Karine Giebel, en général, on aime ou on déteste. Et moi, jusqu'ici, je l'aime bien.
J'aime cette façon qu'elle a de nous bousculer dans nos certitudes, cette indépendance par rapport à la bien-pensance, ces chapitres courts, cette écriture sans fioriture, droit au but.
Avec ce roman, l'autrice nous fait entrer dans l'intimité d'une relation malsaine, d'un amour obsessionnel, d'une emprise réciproque.
Le récit se déroule sur une nuit d'interrogatoire. Dès le départ, on sait qu'il s'est passé quelque chose de grave dans le commissariat et on ne saura pas de quoi il s'agit jusqu'à la toute fin. Même si au fil des témoignages des deux protagonistes, on suppute, on échafaude des hypothèses,... et pourtant je ne m'attendais qu'à une partie de ce
Karine Giebel avait imaginé.
Ce roman est véritablement addictif. Une fois qu'on l'a débuté, il est très très compliqué de s'interrompre. J'ai d'ailleurs lu cette brique de plus de 600 pages en deux soirées.
La construction de l'intrigue, reposant sur deux interrogatoires qui se déroulent en parallèle, racontant la même histoire selon deux points de vue différents, est très efficace. Les témoignages se complètent et se répondent, malmenant les interrogateurs comme le lecteur qui ne sait plus qui est le bon et le méchant. Tout est malsain, les personnages, le manque de pudeur dans les propos, toute cette relation amoureuse toxique au possible. Et pourtant le lecteur, embarqué dans la tourmente, en redemande. Parce qu'il veut savoir, parce qu'il se dit tout le long de sa lecture que lui aurait été plus fort que ça, tout en se remettant à douter à la page suivante.
Finalement,
Karine Giebel est assez perverse dans son genre et n'épargne jamais rien, ni à ses personnages, ni à ses lecteurs; de bout en bout, toujours...