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4,42

sur 3594 notes

Critiques filtrées sur 1 étoiles  
Il est très rare que je refuse de recevoir un livre pour le chroniquer, ce qui m'a permis de faire de jolies rencontres livresques que je ne manque jamais de conter.

Avec "TOUTES BLESSENT, LA DERNIÈRE TUE", je n'étais pas très convaincue. Une auteure à succès, des prix en veux-tu en voilà et des critiques dithyrambiques par certains lecteurs/trices qui n'ont pas fermé les yeux de la nuit avant d'avoir terminé leur lecture... je me suis dit, tiens ça vaut le coup d'être tenté. J'ai répondu Banco !

Tout de suite, j'ai déchanté et ça s'est vu !
Pas sur mon visage, non... à mes mains, mes doigts.
Quand je lis, je prends toujours des notes, c'est maladif, vital, plaisant, intellectuel... chacun ira de son analyse.
Selon moi, j'éprouve juste le besoin de garder les mots, les parties du texte qui m'ont émue, révoltée, sidérée, questionnée, etc... Des carnets divers et variés se remplissent ainsi des phrases qui m'offriront la joie d'y retrouver le plus fort de mes lectures.

Dès les premières pages de "TOUTES BLESSENT, LA DERNIÈRE TUE" de Karine Giebel, mes doigts sont restés figés, il ne se passait rien dans mon esprit que je ne veuille consigner. Il faut dire que la violence qui m'a été donnée à lire fut grande : enfant esclave des mains et des mots d' adultes irresponsables, violents, névrosés, psychopathes, déments, déséquilibrés, tortionnaires, violeurs...
Je continue ?

Certains auraient-ils de bonnes raisons d'agir ainsi, de faire vivre l'enfer à leurs concitoyens ? C'est ce que le texte laisse un peu entendre à demi - mot en nous livrant en fin de roman une explication psychologique ultra simpliste "à la mords-moi le noeud".

Des coups, des coups, des petits, des moyens, des gros, des humiliations, encore et encore dans un florilège macabre de sévices mentales comme physiques. le titre aurait dû être "Bienvenue au pays des pervers".
De l'esclavage moderne des petites filles arrachées à leur pays, aux femmes violentées par les hommes, en n'oubliant pas la maltraitance psychique subie par les enfants, l'auteure y va fort et ne nous épargne rien, même pas la mièvrerie sentimentale, à certains moments qui est ridiculissime dans ce contexte de violences.

Où se situe le talent d'écriture de cette auteure dans un texte si répétitif et déshabillé d'un minimum de profondeur, d'analyse ?
Je l'ai cherché... mes doigts aussi, en vain.

Certes, l'esclavagisme moderne, les violences faites aux femmes sont des sujets révoltants et très préoccupants, mais ce style d'une platitude affligeante et ces 785 pages n'ont pas permis à ces sujets de me toucher, alors qu'ils sont majeurs et inadmissibles.

C'est qu'en décidant de se concentrer sur un personnage principal, en multipliant à l'infini les descriptions des sévices et la détresse que cette dernière subit, l'histoire perd toute vraisemblance et crédibilité même quant à la pseudo résistance de cette femme-esclave.

La fin ne sert qu'à désespérer le moral du lecteur.

Moi, je préfère rester en surface d'une histoire comme ça même si elle a reçu les prix de l'évéché, le prix book d'or thriller, le prix d'évasion (gloups !), le prix plus d'or (double gloups !).

Merci quand même à BABELIO et aux éditions POCKET, on ne peut pas gagner à tous les coups !
Lien : http://justelire.fr/toutes-b..
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Première lecture de cette auteure.
Sans doute la dernière.
Tama, enfant marocaine, est achetée à son père et devient l'esclave d'une famille installée dans un pavillon de la banlieue parisienne.
L'auteure dresse un catalogue des sévices qu'elle va endurer, à l'écoeurement, au point de lasser le lecteur. le style est racoleur, cumulant les phrases sans verbe (voir les deux premières lignes de cette chronique) donnant un sentiment de platitudes sans fin.
C'est vraiment dommage, ce manque de profondeur et de style dessert le propos, le but affiché semblant en premier lieu être celui de faire pleurer dans les chaumières.
Du roman populaire bas de gamme
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C'est stupéfiant comme j'ai lu ce gros pavé jusqu'au bout et en peu de temps ...alors que je l'ai trouvé mauvais ! Reconnaissons donc à Karine Giebel d'être assez douée pour nous tenir en otages sinon en haleine. Si le tout début (mais vraiment le tout tout début...) m'a intéressée, les choses se sont gâtées au fur et à mesure des tortures infligées à la pauvre héroïne et aux litres d'hémoglobine versés. La succession des sévices, meurtres, viols ,tortures en tout genre m'a laissée nauséeuse et j'ai trouvé racoleuse et même dégoûtante, cette volonté de décrire avec complaisance des horreurs sous couvert de les dénoncer. Car, c'est bien cette mission qu'avance Karine Giebel dans les dernières pages de son roman. Si l'intention est très louable ( dénoncer l'esclavage des enfants), elle tombe à plat tant son style l'est aussi. Phrases dignes du pire d'un roman Harlequin, poncifs, et tutti quanti.. pour la littérature, on repassera !
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C'est la chronique pas très sympa de l'année, celle où j'ai envie de déverser toute ma colère de lectrice déçue, mais où je dois me poser sérieusement et réfléchir pour vous exprimer ça de la manière la plus objective possible pour ne pas tomber dans le jugement de valeur. Je me suis toujours juré de donner mon avis sans porter de jugement, et en expliquant pourquoi je n'ai pas aimé le bouquin en question, mais là j'avoue que je vais avoir du mal tant la déception est immense.

Karine Giebel et moi, ça a été une vraie histoire d'amour, quand je l'ai découverte il y a 4 ou 5 ans de ça, avec Meurtre pour rédemption. J'ai enchaîné toute sa bibliographie, je l'ai conseillée à tous les lecteurs de mon entourage et des réseaux sociaux. Ses deux derniers tomes, Satan était en ange et de force m'ont déçue, mais devant l'enthousiasme des lecteurs et blogueurs actuellement autour de cette dernière parution, je me suis dit « allez, laisse-lui une dernière chance ».

Cette lecture est la dernière pour moi de cette auteure, le divorce entre Karine Giebel est définitivement consommé, et je suis sincèrement désolée pour les lecteurs que je vais froisser, mais je n'ai pas du tout, du tout aimé ce bouquin… C'est très compliqué pour moi d'argumenter face à une telle déception, mais je vais vraiment essayer de vous expliquer ce qui ne m'a pas convenu à moi.

Ma chronique va être courte, je ne vais pas m'acharner, mais je ne vais pas me taire non plus sur mon ressenti parce que j'ai décidé d'être une blogueuse objective qui dit toujours ce qu'elle pense, et que si je veux que vous me preniez au sérieux, vous qui me suivez depuis près de deux ans, je dois être honnête dans mon ressenti.

Toutes blessent la dernière tue, est pour moi tellement dans la mouvance de Meurtre pour rédemption que je n'ai eu strictement aucune surprise. C'est bien qu'un auteur ait son style, c'est moins bien quand il n'en sort pas du tout et que finalement on a l'impression de lire toujours la même chose. C'est vraiment mon sentiment après avoir refermé ce livre. J'ai d'ailleurs écourté ma lecture, survolé une dernière partie, jusqu'au final, toujours définitivement sans surprise pour moi. Peut-être que ça serait passé si c'était mon premier Giebel, peut-être qu'avec moitié moins de pages ça serait passé, je n'en sais rien, mais si je dois donner mon ressenti de manière brute, c'est que j'étais au bout de ma vie dans cette lecture tellement je m'y suis ennuyée et que j'ai tourné en rond.

Le thème était intéressant, c'était bien parti pourtant, l'esclavage moderne, l'exploitation d'un être humain par une certaine caste sociale, cette volonté féroce de se sortir de cette situation terrible dans laquelle elle est. Mais la façon de l'exploiter ne m'a pas convenu du tout.

Je suis, à ma connaissance, la première lectrice qui a autant été déçue de ce livre. Je me demande d'ailleurs si je suis bien normale face à la montagne d'avis positifs qu'il y a sur ce dernier opus. Je me sens, aujourd'hui, un peu comme un OVNI d'être la seule à ne pas l'avoir apprécié, surtout quand je vois les notes sur Amazon et Babelio, mais c'est ainsi… On ne peut pas tous aimer la même chose, qu'est-ce qu'on s'ennuierait sinon n'est-ce pas ? 🙂

Comme je vous le dis à chaque chronique négative, je ne vous dirai jamais de ne pas lire ce bouquin parce que je l'ai pas aimé, je dis juste qu'il n'est pas pour moi. Nous avons tous nos goûts particuliers, et c'est ce qui fait la richesse des échanges entre lecteurs. C'est rare que je déteste un livre à ce point, j'arrive toujours à trouver quelque chose de positif en temps normal, mais là je n'y arrive définitivement pas.
Lien : https://anaisseriallectrice...
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Je suis étonné de ne pas partager à ce point la dithyrambe générale. Une note de 4,30 sur plus de 400 avis, c'est suffisamment rare pour que je remette en question ma propre appréciation, et plus largement mes choix et mes goûts en matière littéraire ! Néanmoins, comme au-delà de mon ressenti, je peux avancer quelques arguments, j'ose braver la vague contraire et prendre le risque de déplaire, voire d'agacer certains (mais tout cela dans la bonne humeur évidemment ;-) Tout d'abord la taille du pavé : 700 pages. Certains aiment, pas moi, car il y a tant de pépites à lire que je préfère les formats qui permettent d'embrasser plus d'oeuvres dans le même temps et ainsi naviguer dans un plus grand nombre de mondes. C'est évidemment personnel. Mais quand, en outre, l'intrigue n'évolue pas pendant 400 pages et que l'on reste sur la présentation des personnages, qui vivent a peu près les mêmes choses, j'ai vraiment l'impression de perdre mon temps. Ce n'est que parce que je me suis mis en mode lecture diagonale que j'ai pu le terminer. Reproche suivant : les tortures infligées à une gamine entre ses 8 et 12 ans environ. En vrac : cassage de doigts à coups de marteau, visage posé sur une plaque de cuisson (allumée, sinon c'est pas drôle), main clouée sur un établi (la gamine reste toute la nuit ainsi), fer à repasser brûlant sur le corps, piment dans le vagin toute une nuit, logée par terre dans un cagibi sans chauffage, pratiquement rien à manger, sans parler des coups récurrents qui la défigurent ou lui cassent les côtes. Avec la complicité de l'épouse et sous le regard désintéressé des 3 ou 4 enfants. Bref, tout cela ne l'empêche nullement de tenir une grande maison, ménage, cuisine, repassage avec a minima un bras ou un poignet cassé... quelle santé ! C'est tellement invraisemblable que ça pourrait être risible si le sujet s'y prêtait (sujet -esclavagisme moderne- finalement desservi par ces exagérations). Quant à l'autre protagoniste, beau ténébreux meurtrier avec on suppose un très lourd secret, aucune empathie tellement le personnage fait cliché. Ah ! Il y a aussi une supposée belle et magnifique histoire d'amour entre la torturée et l'homme qui « la sauve », mais bien sûr la frappe et parfois pleure après. Ça bouge vraiment à partir des 150-200 dernières pages, dans la pure lignée d'un thriller, sans grande surprise. Quant au style, il n'est ni bon ni mauvais, sans saveur particulière. le livre aurait pu être largement moitié moins gros et surtout moins manichéen.
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Lu dès la parution du roman, voici ce que fut ma critique de l'époque, et je ne la changerai pas, et je suis toujours étonnée du nombre de lectrices (K. Giebel a un lectorat plutôt féminin) qui ont apprécié ce roman qui dépasse les bornes de l'intelligence et de la construction littéraire. Ou plutôt ne les atteint jamais !!

Décidément Karine Giebel, dont j'ai lu tous les polars et qui était ma romancière favorite, a écrit ici le pire, jusqu'à ces dernières années on pouvait se régaler à lire des thrillers, voire des scènes de torture qui étaient son image de marque et que chaque lecteur appréciait, mais choisir cette fois des jeunes enfants et se mettre à les faire torturer par des adultes me semble très mal venu et malsain, parce que c'est invraisemblable et même si cela se passe dans certains endroits, pays ou maisons, ce genre d'histoire ou de traitement ne peut avoir lieu dans le cadre d'un roman tel que sait le composer - ou savait le composer l'auteur. Effectivement, K.Giebel semble avoir perdu son talent qui a fait sa réputation pendant quelques années.
L'invraisemblable est alors atteint tout au long de ces pages, les propos sont maladroits et mal choisis, car le choix du sujet est tout simplement ignoble et indigne d'un auteur comme Giebel - de plus beaucoup de grossièretés et des longueurs invraisemblables de platitude. Bref je me suis ennuyée devant tant de clichés, tournant les pages à toute vitesse au lieu de les savourer, comme jadis.

Depuis quelques années avec ses quatre derniers opus plus précisément ratés (j'ai lu tous ses ouvrages), fort malheureusement la romancière est en perte d'imagination et de qualité littéraire, et je crains bien qu'elle ne soit plus capable, désormais, d'écrire comme auparavant.
C'est d'ailleurs le cas de bien d'autres auteurs, tous en perte de vitesse, voire taris.
Curieux que certains lecteurs aient apprécié ce genre de littérature où l'on torture presque à mort une gamine.
De plus l'histoire est complètement invraisemblable et l'identification à un personnage est impossible.
L'empathie ou la sympathie ou la compassion pour la gamine est impossible, car le traitement littéraire finit par faire rire, tant les procédés sont exagérés, et la petite est une sorte de Superwoman. On est au cinéma, peut-être ? Allons donc !

Un roman vraiment raté, voire lamentable.
Quel dommage et quelle déception !
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Toutes blessent la dernière tue, de Karine Giebel, est une sorte de thriller. Avant tout, je tiens à préciser que je ne suis pas l'auteure, et que c'était mon premier livre d'elle. Je ne connais donc pas ses autres ouvrages, et ne jugerai que ce que j'ai lu de la manière avec laquelle je l'ai perçu.

Ensuite, je tiens à dire que j'ai été très déçue. Ce livre ne m'a pas plu du tout.
1/ La thématique : l'esclavage moderne. J'ai trouvé cette idée très intéressante et très attractive. J'étais donc très pressée de le lire : un livre qui traite de ce sujet très confidentiel, dont personne ne parle, doit être bon. Je suis rassurée, au vu de la qualité du livre de Karine Giebel, qu'elle a fait ses propres recherches avant d'écrire dessus. Il faut savoir que je ne nierai pas, dans cette critique, la violence de l'esclavage moderne, ni même la réalité de ce fléau. Je pense que j'avais de l'espoir en recevant ce livre, de voir quelque chose de différent et d'inédit, qui montrerait enfin la réalité sur le monde tordu d'aujourd'hui. Cependant, et selon moi toujours, la thématique est le seul point fort de cet ouvrage.
2/ Les points de vue : Karine Giebel, qui veut mettre le lecteur dans la peau de plusieurs personnages et essayer de leur faire ressentir ce que chacun d'entre eux ressent, s'y perd. En tout cas, elle a perdu la lectrice que j'étais. Ce roman alterne trop les différents points de vue : Tama (1ère personne du singulier et troisième personne du singulier, selon les chapitres et parties de chapitres), Gabriel (pareil), Izri (pareil), etc. Tout un mélange de voix et de points de vue qui m'ont décontenancée et perdue : je n'ai pas réussi à en comprendre l'utilité et la raison. À mon avis, c'était de trop, et nous plonger dans la tête de Tama, de Gabriel ou d'Izri en parlant à la 1ère personne du singulier aurait amplement suffit. Là, ça n'a servi qu'à m'emmêler les pinceaux, à me demander qui était qui, qui parlait, pourquoi d'un coup, sans autre repère qu'une astérisque, le narrateur changeait de point de vue. Peut-être est-ce ici la signature de Karine Giebel, mais puisque je n'ai rien lu d'autre je me contente de critiquer ce seul livre. L'alternance des points de vue du narrateur était superflue.
3/ Romancer une thématique réelle : c'est un exercice difficile auquel, selon moi toujours, Karine Giebel a ici échoué. En effet, son ouvrage est beaucoup trop romancé. En vérité, je vais oser le dire comme ça, mais en vérité, ça dégouline de romance, littéralement. C'est ce que je trouve dommage : je m'attendais à un polar proche de la réalité, sans fioritures ni guimauve, et j'ai eu exactement ça. le policier, ça fait vibrer, ça transmet de l'émotion sans vraiment en transmettre directement, oui, voilà, ça se passe dans l'indirect, dans le sous-jacent. Toutes blessent la dernière tue est l'opposé. Au début, j'ai apprécié : l'intrigue démarre fort, on a envie de savoir la suite, que va devenir Tama, va-t-elle s'en sortir, retrouver sa famille, et puis rapidement, on se sent submergé par le trop-plein d'émotions que veut transmettre l'auteure via son style. Un style emphatique, exagéré, à base de répétitions et de figures de style qui veulent faire ressentir. Mais à trop vouloir faire ressentir, on lasse. le style m'a rapidement lassée, j'en ai eu marre de lire des anaphores langoureuses et mielleuses ou alors qui se veulent dramatico-mélancolico-tragiques, comme : « Mon homme est un braqueur. Un braqueur à main armée. Mon homme risque la perpétuité. » Parfois, j'ai eu l'impression d'être dans un de ces films américains, avec des gros muscles et beaucoup d'action, dont les punchlines ne valent pas cher « Meurtre avec préméditation. Assassinat. » (p. 437). J'entends bien que l'auteure a tenté, ici, de nous mettre en condition et de faire comme si on suivait Tama dans ses mésaventures. Simplement, elle a trop insisté et trop essayé, au point que les tournures des phrases sont lourdes et répétées, façon scénario dramatique de film (pas forcément réussi), on en vient à lever les yeux au ciel « Assise contre un mur, elle est terrifiée. Assise contre un mur, elle fixe la porte qui lui fait face. » (p. 445) ; « Conversation surréaliste pour émailler un petit déjeuner. Conversation avec un tueur. » (p. 464). Cette espèce de lourdeur dans le style trahit l'ardent désir de l'auteure de nous faire ressentir ce que vivent les personnages. Mais l'emphase dessert ici son objectif : vraiment, à chaque page — ou presque — il y a ce type d'anaphore tragique. À cause de ce style, la thématique a été, selon moi, mal traitée. « ¬— Gabriel, répéta-t-elle. L'ange qui a refusé de suivre Lucifer… » (p. 453) : à chacune de ce type de phrase — qui clôt en général un chapitre — j'ai entendu le « Tintintin ! » musical de la punchline du film américain, en mode gros zoom sur le visage de l'acteur principal tout égratigné, l'oeil vif et brillant d'un désir de vengeance et clap ! séquence noire pour passer à la scène suivante. Ce polar est dans l'exagération permanente, ce qui m'a agacée. Néanmoins, je tenais à le terminer, je me disais que peut-être, ça irait mieux après. J'ai été déçue. Karine Giebel a voulu romancer un thème aussi dur et sensible et secret que l'esclavage moderne et s'y est perdue, dans la guimauve et la niaiserie.
4/ le personnage de Tama : je me suis prise d'affection pour elle, au début. Elle ne comprend pas ce qui lui arrive, l'auteure a su, seulement au début de l'histoire, communiquer son incompréhension et sa colère. Plus tard, à partir du moment où elle quitte ses premiers maîtres, ça part un peu dans tous les sens. Tama, fillette arrachée à son pays, qui n'est jamais allée à l'école et qui n'a lu que des livres, tient parfois des propos étonnants, qui sont allés jusqu'à la décrédibiliser — à mes yeux. Tantôt elle parle de repas, tantôt elle parle de bouffe, tantôt elle parle de livres, tantôt elle parle de bouquins. Ce sont des changements de registre ne sont pas cohérents : certes, elle traîne avec une bande de criminels (ainsi qu'il l'est mille fois répété dans le livre, avec force d'adjectifs et de phrases à suspense), mais dans ces prises de parole, son langage est correct et reflète une jeune fille qui n'a appris à parler vraiment que grâce aux livres. Alors pourquoi « bouffe », « bouquins » ? Je n'en sais rien, mais leur lecture m'a perturbée, ces mots font perdre son charme à Tama. Un autre élément m'a déçue : ce genre de passage « En l'observant à la dérobée, je vois qu'il a encore grossi. Il n'est pas obèse, non, juste un peu gras. Presque aussi grand qu'Izri, mais un physique plutôt quelconque. Greg n'a pas été gâté par la nature. Visage passe-partout, corps mou, silhouette sans élégance. Ses yeux marrin manquent cruellement d'éclat et de profondeur. Ni charme, ni charisme. » (p. 459). Ce jugement physique, de la part de Tama, m'a étonnée. Il ne s'agit pas ici d'une description du narrateur externe, mais bien de sa part à elle. Il est maladroit de constater qu'elle prête attention à ce genre de détail, elle qui n'a d'yeux que pour Izri, qui ne regarde personne d'autre et ne se soucie de personne d'autre. J'ai trouvé ça plutôt malvenu.
5/ La relation Tama-Izri : elle a pris le pas sur le thème de l'esclavage moderne. Elle est partout, elle dégouline à chaque page, c'en est suffoquant, c'en est vraiment trop. Cette relation est excessive, elle n'a rien de doux ou de sensuel, non, le lecteur voit tout, entend tout, sait tout, rien n'est suggéré, tout est dit, montré, clamé et proclamé. Ce polar s'est transformé en histoire d'amour, au détriment du sujet sérieux qu'il traitait au départ. Et cela m'a bien, bien déçue. Je ne pensais pas lire une romance, mais vraiment un policier haletant qui vous coupe le souffle. J'ai également été surprise que la violence avec laquelle Izri bat Tama ne soit pas davantage creusée : certes, « elle lui vient de son père », mais n'est-ce pas le pardonner et le dédouaner que de dire « ce n'est pas sa faute, il a été élevé dans un environnement violent » ? On appelle ça des circonstances atténuantes, mais je refuse de fermer les yeux sur cet homme qui frappe Tama à plusieurs reprises : je veux bien que l'amour rende aveugle, mais ne pas davantage chercher de solution à ce problème, dans un roman grand public, de la part de l'auteure, est problématique selon moi. Il n'est pas question de cautionner ce genre de comportement, et je sais que Karine Giebel ne le cautionne pas non plus. Mon impression était néanmoins mitigée car j'ai vraiment eu l'impression de lire « Izri frappe Tama de temps en temps, mais il a été battu et torturé étant petit, il faut comprendre. » Certes, mais est-ce qu'il faut accepter ? Que Tama l'accepte est un énième défaut du livre : elle qui se bat contre la violence, contre sa condition, pour survivre, ne devrait-elle pas mettre un stop à cette attitude d'Izri ? Elle qui semble si forte et déterminée, ne devrait-elle pas se battre pour sa dignité et remettre Izri en place de temps en temps ? Ce personnage et leur relation n'ont pas beaucoup de cohérence et m'ont lassée.
6/ La taille du livre : 732 pages. C'est vraiment, vraiment, excessif. le style de l'auteure, assez lourd et langoureux, a allongé une histoire qui aurait pu faire la moitié des pages. J'ai trouvé le temps long et pas nécessaire. Au début, j'ai accroché, mais j'ai rapidement déchanté, j'ai compris que c'allait être une histoire d'amour et non un policier, et la lecture de chaque page était pénible. Pénible, parce qu'on voyait venir les choses, le style de l'auteure, les excès mélancoliques et dramatico-tragiques. 732 pages, pour le contenu que c'est, et la fin expédiée en deux pages, c'est trop long. Je ne vous dis même pas le poids du livre quand on le lit — mais là n'est pas le propos. Tout est excessif dans ce livre, jusqu'à sa pagination.

Je terminerai en disant que le lecteur devine effectivement la volonté de Karine Giebel de faire ressentir la violence, la peur, et tous ces sentiments qui caractérisent une esclave moderne. Selon moi, elle s'y est perdue, le policier s'est transformé en histoire d'amour classique, à trop vouloir nous communiquer ses sentiments, elle m'a lassée et presque agacée. Je voulais lire quelque chose sur l'esclavage moderne : au début, c'était le cas, l'amour a rapidement pris le dessus et le thème a été balayé par l'ordinaire d'une romance. C'est dommage, et je pense que ce sera mon sentiment final sur ce livre, c'est dommage : il y avait le potentiel de faire quelque chose qui sort du commun, je me réjouissais, je voulais savoir ce que Tama allait devenir, comment elle allait briser ses chaînes, mais je n'ai lu que des pages dégoulinantes et mièvres. C'est un polar de moindre qualité et de peu d'intérêt.
Je peux paraître injuste pour les mordus de Karine Giebel, mais je n'ai vraiment pas apprécié ce livre, qui m'a fait espéré quelque chose et m'a donné l'opposé de ce que j'attendais : quand la fiction tue la réalité et le réalisme.
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Lorsque le père de Tama s'est remarié, il n'y avait plus de place pour elle dans son foyer. Il l'a donc d'abord confiée à une tante, puis vendue contre une petite somme d'argent et de belles promesses : « elle sera confiée à une famille en France, elle ira à l'école, elle aura une belle vie,,,, » Une belle vie, oui, tu parles.........Elle va atterrir dans une famille marocaine de quatre enfants pour servir de petite bonne, d'esclave. Battue, humiliée, maltraitée même par les enfants elle va perdre peu à peu son enfance et toutes ses illusions, même celle de l'amour de son père. La seule chose qui va lui permettre de survivre cela va être d'apprendre toute seule à lire et à écrire, puisqu'on ne veut pas l'envoyer à l'école.
Parallèlement on rencontre Gabriel, un tueur à gages qui vit seul dans un coin reculé des Cévennes, ne se déplace que pour répondre à ses engagements, et va recueillir un peu contre son gré une jeune femme blessée et amnésique.
Je suis (j'étais?) une grande fan de Karine Giebel, j'ai lu presque tous ses romans et je me faisais une grande joie lorsque Babelio et Pocket m'ont proposé « Toutes blessent, la dernière tue ». Je comprend que la plupart des lecteurs aient été enthousiasmés par cette lecture, tous les éléments sont réunis dans ce livre pour faire un bon thriller, une héroïne attachante, un rythme effréné, un thème sensible et intéressant. Quant à moi, si dans la première moitié du livre j'ai forcément éprouvé beaucoup d'empathie pour la petite Tama, je me suis peu à peu lassée de cette accumulation de violence tant physique que psychologique. J'avais beaucoup aimé « Meurtres pour rédemption » et « le purgatoire des innocents », mais ici Karine Giebel ne laisse pas son lecteur respirer entre deux scènes de coups, de trahisons, de viols, jusqu'à l'écoeurement. J'ai eu la désagréable impression que le seul intérêt du roman c'était cette violence gratuite, étalée sur près de 800 pages, au détriment d'une intrigue qui n'existe pratiquement pas. Je me suis sentie réduite au rôle de « voyeuse »Alors comme je ne lis pas pour me faire du mal, j'ai abandonné Tama aux trois quarts du livre et j'ai lu la fin en diagonale.
Je suis consciente que je suis une des rares lectrices à ne pas avoir apprécié ce thriller, et à penser qu'il y avait des façons plus subtiles de traiter de ce thème hélas toujours d'actualité, mais peut être redonnerai-je une chance à Mme Giebel, j'avais trop aimé ses précédents romans,
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J'vais être honnête j'ai abandonné au bout de 400 pages et j'ai demandé à ce qu'on me raconte la fin (qui m'a confirmé que j'avais bien fait de laisser tomber).
Entre la déferlante de violences ultra gratuites qui n'a au final pour but que de te dire "l'esclavage c'est pas bien" (thank you Capt'ain Obvious), entre une héroïne victime qui devient très gourdasse dès que son coeur chavire et une fameuse histoire d'amour toxique qui m'a foutu un peu la gerbe mais adoubée par l'autrice et par la façon qu'elle a de raconter cette histoire écoeurante de niaiserie et de choses pas correctes du tout (d'ailleurs je commence en avoir ras-le-bol du personnage masculin dans les histoires d'amour, infecte et odieux et possessif mais on lui pardonne parce que monsieur a beaucoup souffert dans sa vie... non non non non NON), avec tout ça moi j'ai dit stop.
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Bien sûr, derrière cet énorme pavé, il y a une intention louable, décrire le calvaire de l'esclavage moderne. Suivre pas à pas la descente aux enfers de Sefana, privée de tout, même de son nom puisqu'elle est obligée d'en adopter un nouveau qui dit tout de sa nouvelle condition : Tama, la dévouée, livrée pieds et poings liés à ses employeurs et exploiteurs successifs. Qui la sauvera ? Izri, l'amour de jeunesse ? Gabriel, l'impitoyable ? Pourtant, chacun à sa façon a l'amour ou l'affection plutôt vache, à ranger dans la rubrique maltraitance.
Tout au long de ce livre, je me suis sentie l'otage de la violence déversée page après page. Je me suis posée sans cesse la question suivante : l'énumération interminable des sévices, tortures, raclées, assassinats est-elle la bonne manière de mobiliser l'indignation du lecteur ? Faut-il déverser des tonnes d'horreurs pour toucher du doigt le malheur des uns et des autres. Je crois que non. Je n'aime pas le rôle de voyeur que me fait endosser Karine Giebel. Je n'aime pas cette surenchère d'effroi devant les pensées et gestes sadiques des personnages. L'auteure ne leur laisse aucune chance car elle les condamne au pire : une humanité au rabais, celle qui s'inscrit dans la vengeance. Je n'aime pas plus le bain de sang final qui devient une sorte d'apothéose bâclée, une peinture au pistolet.
La force d'un message n'est pas dans l'habileté à forcer le trait et à susciter la pitié du lecteur mais dans la retenue de l'écriture. À force de l'oublier, Karine Giebel nous livre un manuel du bourreau.
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