Citations sur Meurtres pour rédemption (222)
J’avais jamais aimé personne comme ça…
— Chaque amour est différent. Tu n’aimeras plus jamais personne comme ça. Mais autrement, différemment. L’amour est fonction de soi et de la personne qu’on aime… Il peut être passionnel, égoïste, fidèle, rassurant… Ou même effrayant ! Tu aimeras à nouveau, pas de la même manière. Mais ce sera tout aussi fort.
- Je ne te croyais pas capable d'aimer comme ça. Je pensais que tu étais trop froide, trop...
- Un monstre, pas vrai?
- En quelque sorte, oui.
- J'en suis un... Mais faut croire qu'un monstre peut aimer...
Elle tenta de se trouver du charme. Elle avait de jolis traits. Fins, délicats.
Mais la taule avait tout détruit. Est-ce qu'un homme peut tomber amoureux de cette figure tiraillée par la haine? De ce regard durci par les horreurs de l'enfermement? De cette bouche qui avait tant insulté? De ces cheveux abîmés par le manque de soins?
Elle examina ses mains. Jeunes, elles aussi. Tous ses doigts avaient été cassés ou presque. Certains en gardaient d'étranges déformations. Ces mains pleines de sang. Qui avaient pataugé dans le meurtre, dans l'hémoglobine. Dans la merde. Ces mains qui avaient tué. Trop souvent.
- On peut aller en promenade? J'ai besoin de prendre l'air...
- Arrête, tu sais bien que ce n'est pas l'heure. Tu ouvriras ta fenêtre, voilà tout!
- Mais il y a des barreaux!
- Les barreaux n'empêchent pas l'air de rentrer que je sache! Allez, dépêche-toi, je te ramène et je rentre chez moi. Enfin! Dure journée...
- Toi au moins, t'as pas de barreaux aux fenêtres!
- Si. J'habite au rez-de-chaussée...
Les barreaux n'empêchent pas la nuit d'entrer, non plus. Elle qui vient se marier à la solitude pour procréer l'abominable progéniture des cauchemars sans fin...
Parfois, ça l'effrayait un peu. Tellement longtemps qu'elle n'avait pas mis un pied dehors! Tellement longtemps qu'elle était dans une cage, avec les barreaux en guise d'horizon. Qu'on lui apportait sa nourriture, comme on nourrit les animaux. Qu'on la baladait en laisse. Jamais elle ne pourrait visiter un zoo après sa sortie!
En prison, elle avait appris une autre manière de penser, de considérer les choses. Vu de l'extérieur, ce passage à tabac aurait sans doute paru monstrueux. Mais, à l'intérieur même de l'enfer, ce n'était qu'un épisode sans grande importance.
Ils ouvrirent leur carte, Marianne fit de même. En profita pour se cacher derrière.
- C'est drôle... dit-elle. Y a pas les prix.
- Pas sur la tienne, répondit Franck. Ils ont des cartes sans prix pour les femmes. La galanterie veut que ce soit les hommes qui payent, tu vois. Et les dames ne sont pas censées connaître le prix de ce qu'elles choisissent... Tout comme le mec ne doit pas montrer l'addition.
- C'est débile, ton truc! Pourquoi ça serait aux mecs de payer? Encore un truc de macho!
Décidément, les orgasmes avaient tendance à modifier son comportement. À la ramolir. Elle se scruta dans le miroir.
Non, pas une faiblesse. Plutôt une force neuve, supplémentaire, différente. Partager, trouver la générosité au fond de soi, c'est une force.
Dis-moi que tu n'aimes personne d'autre, ma belle. Jure-le moi. Parce qu'il ne me reste que ça pour survivre.