Miep Gies, devenue l'épouse de Jan
Gies en 1941, est décédée centenaire en 2010 (elle était née en 1909 en Autriche, dans la Vienne où Gustav Mahler avait été directeur d'opéra jusqu'en 1907, dans ce Monde d'hier de
Stefan Zweig, dans la ville de
Freud, de
Schnitzler, de Klimt, de Roller, d'Otto Wagner, etc.)
Salariée, à Amsterdam, de l'entreprise d'Otto Frank, Opekta, qui vendait de la pectine servant de gélifiant pour les confitures, Miep occupa des fonctions diverses dans cette société.
Son livre de souvenirs : Elle s'appelait
Anne Frank est émouvant, et même poignant et nous livre des informations qui éclairent la lecture du Journal d'
Anne Frank. On sait que la famille Frank avait quitté l'Allemagne dès 1933, et qu'Otto avait choisi de s'installer à Amsterdam, avec sa femme Édith,ses filles Margot et Anne (née à Frankfurt-Am-Main le 12 juin 1929), et qu'ils s'installèrent dans un bâtiment assez moderne de la Mervedeplein (on possède des photos d'Anne prises sur la terrasse, ou aux abords de cette cité, seule ou en compagnie de ses amies, ainsi qu'un petit film où on peut la voir apparaître à sa fenêtre ; pour sa scolarité, Anne fréquentait l'institution
Montessori).
L'entreprise Opekta quitta les locaux d'origine, devenus trop étroits,et réouvrit ses portes au Singel 400 en 1934, avant de déménager près de l'église Westerkerk, le long d'un des beaux canaux de la capitale hollandaise, au Prinsegracht 263.
À l'arrivée des Allemands en Hollande, la famille Frank demeura dans son logement de la Mervedeplein, mais, le 6 juillet 1942, elle décida de quitter ce lieu pour s'installer clandestinement, sous les combles, à l'arrière du bâtiment du Prinsengracht 263, avec la complicité des assistants d'Otto Frank, dont
Miep Gies. Les Frank occupèrent des pièces dont l'entrée était dissimulée derrière une fausse bibliothèque des archives de l'entreprise. On appela cette cache Het Achterhuis (prononcer Achterhuys) : L'Annexe.
Miep Gies fut celle qui amena les moyens de subsistance à la famille, qui se mit en quatre pour aider les uns et les autres à fêter dignement leurs anniversaires. Il y eut progressivement d'autres réfugiés dans ce lieu, qui vécurent à l'étroit, avec tout ce que cela suppose de disputes et de vraies ou difficiles réconciliations, mais qui éprouvèrent aussi d'intenses émotions, dont le Journal d'Anne (commencé le 12 juin 1942 et tenu jusqu'à la date du 1er août 1944) et le livre de
Miep Gies se font l'écho.
La famille Frank et les autres occupants de la cachette furent arrêtés par les Allemands le matin du 4 août 1944.
Anne devait
mourir du typhus avec sa soeur à Bergen-Belsen, en février ou mars 1945.
C'est
Miep Gies qui a retrouvé le Journal sur le lieu de l'arrestation et qui l'a sauvegardé et rendu à Otto Frank, seul membre de la famille rescapé des camps de la mort. On sait qu'il fit publier ce précieux témoignage, en y pratiquant des coupes.
On chercha qui avait pu dénoncer les Frank, et il y eut de vilaines rumeurs qui circulèrent au sujet de
Miep Gies, comme il en avait couru sur d'autres personnes, toutes aussi peu suspectes d'un acte aussi ignoble.
Miep Gies sut rétablir la vérité, et tout le monde célébra son courage.
François Sarindar, auteur de :
Lawrence d'Arabie. Thomas Edward, cet inconnu (2010)