Réussir, toujours. Pour oublier qu'un jour on a échoué.
Cette nuit, dans une rue déserte, sordide, je vais crever ! Il va se jeter sur moi, me poignarder, m’étrangler, m’ouvrir le ventre. Me violer, m’assassiner.
Je croyais qu'une balle de pistolet, ça tuait net. Sur le coup, proprement. C'est ce qu'on veut nous faire croire à la télé, au ciné. Mais c'est faux: la mort prend tout son temps.
La maladie est une salope. Qui emporte l'être aimé. Mais pas l'amour.
Ils n’ont pas encore songé à fabriquer des lits médicalisés en 140. Comme si la maladie interdisait l’amour.
On vient au monde sans l'avoir demandé, on va à la mort sans l'avoir choisi....pas la peine d'en rajouter!
La peur est avec elle. Incrustée dans ses chairs à vif. Elle coule dans ses veines, bat dans ses tempes, mouille son front et ses mains. Elle vit là, en elle.
Depuis bien longtemps.
Ses yeux sont dans le vague, les mots se perdent. Que pourrait-elle bien lui dire ? Je t’aime ? Absurde. L’amour est une faiblesse qui peut coûter cher. Le garder secret, ne jamais l’avouer.
Choc. Commotion cérébrale.
Il est immense. Entièrement vêtu de noir, une capuche sur la tête.
Je recule d'un pas, simple réflexe. La bouche ouverte sur un hurlement resté coincé au fond de moi. Cette nuit, dans une rue déserte, sordide, je vais crever ! Il va se jeter sur moi, me poignarder ou me frapper, m'étrangler, m'ouvrir le ventre. Me violer, m'assassiner.
Je ne vois pas son visage, on dirait qu'il n'en a pas.
Je n'entends plus mon coeur, on dirait que je n'en ai plus..
Je ne me vois plus aucun avenir, on dirait que ...
Se prosternant devant la future impératrice, serviles, dociles. Sourires empruntés, regards soumis.
Cloé adore ça. S'en délecte chaque jour un peu plus. C'est incroyable comme on prend rapidement goût au pouvoir.
Quand elle sera la patronne, Cloé passera un coup de balai. Si ces calculs sont bons, ce sera pour le printemps, saison idéale pour le grand nettoyage. Certains prendront alors leurs affaires pour aller pointer au chômage.
Plus de boulot ? On t'exile au Pôle emploi, à l'autre bout de la société. Pour une longue et harassante traversée du désert de glace, sans chiens ni traîneau.
Mais avec une quantité de manchots
Page 30