverai son chat, ni son chien, ni son latin. Et qui exprime si bien la vanité de la création, de la vie, qui peut être mouvante, densifiée, ou allégée, et qui au fond n'est jamais que du pas grand chose, ou pas. C'est bien entendu tout le paradoxe, classique, revisité de façon un poil surréaliste, antiréaliste (apparemment, si j'en crois...) par Gide. Qui donc est vraiment un auteur protéiforme et capable. Bref, la vie et la création c'est un peu comme des sables mouvants, on patauge, on s'enfonce, ou alors on se fait sable, c'est peut-être ça, au fond.
Commenter  J’apprécie          20
C'est un texte satyrique où l'auteur caricature Virgile pour se moquer du style de roman à la mode à son époque, les gros ouvrages naturalistes. C'est parfois un peu décousu, mais c'est souvent drôle. La lecture ne m'a pas plus marqué que cela, néanmoins.
Commenter  J’apprécie          00


Lecteurs (606) Voir plus



Quiz Voir plus

André Gide

Né en ...

1869
1889
1909
1929

10 questions
107 lecteurs ont répondu
Thème : André GideCréer un quiz sur ce livre

{* *}