Vous le savez certainement, mais l'abolition de l'esclavage en France date de 1848. Une date que l'on oublie bien trop souvent, un passé que l'on occulte assez facilement tout de même. Mais savez-vous qu'il aura fallu attendre la date du 05 août 2013 pour qu'une loi soit mise en place, afin que la réduction en esclavage, la servitude et le travail forcé fassent leur entrée dans le code pénal ? Alors, ça c'est sur le papier, car dans
Toutes blessent, la dernière tue, Karine Giebel nous balance une vérité en pleine poire. La servitude existe encore aujourd'hui, sous diverses formes. Elle est cachée dans l'ombre des villas ou des barres d'HLM.
Karine Giebel nous livre ici un roman poignant, violent et à fleur de peau. Si vous avez apprécié
Meurtres pour rédemption, vous aimerez également celui-ci, bien que la thématique ne soit pas exactement la même.
Toutes blessent, la dernière tue sera certainement un roman qui restera gravé en vous, tant le récit se veut humain, dérangeant de par son histoire et surtout révoltant. Vous n'allez pas être indifférent à ce que l'autrice nous propose dans cette histoire.
Karine Giebel a bien compris que l'on peut se servir du thriller psychologique et du roman noir pour dénoncer quelque chose. Je ne vous cache pas qu'il faudra avoir le coeur bien accroché, tant ce roman est vraiment très noir, voire inconcevable par moment.
Karine Giebel n'y va pas de main morte, mais je reviendrais sur cet aspect par la suite.
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Vous l'aurez compris,
Karine Giebel va nous parler de l'esclavage moderne, qui sera incarné par Tama. Les riches profitent de la pauvreté pour acheter quelqu'un à l'étranger, pour l'asservir et le faire travailler à son compte. L'autrice ne nous laisse aucun moyen de nous échapper, puisque nous suivons Tama depuis son achat, alors qu'elle n'est qu'une enfant. Elle sera jetée dans une famille française, sans savoir lire, ni écrire… Cette enfant sera la boniche, le souffre douleur. Elle va devoir subir la violence physique, mais aussi psychologique. Elle ne quitte pas la maison, n'a le droit qu'à un matelas dans le débarras. Elle doit faire face à la violence des parents, de l'appétit sexuel de l'homme de la maison et du sadisme des autres. Il n'y a aucun retournement de situation dans cette histoire. Tama s'enfonce et nous entraîne avec elle dans un labyrinthe de violence, une spirale infernale dont il sera difficile d'en voir le bout.
Karine Giebel va également traiter d'un autre aspect, qui peut s'apparenter à celui de l'esclavagisme, avec l'idée de relation toxique. Si l'idée est bonne de faire ce parallèle ci, force est de constater que ça ne prend pas forcément dans cette histoire. Je comprends que Tama est une jeune femme qui ne connaît pas grand-chose à la vie, sauf la violence des Hommes, mais il est difficile de croire qu'elle n'a pas envie de s'enfuir de ce genre de relation, mais bref passons sur cet aspect.
Toutes blessent, la dernière tue est un pur roman de
Karine Giebel. L'autrice nous fait part de sa plume unique. Dès les premiers mots, le choc arrive. Sa plume nous assomme, nous envoi au tapis, tout en nous offrant des moments de grâce où il est possible de respirer, afin de reprendre espoir. le premier tiers est incroyable de maîtrise tant au niveau de la narration, que de la montée progressive de la violence. On sent que
Karine Giebel vit son roman, déploie toute sa passion dans ses mots. Encore une fois, l'autrice met en avant la folie des Hommes, la violence qui habite en eux. L'Homme est capable du pire et ce n'est pas l'accumulation de scènes violentes qui nous fera dire le contraire. Mais, c'est ici que le problème arrive pour moi…
Si on découvre
Karine Giebel, alors ce roman aura l'effet d'une claque. Si on apprécie un peu son travail, alors ce roman sera comme une petite bombe. Si on est déjà un grand fan de l'autrice, alors ce roman saura nous toucher et on aura ce que l'on veut. Par contre, si on était déjà réticent à l'autrice, alors cette histoire n'arrangera rien du tout.
Je suis le cul entre deux chaises avec ce
Toutes blessent, la dernière tue. J'ai l'impression que
Karine Giebel a un concept de plat unique. Toujours le même déroulé, le même genre de personnage, mais avec un assaisonnement différent. Oui, c'est violent et touchant, mais il n'y a plus de surprises et je dirais même que cela en devient gratuit et lassant.
Le problème majeur vient de cette accumulation de violence qui devient gratuite. Oui, c'est important de dénoncer ce type de comportement, de mettre en lumière ce trafic d'êtres humains. Mais est-ce vraiment utile d'en faire autant ? de multiplier les scènes chocs, seulement pour heurter son lecteur ? Je retrouve ce que j'avais reproché à l'autrice durant ma lecture de
Meurtres pour rédemption. On tourne en rond et cela n'apporte plus rien au final.
Toutes blessent, la dernière tue est un page turner au goût de trop et de déjà vu. L'histoire est poignante, incroyablement forte et violente, mais la sauce ne prend plus avec l'autrice. Celle-ci nous ressort le même roman, mais avec une thématique différente et c'est vraiment dommage, tant sa plume est unique…
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